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Le Mesnil-Bœufs, le château du Bois-Tyrel |
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Le château du Bois-Tyrel Publié par Georges DODEMAN g.dodeman@wanadoo.fr
Contrairement à ce qu'on pourrait croire de nos jours, le château du Bois-Tyrel n'est en rien celui du fief principal du Mesnil-Boeufs. Il s'agit de celui d'une vavassorie noble à la tête de neuf aînesses , refait juste avant la Révolution, sur les ruines d’un ancien manoir par l'écuyer François-Paul Certain, époux de Marie-Anne de la Faucherie. D'une famille connue anciennement dans le comté de Mortain, l'écuyer Certain fut tué par les chouans en 1795, percé de trois coups de baïonnette dans son étang, sans doute d’avoir trop parlé sous la pression des Républicains.
Il doit son nom aux Tyrel, famille contemporaine du Conquérant, dont il est dit qu'un membre envoya la flèche mortelle qui, au cours d'une chasse en Angleterre coûta la vie à Guillaume le Roux, fils du conquérant de l’Angleterre. Ces Tyrel s'étaient maintenus jusqu'au XIIème siècle dans le fief principal ; ensuite, ses derniers représentants se replièrent jusqu'au XVIème siècle, sur ce fief du Bois-Tyrel et à la Bahonnière.
Le château que l'on peut voir actuellement a longtemps été renommé pour ses avenues, portées sur les cartes de Cassini, et qui ont grandement souffert (800 arbres abattus, 4 maisons, 4 bâtiments agricoles détruits) lors de la tempête du siècle en décembre 1999.
Cette belle demeure fut habitée par l'érudit Pierre-Auguste Clouard de la Fauconnière (décédé en 1828 dont la tombe est visible au cimetière) ; sa fille et son gendre M. Le Brun de Blon, reprirent le château qui fut vendu en 1880 à Mme Marie Pauline de Vedel épouse d'Auguste Gaudin de Villaine ; M. Albéric de Beaulaincourt en devint le propriétaire le 8 avril 1922 ; le château est encore de nos jours dans cette famille ; le fils d’Albéric, Xavier de Beaulaincourt, secrétaire particulier du général de Gaulle reçut le général qui y déjeuna même lors de sa visite au département de la Manche en 1950, accompagné de son aide de camp le colonel de Bonneval.
Pendant la guerre, la vieille demeure vit alternativement passer...un officier français venu se déguiser en civil...puis des officiers autrichiens particulièrement corrects. Ils avaient été accueillis plutôt fraîchement par le comte Albéric de Beaulaincourt lequel, comme beaucoup d'anciens de la Grande Guerre nourrissait quelques ressentiments contre les Allemands.
Le 15 août 1943, un grand reposoir y fût installé dans l'espoir de la fin du conflit, et après la Libération (1), le 31 juillet 1945, la statue de N.D. De Boulogne y fit étape, venant de Saint-Hilaire, en présence d'une foule énorme, les stalles des écuries du château étant réquisitionnées comme autant de confessionnaux ! La statue de la vierge resta toute la nuit au château et le lendemain la procession reprit sa route vers Ducey, en passant par Chalandrey. Pour l’occasion, Clément Chesnel avait électrifié l’avenue et installé une croix lumineuse sur le château.
(1) : le château fut longtemps, pendant la guerre, un des bureaux de l'organisation Todt qui construisait les ouvrages du Mur de l'Atlantique, mais aussi siège d'un redoutable tribunal militaire qui fit fusiller un soldat allemand. Libérés les 30 et 31 juillet, dès le 1er août, les habitants vinrent y fleurir les premiers GMC américains abrités sous les arbres des avenues. Furent immédiatement installés des batteries de DCA ; Mme de Beaulaincourt possède encore les maquettes d'avions US servant à l'instruction des artilleurs pour éviter qu'ils ne « descendent » accidentellement « forteresses volantes » et autres B 24 ! Du 2 au 12 août tous les alentours étaient encombrés de matériel et c'est dans ses murs que le général Omar Bradley attendit le dénouement de la bataille de Mortain. S'y cachèrent également de nombreux déserteurs dont le fameux Polonais Thomas Kutnick qui y resta jardinier jusque dans les années 50 ! |
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