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LAPENTY 1960 |
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Article issu du blog du canton-saint-hilaire du Harcouet
Dans un canton de Saint-Hilaire qui n'existait pas sous l'Ancien Régime, les paroisses étaient tiraillées en trois blocs : le premier, composé des Loges-Marchis, Saint-Brice-de-Landelles et Saint-Martin-de-Landelles, faisait partie du Terregatte, c’est-à-dire qu’il dépendait pour le religieux du doyenné de Saint-Hilaire, mais pour le civil de l’élection d’Avranches, et pour le militaire de Saint-James. Le second avec Chèvreville, le Mesnillard et Virey dépendait du doyenné de Mortain et était, pour tout le reste, directement rattaché au domaine des comtes de Mortain. Enfin, l’abbaye de Savigny, soit qu’elle y possédait des terres ou qu’elle y nommait directement les curés, était très implantée sur Moulines, Martigny et Milly. Parigny, de son côté était un peu à part, car c’était la paroisse originelle de Saint-Hilaire (ville nouvelle de création ducale) avec la particularité d’avoir deux curés suite à un accord pour satisfaire à la fois Savigny et les comtes de Mortain puis deux fiefs partagés entre ces derniers et les barons des Biards. Saint-Hilaire était loin d’avoir, à cette époque reculée, son statut de ville au carrefour des " Trois Provinces ", développée surtout au XIXe siècle quand repartirent, après la Révolution, foires et marchés.
Lapenty de son côté, tout comme Moulines, relevait du doyenné du Teilleul pour le religieux et de la sergenterie d'Ouessey, du fait aussi de sa proximité avec Saint-Symphorien et ses familles nobles comme les de Vauborel qui y avaient des terres aux deux endroits. C'est une des raisons pour lesquelles la commune de Lapenty s'étend jusqu'au carrefour du bourg de Saint-Symphorien. C'est ainsi que la célèbre chaumière à l'entrée du parc de Saint-Symphorien, communs et ensemble de bâtiments situés le long de la RN 176 (construits avant la guerre de 1914) sont sur le territoire de la commune de Lapenty.
Développée comme toutes les autres paroisses du Mortainais autour de l'An Mil, "l'Appenty," "La Panty", "l'Appentils", dominée par l'église Saint-Ouen, avait été donnée après Hastings à Raoul de Fougères en 1066 par Guillaume le Conquérant pour son aide dans la Conquête. Mais elle fut rétrocédée ensuite à d'autres seigneurs qui en prirent le nom, surtout via de nombreuses donations, lors des débuts en fanfare de l'abbaye de Savigny, laquelle prit vite le contrôle de la cure.
Il y avait deux gros fiefs : l'Aumône ou fief du bourg, là où l'église fut construite, dominé par les religieux de Savigny. Même si quelques nobles locaux (les de la Bazoge en 1401), les de Vauborel, les Fortin, les de Juvigny pouvaient s'en réclamer, leurs droits n'étaient qu'honorifiques et dans la seule mesure où les moines le permettaient. Ce fief fit partie, en 1690 du comté formé avec Buais et Saint-Symphorien sous l'égide des de Vauborel. Son siège était au logis dit des Cours dont la chapelle Sainte-Catherine passait pour avoir été, au début, l'église primitive ; elle fut desservie jusqu'à la Révolution. Le second, au manoir de la Cocherie appartint aux Avenel, aux du Hamel, étant lui aussi desservi par une chapelle privée sous le patronage de la Sainte-Vierge. Il dominait le sous-fief de la Fosse aux du Hamel où l'on notait des aînesses au Bois-Léger (gros hameau d'une centaine d'habitants, touchant Saint-Symphorien), la Fosse, la Carbonnière. |
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Article issu du blog du canton-saint-hilaire du Harcouet
La fontaine Saint-Ouen pour les yeux... et la goutte !
Attention hein, il y a goutte... et " goutte ", surtout en Normandie n'est-ce-pas ! eh bien, à Lapenty, dans le joli petit oratoire dédié à saint Ouen, ce disciple de saint Eloi, évêque de Rouen, et dont se réclament pas moins de 39 localités dans notre pays la fontaine était tellement puissante pour les yeux, que certains disaient qu'elle renforçait aussi... le calva ! et un vieil habitant du cru, lors de notre visite fut même plus précis "de 14 degrés" pas moins ! ah, que diable, voilà donc une source " alambiquée " qui mérite qu'on y regarde de plus près, surtout qu'elle donne dans le plan d'eau municipal où s'ébattent cygnes et canards, lesquels ne semblent guère avoir de "vapeurs", ni ressentir les effets du redoutable "coup de pied de bouillotte"...
Il faut comprendre : toutes les fontaines sacrées étaient d'origine païenne, et c'est pour le faire oublier qu'on leur donna le nom de saints renommés surtout quand au moment de la Contre-Réforme du XVIIe siècle, on
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s'efforça de rétablir un culte populaire, présent partout.
On refit des églises, chapelles, calvaires, avec profusion de processions rythmées au chant des cantiques vers tous les lieux de culte ruraux. Chacune avait sa spécificité, marche des nourrissons, rhumatismes, ici les yeux comme à Vergoncey où l'analogie avec… Saint-Clair est encore plus évidente. On pouvait s'en badigeonner, et même, effet plus garanti encore, en boire, si on puisait au bassin où jaillit l'eau au-dessus duquel est placée la statue du saint protecteur. Mais de là à sanctifier la goutte ! en dehors de l'enclos, elle perdait de son caractère sacré et religieux. On peut en sourire, mais quoi qu'on en dise, la permanence des visites, l'entretien témoigné, montre que cette dévotion se maintient. Elle est d'ailleurs justement de plus en plus relayée, comme à Lapenty, par les communes, dans une démarche tout aussi respectable que celle qui vise, malgré le manque de prêtres, à entretenir les églises ou relever les jolies croix que l'on trouve encore bien souvent à nos carrefours.
Tous ces petits oratoires, humble et fascinant héritage légué par nos pères, ont été créés et veillés pendant des générations par la piété villageoise. Ils sont, pour ceux qui savent les apprécier, un écho de leurs misères, leurs souffrances, mais aussi les espoirs qu'ils plaçaient dans les forces divines, chrétiennes, ou dans l’experience accumulée par les générations précédentes.
André Adolphe, en juin 1995, avait pris le relais étant lui aussi depuis de nombreuses années aux affaires communales. Il rénova entièrement l’intérieur de l’église dont les travaux seront bénis par Mgr Fihey en 1999 à l’occasion du centenaire de l’abbé Mallet, il réhabilita le presbytère (2002), lança l'effacement des réseaux, l'aménagement du plan d'eau dans le cadre du contrat de pôle, puis un nouveau lotissement terminé en 2010, mais le dossier THT et couloirs de lignes suscita une association hostile au projet présidée par Josiane Belliard (novembre 2007) qui fusionna un peu plus tard (février 2009) avec une société similaire de Milly.
En 2010 sur une superficie 1495 ha il y a 444 habitants, 20 cultivateurs, la plus grosse ferme fait plus de 100 ha. Il reste 2 commerces (café restaurant du bourg et du Bois Léger), une entreprise agricole (Lagoguée) et un artisan menuisier ( Bruno Lemée).
Pour le maire actuel, André Adolphe, la situation de la commune en ce début de XXIe siècle ne manque pas d'atouts : "Certes nous sommes un peu à l'écart des grands axes, mais la population est en légère hausse, nous conservons notre école, nous avons un lotissement, et nous gardons confiance en l'avenir, malgré le lourd dossier THT qui, sur un peu plus de quatre kilomètres, traverse notre commune au beau milieu et où une demi douzaine d'habitations seront concernées par les nuisances. On ne nous a pas trop laissé le choix. Dans une moindre mesure que Chèvreville car la ligne passe loin du bourg, c'est quand même un gros problème pour la mairie avec beaucoup de travail au plan administratif, mais en contrepartie les indemnités permettront d'entamer quelques grands chantiers comme l'éclairage ou la réfection du bourg." |
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LAPENTY |
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Article issu du blog du canton-saint-hilaire du Harcouet Les Basses-Cours: une des plus anciennes maisons médiévales du Sud-Manche
Discrète, au détour d'un virage, seule peut-être, une belle fenêtre anciennement à meneaux attirera l'œil du spécialiste qui pourra croire aux vestiges d'une vieille chapelle et passera sans doute son chemin. Mais qu'on ne s'y trompe pas, cette " Basse-Cour ", évoque un passé ancien et remarquable qui saute aux yeux, dès que l'on franchit le portail. C'est un logis ancien du XIVe-XVe siècle dont un plan du XVIIIe siècle nous retrace l'ancienne noblesse : puits au centre, boulangerie, pressoir, four et colombier, droits de garenne, de moute et de moulin foulier, à la tête d'une trentaine d'aînesses dans le voisinage. La chapelle Sainte-Catherine dont on remarque encore quelques pierres à l'angle de la propriété passait même, selon la tradition, comme ayant été l'église primitive de Lapenty.
Cette Basse-Cour faisant pendant, mais dans une proportion moindre à la Haute-Cour, deux fiefs divisés pendant 300 ans, mais qui finirent par être unis aux seigneuries de Saint-Symphorien et Buais en 1663 par les de Vauborel. Par contre, ce petit fief avait l'avantage de posséder le patronage de la paroisse de Lapenty.
Mais revenons au bâtiment, sans doute construit par Colin de la Mazure, gendre de Guillaume sieur des Loges entre 1378 et 1401. C'est un bel exemple de ce que devaient être les bâtiments seigneuriaux, non encore défensifs à l'issue de la Guerre de Cent Ans. Malgré le ruisseau du Bahan proche, il ne semble pas avoir possédé de douves, se repliant sur une cour fermée..Le bâtiment à deux étages possédait sans doute, vu la cheminée massive, une cuisine au rez de chaussée et au-dessus une grande salle ouverte sous une charpente dont l'allure évoque le XIVe siècle. Cette grande salle qu'on peut dire d'honneur, était éclairée côté cour par deux jolies baies trilobées certainement ornées de vitraux. L'accès s'en faisait par un escalier extérieur aujourd'hui malheureusement disparu. Mais ce qui frappe surtout à l'intérieur, c'est sa cheminée monumentale d'une exécution soignée, couronnée d'un bel arc de décharge pour soulager le linteau. On imagine sans peine cette salle parée de tapisserie et meublée de coffres en bois et autres sièges massifs. Le bâtiment, sans doute plus long qu'actuellement, devait également posséder, sur le même niveau, une ou plusieurs chambres et, dans le prolongement des communs, comme le laisse deviner la porte cintrée, (un cellier ?) qui, tout au bout, devaient compléter l'ensemble.
Cet édifice que l'on peut rapprocher pour le plan de construction, et la période, du grand doyenné d'Avranches, préfigure d'un siècle les " maisons fortes " dont notre Sud-Manche garde encore de belles traces au Mesnillard (la Faucherie), Beauficel (la Herpinière), Chaulieu (la Cour). Selon leurs implications dans les combats des guerres de religion, certains nobles ne firent que fortifier des ensembles tels que celui-ci en creusant des douves ou en dotant comme à Saint-Hilaire (le Jardin) le principal accès, d'une tour à feux. D'autres comme les Montgommery à Ducey, partirent de zéro pour tout refaire à neuf.
Il y avait, en 1749, lors de la visite pastorale de Mgr Durand de Missy accueilli par le curé Harivel, 600 communiants, chiffre à opposer aux 470 habitants recensés dans la période moderne. Cette paroisse fort marécageuse arrosée par de nombreux ruisseaux allant tous à la Sélune (le Bahan, le Chais-Moiseraye, la Roulante), proche néanmoins de Saint-Hilaire abrita de nombreux personnages illustres pour la région. A la Trémerais, le manoir appartenait à la famille Le Roux, apothicaires et chirurgiens établis également à Parigny et Saint-Hilaire tout au long des XVIIe et XVIIIe siècle. Les Le Bel étaient aussi une famille très ancienne originaire de Lapenty, un livre de raison de 1580 faisant remonter leur origine à deux siècles plus tôt.
Enfin, c'est à la Chubriais, face au Coquerel appartenant plus tard au député Legrand (et dont on reparlera dans la rubrique Milly), que naquit le 3 novembre 1765 , Jacques Lecapitaine, 7ème enfant d'un laboureur et charron et qui, bon élève du curé Harivel que l'on a vu plus haut, fit une superbe carrière militaire tout à la fois sous l'Ancien Régime (soldat en 1784 au régiment de Neustrie), la République (chasseur et soldat d'élite dans la garde constitutionnelle, préfigurant la Garde républicaine), et surtout l'Empire. Lieutenant (1792) et capitaine à 27 ans (1793) dans l'Armée de la Moselle sous Hoche, encore moins âgé que lui (25 ans !), il était chef de bataillon pendant la campagne d'Italie, puis fit l'Egypte, l'Espagne comme aide de camp et général de brigade. Baron d'Empire, comme presque tous ses pairs, il remit son épée au service de l'Empereur après les Cent-Jours, et fut tué, 2 jours avant Waterloo (où, ironie du sort, un de ses neveux, lui aussi de Lapenty, perdit une jambe), le 16 juin 1815 dans l'affaire de Ligny gagnée contre Blücher. |
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