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LAPENTY |
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Article issu du blog du canton-saint-hilaire du Harcouet Les Basses-Cours: une des plus anciennes maisons médiévales du Sud-Manche
Discrète, au détour d'un virage, seule peut-être, une belle fenêtre anciennement à meneaux attirera l'œil du spécialiste qui pourra croire aux vestiges d'une vieille chapelle et passera sans doute son chemin. Mais qu'on ne s'y trompe pas, cette " Basse-Cour ", évoque un passé ancien et remarquable qui saute aux yeux, dès que l'on franchit le portail. C'est un logis ancien du XIVe-XVe siècle dont un plan du XVIIIe siècle nous retrace l'ancienne noblesse : puits au centre, boulangerie, pressoir, four et colombier, droits de garenne, de moute et de moulin foulier, à la tête d'une trentaine d'aînesses dans le voisinage. La chapelle Sainte-Catherine dont on remarque encore quelques pierres à l'angle de la propriété passait même, selon la tradition, comme ayant été l'église primitive de Lapenty.
Cette Basse-Cour faisant pendant, mais dans une proportion moindre à la Haute-Cour, deux fiefs divisés pendant 300 ans, mais qui finirent par être unis aux seigneuries de Saint-Symphorien et Buais en 1663 par les de Vauborel. Par contre, ce petit fief avait l'avantage de posséder le patronage de la paroisse de Lapenty.
Mais revenons au bâtiment, sans doute construit par Colin de la Mazure, gendre de Guillaume sieur des Loges entre 1378 et 1401. C'est un bel exemple de ce que devaient être les bâtiments seigneuriaux, non encore défensifs à l'issue de la Guerre de Cent Ans. Malgré le ruisseau du Bahan proche, il ne semble pas avoir possédé de douves, se repliant sur une cour fermée..Le bâtiment à deux étages possédait sans doute, vu la cheminée massive, une cuisine au rez de chaussée et au-dessus une grande salle ouverte sous une charpente dont l'allure évoque le XIVe siècle. Cette grande salle qu'on peut dire d'honneur, était éclairée côté cour par deux jolies baies trilobées certainement ornées de vitraux. L'accès s'en faisait par un escalier extérieur aujourd'hui malheureusement disparu. Mais ce qui frappe surtout à l'intérieur, c'est sa cheminée monumentale d'une exécution soignée, couronnée d'un bel arc de décharge pour soulager le linteau. On imagine sans peine cette salle parée de tapisserie et meublée de coffres en bois et autres sièges massifs. Le bâtiment, sans doute plus long qu'actuellement, devait également posséder, sur le même niveau, une ou plusieurs chambres et, dans le prolongement des communs, comme le laisse deviner la porte cintrée, (un cellier ?) qui, tout au bout, devaient compléter l'ensemble.
Cet édifice que l'on peut rapprocher pour le plan de construction, et la période, du grand doyenné d'Avranches, préfigure d'un siècle les " maisons fortes " dont notre Sud-Manche garde encore de belles traces au Mesnillard (la Faucherie), Beauficel (la Herpinière), Chaulieu (la Cour). Selon leurs implications dans les combats des guerres de religion, certains nobles ne firent que fortifier des ensembles tels que celui-ci en creusant des douves ou en dotant comme à Saint-Hilaire (le Jardin) le principal accès, d'une tour à feux. D'autres comme les Montgommery à Ducey, partirent de zéro pour tout refaire à neuf.
Il y avait, en 1749, lors de la visite pastorale de Mgr Durand de Missy accueilli par le curé Harivel, 600 communiants, chiffre à opposer aux 470 habitants recensés dans la période moderne. Cette paroisse fort marécageuse arrosée par de nombreux ruisseaux allant tous à la Sélune (le Bahan, le Chais-Moiseraye, la Roulante), proche néanmoins de Saint-Hilaire abrita de nombreux personnages illustres pour la région. A la Trémerais, le manoir appartenait à la famille Le Roux, apothicaires et chirurgiens établis également à Parigny et Saint-Hilaire tout au long des XVIIe et XVIIIe siècle. Les Le Bel étaient aussi une famille très ancienne originaire de Lapenty, un livre de raison de 1580 faisant remonter leur origine à deux siècles plus tôt.
Enfin, c'est à la Chubriais, face au Coquerel appartenant plus tard au député Legrand (et dont on reparlera dans la rubrique Milly), que naquit le 3 novembre 1765 , Jacques Lecapitaine, 7ème enfant d'un laboureur et charron et qui, bon élève du curé Harivel que l'on a vu plus haut, fit une superbe carrière militaire tout à la fois sous l'Ancien Régime (soldat en 1784 au régiment de Neustrie), la République (chasseur et soldat d'élite dans la garde constitutionnelle, préfigurant la Garde républicaine), et surtout l'Empire. Lieutenant (1792) et capitaine à 27 ans (1793) dans l'Armée de la Moselle sous Hoche, encore moins âgé que lui (25 ans !), il était chef de bataillon pendant la campagne d'Italie, puis fit l'Egypte, l'Espagne comme aide de camp et général de brigade. Baron d'Empire, comme presque tous ses pairs, il remit son épée au service de l'Empereur après les Cent-Jours, et fut tué, 2 jours avant Waterloo (où, ironie du sort, un de ses neveux, lui aussi de Lapenty, perdit une jambe), le 16 juin 1815 dans l'affaire de Ligny gagnée contre Blücher. |
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