ETIENVILLE
  CC 20.12 DE LA BAIE DU COTENTIN
   
  HISTOIRE
         
 

ÉtienvilleÉglise Saint-Georges Xfigpower — Travail personnel

 
         
 

Annuaire du département de la Manche, année 1867,

Article de Mr Renault

 

Etieuville, Stenvilla, Etyevilla^ Estientilla , Etienvilla.

 

L'église paroissiale d'Etienville n'offre aucun intérêt ; elle est sous le vocable de saint Georges. Elle avait deux portions et deux curés. L'évèque de Goutances avait le patronage de la petite portion, taxée pour les décimes à 33 livres. Le patronage de la grande portion était laïque et le seigneur du lieu présentait à la cure. Chaque curé, sur sa portion, était seul décimateur.

 

En 1665, chaque portion valait 400 livres.

 

Pendant l'occupation anglaise, en 1418, Henri V, roi d'Angleterre, adresse, le 20 mai, au vicaire général de Goutances, des lettres portant présentation de Nicolas Scellez, de la vicomte de Carentan, à la mineure portion de la cure d'Estienville, vacante par la mort de Richard de Gomont. Cette église dépendait de l'archidiaconé du Gotentin et du doyenné d'Orglandes.

 

On remarque dans cette église des pierres tumulaires, qui nous révèlent que les Pierrepont, les Garaby et les héritiers de leurs biens et de leurs noms avaient choisi ce lieu pour leur sépulture. Les inscriptions qui couvraient ces pierres ont presque entièrement disparu.

 

C'est dans cette église que fut inhumé Antoine Garaby de la Luzerne, né à Monchaton et mort à l’Ile-Marie, dans la commune de Picauville. Il était fils de Bernard de Garaby et de Françoise de Pierrepont, sœur d'Hervé de Pierrepont, commandant pour le roi les villes et forteresse de Granville. Garaby était laid, petit et contrefait ; mais il était doué de beaucoup d'esprit et avait un exoellent cœur ; il a laissé plusieurs recueils de poésies.

 
         
 

Voici le dernier quatrain de ses ouvrages :

 

Rien n'est si peu sage que l’ homme :

Noé fist le 61 en beuvaut ;

Adam en mangeant de la pomme,

Et moi peul-ôtre en escrivant.

 

La route romaine d'Alleaume à Coutances passait l’Ouve près de l'église d'Etienville, au lieu nommé le Radier, En 1833, on découvrit les pilotis de la chaussée qui y conduisait. Ces pilotis très-serrés et noircis par le temps ou par le feu se dirigeaient sur le Radier; une ferme voisine se nomme la Terre de Contrepont.

 

En 1834, on trouva l'empierrement de la voie romaine, près le château d'Etienville. Cet empierrement très-épais avait bien de 60 à 70 centimètres, et était composé de pierres du voisinages et surtout de pierres roulées du Pont-l'Abbé.


En 1468, Jehan de Pierrepont était seigneur d'Etienville.

 

En 1561, François de Pierrepont, seigneur d'Etienville, était sous la garde noble de Charles de Mouy, baron des Biars.

 

Montfaut, en 1463, trouva noble à Etienville Jean de Pierrepont.

 
 
         
 

Chamillard y reconnut noble, en 1656, Antoine de Garaby-Pierrepont, dont la noblesse de sa famille datait de 1574.

 

La paroisse d'Etienville dépendait de Finteudanco de Caen, de l'élection de Valognes et de la sergenterie de Pont-l'Abbé. Masseville lui comptait 155 feux imposables, et Expilly 638 habitants. En 1871, elle en a 622.

 
         
   

ETIENVILLE
  CC 20.12 DE LA BAIE DU COTENTIN
   

LES QUENOUILLE DE LA MARIEE
         
 

Etiennville CPA collection LPM 1900

 
         
 

Les quenouilles de mariées

 

Chateaubriand a écrit dans son Génie du Christianisme : « L'épousée recevait du curé la bénédiction des fiançailles et déposait sur l'autel une quenouille entourée de rubans. » Le grand écrivain fait allusion, dans ce passage de son livre, à une coutume autrefois très répandue et qui était encore bien connue dans la seconde moitié du siècle dernier dans plusieurs provinces françaises.

 

 Cet usage est signalé, dès le XVIe siècle, par G. Bouchet dans son curieux ouvrage, les Sérées : « Anciennement, écrit cet auteur, on portoit devant la mariée, en allant au logis de l'époux, une quenouille chargée de laine, avec le fuseau, pour luy ramentevoir (rappeler) qu'elle se devoit exercer à filer et non à autre chose. » Si, du temps de cet aimable conteur, cette tradition était déjà perdue, cependant une autre était encore en vigueur : celle de remettre, lors du mariage, une belle quenouillée de lin sur l'autel de la Vierge.

 

Cette tradition existait en Normandie, et de nombreux auteurs nous l'ont décrite. À Étienville, dans la Manche, au XVIIIe siècle, et sans doute au début du XIXe, une quenouille restait en permanence auprès de la statue de la Vierge. La jeune mariée, ou sa demoiselle d'honneur, devait, le premier dimanche après les noces, y attacher un ruban et faire présent à l'église d'un écheveau de fil de lin. Vers 1880, J. Lecœur nous décrit ainsi la cérémonie dans le Bocage normand :

   
  « Quelques jours après le mariage, la jeune épouse, accompagnée de son époux et des proches, part le matin de sa demeure, emportant la quenouille chargée de lin, enrubannée, qui a figuré sur le char du trousseau. Le cortège se rend à l'église, assiste pieusement à la messe, puis, l'office achevé, la mariée va s'agenouiller devant l'autel de la Vierge. Après une fervente prière, elle se lève et place auprès de l'image vénérée sa rustique offrande, qui y restera exposée jusqu'au jour où la quenouille d'une autre bru viendra la remplacer. Jadis, la nouvelle mariée emportait la quenouille qu'elle venait de remplacer par la sienne et devait la filer. Sa quenouille attendait la mariée suivante, et ainsi le fil ne manquait jamais à la sacristie ni au presbytère. »