LE MESNIL BOEUFS (ISIGNY LE BUAT)
  CC 25.04 AVRANCHES MONT-SAINT-MICHEL
   
  LA GARE
     
   
     
 

LE MESNIL BOEUFS Isigny le Buat

La gare : Un siècle de fonctionnement

Publié par Georges DODEMAN

g.dodeman@wanadoo.fr

 

Un peu inaperçu maintenant que les rails ont été enlevés (en 1996-1997) pour céder la place à la « voie verte », propice à la promenade tant pédestre que cycliste, le chemin de fer fut, à partir de l'inauguration de la ligne Avranches-St-Hilaire le 16 juin 1889, un incontestable atout de développement pour toute la région, et particulièrement pour le canton d'Isigny qu'il traversait de part en part. Le premier train passa à la gare d’Isigny le 16 octobre 1889.

 

Cette ligne connut son apogée avant la Grande Guerre : le trafic y est assez important, dans la saison des pommes, c'est le va et vient incessant des « banniaux » venus de toutes les communes alentour, et faute de grue ou de quai d'embarquement idoine, on y voyait des voitures de pommes attendre une semaine et plus avant qu'il n'y ait assez de wagons pour expédier ces fruits. Tout arrive et repart de la gare : des bestiaux, du cidre, du bois, de la pierre, et bien sûr de nombreux voyageurs à un train disons « de sénateur » : il faut deux bonnes heures pour rallier Pontaubault, et près de huit, vu les changements, pour rejoindre Sourdeval ! Mais c'est quand même...le Progrès !

 

Le café restaurant de la Gare (actuellement tenu par Christophe Rallu) fut construit à cette époque par Auguste Sineux, offrant aux visiteurs véhiculés par les deux omnibus journaliers, le coup de cidre, le café et la « p'tite goutte » allant avec, il était aussi dépôt de pain et tabac et ce jusqu'en 1928. Il fut repris à la suite jusqu'en 1937 par M.Lesieur, puis René Doublet deux ans (1939), et enfin par la famille Boulay : Albert, son fils prénommé Albert également et son petit-fils Dominique ont fait prospérer l'endroit où on trouve encore actuellement un gros commerce de négoce des aliments du bétail.

 

Les voyageurs ne s'arrêtaient plus depuis 1939, mais déjà, les wagons d'engrais avaient pris le relais pour accompagner les débuts de la modernisation de l'agriculture intensive. Les fameuses « potasses d'Alsace » notamment arrivaient en vrac par wagons de 50 tonnes, puis par sacs de toile de 100 kgs, mais avec toujours un problème de quai d'embarquement, le wagon devant être détaché, manœuvré avec un tracteur et déchargé à dos d'hommes : pour effectuer ces tâches, il ne fallait pas moins de 24 heures !

 

En 1976, la paille venue de régions céréalières permettra la soudure alimentaire des bovins au cours de cette année de sécheresse. Mais durant toutes les années 1960-1980, la grande activité sera celle du traitement des métaux et ferrailles liées à l'activité de l’entreprise Pinel et ensuite de la Sirec. Toutes ces masses métalliques étaient triées et sectionnées, puis embarquées dans des wagons de 25 tonnes chargés toujours manuellement, puis de 50 tonnes à l'aide d'une grue enfin bienvenue. Il fallait deux ouvriers à la journée pour remplir un de ces wagons qui partaient en général vers les hauts fourneaux de la SMN à Mondeville dans la banlieue de Caen.

 

C'est aussi à cette époque que disparurent du paysage les garde-barrières, hôtessses des typiques « maisonnettes », prenant juste à cette époque un relief tout particulier du fait de la célébrité à l'écran de la fameuse « Mère Denis »( figure légendaire de la « pub » à partir de 1972, Jeanne Calvé dit « la Mère Denis » tint le passage à niveau PN 69 au hameau de la Barbière (sur le Buat) de 1911 à 1922. Nous en parlons plus longuement dans la rubrique de la commune du Buat.). On se souviendra que Mme Pacilly fut le dernier chef de gare d’Isigny.

 

Isigny ayant perdu ses envois de ferraille au profit de la route, la gare fut officiellement fermée le 6 janvier 1974. Cette procédure ayant pour objet de supprimer la consigne de ligne applicable au trafic régulier, il en ressortait qu'une circulation occasionnelle pouvait avoir lieu, mais avec quels délais ? Dans les années 1962-1965, ne passait plus qu'un train de marchandises par jour (Casam et Ets Lehec particulièrement), un tous les deux jours à partir de 1970, ensuite deux wagons par semaine chargés par la Sirec. Le dernier train de marchandises fut signalé sur la voie le 24 septembre 1989, le coup de grâce étant donné le 26 mai 1993 avec la fermeture définitive de la ligne Saint-Hilaire/Pontaubault .