|
||||||||||||
ISIGNY Publié par Georges DODEMAN Pain d’Avaine
Pain d’Avaine (qui s'écrivait autrefois Paindaveine ou Paind'Aveine) est pour les habitants du canton d'Isigny, un centre administratif - sinon commercial - puisqu'il abrite tous les organismes de l'administration cantonale : perception, justice de paix, gendarmerie, notariat, etc...
Sous l'Ancien Régime, on le dénommait simplement «passage» de Paindaveine ; sous la Révolution et l'Empire, on l'appela plus pompeusement la « rue » de Paindaveine et au XIXème siècle, il est devenu le « bourg ».
D'où vient son nom si pittoresque ? Les documents ne le disent pas. On en est réduit à des suppositions, d'ailleurs très vraisemblables. Pain d'Avaine dut sa prospérité dans l'Histoire au fait d'être situé sur la fameuse route dite de Brunehaut (VIème siècle) qui allait de Sées à Avranches dans le Haut Moyen Age et sur l'itinéraire d'un chemin montois dit « Grand Chemin ». A proximité, à la Guérivière sur le Mesnil Thébault, on bifurquait vers la Ville des Biards et, par un gué sur la Sélune, ensuite vers Virey et Saint-Hilaire. Toutes les « grandes routes » que l'on connaît de nos jours n'existaient pas.
Autrefois, au carrefour, formé par l'intersection du Grand Chemin ou chemin Montois et d'une voie qui rejoignait Le Buat à la ville des Biards, se trouvait une auberge, depuis longtemps réputée. Le roi Louis XI lui-même, se rendant au Mont Saint-Michel, y descendit, un jour du mois d'août 1473 ; il y prit un modeste repas, malgré la proximité du château de Haut et Puissant Colin de Brécey, seigneur d'Isigny et autres lieux. Bel exemple de simplicité royale, que ne renierait pas notre époque démocratique ! Dans un livre du XVIème siècle, « le Guide des Chemins de France », l'étape de Pain d’Avaine est signalée avec la mention « repas ». Le hameau connut sa plus grande prospérité en 1750 où il y avait plusieurs boutiques, un maréchal ferrant, 4 cordonniers, 2 boulangers, un cloutier, un tisserand, des chirurgiens-barbiers, un médecin, des fonctionnaires (gabelous ou douaniers) de la Ferme du Roi et 2 auberges. Après l'Empire, il avait perdu beaucoup de son aura : seulement 220 habitants, 59 maisons mais coupé en deux avec le Buat (540 habitants) par la route. Il n'y avait à l'époque presque plus de commerces, pas de mairie ni de justice de paix, seulement deux notaires et les gendarmes.
Ainsi, Paindaveine était donc une étape, un relais pour les voyageurs se rendant au Mont Saint-Michel et à Avranches. Tout naturellement, des échoppes d'artisans et de commerçants continuèrent à se bâtir autour de l'auberge au cours des siècles. (en partie extrait d'un texte du curé Jean Bindet)
Revenons donc à ces débuts du XIXème siècle, en 1845 où Jacques Tencère (1845-1848) puis 1852-1868 succède au fameux J.P. Guilmard. Avec ses successeurs, Lebougre-Barbière (1848-1852), François Dubreuil (1868-1888), Henri Foisil (1888-1908), ils vont surtout s'occuper des écoles, des voiries, de l'aide sociale (32 indigents à secourir en 1879 alors qu'il y a 324 habitants).
Au tournant du siècle, se crée le télégraphe rattaché à Saint-Hilaire en 1881, le comice agricole en 1886, la fondation de la compagnie des sapeurs-pompiers en 1890 et même un journal « les petites nouvelles des cantons de Saint-Hilaire et Isigny Pain d’Avaine » (1883-1893) !
Les maires du XXème siècle : Louis Foisil (1908-1912), Louis Desgranges (1912-1917), Alexandre Lamache (1917-1919), André Foisil (1919-1942) auront à traiter de la question religieuse (inventaires de 1906), de la fièvre des bouilleurs de cru en 1935 où le conseil dans son ensemble tout comme dans de nombreuses autres communes de la région, démissionne.
Le téléphone fonctionne à Isigny à partir de 1921 ; un bureau de poste, précédemment installé au Grand chemin, est inauguré dans le bourg en 1932. Pain d'Avaine est électrifié dans les années 1935-1937 et jusqu'à deux ans plus tard pour les écarts. Mais les idées de fusion qui ont travaillé les élus depuis des années sont toujours dans l'air : pour les pompiers en 1933, pour l'électrification, et même... pour un corbillard cantonal en 1939 ! |
||||||||||||