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CPA collection LPM 1900 |
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David la terreur, né à Cerisy-la-Forêt en 1761 et mort à Caen en 1796, est un des plus célèbres chefs de bande de chauffeurs qui mettent à profit les désordres de la Révolution pour se livrer aux pires exactions sous le couvert de la chouannerie.
Avec deux de ses frères, il sème la terreur durant plusieurs mois en Basse-Normandie. On sonne le tocsin sur le passage de celui que tout le monde surnomme « David la Terreur ».À Pâques 1796, sa bande commet plusieurs massacres dans les environs de Bayeux. Après l’assassinat d’un prêtre, toute la bande est arrêtée quelque temps plus tard et passée par les armes à Caen.
DAVID, DIT LA TERREUR
A l’imitation des chouans de la rive droite de la Loire, des bandes de malfaiteurs s'organisèrent dans quelques cantons do la Basse-Normandie, et sous le nom de chauffeurs, s'acquirent une triste célébrité. Parmi les chouans de cette sorte, David se rendit redoutable sous le surnom de La Terreur qu'il se donna. Né à Cerisy-la-Forêt, vers 1761, de Henri David, maréchal, et de Madeleine Gardin, La Terreur se mit à la tête de quelques vagabonds, au nombre desquels étaient deux de mes frères, dont l’un, Jean, né le 4 avril 1763, se faisait appeler l’Intrépide. Balleroy, Planquery , La Bazoque, Litteau furent d'abord le théâtre de ses incursions nocturnes. Mais, voyant sa troupe s'augmenter de gens sans aveu, il voulut rendre le jour témoin de ses brigandages et de ses assassinats. Les communes qu'il traversait étaient frappées de stupeur et d'épouvante. Dans la quinzaine de Pâques 1796, les chouans, commandés par David, se montrèrent aux environs de Bayeux; maïs ils ne tentèrent pas d'entrer dans la ville. Ils venaient d'Aunay, où ils étaient en force, et arrivèrent, le samedi saint â Nouant. Là, ils massacrent un meunier qu'ils laissent pour mort, avec un écriteau, signé La Terreur, qui défendait d’y toucher, sous peine de mort. Mais le meunier n'était qu'évanoui ; il guérit des blessures qu'il avait reçues. De Nouant, les chouans allèrent à Ellon, où ils ne firent aucun mal. Seulement s'étant arrêtés pour se reposer chez un cultivateur, nommé Barbey, ils lui prirent des chevaux et des jambons. D'Èllon, ils s'avancèrent, pendant la nuit du samedi au dimanche de Pâques, jusqu'à la grande route de Bayeux â Saint-Lô, et se logèrent à Vaubadon, dans un cabaret Isolé, où ils passèrent un jour et deux nuits. On découvrit bientôt leur retraite, et un détachement de la 14eme demi-brigade, qui stationnait à Vaubadon, les attaqua le lundi matin ; mais l’officier qui les commandait approcha sans précaution avec les siens : il fut obligé de se retirer avec un homme tué et deux blessés. Les chouans, retranchés dans l'intérieur de la maison, tiraient à coup sûr par les fenêtres et ne pouvaient être atteints. Cependant, quoique vainqueurs, ils ne se crurent pas en sûreté à Vaubadon. A travers les bois, ils gagnèrent le Tronquay. Arrivés là, ils entrent dans l'église et y trouvent un homme qu'ils cherchaient depuis longtemps : c'était l'abbé Hébert, ancien curé constitutionnel d'Acqueviile , près de Falaise : il venait de dire la messe et était encore revêtu de ses habits sacerdotaux ; ils le traînent dans le cimetière et le fusillait. A la nouvelle de ce meurtre, les communes voisines se soulèvent : partout on sonne le tocsin. Alors les chouans voulant gagner la forêt de Cerisy par des chemins détournés, se mettent en fuite vers Littry. Les habitants de Litlry s'arment, et, réunis au détachement de Vaubadon, atteignent les fuyards et tirent sur eux. Ceux-ci ripostent et parviennent à se soustraire à la poursuite de leurs ennemis en s'enfonçant dans la forêt. Epuisés de faim et de fatigues, les chouans sont fortes de s'arrêter un instant ; ils mangent à la hâte les jambons pris à Ellon. Toutefois ils abandonnent leurs chevaux, et arrivent enfin à Lamberville, où ils trouvent un refuge dans une ferme appartenant au seigneur du lieu, et occupée par un nommé Le Haguais. La mère du fermier ne voit pas sans effroi de pareils hôtes chez son QIs : elle fait avertir secrètement le Commissaire du Gouvernement près le canton de Caumont. Celui-ci accourt avec un détachement de la ii^ demi-brigade. L'officier c^rne si bien la Aiaison que les chouans, voyant toutes les issues fermées et désespérant de pouvoir sortir, capitulent et se rendent, à condition qu'ils seront traités comme prisonniers de guerre.
Cependant un des frères de La Terreur, Jean, dit l’lntrépide, parvint à se sauver sous l’habit d'un valet de ferme, en prenant un cheval à l'écurie, sous le prétexte de l’abreuver. Ayant su que c'était la mère Le Haguais qui les avait livrés, il revint quelque temps après à Lamberville et tua cette femme pour venger sou frère et ses camarades. Ceux-ci, au nombre de vingt, furent amenés à Bayeux, et conduits devant le général Barbazan qui commandait dans la ville et l'arrondissement. En vain réclamèrent-ils l'espèce de capitulation qu'ils avaient faite à Lamberville : on leur répondit qu'ils n'étaient que des brigands et qu'on les traiterait comme tels. Ils furent jetés en prison, excepté deux qui étant blessés, furent mis à l'hôpital. L'un, Ameline, meunier à Hambye, parvint à s'échapper, et l'autre, Lamy, de Crépon, après -sa guérisou, fut envoyé à Caen et guillotiné.
On ne tarda pas à juger les autres. On établit, à cet effet, une Commission militaire qui d'abord en fit fusiller trois, La Terreur, un de ses frères, et Collin, chirurgien à Saint-Germain-d'Ectot. Huit jours après, quinze autres subirent le même sort, les uns sur la place Saint-Patrice, les autres sur les boulevards, avril 1796.
V.-E. PlLLET. |
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