ARGOUGES
  CC 24.01 SAINT-JAMES
   
  HISTOIRE
     
 

Argouges, CPA collection LPM 1900

 
   
 

Avranchin monumental et historique, Volume 2

Par Edouard Le Hericher 1845

 

Ecclesia de Argogia.

(Charte du xu' siècle).

 

ARGOUGES a la forme d'un S dirigé du nord au sud : la  Dierge et un de ses affluent font la limite de l'ouest; le sud est déterminé par un ruisseau dont une partie s'appelle le Gué-de-la-Vallée. Le reste n'a pas de lignes natuturellcs. La vallée de la Dierge coupe la commune vers le nord. Quelques bois sont semés sur sa surface.

 

Les principaux noms archéologiques sont la Chapelle de la Gucrinaie, le village du Mont-au-Ber ou au Baron, le Gault, Jautée, Marigny, Poelet , village dans une vallée, Pierre-Plate, nom assez ordinaire des dolmen, le Mesnil.

 

L'église de Saint-Pierre-d'Argouges, dont le patronage fut d'abord au Mont, puis à Marmonner, et ensuite l'évêque d'Avranches, est bâtie sur un coteau que baigne la Dierge, près d'une ancienne habitation, dite la Salle. Elle n'a rien d'ancien. L'édifice primitif qui, selon M. Desroches, fut fondé vers la fm du x' siècle par P. d'Argouges, n'a laissé que des briques qu'on trouve dès qu'on creuse le sol. La construction actuelle date eu partie du xvm* siècle: la tour carrée où a été encastré un écusson, sans doute celui des Langeron , date de 1754, le chœur pentagonal de 1755. Le reste est à peu près du même temps. Brûlée au commencement de la Révolution par des cierges mal éteints, elle porte encore les cicatrices de l'incendie.

 

Au XIIeme, Gilbert d'Avranches donna Argouges a Marrooutier : « Turgesiepsi: Abr. tempore ecclesia de Argogiis cum decùnis presbiterio et oblationibus... data est monachis de Saceio à Gisleberto de Abrincis de cvjus fisco crat. » Ce qui fut juré » per capellum de pcllibus agni factura. »

 

La possession de cette église « Ecclesia de Argogiis, » fut confirmée au Mont par la bulle d'Alexandre In en 1178. L'Inventaire du Mont renferme « Lût. conventionis eccl. Dargoges. » En 1648, elle rendait 800 liv., et l'abbé de Marmoutier en était redevenu le patron.

 

En 1698, elle rendait 800 liv. et avait neuf prêtres. La paroisse payait 2,668 liv. par les mains de 376 taillables. Alors les nobles étaient Joseph de Pontavice, écuyer , Jeanne Le Bigot, veuve du sieur de Pontavice.

 

Argouges se distingue par un certain nombre d'habitations féodales et historiques, telles que le Manoir d'Argouges, qui n'est plus qu'un souvenir, Jautée , Marigny, le Gault, la Guérinaie.

 

Bien qu'il soit constant qu'une branche des d'Argouges à la Fée près de Bayeux ait possédé le fief noble d'Argouges dans la vicomté d'Avranches, il n'y a pas de manoir seigneurial; mais il est établi dans un travail manuscrit de M. Guiton de La Villeberge que < l'hôtel et colombier furent abattus par le temps de la guerre '. » Toutefois c'étaient les seigneurs de Montaigu qui avaient la haute suzeraineté; aussi leur terre était appelée le Grand-Eief-d'Argouges. Montaigu appartint aux Giffard dans le XIIIeme, le XIVeme et la première moitié du XVeme siècle, époque à laquelle Anne Giffard porta ce fief à Gilles de Saint-Brice.


Les deux paroisses d'Argouges, dit M. deGerville, prétendent avoir été le berceau d'une famille contemporaine de la Conquête.

 

Les seigneurs de Saint-Hilaire étaient seigneurs d'Argouges au XIIeme siècle: « Erant domini villœ de gogiis jure hereditario '. »

 

Une Marguerite d'Argouges fut élue abbesse de l'AbbayeBlanche en 1412.

 

Messire Henri d'Argouges était seigneur à la fin du siècle précédent.

 

En 1419, les enfans de Henri d'Argouges, qualifiés de re belles2, furent dépouillés par le roi d'Angleterre des biens que leur père possédait dans la vicomté d'Avranches, et qui furent donnés à Gilbert de Halsal, écuyer.

 

En 1491, Jean d'Argouges devait au roi le service d'un homme armé en brigandine.

 

Au XVIeme siècle , Argouges fut ensanglanté par les guerres de religion : « Furent occis à Argouges et mis en terre sainte les onze personnes dont les noms suivent: Me Clément Berault, prêtre, et les aultres. »

 

En 1512 Vincent d'Argouges avait charge de gens de pied ".

 

 

Le Logis-du-Gaut, signalé de loin par un sapin élevé, est enclavé dans le bois de Blanchelande. C'est un ancien fief, peut-être désigné dans une charte de Robert, père du Conquérant : « Concedo.... et Goolt'. » M. Desroches suppose qu'un seigneur du Gaut était à la Conquête , d'après ce passage de Mathieu Paris : « M. de Gaunt qui venerat in Angliam ad conquestum. » Au xiVe siècle, ce fief était à la famille le Carpentier ; puis il passa aux du Homme. Dans un Aveu rendu à Jean Guiton , en 1499 , on lit : <> Audit fieu ou vavassorerie du Gault y a manoir demeure hommes hommages corvées reliefs treizième et aultres dignités et libertés a nobles teneur... » et, selon le même titre, ce fief devait au seigneur de Carnet : « Un hernoys a espervier tout complet de cloches gitz longes et touret. »

 

Il y a dans Argouges une localité de Marigny que l'on pourrait croire être celle qui est désignée dans la grande charte du duc Richard n, s'il n'y avait beaucoup plus de probabilité en faveur du Marigny de Curey: « Ego trado... Maldrei, Calcei, Marinnei, Curei, Forges, Solinnei, etc. »

 

Le seul emplacement de château fort qui soit à Argouges est connu sous le nom de manoir de Jautée. Il fut, dit-on, bâti en 1170 par noble demoiselle Jota. Ce château était flanqué de six tours : il n'en reste que de faibles vestiges. Au xnr siècle, N. de Jautée et Doete, son épouse, firent une convention avec le Mont Saint-Michel pour le moulin de Beuvron: « 1213 CartaN. de Jautest et Doete » ou « JÀtt. N. de Jautest sup. molend. de Beuvron2. » Au xive siècle, une demoiselle de Jautée porta ce fief dans la maison d'Argouges, puis il passa dans celle de Guiton. Le prince de Condé , chef des protestans, trouva un asile dans ce manoir chez Jacqueline de La Haie, veuve de Gilles Guiton. Cette dame écrivit cet événement dans un récit charmant et digne de Froissard:

 

« Le 18e jour de novembre 1585 , a heure de nonne, arivèrent soubdainement en ce manoir quatre chevancheurs conduits par un pauvre charbonnier de la forest de Foulgères. Bien que patis de froid et de fatigue, prime que de descendre, l'un d'eux voulut parler à moi et veint dreit à ma chambre où de prime face me dis : Estes-vous Jacqueline de La Haye? Je respondis que ouy, et luy me dis : Je suis le prince de Condé qui vient vous demander asyle. Toute esbahye, je répartis : Ah mon Dieu ! que est donc advenu ? Je vous raconterai tantost; puis me dit : allez commander à vos gens tenir secrette cette nostre venue et prendre soin de mes compaignons. Ce que feis incontinent, puis pensent que j'estois veufve et voyant mon aisne fils qui tout estonné entroit au logis, je le prins et le conduisis eh la chambre où lui dis: Veicy monsieur le prince de Condé qui vous demande asyle. Bien qu'esbahy de tout ce cas, incontinent se meit a genoux, baisa la main dudit seigneur, jurant par son serment le vouloir garder, servir et deffendre envers et contre tous; et loyaument le feit , car a bien le noble cœur de son pauvre père. Des sieurs Claude de La Trémoille et Davantigny et un varlet seulement, qui aussi estoient au logis, entrèrent les deux en la' compaignie et avoient le rhume si dur qu'à peine s'entendoient parler ; ja estoit en pourpoint ledit seigneur, mon Jehannot entre ses genoux , gaussent mon fils Louis qui par respect ne se vouloit seoir. Allorsque furent repus se mint ce bon seigneur en mont lit et ses deux nobles compaignons en la grande sale, et ainsi sy feit cinq jours durant faisant bon guet tant de jour que de nuit et non sans grand travail d'esprit et grandes pensées, car nos gens estant sept, il n'est possible qu'on se sceust si bien donner garde que l'un ou l'autre ne die quelque parole; mais Dieu aida et vindrent lettres du comte de Montgommery contenant comme il y auroit l'opportunité d'une nefe à Cberuel-lez-Cancale pour passer à Grenezai , et la nuit suivante arriva messire Jacques de Montgommery, sieur de Corbozon , avec quelque dix hommes de main, et ensuite les sieurs de Clermont et de Bussac , qui logés estoient au chastel de Sacey, courant le pays pour prendre langue, et tous feirent leur partement a l'aube, accompaignez de mon fils Louis Guiton , sieur de Jautée, mes nepveux Jehan et Thomas Guiton, sieurs de La Villeberge et de Carnet, Jacques de Clinchamp, sieur de La Pigacière, François de Verdun, sieur du Margottin, et Gabrielle de La Cervelle, sieur d'Auxey, tous montés à cheval à cette noble occasion et s'y passa la rivière de Coesnon au Guez Perou, sous la moustache du sieur de Fleurimont, capitaine de Pontorson, qui pour avoir à femme Diane de Cossey est bien avant dans la Ligue. Enfin à 11 heures arrivèrent bagues sauves audit lieu de l'embarcation laquelle s'y feit pas boa temps et prime que d'entrer dans le bastel nostre gentil prince feis tous remercimens à la noble compaignie, puis embrassent mon fils Louis lui commanda faire de même à la bonne maman , car ainsy me souloit honorer et pour dernière fin tous firent retour à sauveté et grand contentement '. »

 

L'année suivante, dans le parc de Jautée, eut lieu un duel à cheval entre Raoul G uiton et François Budes : le premier fut tué.

 

Au midi de Jautée, sur uu monticule dit la Butte-auxCarreaux-Blancs, est un cercle de gros cailloux, placés à égale distance et ressemblant assez à un cromlech. Au pied de la butte on a trouvé de petits cubes de marbre.

 

Le nom d'Argouges paraît être celtique : argouet en breton signifie forêt.

 

Tels sont nos renseignemens sur cette commune d'Argouges: nous en devons une grande partie à un des plus savans antiquaires de l'Avranchin, qui a une connaissance parfaite du Saint-Jamais, M. Guiton de La Villeberge, dont les obligeantes communications viendront encore à notre aide dans tout ce canton , où le nom de ses ancêtres se trouve dans chaque fait et dans chaque lieu.

 
   
 

Argouges, CPA collection LPM 1900

 
     
   
  ARGOUGES
  CC 24.01 SAINT-JAMES
   
  EGLISE SAINT-PIERRE 
     
 

CPA collection LPM 1960

 
 

 

 
 

L’église est construite sur un tertre mérovingien.

 

Église 18e remaniée : chœur octogonal, clocher en bâtière ; statues de saint Pierre et saint Paul (18e), saint Michel, maître-autel (17e/18e) surmonté d'un Christ en croix entouré de saint Jean et de la Vierge

 

Croix montoises

 
     
 
 

CPA collection LPM 1900

 

Photo GO69 licence Creative Commons

 
     
   
  ARGOUGES
  CC 24.01 SAINT-JAMES
   
  MARIE-LOUISE-BAUGE
     
 

Marie-Louise Bouglé, née à Argouges en 1883 et morte à Paris en 1936, est une féministe française.

 

Cumulant un emploi de secrétaire-comptable avec un temps partiel comme caissière dans un restaurant en échange de repas gratuits, Marie-Louise Bouglé avait ouvert une petite bibliothèque pour femmes deux soirs par semaine. Féministe convaincue, elle se mit, à partir de 1921, à employer le peu de temps libre qui lui restait à rechercher dans les librairies parisiennes tous les documents possibles sur et par les femmes,

 
     
 
 

Economisant de toutes les façons possibles et imaginables, comme de porter la même jupe pendant huit ans, pour récolter la correspondance personnelle et les photos de ses amies et de ses collègues, les manuscrits de leurs notes destinées à des biographies inachevées de femmes célèbres et de leurs études consacrées aux conditions de travail des femmes