VILLIER LE PRE
  CC 24.12 CANTON DE SAINT-JAMES
   
  HISTOIRE
         
 

Villiers le Pré collection CPA LPM 1900

 
   

Avranchin monumental et historique, Volume 2

Par Edouard Le Hericher 1845

 

Ego TVUlelmui coneessi Vdcrs, Battent,

    A'. Georgium.

 (Chatte du duc Guillaume).

 

VILLIERS a un plan très-irrégulier qui peut se circonscrire en huit faces principales : il n'a de lignes naturelles qu'au sud-est, où la Dierge le sépare de Carnet. Ses noms les plus intéressant sont le Mesnil, le Pré, qui nous rappelle que ce mot s'ajoute a Villiers comme affixe différentielle , la Motte, la Duviée, Plancey, cité dans la charte de la Croix, le Blanc-Fraîche , Villeneuve, et le Chaussé sur la ligne de la voie romaine du Mont à Saint-James.

 

L'église paroissiale, surmontée d'un campanier, offre l'apparence d'une chapelle. Elle n'a rien qui remonte au-delà du xvir siècle. A cette époque se rapportent son portail en style de la Renaissance, fait en 1652, le clocheton à deux tinterelles , une boiserie du chœur, à colonnes fuselées encadrant deux cintres, et à frise nuancée d'or et d'autres couleurs , la fenêtre orientale et un dallage régulier. La nef et le chœur sont de 1772 et 1781. Le transept du nord est décoré, à sa voûte , d'un paradis dont les figures sont douces et naïves; la voûte du chœur est un ciel étoilé. Une pierre tombale de la uef est peut-être plus ancienne que ces parties. Le vieil if reste le seul contemporain de l'église primitive, de celle de la paroisse que le duc Guillaume donna au Mont Saint-Michel, ou du moins de celle que le pape Alexandre m cite dans sa bulle de 1178, sous le nom « d'Ecclesia de Vellaire » avec celles de la Croix, de Huisnes, etc.

 

Si l'église ressemble à une chapelle, le château ressemble aujourd'hui à une ferme: ce n'est plus cette habitation soignée des de Villiers, à laquelle on arrivait par de belles avenues marquées sur la carte de Cassini. De ce temps restent encore les bosquets du jardin où se trouvent de beaux arbres dont la grandeur est citée comme curiosité. Ce logis inachevé date sans doute du xvir siècle , et a quelques rapports avec le style du portail. Les frontons portent les lozanges armoriâles des de Villiers. Une chapelle cruciforme a été récemment appliquée au château pour les missionnaires diocésains. Au pied de cette habitation coule le ruisseau de l'Oison qui est peut-être celui que nous n'avons pu localiser , désigué, dans la Chronique des Ducs de Normandie:

 

Sur l'Eizon es prez herbus

Près Avrerjcb.es sont descendus.

 

Nous avons recueilli les documens suivans sur cette commune:

 

Au milieu du xie siècle, le duc Guillaume donne Villiers au Mont, selon la charte du Cartulaire dont un fragment forme notre épigraphe.

 

A la On de ce siècle, un de Villiers était à la croisade du duc Robert.

 

En 1088, Paganus de Vilers souscrivit à la charte d'Ardevon ».

 

Au commencement du xir siècle « Michael de Vilers emit de Hoel quamtlam peciam terre apud Vilers.

 

En 1184 « Gaufde Vilers r. cp. de xx so. » et <• W. de Vilersr.cp. de xx.v.2» «En 1195.fi. de Vilersdeb. 5marc. arg. »

 

Vers 1200 , fut faite, en faveur de Montmorel « Caria Seguini de Pûice de tercia parte masure de la Joanere apud Villers.

 

Eu 1275, Guina de Villers était abbesse de Moutons.

 

En 1356 , Pierre de Villiers fut nommé capitaine de SaintJames et de Pontorson.

 

Dans la montre qui eut lieu à Pontorson en 1371 se trouva Jean de Villiers, chevalier.

 

En ce siècle, fut faite en faveur du Mont Saint-Michel: Caria de mouta Ricardi de Vilicrs super quam accepimus duo quarteria frumenti » Richard de Villers était un des seigneurs tenus à garder une des portes du château de SaintJames.

 

Dans ce siècle la seigneurie passa aux La Cervelle, qui habitaient la Motte et qui passèrent dans le logis de Villiers. En effet, on trouve dans le Quanandrier de Pierre Le Roy: « Henri de La Cervelle possède le fief et vavassorerie de Villiers. » Cette illustre famille avait donné un évêque àCoutances, Sylvestre de La Cervelle, auteur de la Cerclée dans la cathédrale. En 1324 avait été faite une convention entre le Mont et « W. de La Cervelle armigerum. »

 

Le 1" décembre 1419, le roi d'Angleterre donna à Jean Filvastre, écuyer, les seigneuries, au bailliage du Cotentin , qui avaient appartenu à Jacques de La Cervelle, écuyer absent. Pendant ce temps là , Sylvaine de La Cervelle, veuve de G. de La Paluelle, se soumettait aux vainqueurs: on lui rendit son douaire et 20 liv. de rente sur le fief et manoir de la Paluelle pour la garde de ses fils sous-âgés.

 

Jehan de La Cervelle, sieur de Villiers, figure dans un acte de 1521 des archives du château de Ducey.

 

Dans le XVIIeme siècle la seigneurie passa aux Guichard: Pierre Guichard, sieur de Villiers, fut un des hommes les plus instruits de son temps. En 1648, l'église saint Pierre de Villiers, avait pour patron le seigneur, et rendait 300 liv. En 1698 elle en valait 400 ; il y avait quatre prêtres; 125 taillablcs payaient 929 liv. Le gentilhomme était J. Math. Guichard. Plus tard la seigneurie passa aux Tuffin, dits de Villiers.

 

Les biens des Tuffin de Villiers furent vendus pendant la Révolution, moins le château et quelques dépendances. En 1820, M11' de Villiers donna cette propriété aux missionnaires du diocèse, qui y viennent chaque année se reposer et se préparer à de nouveaux travaux.


Villiers-le-Pré s'appelle encore Villiers-lez-Argoages. Ce nom semble dériver du latin , et être l'adjectif de Villa : il n'est pas dans le Domesday.