LE MESNILLARD
   CC 26.03 SAINT-HILAIRE-DU-HARCOUET
   
  DE CI DE LA
         
 

Le Mesnillard, CPA collection LPM 1900

 
     
 

Texte  extrait du livre ;

"le canton de Saint-Hilaire-du-Harcouët au fil du temps"

édition Corlet édité en octobre 2011

 

C’est le "Mesnil-Alard" du nom de Colin Alard, gentilhomme en 1285 de Brécey et y résidant. Sa famille vassale des comtes de Mortain se maintiendra jusqu'au XVe siècle. Elle a donné son nom à cette paroisse caractéristique des complications territoriales de l'Ancien Régime. Elle devrait être assez simple cependant puisqu'elle relevait directement des comtes de Mortain puis des ducs d'Orléans, arrosée par la Sérouenne (qui prend sa source à Reffuveille), se jetant dans la Sélune après Parigny et étalant pas moins de 6 gros moulins sur les 16 km de son parcours et 3 étangs : la Faucherie, l'Aubriais, la Fichetière.

 

Mais autrefois, du fait du système féodal, tout était compliqué. Prenons au XIIIe siècle, le fief Alard (ou Allard) par exemple, le plus important de la paroisse. Il se divisait en trois : au nord, 21 aînesses relevaient directement des comtes de Mortain ; le fief Paisnel rassemblait 12 aînesses autour de la Galichère et de Sérouenne, il passa vers 1350 aux de Chasseguey pour deux siècles, ensuite aux de Carbonnel, puis aux d'Erick vers 1750. Enfin le fief du Corps au Parayn puis de Borde par mariage vers 1660, acheté en 1750 par René de la Faucherie concluait l'ensemble.

 

Pour compliquer le tout, il y avait encore une petite vavassorie au Fléchet qui passa début XVIIe siècle dans la sieurie de Chasseguey, et un manoir au Hamel construit au XVIIe siècle par les Gautier-Fichetière avocats alliés aux de la Faucherie dont nous allons parler plus loin. Partout, dans ce qui est maintenant la commune, il y a des maisons anciennes (au Hamel, la Ricolière, la Fichetière, le Vieux Presbytère) qui témoignent de l'ancienneté de ces hameaux qui ont conservé le nom de leurs fondateurs comme la Gachetière, des Gachet (dont on voit encore une tombe datée de 1584 dans l'église) tenants de petits manoirs encore au XVIIe siècle à la Galichère et au Bois-Geffroy.

 

Mais, bien sûr, l'orgueil architectural de la commune reste la Faucherie, superbe ensemble avec son avenue hautement ombragée, ses tours, ses jardins ayant remplacé d'antiques fossés de guerre.

 
     
 

Le Mesnillard château, CPA collection LPM 1900

     
   
   LE MESNILLARD
   CC 26.03 SAINT-HILAIRE-DU-HARCOUET
   
  CHATEAU DE LA FAUCHERIE
         
 

Le Mesnillard château, CPA collection LPM 1900

 
     
 

Texte  extrait du livre ;

"le canton de Saint-Hilaire-du-Harcouët au fil du temps"

édition Corlet édité en octobre 2011

 

Le château de la Faucherie, monument historique, est une ancienne maison forte du XVe siècle, à caractère défensif, dotée de meurtrières, et entourée de douves, aujourd’hui disparues. Cette demeure fut acquise en 1583 par Guillaume Cordon, sieur de la Lande, avocat et sénéchal de plusieurs seigneuries, conseiller élu au comté de Mortain, anobli en 1593. Ses fils, Jacques et Julien prirent le nom de La Faucherie en 1697 transformant leurs armes d’origine en armes parlantes rappelant leur ancien nom: d’azur à trois cordons d’or. C’est probablement à Guillaume Cordon que l’on doit la construction de la tour carrée et de la tour ronde d’escalier flanquée à l’arrière : sa disposition laisse entendre que son propriétaire cultivait le projet d’une construction symétrique qui n’a jamais abouti.

 

Sur la tour carrée, à l’arrière, on note trois latrines, une à chaque étage, disposées de façon décalée: elles donnaient directement sur les douves. En 1615 Guillaume Cordon reçoit l’autorisation de construire un pigeonnier, celui-ci est installé sous le grand dôme au-dessus de la tour d’escalier. Si l’arrière de la demeure a gardé son caractère austère de l’époque des transformations successives ont embelli la façade: fenêtres agrandies, échauguette à colombages, balcon, corbeaux sous toiture.

 

Le nom de La Faucherie s’éteint en 1827 par le mariage d’Eulalie de la Faucherie avec Armand du Mesnil. La demeure se transmet alors par les femmes: elle accueillera ainsi Joseph Robillard de Beaurepaire. Par alliances successives, la demeure est toujours restée, depuis Guillaume Cordon, dans la lignée familiale.

 
     
 

Le Mesnillard Manoir de la Faucherie Ikmo-ned — Travail personnel

 
   

Le Mesnillard château, CPA collection LPM 1900

 
     
   
   LE MESNILLARD
   CC 26.03 SAINT-HILAIRE-DU-HARCOUET
   
  EGLISE & REVOLUTION
         
 

Le Mesnillard église, @Quelques clochers de la Manche

 
   
 

Texte  extrait du livre ;

"le canton de Saint-Hilaire-du-Harcouët au fil du temps"

édition Corlet édité en octobre 2011

 

L’église et la vie religieuse

 

Des registres paroissiaux, il ressort que l'église fut refaite sous Michel Julien curé décédé en 1660. Quatre ans plus tard, le 12 novembre, fut élevée la croix du cimetière par le curé Ferrey, originaire des Biards qui tint la paroisse jusqu'en 1694. De ce côté, il faut d'ailleurs noter que la première église, fin XIe siècle de style roman se situait à l'Aumône, et fut remplacée début du XVIè siècle par celle édifiée sur la terre du Domaine, près de la Bréchetière, dans un style identique à celui de Martigny tout proche. En 1580 elle avait déjà été pillée par Jacques d'Ouessey, sieur du Touchet, "protestant enragé" selon les chroniques de l'époque. Le curé Michel Julien la fit complètement restaurer, les travaux durèrent 26 ans de 1626 à 1652.

 

En 1756 le curé Le Bansays qui se plaignait d’un état déplorable de la paroisse dut s'adresser à M. de Fontette, intendant à Mortain pour demander la diminution des tailles (impôts) : 40 familles qui n'avaient pu payer, devaient rester quatre jours sans manger, le clocher menaçait ruine, et il pleuvait dans la nef ! Le clocher s’écroula à grand fracas en 1762 et fut refait en 1763, les cloches refondues en 1764. Malheureusement, les prêtres ne résidaient pas tous, ce qui amena un procès en 1778, le vicaire ne pouvant tout effectuer seul. M. de la Faucherie décida de prendre les choses en mains, pour nommer lui-même le vicaire instituteur et n'obtint pas gain de cause face au desservant Gauquelin, titulaire jusqu'à la Révolution car il émigra aussitôt. Le duc d'Orléans avant la tourmente eut encore le temps de nommer curé un drôle de personnage, Guillaume-Michel d'Aurelle de Paladine, qui était comme on dirait maintenant une "vocation tardive", puisque c'était un ancien officier des armées du roi, devenu... moine Prémontré ! Lui aussi passa rapidement en Grande-Bretagne.

 

La révolution

 

En juin 1791, pour à peine un an, fut nommé l'intrus François Bonnel originaire de Vengeons. Il n'y avait guère que trois familles "patriotes" dans le bourg, mais M. de la Faucherie fut arrêté comme suspect et conduit à Coutances. Comme partout une des cloches partit à Mortain, et il n'y eut guère de vrais Chouans sur la commune à part deux vauriens qui tuèrent Laisné le vicaire constitutionnel de la Bazoge, et au Bourg-Gautier un étranger de passage supposé riche. Par contre, furent victimes des vrais Chouans : le charron Julien Legeard à la Galichère qui donnait dans les idées nouvelles, Julien Lepelletier et Michel Leroux à la Gachetière, ces derniers sans doute comme acheteurs de biens nationaux. La dernière victime de ces temps troublés, Fontaine, à la Chinière paraissant le jouet d'un règlement de compte familial.

 

La Révolution n’a pas laissé de souvenir de dépréciations notables car le curé Gauquelin avait sans doute pris ses précautions, témoin la belle statue de saint Pierre (XVe siècle), sans doute offerte par les patrons présentateurs et qui fut retrouvée enterrée.

 

Le culte fut rouvert fin 1799 par l'ancien vicaire Cordon. Le curé Pinet originaire de Pain d'Avaine lui succéda en 1803 et tint la paroisse jusqu’en 1808. Sous la Restauration opéra une vingtaine d'années l'abbé Jacques Badier originaire du Buat, puis Geoffroy ancien vicaire de Pontorson (1836), période où Chasseguey fut en partie annexée (jusqu'en 1852). C'est à ce moment que fut construit le presbytère, et un peu après sous l'abbé Delanoë, l'église restaurée et bénie le 28 juillet 1867.