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Saint-Laurent-De-Terregatte collection CPA LPM 1900 | ||||||||||||
Avranchin monumental et historique, Volume 2 Par Edouard Le Hericher 1845
Jehan ainzné Gla du Roy de France.... a la supplication des religicus de Montmorel aflermanz qu'ils ont bons et jusles titres de l'église de S. brou de la terre gaste.
L 'homme aime le beau; mais il est rare qu'il aime le beau qui se trouve autour de lui ou dans son voisinage: il ignore ou méconnaît les objets habituels et voisins, et va admirer des beautés qui ont l'attrait de l'éloigncment ou l'avantage d'une réputation toute faite, mais aussi usées par une banale curiosité. Cette remarque s'applique à l'Avranchin. Cependant Avranches a sa baie, Mortainsesrochersetsescascades, St-Laurent a ses rochers du Jalours, que les Anglais connaissent mieux que nous, ses gorges où s'encaisse la Sélune, ses îlots là où elle s'étale, ses barrages bruyans, enfm une réunion de beautés grandiosesetvariéesquel'onnevaguèrevisiier. SesnomsdeMirande, deBeauregard, de Plaisance intéressent l'artiste ; ceuxdeFondolière, Cavardille, la Roche-aux-Larrons, la Roche-aux-Fées, la Roche-au-Lièvre, la Roche-qui-Boit, intéressent le poète et l'amateur de légendes ; l'archéologue est réjoui et piqué au vif par ces noms antiques de Plessis, de Chatel, desChatelcts, du Chatellier, du Château-sur-Lair , propriété des Hauteville, qui prétendent descendre de Tancrède, de la chapelle du Jalours, dont un bénitier est le seul vestige, de celle du manoir do Rouffigny, de la Lande, dédiée à la Vierge, du château de Dorière, du Prêche qui était à la Cour.
Cette commune forme à peu près un triangle dont la base s'appuie à la Sélune et au Lair, et dont les deux côtés, artificiellement tracés, confinent à Saint-Aubin. Le nord s'élève en un promontoire angulaire, dit le Jalour, où l'on trouve, avec une vue magnifique, des noms archéologiques. La tradition a conservé le souvenir d'une ville.
La tradition exagère assez souvent, mais part généralement d'une vérité: une épée a été trouvée à l'endroit appelé Bondelait; un gué pavé existait au Pont du Bateau; M. Desroches signale des découvertes plus positives: « Dans les ruines du camp du Jaloux^, on a trouvé des mosaïques, des coins de bronze, et en creusant dans l'enceinte du camp , un ferrement qui ressemblait à un bout d'épée, une poignée d'épée en or, du charbon , des poteries très-grossières... On a ouvert un tumulus dont la voûte a été faite de main d'homme. Le camp offre encore des lignes de circonvallation, une partie de ce rocher porte le nom de Châtelet, Moire-Toupe et de la Roche-aux-Fées'. »
Il suffit de voir le Jalours pour reconnaître que la nature l'a disposé pour être une vigie, d'où l'on peut surveiller un vaste pays..
Le bourg de Saint - Laurent a dû être considérable. Outre l'église, qui est vaste, il y a une grande chapelle de la Vierge, que l'on dit plus ancienne , mais aujourd'hui, à part deux statues, elle n'a rien qui remonte au-delà du xvr siècle. Il y avait des halles et auprès un pilori. On prétend qu'il y a eu un prêche a la Cour. On distingue quatre époques dans l'église : le roman est représenté par le portail, deux contreforts, une fencstrelle, la base de la tour et une porte bouchée au sud ; deux fragmens de colonnettes très-pures, à l'entrée du chœur, accusent le xnr siècle et font regretter un élégant sanctuaire; les deux transepts sont du xrve ou du commencement du xve. Le reste est des deux derniers siècles. La voie de la nef est dallée de tombes : quelques-unes sont des Scot, une ancienne famille de la paroisse. Une large tombe, qui sert ^'échalier au cimetière, est celle de Colin de La Binolaie, 1581. Une particularité de cette église, ce sont des sculptures plates qui a distance imitent la peinture. Une d'elle offre ces mots qui rappellent les artistes et les copistes du Moyen-Age: « Priez pour les peintres qui ont décoré cet autel. »
A cette commune se rattachent plusieurs documens que nous disposerons dans leur série chronologique.
Au XIIeme siècle, Adam de Saint-Laurent accompagna le duc Robert à sa croisade.
En 1210, l'éveque d'Avranches confirma les droits de l'abbaye de Montmorel sur les églises de Saint-Laurent et de Saint-Aubin : « Ex dono Juhelli de nemore medietatem ceci. S. Albini de Terra Wasta, et medietatem ecct. S. Laurent»... Ex dono filiï P. Hamclin et Britonum et Gisleberti de Doreriis, et W. de Ferreriis et Hamelini filii Burgenses et Doisnellorum aliam medietatem ceci. S. Albini... Ex dono Rob. de S. Johanne et Olive uxoris sue quartam partem eccL S. Laurentii... Ex dono Godefredi de Montdisder masuram de Blancharderia. Ex dono Rad. Hamelin masuram de Colorei'. »
Une charte de Montmorel, de 1228, relative à Saint-Laurent, contient les détails locaux suivans: « Ego Robes de Landa vidum dedi... duas garbas decime de duabus masuris, scil. de Landa .et de Burneleia, quas Rie. de Larsit pater meus mihi donavit in matrimonio. »
Dorière est encore cité : « Ex dono Gisleberti de Doreriis et Aeliz fdie ipsius xn cenom. in feodo Morinenerie et umon pratum in croso et tenementum Huberti hai. » De même le Sur-le-Lair : « Ex dono Rob. de Sorleleir tenementum IV. Orri. »
En 1334 , fut rendue cette lettre : « Jehan ainzné filz du Roy de France duc de Normendie conte d'Anjou et du Maine au bailli de Costentin ou a so Ieu tenant salut... a la supplication des religieus de Montmorel affermanz que ils ont bonz et justes titres de l'église de S. Lorenz de la Terre Gaste laquele nostre S. Père le.pape lour a appropriées a leur usage et que ils ont eu seisine de presenter y de si Ionc temps que il n'est memoire du contraire jusques a oie que aucuns leurs malvoillanz nous ont donné a entendre que elle appartient a «ostre presentation et ont de nous empêtré sur ce letres subreptices si comme lesdiz religieus dient nous te mandons que appelez oveque toi nostre procureur et nostre conseil de ta baillie, Tous voiez ensemble les titres que lesdiz religieus ont de l'église dessus dicte et icels veuz et sceu le tems de la seisine. »
Tandis que Roussel, Phil. Olivier, de Saint-Laurent, refusaient obéissance au roi d'Angleterre, conquérant de la Normandie, G. de La Binolaie faisait sa soumission, et le roi étranger lui faisait don de ses biens: < 28 novembre 1419. Expédition du don fait à G. de La Binolais, escuycr, des héritages à lui rendus et délai jusqu'à Noël pour l'hommage et le dénombrement. »
A la fm de ce siècle, Montfaut trouva noble dans cette paroisse G. Taillefer, un des descendans du jongleur d'Hastings.
En 1573, un abbé de Montmorel, qui avait dirigé cette abbaye pendant vingt-deux ans « tœdio vitœ affectus, » dit le Neustria, Pierre Cornille, se démit de ses fonctions, et devint prieur ou curé de Saint-Laurent, « a presenti monasterio dependentis. » Le Gallia semble donner une autre raison à sa démission. Tourmenté par les Montgommery, à qui Montmorel avait été donné, il alla trouver Charles IX dans son voyage au Mont Saint-Michel. Ce prince lui accorda des lettres de protection : cependant il se démit bientôt en faveur de son neveu.
En 1648, l'église rendait 800 liv. ; en 1698, 100 liv., et il y avait cinq prêtres; 410 taillables payaient 2010 liv.; les gentilshommes étaient G. de Pontavice, seigneur du lieu, Ch. de La Broise , J. B. Martin, sieur de Sureté, J. de Romilly, P. de Pontavice.
Sur un mince affluent de la Sélune est un assez joli châtelet à tourelles et à toits aigus : c'est le Pendant, propriété des Dogeru, qui a une chapelle isolée. Auprès est le Fieu, où l'on remarque une jolie fenêtre lancéolée à deux transoms. Comme Saint-Aubin , Saint-Laurent abonde en croix : il y a celle du Bourg, celle du Natrel, celle de Moulines, celle de l'Hivet, celle qui est voisine du Pont-du-Bateau , etc. | ||||||||||||
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