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Le Mesnil-Bœufs, Isigny-le Buat, Xfigpower — Travail personnel |
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LE MESNIL BOEUFS Isigny le Buat Publié par Georges DODEMAN g.dodeman@wanadoo.fr
L'église Bel exemple de l'architecture du Mortainais
L'écclésiole du Mesnil-Boeufs, dans sa simplicité, illustre bien de ce que devaient être les premières cures de campagne « en dur », après l'An Mil quand, selon la belle formule du moine Raoul Glaber « la France se couvrit d'un blanc manteau d'églises ». Sans doute contemporaine d'Isigny, la paroisse date des VIIème ou VIIIème siècles avec une église primitive en bois, puis en pierre dès que s'affermit le pouvoir de la Normandie ducale, et après 1202, celle du Roi de France Philippe-Auguste.
Relevant sous l'Ancien Régime du doyenné de Saint-Hilaire, elle est sous le patronage de St-Brice, un des fidèles lieutenants de St-Martin, le grand évangélisateur de l'Ouest. Un moment, au XIVème, elle fut donnée à l'abbaye du Mont par le seigneur local Robert Tyrel, puis rétrocédée à Avranches avant de retrouver une logique géographique en revenant dans le giron de Saint-Hilaire au moment de la réunification des fiefs.
C'était une grosse cure jouissant de toutes ses dîmes et aumônes, d'un assez bon revenu, mais sur un territoire assez restreint. On obligeait le curé à assurer l’emploi d’un vicaire, mais aussi l'entretien et la réparation du chœur. La visite épiscopale de Mgr Daniel Huet en 1694 montre une église nécessitant des réparations, église de 280 communiants, soit à peu près le nombre d'habitants ; pas de chapelle, ni d'école.
En 1743, le curé Jacques Muris fut si mal reçu par les habitants... qu'il en mourut, selon l'acte de décès établi par son successeur François Grossin qui accueillit Mgr Durand de Missy en 1748, aigrement sans doute, malgré les 300 communiants présents. Car il y a dispute sur les réparations de l'église...On l'a vu plus haut, il n'était sans doute pas facile de délimiter jusqu'où curé et paroissiens devaient participer à l'entretien d'une église refaite finalement en 1782.
La première maîtresse d'école, Anne Lemesnager est signalée en 1763, sans doute pour les fillettes, les vicaires se réservant habituellement dans la région l'enseignement des garçons dès la Contre-Réforme, soit un siècle plus tôt.
Cette église toute simple avec sa voûte traditionnelle en bois, possède un retable à l'image de la Résurrection, des chapelles (faites en 1900) vouées à la Ste-Vierge et à St-Fortunat, des statues naïves de St-Brice et de St-Jean Baptiste. Son clocher en bois est typique des plus anciens du Mortainais et exigea en 1920 d'importants travaux de consolidation renouvelés en 1950, car il oscillait dangereusement quand le sonneur s'y prenait un peu trop vigoureusement, par exemple lors des mariages bien arrosés comme on le sait !
A la Révolution elle fut dépouillée, mais peu sinistrée et remise en état avec l'aide des paroissiens par son ancien curé François Hesloin qui la reprit en main après le Concordat et jusqu'à sa mort en 1841. Lors de la Séparation le 10 février 1906, l'agent du fisc fut arrêté à la barrière par l'abbé Jeanne qui lut une protestation applaudie par tous les habitants. Les portes de l'église avaient été soigneusement barricadées, l'inventaire ne put avoir lieu.
La vie religieuse
Comme à la Mancellière toute proche il est difficile de ne pas évoquer la haute figure de son dernier curé, Augustin Pigeon dont le long bail ici (de 1929 à 1980) reste encore bien présent à la mémoire des plus anciens paroissiens. On se souvient de sa longue silhouette arpentant la lisière des deux paroisses à la tombée de la nuit, le bréviaire à la main. Le catéchisme, à l'époque était quasi aussi important que l'école, et l'examen préparatoire à la communion solennelle presque plus dur que le fameux « Certificat » conclusion de plusieurs années de « Communale ».
Les enfants du Mesnil-Boeufs, plus dociles que ceux de la Mancellière étaient requis pour ramasser les pommes du presbytère et se faisaient transporter sur place dans sa fameuse 2 CV rouge (voir notre évocation dans la Mancellière). En échange, ils coupaient à une séance d’« histoire sainte » et pouvaient aller jouer un moment dans les bois de M. de Beaulaincourt tout proches, étant rappelés à la cloche, et sans retard car le saint homme avait...la main leste ! Paradoxalement, il était plus apprécié au Mesnil-Boeufs où les habitants avaient plaisir à le recevoir, à leur table chacun leur tour, après la messe... « mais faut dire aussi, nous précisa malicieusement un vieux paroissien lors de notre visite que contrairement à la Mancellière, nous on l'avait pas sur le dos toute la semaine » !
A cette époque, dans l'immédiat après-guerre, la vie religieuse rythmait encore la vie de la petite commune : la Fête-Dieu était un événement, le reposoir devant le monument aux morts ravissait les enfants qui jetaient « à panerées » des pétales de fleurs. Les Rogations, fête propitiatoire pour la protection des récoltes, emmenait tous les habitants derrière la croix et la bannière en chantant « ora pro nobis » et ses répons s'égrenaient paisiblement dans la campagne au rythme lent de la procession. « On partait, nous explique Jeanne Garnier de l'église pour aller au château, pour rendre visite, chacun leur tour une fois par an, à tous les grands calvaires de la paroisse.
En 1994, toutes les paroisses de la commune-canton furent réunifiées sous le nom de « paroisse Saint-Martin d'Isigny »...englobée désormais et définitivement administrée directement de Saint-Hilaire, la pénurie de prêtres étant passée par là, directement de Saint-Hilaire ! Du haut du ciel, le brave curé Pigeon doit en froncer le sourcil, lui qui déjà, dans les années cinquante (voir la Mancellière) avait déjà bien du mal à admettre que le football vide son église à l'heure des vêpres ! |
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