MONTIGNY (ISIGNY LE BUAT)

  CC 25.08 AVRANCHES MONT-SAINT-MICHEL
   
  EGLISE NOTRE-DAME
         
   
     
 

MONTIGNY Isigny le Buat

Publié par Georges DODEMAN

g.dodeman@wanadoo.fr

L'église et la vie religieuse

 

Sous le patronage de Notre-Dame, l'église, régulièrement reconstruite (en 1600, 1663, 1856 à 1860 ( le chœur et les deux chapelles) par le curé Davy dont nous allons reparler plus loin) était le plus beau fleuron d'une paroisse qui, comme certaines de ses voisines comme la Mancellière, prospéra fin XVIIème siècle quand les seigneurs locaux l'englobèrent (avec Cuves, Husson) dans leur marquisat tout neuf, dit de Montécot.

 

Les dîmes qui, de temps immémorial, du temps de la fondation de la collégiale de Mortain étaient aux chanoines revinrent aux curés locaux qui surent l'embellir : autels dédiés à Ste-Euterpe et St-Mathurin, beau retable réalisé en 1712 par le menuisier Jean Allix du Teilleul.

 

Les registres de catholicité montrent qu'autour de 1600, le curé Guillaume Lemagnen, avant l'instauration des séminaires, avait suffisamment d'aura pour instruire plusieurs prêtres renommés de la région comme Julien Macé et Julien Brionne le premier curé de la toute nouvelle paroisse de St-Gervais Avranches. Un de ses successeurs, le curé Vincent Restoux en 1640, premier rédacteur signant les registres était secondé d'un vicaire (Michel Heslouin) et deux prêtres dits « habitués » (Julien Hamelin, Michel Desmottes), pour une population de 600 habitants répartis en 100 « feux ». La moyenne, sur l'époque 1652-1672 était de 450 pascalisants, avec comme « fléau auquel aucune famille n'échappe » expliquait notre bon curé...les enfants dits « naturels »...poussins des haies et autres « éfants des champs » dont on faisait une recherche acharnée de la paternité...à coups de serments extorqués à la pécheresse, devant un crucifix ! Encore fallait-il qu'elle se souvienne duquel s'il y avait eu plusieurs impétrants ! Un de ses successeurs, le fantasque curé Antoine Poincet était encore plus expéditif pour ces enfants illégitimes en 1721 : « en ce jour, j'ai baptisé les œuvres de la cosnadre et du va-de-bon-coeur » !

 

A cette époque, on se mariait tous les jours de la semaine, même le dimanche après la messe, et les enterrements étaient vite envoyés (à cause des épidémies) souvent le jour même, avec des distinguos curieux : la victime d'un duel (pourtant interdits) fut inhumé malgré tout religieusement quand une pauvresse qui se pendit à la Ferronnière vit son cadavre traîné sur une claie jusqu'à Mortain pour y être exposé. Les seigneurs locaux abondaient bien sûr au fonctionnement de la paroisse : don de la chapelle du Rosaire par Gillonne Tesson en 1663, deux cloches fondues en 1739 par l'artisan st-lois Claude de la Poix.

 

Le cimetière fut interdit deux fois par l'évêque en 1751 et 1753 à cause du mauvais état des clôtures, et de la divagation des animaux domestique en ce lieu saint où ils risquaient en plus (les cochons notamment) de déterrer les morts ! Dans ces deux périodes on enterra les gens dans l'église ! En 1761, la paroisse toucha un curé de haut vol, Pierre Boudier ancien vicaire de Laignelet près Fougères et chapelain des seigneurs de Marigné près d'Angers. Il augmenta fortement le revenu de la cure, 70 livres en 1661, pour passer à 700 livres quatre ans après son arrivée, et 1500 livres en 1790. Il dut entretenir le vicaire (Michel Lemesnager), les écoles étant déjà tenues durant toute cette fin de siècle précédant la Révolution par des laïcs, Marie Hamelin et Jean Denis Grassin.

 

Le curé Boudier refusant de prêter serment à la constitution laïque du clergé, fut remplacé par l'intrus Fouilleul, lequel craignant pour sa vie, la paroisse étant acquise aux Chouans (les jeunes de Montigny ont rejoint en grand nombre l'Armée catholique et royale lors de son passage dans la région en novembre 1793), repartit dans sa paroisse d'origine (St-Cyr-du-Bailleul) en 1795.

 

 

Ce fut le réfractaire Henri Girois, souvent caché aux Gondinières, qui ouvrit une église dépouillée et fermée, mais non profanée au Concordat pour la transmettre fin 1803 au curé Bouffaré puis Julien Mette de Villedieu en 1815.

 

La vie paroissiale reprit son cours non sans nuages : sous le curé Boudet (1830) la Fabrique tombant en deshérence, l'évêché dût s'en mêler. Ni le curé Loyer (1840), ni son successeur Lehurey (1841-1851) réputé dur et inflexible ne parvinrent à rétablir la situation : l'église était en triste état, l'argent faisait défaut avec une kyrielle de démissions à la Fabrique. Le curé Gageard, bon prédicateur, confesseur émérite, au bout de deux ans où il mourut des suites d' une fièvre contractée près d'un de ses malades, remit en 1851 à Emmanuel Davy, une paroisse à peu près d'aplomb. Sacré personnage d'ailleurs que ce curé Davy, un gros bonhomme à la mine papelarde s'avançant d'un pas pesant appuyé sur un gros bâton qu'il ne quittait jamais, ponctuant chaque phrase de son mot favori : « centquatrevingt »...diables sans doute ! C'est ce curé Davy qui fut le grand reconstructeur de l'église : le devis était de 10.000 F, la Fabrique n'en avait que 2.000, qu'importe, avec beaucoup d'entregent (il fit notamment venir le sous-préfet sur place !), la première pierre fut posée le 1er juillet 1856, et l'église que nous connaissons maintenant finie quatre ans plus tard. Le bon curé Davy put jouir jusqu'à sa mort (18 avril 1878) d'une situation sereine qu'il transmit à François Moulin, puis le long bail du curé Leroux (1888-1931) sous lequel (1889) furent fondues deux nouvelles cloches placées dans un beffroi neuf. En 1906, c'est ce curé Leroux qui entouré de 15 paroissiens, refusa de donner les clefs de l'église pour inventaire suite à la séparation de l'Église et de l'État. La porte fut enfoncée sans qu'il y ait eu ensuite, d'autres incidents.

 

A partir de cette époque, la paroisse, avec l'aide du conseil municipal a néanmoins continué de fonctionner : en 1907, le presbytère désormais propriété de la commune fut loué. En 1919, fut bénie la croix édifiée à 500 mètres de l'église par Frédéric Pigeon et Marie Gohin.

 

En 1928, le 30 mai, le clocher fut endommagé par la foudre. En 1934, le succès de la Mission et la bénédiction du calvaire de la Claftière érigé par M. et Mme Brodin, puis quatre ans plus tard, le jubilé marial du père Lejeard oblat de Pontmain où 170 personnes s'approchèrent des sacrements (sur 499 habitants) ou encore le succès du passage de la vierge de ND de Boulogne le 31 juillet 1945, illustrèrent bien comment la pratique religieuse était encore bien présente dans ce petit coin du Mortainais

 

En 1959 eut lieu l'électrification des cloches et en 1962 la décision de travaux importants qui durèrent six ans, comme le rejointoiement de la tour et la pose d'un nouveau coq. En 1975 le décès du curé Hallais, dernier résident (son successeur le curé A. Lebouteiller jusqu'en 1989, habitait Saint-Hilaire), montra une nouvelle évolution car à partir de ce moment le doyen Seigneur administra tout à la fois les trois communes voisines de Montigny, la Mancellière et Montgothier, et ce, pour quelques années seulement car en 1994 ce fut la création de la seule paroisse « Saint-Martin d'Isigny », reprenant toute la commune-canton. La régularité du culte s'espaça donc sans que l'attachement à la vieille église ne baisse de la part des habitants qui, en 2010, firent encore bénir une croix de bois joliment façonnée par Roger Orvain.

 
     
   
 

Montigny, Isigny-le-Buat, Manche Xfigpower — Travail personnel