|
||||||||||||
Sabotiers |
||||||||||||
Carrières et sabotiers de Montgothier Les sabotiers au XIXe siècle Texte de Marcel VAUPRÉS. (Relevé dans la Revue de l’Avranchin n° 251 de 1967)
Au XIXe siècle, cette activité fut une des plus florissantes de cette petite commune. En feuilletant les registres de catholicité, nous avons retrouvé de nombreux noms de sabotiers et de villages où se tenait cette industrie. La principale fabrique de sabots avait son centre surtout dans les bois de La Bouverie où le promeneur peut encore découvrir plusieurs hêtres majestueux.
Cette activité occupait, surtout pendant l'hiver, des paysans qui n'avaient que des petites terres et qui trouvaient là une seconde source de revenus. A La Bouverie, les sabotiers étaient là l'hiver et l'été ils s'en allaient travailler à la moisson dans les fermes de la commune ou des environs. Ils logeaient et couchaient dans la boulangerie ; lorsque le froid se faisait plus dur, ils allaient trouver un peu de chaleur dans l'étable aux brebis.
La fabrication des sabots se faisait en deux temps. Il y avait d'abord l'abattage des hêtres que l'on trouvait en grande quantité dans le bois des « pares ». On mettait les têtes des arbres de côté car on n'allait pas seulement en faire du bois de chauffage. Ces grosses têtes, avec toutes les autres branches, allaient servir à faire du charbon de bois que les blanchisseuses utiliseraient. Ce charbon de bois venant du hêtre a pour propriété de ne pas s'éteindre et de durer longtemps. Voici comment les ouvriers procédaient : toutes les têtes des hêtres étaient rassemblées dans de grands tas, on les recouvrait de terre, en laissant tout de même une petite cheminée pour l'aération. Ces « fourneaux » étaient fabriqués de telle façon qu'il ne fallait pas d'air, en dehors de la cheminée. On allumait le bois, et il fallait qu'il « brûle sans flamber ». Il était donc nécessaire de le surveiller continuellement, afin que le bois se consume tout doucement. Il y avait un délai pour la « cuisson » et, passé ce délai, on obtenait du bon charbon de bois avec lequel les nombreuses blanchisseuses feraient chauffer leurs fers à repasser. Ce charbon serait également utilisé par les maréchaux de la région.
Il fallait ensuite faire transporter des troncs, sciés par petits bouts, dans le jardin de La Bouverie. C’était la deuxième étape de la fabrication des sabots. Ce travail s'effectuait à l'intérieur, au cours des froides journées d'hiver.
Les sabots étaient peints en noir surtout ou bien ils étaient vernis et servaient le dimanche. Tout le monde portait des sabots et même la plupart des habitants se rendaient à la messe en sabots. Quelques familles aussi, pour le dimanche, mettaient sur leur paire de sabots du noir qui avait été pris au derrière de la marmite. Il fallait également les « clouter » pour qu'ils résistent mieux à l'usure et mettre dedans une bonne couche de paille pour maintenir les pieds bien au chaud.
C'est le fabricant lui-même qui vendait ses sabots c'est-à-dire le patron de l'atelier si on travaillait à plusieurs. En 1900, une paire de sabots valait 18 sous. |
||||||||||||