LA MANCELLIERE (ISIGNY LE BUAT)
  CC 25.07 AVRANCHES MONT-SAINT-MICHEL
   
  HISTOIRE
         
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La Mancelieret

 
 

LA MANCELLIERE Isigny le Buat

Publié par Georges DODEMAN

g.dodeman@wanadoo.fr

 

La commune de la Mancellière illustre bien l'aspect artificiel du canton d'Isigny ; ce canton, né de la Révolution, conforté par la fusion née de la réflexion de 1968 ne vit se rallier La Mancellière que contrainte et forcée par arrêté préfectoral en 1973, son maire Ambroise Pibouin démissionnant dans la foulée par la même occasion ! On y reviendra plus loin.

 

Déjà sous l'Ancien Régime, on le voit pour toutes les communes du canton, Isigny était tiraillé entre des influences contradictoires et, il faut bien le dire, assez peu logiques. Une paroisse pouvait dépendre de Mortain pour le religieux et d'Avranches pour le civil, avec en plus de nombreuses exceptions féodales, coupant en plusieurs morceaux ce qui fait l’entité d'aujourd'hui.

 

La Mancellière doit son nom aux seigneurs éponymes (originaires du Mans ?) sous la Normandie ducale. Un Guillaume Mancel reconnaît Philippe Auguste après 1202, mais dès 1334, le « grand fief » (d'où son nom du Bois-Frazier) est aux Frazier jusqu'en 1401. Sur 212 hectares, il comprend comme principales aînesses et donc hameaux encore faciles à reconnaître sur la carte de nos jours : la Coudraye, la Sauvagère, la Buffonnière, l'Officière, la Pichetière, le Laisir, la Poulinière, la Faverie, la Roche.

 

Comme souvent à l'époque, la paroisse est morcelée en quatre autres fiefs. Celui dit « du Roy » sans doute car il date d'une décision de Louis IX qui le « sous-loue » en quelque sorte aux comtes de Mortain fait 82 ha et comprend : la Hersandière, la Faugerais, la Cendrée, la Bertonnière, la Petite-Mercerie. Le « Fief-Grimault » ou Crespon est encore plus petit (70 ha) avec seulement deux aînesses : le Chalange, la Provostière. Deux autres petits fiefs sont plus ou moins complémentaires car dépendant aussi de Montigny ; ce sont le fief ou la « vavassorie Tyrel » sur 113 ha (la Moustière, la Miltière, l'Estonnardière, plus deux sur Montigny), et le fief « au Cocq » établi par Richard le Cocq en 1393 sur 59 ha (la Dorée, la Foumerie, la Viéville, le Clos au Blanc, les Champsières).

 

Malgré tout, on l'a vu, le seigneur du village est toujours le détenteur du Grand Fief dit du Bois Frazier, mais il n'est pour la religion que patron honoraire de la paroisse car celle-ci dépend depuis son origine au XIIe siècle de l'abbaye de Montmorel à l'orée du Bois d'Ardennes, près de Ducey. Il s'agit donc d'un « prieuré-cure » dont le curé est un religieux, situation que l'on retrouve dans d'autres paroisses voisines (Poilley, Reffuveille) dès que l'abbaye est patronne-présentatrice.

 

La transmission de la seigneurie autour de ce grand fief est assez linéaire : aux Mancel qui donnent le nom, aux Frazier, aux de Signy (venant de Reffuveille) jusqu'au XVe siècle, aux de Romilly (illustre famille ayant de nombreuses seigneuries sur Saint-Martin-de-Landelles, Hamelin, Saint-Georges-de-Reintembault) aux XVe et XVIe siècle. Pendant une cinquantaine d'années, la situation féodale est mouvante car le fief va aux de la Mare (originaires du Perche) de 1600 à 1609, puis aux de Varignières, originaires des Flandres, barons des Biards de 1609 à 1653, mais sans qu'ils résident sur place, dirigeant leurs domaines de Caen et Bayeux.

 

Ce grand fief arrive chez les de Tesson en 1654 ; ceux-ci auront le grand mérite en 1721 d'y unir tous les fiefs satellites disparates et de donner en quelque sorte et avant l'heure, la configuration quasi actuelle de la géographie communale.

 
     
   
     
 

La Mancellière dans le XIXe siècle

 

Comme ses voisines, la Mancellière entra dans le XIXe siècle avec comme grandes préoccupations, les voiries et les écoles (voir chapitre spécial). La population tournait toujours autour de 600 habitants (587 en 1821) et  il fallait voter des impositions extraordinaires pour l'ouverture de la route de grande circulation Ducey-Brécey (1850) ou acheter des terrains quatre ans plus tard pour le passage de la RD 39 et encore le chemin la Mancellière-Montgothier.

 

 Les grandes municipalités furent celles d'Armand Louis de Tesson à partir de 1848, ce dernier se doublant d'un savant érudit de l'histoire locale dont les ouvrages sont toujours utiles aux chercheurs, et à partir de 1866 de Jean Danguy, qui avait été 16 ans son adjoint. Jean Danguy (décédé le 21 mai 1898) a doté la commune de chemins excellents et d'une belle école neuve en 1888 sans compromettre la prospérité des finances. Il a, vers la fin de son mandat, entrepris la réfection de la tour de l'église sans voir cependant, son accomplissement.

 
     
 

La Mancellière dans le XXe siècle

 

Le XXe siècle s'ouvrit dans la discorde religieuse sur la séparation de l'Église et de l'État, sans que les inventaires (ici le 10 février 1906) ne prennent un tour trop violent. Les fonctionnaires se retirèrent face à la protestation énergique du curé Brault, soutenu par 150 personnes, le maire, son conseil et la fabrique.

 

Le rapport de l'instituteur Joseph Desdevises en 1913 sous la municipalité Gabriel de Tesson est l'un des plus complets qu'il nous ait été donné de consulter tant sur Isigny-le-Buat que sur le canton de Saint-Hilaire dont nous avons dépouillé les archives pour nos trois ouvrages précédents. Il y a 478 habitants, (581 en 1815, 599 en 1854, 637 en 1860) mais certains villages sont déjà quasiment inhabités : la Gaudinière, la Butte, le Bois-Clérice. Le bureau de bienfaisance est tout récent (1912), ce qui signifie peu de pauvres, et tous les commerces (un boulanger, trois épiciers-cabaretiers, un aubergiste) « font de bonnes affaires ».

 

Le monde essentiellement agricole est tourné surtout vers le marché de Saint-Hilaire, un peu Avranches, Brécey et Ducey. Les 714 hectares cultivés le sont surtout en blé (100 ha), orge (63 ha), sarrasin (120 ha), le reste (155 ha) en prairies, et surtout (45 ha) en vergers produisant 12 000 hectolitres de cidre. « Le verger, explique l'instituteur, suffit à payer le fermage, une ferme avec un mauvais plant étant d'ailleurs difficilement louée ».

 

Toutes ces terres étaient menées par 82 propriétaires, 69 fermiers louant de 10 à 70 F l'hectare, chiffres à comparer au salaire des 12 journaliers (1,50 F/jour) ou des 60 domestiques (de 150 à 420 F l'an qu'on soit  servante ou « grand commis »). La force motrice était fournie par 136 chevaux soit donc à peu près un par ferme, le reste des animaux se répartissant en 267 bovins (dont 4 taureaux de reproduction), 212 porcs, 388 moutons, 800 poules, 100 oies, 120 canards, 180 lapins.

 

Comme dans toutes les communes de France et de Navarre, la Grande Guerre bouleversa de fond en comble ce paysage semble-t-il immuable. Le conflit fit ici 22 victimes.

 

L'après-guerre fut marqué par la mandature Gabriel de Tesson, maire (1898-1936) et conseiller général, le château étant alors (voir notre chapitre spécifique à ce dernier) un peu le centre de la vie communale.

 

On lui doit , en 1921, l'adduction en eau dans le bourg par des bornes-fontaines, une opportunité offerte par la source de Tesson qui alimentait ainsi également sa propre boulangerie. Ce « modernisme » avant l'heure ayant vingt ans plus tard son effet pervers... les Allemands se hâtant d'occuper la première cette commune qui disposait déjà de l'eau courante ! Dans toute cette période, malgré l'arrivée de l'électricité en 1936, la Mancellière continua de perdre de la population : de 422 habitants en 1922, on passa à 381 en 1938, soit une perte de près de 200 en un siècle !

 

La mort de Gabriel de Tesson le 25 décembre 1936 accentua ce sentiment de grande transition ; il fut remplacé par Hippolyte Guilmin, adjoint délégué depuis le 6 décembre 1936, puis maire du 7 mars 1937 au 25 mai 1943 avec comme adjoint Joseph Touroul. Ce dernier, dans la tourmente de l'Occupation fut nommé adjoint délégué (du 22 mai au 21 août 1943), puis maire par arrêté préfectoral de cette date au 4 février 1945 avec comme adjoint Émile Bagot père, la cheville ouvrière de l'épisode Résistance dont nous allons maintenant parler.

 
     
 

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LA MANCELLIERE (ISIGNY LE BUAT)

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  EGLISE SAINT-PIERRE
         
   
     

La Manceliere

 
 

L'église de La Mancellière

Publié par Georges DODEMAN

g.dodeman@wanadoo.fr

 

M. Charles le Hérissier de Gerville, l’illustre archéologue et historien de la Manche, visita l’église de la Mancellière en 1820 ; il en disait fort peu de choses : « petite église à peu près neuve ou refaite, simple, sans croisée ». La façade tout en granit doit dater du XVe siècle, les murs peuvent remonter pour partie au XIIe siècle, mais le millésime du linteau d’une des grandes fenêtres indique que celles-ci ont été édifiées en 1781.

 

Pendant la Révolution, l’église fut profanée par deux révolutionnaires effrénés de la municipalité auxquels s'associèrent trois ou quatre simples citoyens tout au plus, car, à l’exception de ce scandale, la population resta foncièrement religieuse et attachée à tous les devoirs de sa foi.

 

Une restauration devenue nécessaire commença en 1896. L’ancien clocher qui était alors sur l'édifice fut supprimé. Le nouveau fut construit à son entrée, ce qui permit à l'église d'avoir un porche. La construction de ce clocher fut assez laborieuse, car, alors qu'il atteignait quelques mètres au-dessus du portail, l'entreprise en charge de la réfection fit faillite. Cependant, l'entrée de l'église était assurée et les premiers mariés à avoir franchi le nouveau portail en 1897 furent M. et Mme Louis Mazier.

 

Les travaux furent repris par d'autres maçons, mais alors que la flèche atteignait presque son objectif, les finances vinrent à manquer... Il fut décidé de réduire la pente et c'est ainsi que le clocher s'élève à 37 mètres au lieu des 40  initialement prévus.

 

Après avoir été refondues, les anciennes cloches furent replacées en 1908. La grosse cloche, bénite par le curé doyen Leroy fut nommée Renée-Gabriel par M. Gabriel de Tesson et Mme Chérel née Mérille ; la seconde, nommée Léonie Jeanne par M. Jean-Baptiste Danguy, adjoint au maire et par Mme Léonie Turquetil ; la troisième,  nommée Vitaline Marie-Louise par M. Vital Anfray, conseiller municipal, et Marie-Louise Hamelin, épouse de Louis Garnier, conseiller municipal et ancien trésorier de la fabrique.

 
     
 

Les vitraux, au nombre de sept, furent refaits vers 1921 : deux vitraux du chœur ont été offerts, l'un par le curé de l'époque, l'abbé Perrouault, l'autre par son prédécesseur, l'abbé Vallée ; ils représentent saint Pierre et saint Paul. Les deux autres ont été offerts par les paroissiens ; ils représentent saint Michel et sainte Jeanne d'Arc, très honorée à cette époque. Deux vitraux de la nef ont été offerts par les paroissiens : 1'un représente l'apparition de la Vierge à Pontmain, l'autre la Sainte Famille. Le troisième, représentant un soldat blessé sur un champ de bataille, a été offert par les combattants de la guerre 14-18. Tous ces vitraux sont de belle couleur et très expressifs.

 

L'horloge mécanique ne prit son service qu'en 1933 et  fut électrifiée en 1992.

 

La table de la communion et le maître autel sont l'œuvre du curé-ébéniste de la région, l'abbé Victor Moisseron, curé du Mesnil-Thébault. Sa signature V. M. 1917 l'atteste.

 

 
         
 

II lui arrivait souvent en effet, imitant par là saint Joseph, de faire le catéchisme en maniant le rabot ou le ciseau ! L’électrification de l’église date de 1936 et des cloches de 1971.

 

Le 6 mai 1965, pour fêter la réception des travaux de l’église, exécutés par l’Entreprise Lair de Juvigny-le-Tertre (clocher lavé et  joints tirés), Isidore Turquetil a joué du biniou au sommet de l’échafaudage !

 

Au cours de l'hiver et du printemps des années 1994-1995, l'église entreprit sa grande toilette intérieure : la voûte fut traitée et vernie, les murs intérieurs reçurent un nouveau revêtement et les décorations picturales furent sérieusement rafraîchies. La municipalité en profita pour adapter les circuits électriques et la paroisse "sonorisa" l'édifice.

 

Le 26 décembre 1999, une violente tempête mit à mal l’église (chute de la croix de fer ainsi que du clocheton, défonçant la voûte).

 

Le dernier curé à résider à La Mancellière fut le Père Alphonse Lebouteiller (1980-1989). A son arrivée, le Père Lebouteiller trouva une paroisse quelque peu en retard sur l'évolution liturgique décidée par le Concile Vatican II : l'âge, la santé et peut-être, le tempérament de son prédécesseur le curé Pigeon, n'avaient pas permis les adaptations entreprises par ailleurs. Il lui fallut donc "rattraper" le retard : il trouva parmi ses paroissiens une équipe qui sut faire un réel effort et se mettre à l'unisson des paroisses voisines.

 

Depuis 1989, La Mancellière n'a donc plus de curé résident et son église est devenue depuis 1994 une église paroissiale de la Paroisse Saint-Martin d'Isigny.

 
     
   
 

LA MANCELLIERE (ISIGNY LE BUAT)

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  LE CHATEAU
         
   
     

La Mancelieret

 
 

Le château de la Mancellière

Publié par Georges DODEMAN

g.dodeman@wanadoo.fr

 

Le château primitif fut construit vraisemblablement vers 1655 à l'époque où Jean Tesson du Pont-Tesson en Montigny commença à rassembler sous son aile le grand fief dit du Bois-Frazier et la plupart des autres qui coupaient la paroisse. Il en possédait déjà le tiers autour du château, mais aussi les fermes du Challenge, de la Roche avec son fameux moulin établi sur le ruisseau du Gué qui fut entièrement refait avec ses trois tournants superposés sous les directives d'Armand de Tesson. Ce moulin complétait le moulin Mancel appelé aussi Moulin Grimault, dérivé de l'Oir, qui fut propriété des abbés de Montmorel de 1401 à 1620, puis des de Romilly et des de Tesson quand ils réunirent ce fief.

 

Primitivement, le château se trouvait au fond d'une cour bordée de communs au levant et au couchant et fermée au midi par un mur qui fut plus tard remplacé par une grille à barreaux très épais.

 

Vers 1852, le château ancien fut entièrement refait sous Armand de Tesson, doté de deux belles avenues, dans un panorama magnifique avec de nombreuses pièces d'eau à proximité : les étangs naturels du Laizir, du Moulin de la Roche, celui artificiel du Manoir, enfin le pittoresque « Marabout » établi en 1842 comme rendez-vous de chasse proche des grands bois jouxtant la route de Brécey.

 

Dans son histoire du diocèse d'Avranches (1888), le chanoine Pigeon cite la chapelle de Sainte-Marguerite du château de la Mancellière comme étant en parfaite conservation et fort bien tenue. Située dans l’angle nord-est de la cour, elle a un petit campanile et est percée de trois fenêtres, deux grandes à arc déprimé et une petite carrée au-dessus de la porte. Les linteaux de cette porte et de la petite fenêtre sont ornés d'accolades creuses. Sur les murs sont peintes les armes d'alliance des Tesson et des Lorgeril surmontées d'une couronne de Marquis.

 
     
 

Les de Tesson sont une famille d'une ampleur considérable. Issus à l'origine de la maison royale d'Anjou, ils furent parents et alliés du Conquérant, et donc presque cinq cents ans plus tard, répartis en plusieurs branches (aînée dite du Buat, du Neufbourg en Vains, de Sartilly, de la Guérinière) ; ici c’est celle dite de Monteille qui possède une soixantaine de seigneuries rien que dans l'Avranchin et le Mortainais.

 

Jean Tesson du Pont-Tesson qui  prend en charge la seigneurie en 1654 est officier de la flotte royale, colonel de la Milice de Mortain dans une époque (1698) où l'intendant Foucault recense 157 feux soit environ 600 habitants à la Mancellière. C'est son fils Robert lui aussi militaire (il fera la guerre aux frontières avec l'Allemagne) qui unira tous les fiefs précités donnant à la paroisse une belle homogénéité autour de son château (voir notre chapitre spécial), mais aussi autour d'une cure de haut niveau. Le prieuré-cure voit passer des religieux d’envergure comme Charles Le Noble (1697-1717), chanoine régulier (Augustinien) titulaire de la chapelle Saint-Blaise de Saint-Hilaire, grand vicaire de Montmorel, conseiller à la Grand Chambre de Rouen (où il sera d'ailleurs inhumé). Les archives sont, à partir de 1580, déjà tenues pour les baptêmes : 1602, les épousailles : 1666, les mortuaires. Elles sont rédigées en double exemplaire dès 1668 et en 1699 le prieur-curé remet la grosse (copie d'un acte authentique) au chapelain de l'Officialité (à Avranches), et même à partir de 1708 au greffier du baillage à Mortain.

 

C'est donc une paroisse particulièrement bien tenue sous Robert de Tesson, ce qui n’empêche pas ce dernier d'avoir le malheur de perdre son fils de 18 ans le 21 avril 1718, tué dans une émeute suscitée à Caen par le cocher du carrosse de la dame du Mesnil-Patry. Celle-ci pourtant dans son tort, mais ayant comme on dirait maintenant, « des relations », le procès s'éternisa et les de Tesson n’eurent aucune compensation. Son successeur, Germain (1682-1745) ajouta au domaine le fief du Roy en la Chapelle-Urée ; Gabriel-Michel (1729-1776), en se mariant en 1776 à Louise de Lorgeril (des comtes de Lapenty, Buais, Saint-Symphorien-des-Monts) à Lapenty, ancra encore plus la famille dans l'entrelacs des familles nobles de la région, puisque ses descendants (Louis-Auguste ancien page de Louis XVI et le chevalier Jean-Baptiste) épousèrent après la Révolution deux sœurs de la famille de Lorgeril. Ces deux jeunes gens avaient émigré en 1792 pour Jersey et c'est leur mère, veuve, qui affronta avec ses deux filles cette difficile période. Elles se réfugièrent quelques mois en 1794 à Mortain, mais revinrent au château, veillant au grain en cette époque troublée et parvinrent à rétrocéder des biens assez peu entamés à leurs descendants lorsqu'ils firent retour en 1802 (4 fermes : le bourg, la Pichetière, la Viéville, la Poulinière furent confisquées par la Révolution mais assez vite rachetées par les de Tesson  retrouvant ainsi leurs biens).

 

Durant toute cette période, le salon du château accueillit les messes des prêtres réfractaires de passage dans la région (Davalis, Lericolais), l'intrus Charles-François Touroul (natif du Mesnil-Boeufs) s'étant retiré dans sa commune d’origine dès 1792.

 

Le 16 juillet 1799 le château fut même le théâtre d'un important combat mené par le comte du Ruays qui, à partir de la ferme du Mesnil-Houx, menait des reconnaissances sur toute la région. Le jour de la Sainte Anne, il cerna à Beauficel un convoi de jeunes gens requis qu'il ramena à la Mancellière. Mais Avranches prévenu lui envoya de la cavalerie qui sabra la troupe, arrêtée seulement par un feu nourri tiré des fenêtres du château. Les prisonniers furent presque tous repris avec des morts des deux côtés, dont un pauvre bougre caché dans un cerisier et qui fut fusillé séance tenante.

 

Le bâtiment est toujours resté dans la famille, transmis par les descendants Louis (maire en 1816), Armand (maire en 1848), Gabriel (maire en 1898, décédé en 1936).