CHEVREVILLE
   CC 26.01 SAINT-HILAIRE-DU-HARCOUET
   
  HISTOIRE
         
 
 
     
 

Texte  extrait du livre ;

"le canton de Saint-Hilaire-du-Harcouët au fil du temps"

édition Corlet édité en octobre 2011

 

Chèvreville doit son joli nom aux origines incertaines, peut-être aux réserves de chèvres dévolues aux villas carolingiennes. Sa dénomination ne cesse d'évoluer : Capravilla (1173), Caprivilla (1210), Chièvrevilla (1235), Chièvreville (1398) et aussi Cheffreville (1559). Son domaine relevant directement des comtes de Mortain, elle dépendait donc au Moyen Age de la sergenterie Corbelin et pour le religieux du doyenné de Saint-Hilaire et de l'archidiaconé de Mortain. Son principal fief est le Bois-Frazier dit encore Fief Gobey qui, en 1614 affiche manoir, domaine et colombier. Mais il y aura aussi jusqu'à la Révolution un autre manoir à la Dorbelière, appartenant aux des Illes.

 

Sous l'Ancien Régime, la commune est aux d'Isigny, puis aux Abraham "tabellions royaux en la basoche de Mortain" jusqu'en 1740 en partie car au XVIIe siècle, une bonne portion de la paroisse est sous le patronage des sieurs de la Bazoge lesquels, calvinistes, doivent après la révocation de l'édit de Nantes, se réfugier en Hollande. Leur succèdent les de Marceuil (des environs de Vire), en 1764 les de Saint-Germain et en 1790 les de Lorgeril. En 1770, il y a 70 feux soit environ 350 habitants.

 

Cette période d'avant la Révolution est bien relatée par les archives paroissiales. Leur premier rédacteur (en 1643) est le vicaire François Pinson, et l'on y trouve de précieuses indications sur la vie des populations de l'époque. En 1721, le curé Gilbert Fautrel est admonesté par Mgr César Leblanc en visite épiscopale car il y a trop peu d'enfants au catéchisme, mais il faut dire aussi qu'on sort d'une grosse épidémie de dysenterie, maladie récurrente qui va encore faire 22 morts en 1736 et 11 l'année suivante : c'était près de 13 % de la population ! en 1749, la situation de la cure ne s'améliore pas, et cette fois Mgr Durand de Missy reproche au curé Lucien Baschet trop de désordre ou l'absence d'un trésorier à la Fabrique. Mais il faut dire que c'était une toute petite cure au bénéfice insignifiant (200 livres). En 1781, c'est la diphtérie qui frappe le village : le meunier Pierre Tencey, sa femme et ses deux filles sont emportés en un mois ! 

 

En 1790, le curé en poste, messire du Bouays de la Bégassière refuse de signer la constitution civile du clergé, tout comme le vicaire Caugeul (qui sera ensuite curé de les Pas de 1803 à 1827). Ils laissent place à l'intrus Jean-Baptiste Gougeon (originaire en 1749 de Céaux où il va très vite se retirer), et le curé légitime, réfugié dans un premier temps chez M. de Lorgeril à Parigny, puis à Jersey aura la satisfaction de rouvrir son église en 1800 jusqu'à sa mort trente ans plus tard.

 

L'édifice dont le chœur avait été rebâti en 1754 fut dépouillé, les cloches emmenées au district. Il n'y avait qu'un seul "patriote" dans la commune, Germain Abraham qui abattit plusieurs statues. Les sacrements pendant toute la tourmente révolutionnaire étant assurés par les prêtres réfractaires de Milly (Bouvier) et Parigny (Lemonnier).

 

Pendant la Restauration, le château fut construit (1835-1837) par Édouard de Lorgeril (dont les belles avenues ont été malheureusement détruites par la tempête de 1999) avec ses dépendances, ancienne maison des gardes et communs, apparemment bâtis à partir d'éléments du Bois-Frazier primitif. Il est resté dans la famille de ses descendants, le vicomte Huchet de Cintré.

 

La première mention des écoles date de 1840. La population a ensuite insensiblement décliné, perdant 100 habitants au XIXe siècle.

 
     
 

Château de Chévreville, CPA collection LPM 1900