VEZIN (ISIGNY LE BUAT)

  CC 25.10 AVRANCHES MONT-SAINT-MICHEL
   
  EGLISE NOTRE-DAME
         
 

Vezins. L'église Notre-Dame. Ikmo-ned — Travail personnel

 
         
 

L’église et la vie religieuse

Publié par Georges DODEMAN

g.dodeman@wanadoo.fr

 

Comme sa voisine et quasi jumelle des Biards, l'église de Vezins est sûrement antérieure à la date (1686) retrouvée sur sa tour gravée aux armes de l'abbaye de la Couture dont on sait qu'elle fut condamnée en 1691, à céder le pas devant les seigneurs locaux, les Davy, notamment pour la présentation des curés. Toujours comme les Biards, les occurrences de dates (1082 dans les deux cas) montrent qu'il y avait bien au départ sur place, paroisse et prieuré, sans que cette fois-ci, le bourg ait à changer de place (voir les Biards).

 

Il s'agissait assurément, du fait de la permanence de ses seigneurs et dans l'orbite de la grande baronnie des Biards, d'une paroisse féconde (680 habitants en 1722) et bien organisée avec, en 1745, des écoles tenues par les vicaires en ce qui concerne les garçons et une dame Julienne Dodeman pour les filles.

 

En 1792, l'église fut dépouillée, les autels néanmoins conservés tout comme la chaire datant de 1697 ; elle fut réouverte après le Concordat par l'abbé Vassal qui connaissait les lieux puisqu'il y avait été vicaire avant les événements. Ce fut d'ailleurs le grand réorganisateur de la paroisse jusqu'en 1837, lançant la reprise de la sacristie (1838). En 1873, c'est sous François Bernier qu'eurent lieu d'importants travaux à l'église, avant le sacerdoce d'Auguste Chauvois de 1907 à 1928. Il eut tout à la fois à subir les inventaires liés à la séparation de l'Église et de l'État, faisant porter, étant souffrant, les clefs de la sacristie par sa servante. La foi des habitants de Vezins resta malgré tout très ferme avec une grande mission en 1909 et de bonnes relations entre la commune et la Fabrique, celle-ci rétrocédant 2188 F en 1910, de quoi faire face aux nombreuses demandes d'assistance de l'époque : aux vieillards, familles nombreuses, femmes en couches.

 

Auguste Chauvois fut, à son départ en 1928, le dernier curé résident ; il eut à régler trois ans plus tôt, dans la nuit du 26 au 27 mars, l'incendie qui se déclara vers minuit, sans doute suite à l'imprudence de trois jeunes à qui on avait confié les clefs de l'église pour apprendre à jouer de l'harmonium. A l'exception de la tour, tout fut détruit et la reconstruction s'étala ensuite de 1929 à 1932 (bénédiction le 9 octobre) sous la direction de l'architecte Cheftel.

 

De 1928 à 1932 la paroisse fut administrée par le curé Maurice Duval qui avait en charge Chalandrey et les Biards. En 1938, sous le curé Frédéric Allain, eut lieu la bénédiction de deux cloches en présence de ses confrères Chesnel et Angot, nommées respectivement « Marie Louise Andrée Jacqueline » (elle avait pour parrains le maire Félix Roupnel et Mme Fauchon de Villeplée), et « Odile Marie Modeste » (Maurice Vaudoir à l'époque adjoint et Mme Émile Fauchon). Ces cloches ne furent électrifiées qu'en 1959 et carillonnèrent bien évidemment en 1962 lors des illuminations des fêtes de Noël.

 

La construction des parkings proches (1965) facilitèrent la vie des paroissiens qui purent encore admirer le 16 avril 1967 les vitraux des sept verrières du chœur mises en œuvre par Yves de St-Front et offerts par la famille Fauchon de Villeplée, bienfaitrice de la paroisse.

 
         
 

Les vitraux de l’église

 

Cette œuvre de dix mètres carrés, réalisée par Yves de Saint-Front, neveu du général Fauchon de Villeplée, bienfaiteur de la paroisse, est l'illustration du texte de l'Apocalypse de Saint-Jean. Les trois fenêtres derrière l'autel représentent la résurrection et les deux fenêtres de chaque côté, le Christ ressuscité et les quatre évangélistes.

 

Yves de St-Front qui avait réalisé en 1963 les vitraux de l'église de Pavillons-sous-Bois et de la chapelle intérieure du collège Ste-Euverte d'Orléans, était aussi le neveu du célèbre peintre de Marine, Marin-Marie (1) qui repose dans le cimetière de Vezins près du caveau des Fauchon de Villeplée dont il est le parent.

 

Les membres de la famille Fauchon de Villeplée qui a tenu le fief du même nom de 1452 à nos jours, furent surtout connus sur Saint-Hilaire où ils habitaient l'hôtel de Pracontal aux XVI et XVIIème siècle.

   
         
 

Sieurs de la Deneysière et de Villeplée, citons Jean-Louis (1769-1842) qui fut capitaine d'infanterie et maire de Vezins, mais surtout, bien connu de nos contemporains, Jacques Fauchon de Villeplée (1906-1998). Capitaine d'artillerie en 1940, répondant à l'appel du 18 juin, évadé, il fit la campagne d'Italie avec le maréchal Juin, puis le débarquement de Provence avec de Lattre. Après la guerre, membre du cabinet du ministre Edmond Michelet puis attaché militaire à Londres et en Allemagne, il rejoignit l'Algérie jusqu'à sa retraite en 1959 avec le grade de général de brigade.

 

Inscrite au patrimoine des monuments historiques en 1975, l'église fêta en 1982 le 9ème centenaire de la paroisse et le 50ème anniversaire de la bénédiction de son nouveau clocher sous la houlette de Mgr Wicquart, dans le cadre d'un magnifique son et lumière réalisé bien sûr par la maison Chesnel, sur un texte inspiré du curé René Bouvet, le même qui fourbissait les textes des pyromélodies sur le lac.

 

(1) : Marin Marie est le pseudonyme de Marin Marie Durand Couppel de St-Front (1901-1987). Ami du commandant Charcot dans ses expéditions polaires, il commença à peindre et exposer en 1927, se mariant avec Germaine Fauchon de Villeplée. Sa sœur Janine épousa en 1953 le capitaine puis général Philippe Gouraud. Passionné de navigation, Marin Marie fut le second Français après Alain Gerbault à traverser l'Atlantique en solitaire. Il fut peintre officiel de la Marine dès 1935, utilisant toutes les formes de représentation picturales : huile, gouache, dessin, aquarelle. Ayant navigué sur tous les types de navires, il restera un témoin majeur de l'histoire de la marine française.