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Montigny, Isigny-le-Buat, Manche Xfigpower — Travail personnel |
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MÉMOIRES DE LA SOCIETE D'ARCHEOLOGIE D'AVRANCHES & DE MORTAIN Années 1892 — 1893 MONTIGNY Antiquité de Montigny. - chapitre de Mortain. — — Anciennes familles. Donation de l’église au Seigneurs de Montigny. — Principaux villages.
Montigny, en latin Montineium signifie probablement l’habitation de Montinus. C'est un nom qui remonte à l'époque Gallo-Romaine. Un village appelé Le Châtellier semble bien être aussi un souvenir de ce temps. L'église est sous le patronage de Notre-Dame.
Cette paroisse unie au canton d'Isigny depuis 1790, faisait autrefois partie du doyenné de Cuves, et pour le civil dépendait aussi de Cuves et de Mortain. De 17 18 à 1749, elle fit partie de la vicomte de Saint-Hilaire. Elle formait avec Chérencey-le-Roussel la sergenterie Martin, et en 1764 comptait 100 feux.
L'église de Montigny existait avant l'invasion des Normands, et si elle avait été renversée, elle avait été reconstruite après leur conversion. La terre sur laquelle elle était bâtie faisait partie des domaines directs du comte de Mortain. Le comte Robert en 1082 en était le seigneur, et il la donna avec la terre de l'Aumône, la dîme du moulin, toutes les dîmes de la paroisse et XL acres de terre, pour fonder la prébende d'un chanoine dans la collégiale de Saint-Evroult de Mortain : « Cornes idem R(h » bertus instituit aliam prebendam ; in eam cont'^sit ecclesiam » Mentineii cuni terra elemosyne, et décimant molendiniy et décimant » totius ville de omnibus unde recta decitna débet dari, et XL acras » terre. » (Charte de fondation de V église collégiale de Mortain.)
D'après le pouîllé du diocèse fait au commencement du XVIII' siècle, toutes les dîmes de la paroisse de Montigny étaient évaluées à 450 livres de revenu, et toutes les rentes et revenus du fief de Montigny ayant appartenu au chanoine avaient été aliénés pour 20 livres de rente. Le chanoine ne s'était réservé que les dîmes et le droit de présentation à la cure ; il était tenu à l'entretien et réparation du chœur de l'église.
La terre de Montigny fut aliénée peu à peu et par petites portions ; en sorte qu'il y eut primitivement plusieurs terres seigneuriales dans cette paroisse. Les Giffard, une des plus anciennes familles d'origine normande, y eurent des possessions. En 1282, Guillaume (liffard et Pétromble son épouse vendirent les terres, bois et landes qu'ils possédaient à Montigny.
A l'échiquier de 1203 Fermer de la Marche, de Montigny, rendit compte de cinq sols
Au XIII* siècle, il y avait des seigneurs du nom de Montignyet qui habitaient le pays, peut-être même la paroisse. Sous Phillipe- Auguste, en 1206, on trouve Nicolas et Enguerrand de Montigny; au siècle suivant, 1340, Oudart de Montigny était bailli de Mortain. Le manoir seigneurial était au Mesner.
On lit dans la charte de Navarre (1401) : « une franche » vavassorerie en Montigny s'extendant en la Mancellière, appartient à Martin d'Esigny escuyer, vault de revenu par an » Lx livres. » En 1646, Henri de Brécey marquis d'Isigny portait le titre de seigneur de Montigny.
Au XVIIeme siècle, le fief de Montigny, proprement- dit, et quelautres terres de la paroisse passèrent dans la famille Doynel; et en 1697, ^^s terres de Montécot, Husson, Cuves et Montigny furent érigées en marquisat de Montécot, en faveur de messirc Daniel Doynel de Montécot.
En 1398 Roissy trouva nobles à Montigny Richard de la Houssaye, sieur du Repas, Jean Du Mesnil, sieur des Gondinières, et son neveu, Louis du Mesnil fils de Gilles. En 1666, Chamillard y reconnut comme nobles François et Julien Du Mesnil, et Charles de Marceuil.
La famille de la Houssaye était originaire de Sourdeval ; une branche de cette famille habita le Mesnil-Rainfray ; une autre, Tirepied ; mais la postérité de Richard ne se perpétua pas à Montigny.
Jean et Gilles du Mesnil reconnus par Roissy étaient fils d'Olivier, fils de François anobli par chartre du mois de juin 1544, l'indemnité de 4 livres de rente en la paroisse d'Isigny ; la famille du Mesnil habita les Gàondfnîèrés jusqu'à la fin du xvni*' siècle.
Charles de Marceuil était un descendant de Robert de Marceuil de Saint-Aubin-des-Bois, anobli en 1593; il avait habité quelque temps Saint-Laurent-de-Cuves, où il avait épousé Julienne Fortin, fille de Pierre Fortin sieur de Gourgou; un de ses frères nommé Thomas, habitait le Mesnillard. La famille de Marceuil ne se perpétua pas à Montigny.
En 1609, Jean Tesson, sieur de la Poulinière, conseiller et avocat du roi au baillage de Mortain, épousa Anne Du Mesnil, dame du Pont, à Montigny, et y fit assez longtemps sa résidence ; c'est ce qui fit donner* au Manoir du Pont le nom de Pont- Tesson. Son fils acquit en 1653 le grand fief et la seigneurie de la Mancellière.
Il y avait à Montigny un siège de notaire, en 1777 il était occupé par Jean Fontaine.
Parmi les noms anciens on peut citer : Colibeaux, Jouenne, Caron, Mazier, Aguiton, Turquetil, Moulin, Milcent, Couëtil, Vienne, Gesbert, Gillette, Heslouin, Lesongeur, deChérencey, Desvaux, Macé, Pigeon, Desloges, Anfray, Fauchon, Challier, etc.
Les villages principaux sont : la Marche, les Gondinières, le Mesner, le Repas, la Pinnetière, la Guesnonnière, le Champ-de-l’Epine, le Champ-Florent, la Gaudière, le Hallay, la Bêfrie, la Haisière, la Millaye, la Caillette, les Granges, les Grandières, Desseroy, le Moulinet (en partie), la Clavetièrc, la Provôtière, e Tertre, le Pont-Tesson, les Champs, le Châtellier, les Violettes, la Soufficière.
Curés de Montigny de 1675 à 1791 Revenus de la cure
Guillaume Le Maignen, curé de Montigny, parut au synode en 1597.
Vincent Restout, curé de Montigny, mourut en 1675.
Laurent-Jacques de Courseulles, prêtre du diocèse de Bayeux, fut nommé le 6 novembre 1675 ; mais probablement ne vint pas à Montigny.
André Danguy, successeur de Laurent de Courseulles, vers 1676, mourut en 1703.
Antoine Poincet, chapelain de la cathédrale d'Avranches, nommé le 30 mars 1703, mourut en 1721. Mathurin Lair, prêtre du diocèse, curé de QuiHebeuf au diocèse d'Evreux, fut nommé le 2 novembre 1721, mais il resta curé de QuiHebeuf et ne se démit de la cure de Montigny que dix-huit mois plus tard.
Jean-Baptiste Gaubert, prêtre de Mortain, fut nommé le 26 mars 1723. Le 20 juin 1749, Mgr Durand de Missy visita Téglise et y fut reçu par Jean-Baptiste Gaubert curé, Pierre Boudet vicaire, Jean Le Songeur prêtre, et Robert Germain de la Mazure diacre. Les vases sacrés et ornements étaient convenables, la chapelle Saint-Eutrope et celle du rosaire étaient en bon état ; mais Tévêque interdit Tautel de saint Mathurin. La nef avait besoin de grandes réparations ; deux fenêtres étaient sans vitres ; les papiers étaient en ordre, mais les comptes n'avaient pas étés rendus depuis 1734, et le curé était à ce sujet en procès avec les comptables. Les instructions et catéchismes se faisaient régulièrement et les enfants étaient instruits. Le sieur vicaire tenait l'école des garçons ; mais il n'y avait pas de maîtresse pour les filles. Les livres étaient à Tusage du diocèse. Jean-Baptiste Gaubert décéda en 1759, François Léonard Boiton, ancien vicaire de Saint-Léonard-de-Fougères et chapelain de la Maison-Dieu de cette ville, fut nommé le 2 novembre 17s 9 ; mais il ne vint pas à Montigny.
Pierre Boudier prêtre du diocèse de Rennes, vicaire à Laignelet près Fougères, pourvu de la chapelle Saint-Loup au château d'Aunay en la paroisse de Marigné, diocèse d'Angers, permuta avec François Léonard Boiton pourvu de la cure de Montigny, le 13 janvier 1761, et vint en prendre possession peu après. En 1764, il avait pour vicaire Jean Le Songeur, la couverture de la nef était en très mauvais état, mais les matériaux pour faire les réparations étaient arrivés. Il y avait alors une maîtresse d'école pour les filles, elle se nommait Julienne Dodeman. En 1764, toutes les réparations étaient faites et l'église était en bon état, sauf l'autel de saint Mathurin qui resta interdit. Les comptes n'étaient pas rendus, le revenu du trésor était alors de 70 livres. M. Pierre Boudier était encore curé de Montigny en 1791.
Le curé de Montigny jouissait de toutes les menues dîmes et de tous les verdages ; il jouissait en outre àt toutes les dîmes des novales ou terrains défrichés depuis 1082, d'un certain nombre de boisseaux de froment qu'il prenait à la grange du chanoine et enfin des aumônes de la cure ; mais il était tenu de payer un vicaire. En 1648, le revenu de la cure était évalué à 300 livres, en 1774, ^ 7^^ livres; en 1787 et 1788, le curé paya 44 livres de décimes, le trésor 5 livres, les obits et fondations 4 livres. D'après la déclaration faite par M. Boudier au directoire du district de Mortain, le 25 novembre 1790, la cure de Montigny valait alors 1500 livres, le directoire fixa son traitement à 1200 livres et de plus accorda celui d'un vicaire. La population était alors de 612 habitants.
Montigny de 1790 à 1800. — Conduite du Clergé, Esprit de la population. — Prêtres cachés
En 1791, Pierre Boudier, curé de Montigny, avait pour vicaire depuis longtemps Pierre Desfoux, prêtre de Reffuveilie. Jean Heslouin, prêtre de Montigny, était vicaire de Naftel ; et un ordinand, M. de Chérencey, sous-diacre, habitait alors la paroisse. Aucun d'entre eux ne prêta serment à la constitution civile du clergé. Le curé et le vicaire restèrent cependant en fonction jusque vers le mois de juin 179 1, époque de l'arrivée du curé intrus, et tous quatre résidèrent à Montigny jusqu'à la fin du mois d'août 1792. Alors MM. Desfoux, Heslouin et de Chérencey se rendirent à Granville et passèrent à Jersey. M. Boudier, vieux et infirme, n'émigra pas et mourut peu après leur départ.
Le curé intrus fut Pierre Fouilleul, prêtre de Saint-Cyr-du-Bailleul, ordonné en 1776. Il fut mal accueilli, n'exerça aucune influence sur la population et n'y resta en fonction qu'environ un an. Il y avait si peu de patriotes à Montigny et tant de partisans de l'ancien régime qu'il ne s'y trouva pas en sûreté. Craignant pour sa vie, il retourna à Saint-Cyr dans sa famille, où il mourut vers 1793- Tout ce qu'on sait de lui, c'est qu'il regrettait beaucoup la vie. « Mourir à 45 ans ! répétait-il dans ses derniers jours, mourir à 45 ans!! »
Après le départ de Tintrus, l'église fut dépouillée par ordre du district et ensuite fermée ; mais on n'y célébra point de décades, et elle ne fut pas profanée. Les aumônes de la cure furent vendues dans le même temps.
La population de Montigny resta attachée à la foi catholique. Presque tous les habitants étaient royalistes; il y en eut même un assez grand nombre qui prirent les armes, mais la conduite de quelques-uns ne fut pas toujours irréprochable ; il y eut quelques désordres et il était impossible qu'au milieu de la perturbation générale il en fût autrement.
La paroisse ne resta pas dépourvue de secours religieux. La maison de Mme du Mesnil des Gondinières était le refuge des prêtres catholiques. Un membre de la Société populaire de Pain-d'Aveine, ardent républicain, mais seulement en apparence, envoyait prévenir les prêtres fidèles qui s'y cachaient lorsqu'il prévoyait quelque danger pour eux. M. Henri Girois de Saint- Georges de Rouelley, s'y cacha la plupan du temps, il célébrait la messe, baptisait, confessait, bénissait des mariages dans la maison de Mme du Mesnil, et de là faisait des excursions dans toutes les paroisses voisines. Plusieurs autres prêtres s'y cachèrent aussi de temps en "temps, entre autres M. René Prével des Biards, qui fut massacré aux Biards en 1797, et M. J.-B. Deromé, prêtre de Saint-Hilaire, qui fut également massacré on ne sait où.
Montigny depuis 1800
Dès que le calme se rétablit un peu, M. Girois rouvrit l'église de Montigny, y célébra publiquement les offices, et desservit la paroisse jusqu'à la nomination d'un curé. Ce curé fut M. Bouffaré, prêtre de Courtils, ancien vicaire de Mcsnil-bœufs. Il avait refusé le serment schismatique et émigré en Angleterre. Il fut nommé curé de Montigny en 1803. M. Girois resta vicaire jusqu'en i8o8, époque à laquelle il fut nommé curé de Martigny, M. Desfoux, ancien vicaire de Montigny, s'était retiré dans sa famille à Reffuveille. M. Heslouin, ancien vicaire deNavetel, était resté dans sa famille à Montigny, et de là allait chaque dilnanche célébrer la messe à Naftel ; il mourut en 1809. M. de Chérencey n*avait point reparu. M. BoufFaré mourut en 1815 et fut remplacé par M. Julien Mette de Villedieu qui fut transféré à la Haye-Pesnel en 1823.
L'église laissait beaucoup à désirer, et depuis longtemps il était question de la reconstruire, lorsqu'enfin le projet fut mis à exécution sous l'administration de M. Davy vers 1860. Elle fut, comme beaucoup d'autres, reconstruite à la hâte, et trop économiquement. Cependant elle est commode pour le culte, très propre et maintenant bien décorée. Le presbytère a été aussi réparé et tout est dans un état satisfaisant.
L. C |
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Montiggny CPA collection LPM 1960 |
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