|
||||||||||
LE MESNIL BOEUFS Isigny le Buat Publié par Georges DODEMAN g.dodeman@wanadoo.fr
Le Mesnil-Bœufs
Un beau casse-tête pour la toponymie que de retrouver l'origine du nom original de cette paroisse dont le préfixe « Mesnil » veut dire château ; mais pour le reste? En 1631, il est dit « Maini Beuf », en 1701 « Ménibeux », en 1798 « Sactus Bricius de Mesnil-Lobovis ». Cette petite paroisse (450 hectares) est arrosée par l'Oir et le ruisseau des Violettes qui la sépare de Montigny.
Sous l'Ancien Régime, elle était composée de trois fiefs : le premier fut uni jusqu'en 1570 à celui de Saint-Hilaire, son manoir se situant face à l'église actuelle. Il passa ensuite au second grand fief de la paroisse, celui du Bois-Tyrel, une vavassorie noble qui fut fidèle à la France durant la Guerre de Cent Ans, en payant les pots cassés (son seigneur, prisonnier, dût vendre ses terres sur Parigny), mais en récoltant aussi le fruit, accueillant selon toute vraisemblance en 1470 Louis XI de passage sur sa route de pèlerinage vers le Mont-St-Michel. Ensuite le fief fut aux Gaudin, puis aux Clouard de la Fauconnière (originaires de St-James, ce dernier ancien conseiller à la Cour des Comptes) dont le petit-fils Albert Lebrun de Blon vendit le château en 1880 à Mme de Villaine. Cette dernière le transmit en 1922 au comte de Beaulaincourt, famille qui l'habite toujours. Enfin, un dernier petit fief appartenant aux Tyrel jusqu'en 1523 s'établissait à la Bahonnière.
A la Révolution, le curé François-René Hesloin (originaire de la paroisse en 1757) et son vicaire Jacques Bouffaré, refusèrent le serment à la Constitution civile du clergé de 1791. Ils émigrèrent vers la Grande-Bretagne en 1792 et furent remplacés par l’abbé Sauvé. Mais ce fut ce même abbé Heslouin qui, en 1802, réouvrit l'église, s'installant même dans la vie locale comme conseiller municipal.
L'église qui datait du VIIIème siècle (reconstruite en 1700 si l'on en croit le linteau de la sacristie) fut dépouillée et dévastée en 1794, et durant ces années terribles, toute la région fut sous la menace à la fois des Chouans et des troupes républicaines. En 1795, François Paul Certain, châtelain du Bois-Tyrel, fut victime de ces tristes moments de notre Histoire, retrouvé percé de trois coups de baïonnette dans son étang tué par les chouans, sans doute pour avoir trop parlé sous la pression des Républicains.
Le Mesnil Bœufs dans le XIXème siècle
D’après les archives, on sait que le premier conseil municipal se réunit en avril 1803 avec comme premier maire, Pierre Auguste Clouard de la Fauconnière (1812-1828).
Grâce aux visites épiscopales (Mgr Huet), on sait qu'en 1694, il n'y avait pas encore d'école, mais son successeur en 1764 en relevait déjà deux : celle des garçons servie par le curé, et celle de filles par Anne Leménager. Ce fut donc une des préoccupations immédiates de la nouvelle municipalité. L'institutrice Renée Leprieur avait 23 élèves en 1818, et sous l'impulsion de Jacques-Philippe Guilmard, maire d'Isigny depuis 1831, l'école se regroupa avec Naftel, Mesnil-Thébault et Isigny, ce qui se comprend car il y avait déjà plus de 400 habitants en 1836.
Durant tout le XIXème siècle, les élus successifs : René Jouenne (1828-1848), Pierre Touroul père (1848-1860), Pierre Touroul fils ( 1860-1914) s'occupèrent des indigents (une dizaine en 1862) ; ils se montrèrent favorables au chemin de fer (décision du conseil municipal du 31 octobre 1875) amenant, le 16 octobre 1889, le passage en gare, du premier train de la ligne Domfront-Saint-Hilaire-Avranches, passant rapidement à une dizaine de passages quotidiens. Quand on chemine sur la nouvelle « voie verte », on peut encore imaginer le trafic ferroviaire qui ne s'acheva qu'en 1989 ; il n'y avait plus alorsque des marchandises et en particulier dans les décennies 1960-1980, un important trafic de métaux à raison de 4 wagons de 50 tonnes par jour, vers les hauts-fourneaux de Caen par jour.
Le Mesnil Bœufs dans le XXème siècle
Le 20 mai 1900, Pierre Touroul fils fut réélu maire avec comme adjoint Louis Perrouault jusqu’en 1908, puis ensuite Auguste Lefranc.
En 1913, le rapport de l'institutrice, Mlle Garnier, notait 262 habitants, 80 chevaux, une activité essentiellement agricole. Ce document (voir encadré ci-après) montre une commune bien désenclavée, possédant 8 km de chemins vicinaux ouverts avant 1840 et entretenus par un cantonnier à hauteur de 75 jours par an, la route de Montigny ayant été classée et entretenue par le département dès 1861.
Les habitants sont essentiellement agriculteurs (23 propriétaires, 48 fermiers, chiffres à comparer : 18 exploitations en 1978...4 en 2013 ! cultivant, sur les 450 hectares de la commune, 355 de céréales, 43 de prairies, 35 de vergers).
En 2013, les 4 exploitations sont gérées par : Jean, Jocelyne et Ludovic Fortin, Jean Michel Orain, Sylvie et Marcel Lemeteyer, Jacky et Yvette James).
Depuis 1880-1890, grâce aux gares du Pont d'Oir et du Mesnil Bœufs, les engrais sont généralisés, la traction animale est fournie par 80 chevaux, les 18 charrues-brabant montrent que les exploitants ont a su prendre le train de la modernisation. Il y a un cheptel important : 58 bœufs, 205 vaches, 180 moutons, 250 porcs, 128 ruches dont 18 « à cadre » ; les produits et animaux sont évidemment destinés à la vente sur les marchés de la région, Saint-Hilaire principalement.
Le bourg est très fréquenté car il y a trois épiciers-aubergistes, 3 charpentiers, 2 couvreurs, un charron, deux cordonniers, 1 tisserand, 5 couturières.
Depuis 1870 le facteur dessert Isigny-Naftel-Mesnil-Boeufs à vélo tous les jours ; gros progrès car avant (depuis 1830 environ), il n'y avait que deux facteurs qui partaient de Saint-Hilaire pour faire une dizaine de communes, et qui couchaient en route chez l'habitant pour ne rentrer à la poste que tous les deux trois jours ! |
||||||||||
|
||||||||||
Le Mesnil-Bœufs, le château du Bois-Tyrel |
||||||||||
Le château du Bois-Tyrel Publié par Georges DODEMAN g.dodeman@wanadoo.fr
Contrairement à ce qu'on pourrait croire de nos jours, le château du Bois-Tyrel n'est en rien celui du fief principal du Mesnil-Boeufs. Il s'agit de celui d'une vavassorie noble à la tête de neuf aînesses , refait juste avant la Révolution, sur les ruines d’un ancien manoir par l'écuyer François-Paul Certain, époux de Marie-Anne de la Faucherie. D'une famille connue anciennement dans le comté de Mortain, l'écuyer Certain fut tué par les chouans en 1795, percé de trois coups de baïonnette dans son étang, sans doute d’avoir trop parlé sous la pression des Républicains.
Il doit son nom aux Tyrel, famille contemporaine du Conquérant, dont il est dit qu'un membre envoya la flèche mortelle qui, au cours d'une chasse en Angleterre coûta la vie à Guillaume le Roux, fils du conquérant de l’Angleterre. Ces Tyrel s'étaient maintenus jusqu'au XIIème siècle dans le fief principal ; ensuite, ses derniers représentants se replièrent jusqu'au XVIème siècle, sur ce fief du Bois-Tyrel et à la Bahonnière.
Le château que l'on peut voir actuellement a longtemps été renommé pour ses avenues, portées sur les cartes de Cassini, et qui ont grandement souffert (800 arbres abattus, 4 maisons, 4 bâtiments agricoles détruits) lors de la tempête du siècle en décembre 1999.
Cette belle demeure fut habitée par l'érudit Pierre-Auguste Clouard de la Fauconnière (décédé en 1828 dont la tombe est visible au cimetière) ; sa fille et son gendre M. Le Brun de Blon, reprirent le château qui fut vendu en 1880 à Mme Marie Pauline de Vedel épouse d'Auguste Gaudin de Villaine ; M. Albéric de Beaulaincourt en devint le propriétaire le 8 avril 1922 ; le château est encore de nos jours dans cette famille ; le fils d’Albéric, Xavier de Beaulaincourt, secrétaire particulier du général de Gaulle reçut le général qui y déjeuna même lors de sa visite au département de la Manche en 1950, accompagné de son aide de camp le colonel de Bonneval.
Pendant la guerre, la vieille demeure vit alternativement passer...un officier français venu se déguiser en civil...puis des officiers autrichiens particulièrement corrects. Ils avaient été accueillis plutôt fraîchement par le comte Albéric de Beaulaincourt lequel, comme beaucoup d'anciens de la Grande Guerre nourrissait quelques ressentiments contre les Allemands.
Le 15 août 1943, un grand reposoir y fût installé dans l'espoir de la fin du conflit, et après la Libération (1), le 31 juillet 1945, la statue de N.D. De Boulogne y fit étape, venant de Saint-Hilaire, en présence d'une foule énorme, les stalles des écuries du château étant réquisitionnées comme autant de confessionnaux ! La statue de la vierge resta toute la nuit au château et le lendemain la procession reprit sa route vers Ducey, en passant par Chalandrey. Pour l’occasion, Clément Chesnel avait électrifié l’avenue et installé une croix lumineuse sur le château.
(1) : le château fut longtemps, pendant la guerre, un des bureaux de l'organisation Todt qui construisait les ouvrages du Mur de l'Atlantique, mais aussi siège d'un redoutable tribunal militaire qui fit fusiller un soldat allemand. Libérés les 30 et 31 juillet, dès le 1er août, les habitants vinrent y fleurir les premiers GMC américains abrités sous les arbres des avenues. Furent immédiatement installés des batteries de DCA ; Mme de Beaulaincourt possède encore les maquettes d'avions US servant à l'instruction des artilleurs pour éviter qu'ils ne « descendent » accidentellement « forteresses volantes » et autres B 24 ! Du 2 au 12 août tous les alentours étaient encombrés de matériel et c'est dans ses murs que le général Omar Bradley attendit le dénouement de la bataille de Mortain. S'y cachèrent également de nombreux déserteurs dont le fameux Polonais Thomas Kutnick qui y resta jardinier jusque dans les années 50 ! |
||||||||||
|
||||||||||
Le Mesnil-Bœufs, Isigny-le Buat, Xfigpower — Travail personnel |
||||||||||
LE MESNIL BOEUFS Isigny le Buat Publié par Georges DODEMAN g.dodeman@wanadoo.fr
L'église Bel exemple de l'architecture du Mortainais
L'écclésiole du Mesnil-Boeufs, dans sa simplicité, illustre bien de ce que devaient être les premières cures de campagne « en dur », après l'An Mil quand, selon la belle formule du moine Raoul Glaber « la France se couvrit d'un blanc manteau d'églises ». Sans doute contemporaine d'Isigny, la paroisse date des VIIème ou VIIIème siècles avec une église primitive en bois, puis en pierre dès que s'affermit le pouvoir de la Normandie ducale, et après 1202, celle du Roi de France Philippe-Auguste.
Relevant sous l'Ancien Régime du doyenné de Saint-Hilaire, elle est sous le patronage de St-Brice, un des fidèles lieutenants de St-Martin, le grand évangélisateur de l'Ouest. Un moment, au XIVème, elle fut donnée à l'abbaye du Mont par le seigneur local Robert Tyrel, puis rétrocédée à Avranches avant de retrouver une logique géographique en revenant dans le giron de Saint-Hilaire au moment de la réunification des fiefs.
C'était une grosse cure jouissant de toutes ses dîmes et aumônes, d'un assez bon revenu, mais sur un territoire assez restreint. On obligeait le curé à assurer l’emploi d’un vicaire, mais aussi l'entretien et la réparation du chœur. La visite épiscopale de Mgr Daniel Huet en 1694 montre une église nécessitant des réparations, église de 280 communiants, soit à peu près le nombre d'habitants ; pas de chapelle, ni d'école.
En 1743, le curé Jacques Muris fut si mal reçu par les habitants... qu'il en mourut, selon l'acte de décès établi par son successeur François Grossin qui accueillit Mgr Durand de Missy en 1748, aigrement sans doute, malgré les 300 communiants présents. Car il y a dispute sur les réparations de l'église...On l'a vu plus haut, il n'était sans doute pas facile de délimiter jusqu'où curé et paroissiens devaient participer à l'entretien d'une église refaite finalement en 1782.
La première maîtresse d'école, Anne Lemesnager est signalée en 1763, sans doute pour les fillettes, les vicaires se réservant habituellement dans la région l'enseignement des garçons dès la Contre-Réforme, soit un siècle plus tôt.
Cette église toute simple avec sa voûte traditionnelle en bois, possède un retable à l'image de la Résurrection, des chapelles (faites en 1900) vouées à la Ste-Vierge et à St-Fortunat, des statues naïves de St-Brice et de St-Jean Baptiste. Son clocher en bois est typique des plus anciens du Mortainais et exigea en 1920 d'importants travaux de consolidation renouvelés en 1950, car il oscillait dangereusement quand le sonneur s'y prenait un peu trop vigoureusement, par exemple lors des mariages bien arrosés comme on le sait !
A la Révolution elle fut dépouillée, mais peu sinistrée et remise en état avec l'aide des paroissiens par son ancien curé François Hesloin qui la reprit en main après le Concordat et jusqu'à sa mort en 1841. Lors de la Séparation le 10 février 1906, l'agent du fisc fut arrêté à la barrière par l'abbé Jeanne qui lut une protestation applaudie par tous les habitants. Les portes de l'église avaient été soigneusement barricadées, l'inventaire ne put avoir lieu.
La vie religieuse
Comme à la Mancellière toute proche il est difficile de ne pas évoquer la haute figure de son dernier curé, Augustin Pigeon dont le long bail ici (de 1929 à 1980) reste encore bien présent à la mémoire des plus anciens paroissiens. On se souvient de sa longue silhouette arpentant la lisière des deux paroisses à la tombée de la nuit, le bréviaire à la main. Le catéchisme, à l'époque était quasi aussi important que l'école, et l'examen préparatoire à la communion solennelle presque plus dur que le fameux « Certificat » conclusion de plusieurs années de « Communale ».
Les enfants du Mesnil-Boeufs, plus dociles que ceux de la Mancellière étaient requis pour ramasser les pommes du presbytère et se faisaient transporter sur place dans sa fameuse 2 CV rouge (voir notre évocation dans la Mancellière). En échange, ils coupaient à une séance d’« histoire sainte » et pouvaient aller jouer un moment dans les bois de M. de Beaulaincourt tout proches, étant rappelés à la cloche, et sans retard car le saint homme avait...la main leste ! Paradoxalement, il était plus apprécié au Mesnil-Boeufs où les habitants avaient plaisir à le recevoir, à leur table chacun leur tour, après la messe... « mais faut dire aussi, nous précisa malicieusement un vieux paroissien lors de notre visite que contrairement à la Mancellière, nous on l'avait pas sur le dos toute la semaine » !
A cette époque, dans l'immédiat après-guerre, la vie religieuse rythmait encore la vie de la petite commune : la Fête-Dieu était un événement, le reposoir devant le monument aux morts ravissait les enfants qui jetaient « à panerées » des pétales de fleurs. Les Rogations, fête propitiatoire pour la protection des récoltes, emmenait tous les habitants derrière la croix et la bannière en chantant « ora pro nobis » et ses répons s'égrenaient paisiblement dans la campagne au rythme lent de la procession. « On partait, nous explique Jeanne Garnier de l'église pour aller au château, pour rendre visite, chacun leur tour une fois par an, à tous les grands calvaires de la paroisse.
En 1994, toutes les paroisses de la commune-canton furent réunifiées sous le nom de « paroisse Saint-Martin d'Isigny »...englobée désormais et définitivement administrée directement de Saint-Hilaire, la pénurie de prêtres étant passée par là, directement de Saint-Hilaire ! Du haut du ciel, le brave curé Pigeon doit en froncer le sourcil, lui qui déjà, dans les années cinquante (voir la Mancellière) avait déjà bien du mal à admettre que le football vide son église à l'heure des vêpres ! |
||||||||||
|
||||||||||
LE MESNIL BOEUFS Isigny le Buat La gare : Un siècle de fonctionnement Publié par Georges DODEMAN g.dodeman@wanadoo.fr
Un peu inaperçu maintenant que les rails ont été enlevés (en 1996-1997) pour céder la place à la « voie verte », propice à la promenade tant pédestre que cycliste, le chemin de fer fut, à partir de l'inauguration de la ligne Avranches-St-Hilaire le 16 juin 1889, un incontestable atout de développement pour toute la région, et particulièrement pour le canton d'Isigny qu'il traversait de part en part. Le premier train passa à la gare d’Isigny le 16 octobre 1889.
Cette ligne connut son apogée avant la Grande Guerre : le trafic y est assez important, dans la saison des pommes, c'est le va et vient incessant des « banniaux » venus de toutes les communes alentour, et faute de grue ou de quai d'embarquement idoine, on y voyait des voitures de pommes attendre une semaine et plus avant qu'il n'y ait assez de wagons pour expédier ces fruits. Tout arrive et repart de la gare : des bestiaux, du cidre, du bois, de la pierre, et bien sûr de nombreux voyageurs à un train disons « de sénateur » : il faut deux bonnes heures pour rallier Pontaubault, et près de huit, vu les changements, pour rejoindre Sourdeval ! Mais c'est quand même...le Progrès !
Le café restaurant de la Gare (actuellement tenu par Christophe Rallu) fut construit à cette époque par Auguste Sineux, offrant aux visiteurs véhiculés par les deux omnibus journaliers, le coup de cidre, le café et la « p'tite goutte » allant avec, il était aussi dépôt de pain et tabac et ce jusqu'en 1928. Il fut repris à la suite jusqu'en 1937 par M.Lesieur, puis René Doublet deux ans (1939), et enfin par la famille Boulay : Albert, son fils prénommé Albert également et son petit-fils Dominique ont fait prospérer l'endroit où on trouve encore actuellement un gros commerce de négoce des aliments du bétail.
Les voyageurs ne s'arrêtaient plus depuis 1939, mais déjà, les wagons d'engrais avaient pris le relais pour accompagner les débuts de la modernisation de l'agriculture intensive. Les fameuses « potasses d'Alsace » notamment arrivaient en vrac par wagons de 50 tonnes, puis par sacs de toile de 100 kgs, mais avec toujours un problème de quai d'embarquement, le wagon devant être détaché, manœuvré avec un tracteur et déchargé à dos d'hommes : pour effectuer ces tâches, il ne fallait pas moins de 24 heures !
En 1976, la paille venue de régions céréalières permettra la soudure alimentaire des bovins au cours de cette année de sécheresse. Mais durant toutes les années 1960-1980, la grande activité sera celle du traitement des métaux et ferrailles liées à l'activité de l’entreprise Pinel et ensuite de la Sirec. Toutes ces masses métalliques étaient triées et sectionnées, puis embarquées dans des wagons de 25 tonnes chargés toujours manuellement, puis de 50 tonnes à l'aide d'une grue enfin bienvenue. Il fallait deux ouvriers à la journée pour remplir un de ces wagons qui partaient en général vers les hauts fourneaux de la SMN à Mondeville dans la banlieue de Caen.
C'est aussi à cette époque que disparurent du paysage les garde-barrières, hôtessses des typiques « maisonnettes », prenant juste à cette époque un relief tout particulier du fait de la célébrité à l'écran de la fameuse « Mère Denis »( figure légendaire de la « pub » à partir de 1972, Jeanne Calvé dit « la Mère Denis » tint le passage à niveau PN 69 au hameau de la Barbière (sur le Buat) de 1911 à 1922. Nous en parlons plus longuement dans la rubrique de la commune du Buat.). On se souviendra que Mme Pacilly fut le dernier chef de gare d’Isigny.
Isigny ayant perdu ses envois de ferraille au profit de la route, la gare fut officiellement fermée le 6 janvier 1974. Cette procédure ayant pour objet de supprimer la consigne de ligne applicable au trafic régulier, il en ressortait qu'une circulation occasionnelle pouvait avoir lieu, mais avec quels délais ? Dans les années 1962-1965, ne passait plus qu'un train de marchandises par jour (Casam et Ets Lehec particulièrement), un tous les deux jours à partir de 1970, ensuite deux wagons par semaine chargés par la Sirec. Le dernier train de marchandises fut signalé sur la voie le 24 septembre 1989, le coup de grâce étant donné le 26 mai 1993 avec la fermeture définitive de la ligne Saint-Hilaire/Pontaubault . |
||||||||||