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Le Mesnil-Thebault |
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La Bercoisière Publié par Georges DODEMAN g.dodeman@wanadoo.fr
Les registres paroissiaux de la commune du Mesnil-Thébault mentionnent à la fin du 17ème siècle le « Seigneur le Gager » propriétaire terrien à « la Bercoisière ». Les armoiries de cette famille se devinent encore sur le granite d’une cheminée de ce manoir époque XVème siècle et l’accès aux étages se fait toujours par un remarquable escalier hélicoïdal en pierre.
Vers 1780, cette ferme-manoir devient la propriété de Pierre Guérin, propriétaire terrien au Moulinet et maire de la commune.
La période révolutionnaire ensanglante le bocage jusqu`au Mesnil-Thébault. La Bercoisière est une cache de prêtres réfractaires à la Constitution Civile du Clergé, dont en particulier, l`abbé Jean-François Guérin que ses cousins dissimulent aux chasses des autorités. Le jeune prêtre exerçât auprès des villageois des environs un ministère héroïque jusqu`en 1793, date à laquelle il fut dénoncé et exécuté sans procès à Saint-Hilaire-du-Harcouët, (plaque dans l’église de Saint-Hilaire-du-Harcouët).
Au gré des alliances et des héritages, la Bercoisière et son exploitation agricole demeurent au sein de cette famille jusqu`à l`époque contemporaine. La tourelle et sa poivrière ont fait l’objet d’une restauration complète en 2001 par le propriétaire actuel, rendant ainsi au manoir sa silhouette d’origine, bien typique de la région.
A titre familial et se rapportant à l’histoire du Mesnil-Thébault, on doit évoquer la mémoire de la famille Guérin, très présente sur cette commune pendant plus d’un siècle et demi et particulièrement celle des frères Albert et Charles Guérin.
Les inspections canoniques des années 1763-1764 de Mgr de St-Germain insistent sur un cimetière bien clos et une église « parmi les plus belles du diocèse » ! A noter que le presbytère fut construit en 1777. Une prospérité qui n'empêchait pas comme ailleurs, l'apparition de fulgurantes épidémies de « fièvres tierces » (dysenterie) qui, faute d'antibiotiques à l'époque, faisaient des ravages. En 1780, par manque de porteurs indique la tradition, les morts devaient être transportés en leur dernière demeure par tombereaux entiers ! A l'invitation de la châtelaine, on engagea des dévotions à St-Roch, patron collatéral de la paroisse après St-Pierre, qui était spécialement invoqué pour la préservation contre les épidémies, mais aussi pour la bonne santé des bestiaux et des cultures. Et miracle, tous ces malheurs cessèrent aussitôt ! En 1785, les registres paroissiaux signalent une averse de grêle dévastatrice et la fondation, par le riche et influent curé Nicolas Tancrel , de trois lits pour les pauvres à l’hôpital d’Avanches.
Depuis 1760, il n'y avait plus que trois familles nobles sur la paroisse : les Le Gager à la Grande Bercoisière, les du Buat aux Fourcées et Tancrède de Hauteville, dernier seigneur du Mesnil-Thébault, qui représenta d'ailleurs la paroisse pour la noblesse, assisté du curé Tancrel, tandis que pour le tiers Philippe Cordon et Jacques Lemarchand représentaient la paroisse aux états généraux.
En 1790, aucun des trois prêtres présents ne consentit à prêter serment mais ils restèrent en place jusqu'en 1792 où l'intrus Jacques Boursin resta moins d'une année en fonction. Le culte clandestin fut donc assuré par des réfractaires qui se cachaient le plus souvent au Moulinet dans la famille Guérin.
La famille Guérin fut frappée directement quand quelques excités venus de Virey sous la conduite du révolutionnaire Hamonière s'emparèrent d'un de leurs enfants, Jean-François Guérin. Ce dernier, ordonné en 1785, attendant un poste définitif mais malade, fût arrêté le 5 mai 1793 et mourut le 9 mai, faute de soins à Saint-Hilaire où il avait été emmené. Sa mort fut vengée en août 1795 par les Chouans qui, informés d'un retour de permission d'Hamonière alors en garnison à St-Lô, l'attendirent au passage près du bois de la Gasneraie sur les Biards, le poursuivirent et finirent par le tuer dans l'avenue du manoir des Genestais.
Durant tous ces temps troubles, le Moulinet continua d'héberger plusieurs prêtres, derrière le fond mobile d'un vieux meuble à usage de laiterie, dont le fameux abbé Prével (voir les Biards), tué le 17 janvier 1796 aux Landelles. L'église, pendant ce temps, fut dépouillée de ses ornements mais non dévastée et simplement fermée. Elle ouvrit de nouveau ses portes en 1803 avec le curé Charles-Nicolas Le Ricollais qu'on appelait le « grand curé » car, non seulement il était de haute taille, mais il savait tenir tête à son évêque. Sous sa houlette de 1803 à 1839, puis sous celle de l'abbé Guillaume Mesnil (1842 à 1885) qui engagea la rénovation de l'église terminée sous l'abbé Moisseron (voir chapitre église), la paroisse devenue commune se structura avec des citoyens dynamiques dont les frères Guérin demeurent le parfait exemple. C'est en particulier à leurs efforts et à leur capacité de fédérer les générosités et les compétences que Mesnil-Thébault aménagea son bourg et reconstruisit (1890) son église. Tous les deux vivaient à la Bercoisière et sont inhumés dans le cimetière du Mesnil-Thébault.
Le XIXème siècle, comme dans tout le canton et pour toutes les municipalités, porta l'accent sur les écoles avec déjà (voir le chapitre écoles), l'idée originale du maire d'Isigny, Jacques Philippe Guilmard d'associer plusieurs communes pour assurer l'enseignement, du fait d'une population relativement importante : 575 habitants en 1856 dont 17 indigents. Toutes les années précédant l'inauguration en 1868 de la nouvelle école (mandat Pierre Jouenne de 1844 à 1872) furent aussi marquées par le vote nécessaire aux dépenses contribuant aux chemins de grande communication traversant la commune : du Pointon route de Saint-Hilaire à Avranches et d'Isigny à Fougères par Monthault. A noter encore, au titre des faits divers, le terrible orage du 4 août 1826 qui fit deux morts à Launay, plus une femme qui rentrait la moisson avec deux bœufs et qui furent également foudroyés !
Albert Guérin (1872-1902) et Julien Marie Cordon (1902-1914) eurent la difficile charge d'endiguer un exode rural général dans la région (427 habitants en 1911), et la séparation de l'Église et de l'État, vécue comme un traumatisme, surtout au regard des sacrifices consentis particulièrement ici pour refaire l'église à neuf. Le 9 février 1906, le percepteur Pouillard, d'Isigny, se présenta à la porte de l'église où l'attendait le curé en surplis et étole, entouré d'une soixantaine de paroissiens. Pour bien faire établir la violence qui était faite à l'édifice, il laissa donner un coup de hache à la porte avant d'en remettre les clefs.
Le rapport académique de l'instituteur en 1913, montre un bourg réduit à trois maisons autour de l'église, mais encore nanti de nombreux artisans : charrons, charpentiers, épicier, deux aubergistes, couvreur en paille, et même un perruquier ! Sur les 600 hectares cultivés par 59 propriétaires et 78 fermiers, la moitié l'était en céréales, 71 en prairies, 50 en vergers. L'instituteur se plaignant amèrement « des enfants trop écoutés chez eux...pour une réprimande un peu sévère », les parents après lecture des journaux ou conseillés par l'opposition menacèrent le maître de le « dimancher » (c'est à dire, de le congédier) ! Et il ajoutait avec une pointe de ressentiment laissant bien comprendre l'hostilité sourde de la population à l'école publique laïque et obligatoire « dans un autre corps d'enseignement (comprenez l'école dite « libre » ou confessionnelle), on évite de mettre à découvert la plus petite chose ». |
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