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Saint-Marcouf CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||
Annuaire du département de la Manche, année 1870, Article de Mr Renault | ||||||||||||
Saint-Marcouf ; on dit aussi Saint-Marcou et Saint-Marcouf-de-l’isle :
Sanclus Macul/Us, Marculfus ou Masculphus.
L'église paroissiale de Saint-Marcouf appartient en partie à l'architecture romane du XIeme ou du XIIeme siècle, et en partie à l'architecture ogivale. Elle est cruciforme, et se compose du chœur, de la nef et d'un transept.
Les murs sont percés de fenêtres romanes qui, pour la plupart, sont bouchées ; les contreforts sont plats, et des modilons des XIeme et XIIeme siècles garnissent les murs à l'extérieur. Le mur absidal est demi-circulaire.
Le chœur présente deux travées de chaque côté, et la nef cinq, en y comprenant les arcades qui mettent cette nef en communication avec les deux chapelles qui forment transept. L'une des chapelles est pratiquée dans la partie inférieure de la tour; l'autre a été construite à une époque bien postérieure à la première.
Sur un des chapiteaux de cette église, on remarque sculpté un personnage qui parait succomber sous le poids d'une bourse suspendue à son cou, et qu'un serpent dressé devant lui cherche à dévorer. Cette figure pourrait bien être l'emblème de l'avarice, qu'on trouve ainsi figurée avec quelques légères modifications sur d'autres chapiteaux.
La tour, placée latéralement au sud, est de deux époques; la partie intérieure est du XIeme siècle; ses arcades cintrées sont formées, et ses contreforts ont peu de saillie. La partie supérieure appartient aux XIIIeme et XIVeme siècles Elle est percée de fenêtres géminées dont les voussures sont en ogives, et les chapiteaux couverts de volutes ou crochets. Cette tour a trois voûtes qui paraissent appartenir à des époques différentes. Dais son mur occidental on remarque dans deux niches deux petites figures. Le portail de cette église date aussi du XIeme siècle, et s'ouvre au côté méridional; un gros tore et unzig-zag multiple forment son archivolte.
Il existe, à l'extrémité occidentale de la nef, une tribune que soutiennent des arcades en ogives et des pilastres qui annoncent le XVIeme siècle.
Sous le chœur de l'église on trouve une crypte ou chapelle souterraine. Elle appartient au xi* siècle pour une partie, et au XIIeme pour l'autre. Ses murs sont fort épais. La fenêtre qui l'éclaire à l'orient est garnie de cinq colonnettes de chaque côté, et elle est surmontée d'un petit oculus.
La voûte de cette crypte est circulaire, et divisée en quatre compartiments dont chaque extrémité tombe sur quatre piliers qui occupent le point central de la crypte. La hauteur de chaque pilier est d'environ un mètre 85 centimètres.
Les fenêtres qui éclairent cette chapelle souterraine peuvent avoir de 55 à 60 centimètres de largeur. La crypte a de hauteur environ 3 mètres, et une largeur de 9 mètres.
Le font baptismal de l'église est pédicule composé ; c'est-à-dire que la cuve repose sur plusieurs colonnettes garnies de feuilles de laurier imbriquées.
L'église est sous le vocable de saint Marcouf . Elle était taxée pour les décimes à 50 livres, et dépendait de l'archidiaconé du Cotentin et du doyenné du Plain. L'abbaye de Cerisy enlevait le patronage qu'elle obtint après la destruction, par les Normands, de l'abbaye de Saint Wandrille. Guillaume de Montfiquet lui donna ou confirma ce patronage, du consentement de Guillaume le-Conquérant et de Geofroy, évèque de Coutances: Willelmo rege et Gauflrido Constanciensi episeapo eùncedentibus. Guillaume le-Conquérant, à la demande de Robert, fils d'Onfroy de Vieilles, transféra à l’abbaye de Saint-Wandrille plusieurs églises qu'il avait précédemment données à ce seigneur, au nombre desquelles figure celle de Saint-Marcouf : L'abbé de Gerisy et l'abbé de Saint-Wandrille se partageaient les dîmes, d'après le Livre noir; le curé avait l’autelage et 20 quartiers de froment sur la part de l'abbé de Gerisy. il devait pourvoir à l'entretien de l'église, et il payait 15 sous pour la débite. Lors de la rédaction du Livre blanc, le partage des dîmes était le même, mais le curé avait huit livres sur les granges des deux abbés, et 4 livres pour les novales.
En 1665, Tabbé de Gerisy avait encore le patronage de l'église, et la cure valait alors 450 livres. On comptait, dans la paroisse, deux chapelles dont une dans les îles Saint-Marcouf.
Saint Marcouf , né à Bayeux de parents nobles et riches, vint avec ses compagnons, dans la première moitié du VIeme siècle, prêcher l’évangile dans le Cotentin. Possesseur , qui alors gouvernait le diocèse de Coutances , lui conféra la prêtrise et favorisa ses prédications Cœpit denique, jubente prœdiclo pontifice Possessore episcopo Constantiensi, pagum Constantinum indesinenter peragrans, admonere populum. Saint Marcouf se fixa dans un lieu nommé Nant ou Nanteuil, au bord de la mer : Locum quemdaminhoc pago Constantino eut Nantus est vocabulum fiscum in pago Contantino qui Nantus dicitur. Il fonda un monastère sur un terrein que Childebert, fils de Clovis, lui concéda avec deux petites îles, situées à peu de distance près de la grande baie de La Hougue.
Les restes de saint Marcouf, vers l’année 905, furent transférés à Gorbeny, près de Laon, à cause des incursions violentes et répétées des Normands dans le Gotentin : Ob nimiam aique diutinam paganorum infestationem. Les Normands, sous la conduite de Bier et Hasting, ravagèrent en effet le monastère de Nantes ou Nanteuil, et le brûlèrent.
Lorsque les Normands se furent convertis au christianisme ils ne rétablirent pas le monastère qui fut réuni au domaine ducal ; mais l'emplacement de l’abbaye a conservé le nom de Saint-Marcouf. On lit dans une bulle du pape Adrien, qui doit être Adrien IV, adressée à Hugues, abbé de Saint-Pierre et de Saint-Vigor-de-Cerisy : « Nous avons pris sous notre protection les biens que vous possédez l'église de Saint Marcouf , sauf la partie des moines de Saint- Wandrille , avec toutes les appartenances et une certaine partie du même village dans la mer, et aux salines et honmies et terres , et un certain moulin, dans l'Ile Saint-Marcouf, un certain hermitage, en une certaine autre isle, de la terre pour deux charrues et un moulin »
On voit encore que Jehan de Saint-Marcouf, en 1213, donne et délaisse à l'abbé et au couvent de Saint- Vigor-de-Cerisy tout le Clos-au-Moine, sis à Saint-Marcouf, et reconnaît devoir auxdits abbé et couvent ou à ses moines de l'Isle 14 quartiers de firoment et 2 boisseaux mesure de Saint-Marcouf, pour une certaine terre qu'il tient d'eux.
Les deux îles que Childebert céda à saint Marcouf sont à une lieue environ de la côte du Gotentin, Dans la vie de saint Marcouf, on dit : insulœ quœ ruslica lingua duo limones appellantur, et dans la charte de fondation de l'abbaye de Gerisy : duas insulas que suni ibi apud sancium Malcurfum in mari. On les nonmie aujourd'hui l Ile du large ou ff amont et Vile de terre ou d'aval L'Ile d'amont a possédé un ermitage dédié à saint Marcouf, qîii vivait au vi* siècle, quittait, chaque année, son abbaye de Nanteuil, et venait passer le temps du carême dans une hutte construite dans l'Ile , couchant sur la terre et ne se nourrissant que d'un peu de pain.
On dut construire, dans le Xeme siècle, dans l'Ile d'amont, une chapelle dédiée à saint Marcouf. C'est peut-être cette chapelle qui fut donnée à Cerisy. Ce qui est certain, c'est que l'abbaye de Cerisy entretenait deux moines un à l'ile Saint-Marcouf et l'autre à Barnevast y prieuré qui existait dans la paroisse de Teurthéville.
Odon Rigaud, archevêque de Rouen, visitant en septembre 1350 les abbayes et les prieurés du Cotentin, constata que, dans le prieuré des îles Saint-Marcouf, il n'y avait qu'un religieux : liem in insulis est mus monachus solus. Il ordonna qu'il fût rappelé ou qu'on lui adjoignit un autre religieux : orinavimus quod rewcetur vel detur ei socius.
L'abbaye de Cerisy obtint de Louis IX, au mois d'avril 1256, alors que le Roi se trouvait à Avranches, que les deux moines qu'elle avait, l'un à l’ile Saint-Marcouf, l'autre à Barnevast, se réuniraient et vivraient ensemble à Barnevast , parce que, dit le Roi, ils n'auront là autre usage que celui qu'un seul avait .
Lorsque les cordeliers fiirent chassés de Jersey, au XVeme siècle, l'abbé de Cerisy leur permit de se retirer à l'île Saint-Marcouf qu'ils ne quittèrent que cent ans plus tard pour aller s'établir à Valognes.
Fontaine Saint-Marcouf — Il existe près du cimetière de Saint-Marcouf , au pied d'une petite éminence , une fontaine nommée Fontaine Saint-Marcouf. Elle offre l'aspect d'une maison avec un toit en pierre. Carrée à l'intérieur, elle a dû être abritée dans la fin du XIIIeme siècle ou au commencement du XIVeme siècle. Au-dessus de l'ouverture de cette fontaine, on remarque dans une niche la statue de saint Marcouf. On évoque ce saint pour les maladies de la peau, et sa fontaine est encore l'objet de pèlerinages : on a vu des malades se dépouiller de leurs vêtements et se plonger dans ses eaux.
Faits historiques
— Il y a quelques années, on trouva dans une pièce de terre nommée la Jamerie , une petite monnaie d'or mérovingienne , pesant 18 grains. On a découvert aussi, en creusant pour les fondations d'un nouveau presbytère à Saint-Marcouf, deux sarcophages, l'un en tuf et l'autre en calcaire de Valognes ; dans celui-ci était un anneau de métal.Le territoire de Saint-Marcouf faisait partie, sous les Plantagenest, du domaine ducal.On lit dans les rôles de l’echiquier de Normandie de l'année 1195 que les hommes de Saînt-Marcouf devaient 49 livres du reste de l'ancienne ferme de Saint-MarcoufEn 1180, les pécheurs de Saint-Marcouf s'engagent à payer aux religieux de Saint-Sauveur, pour avoir part à leurs bonnes œuvres, un sou par gros poisson qu'ils prendraient.On trouve sistant comme témoin d'une donation faite à l’abbaye de Cherbourg, en 1187, Richard de Saint-Marcouf, licardo de sancto Marculfo, et Philippe de SaintrMarcouf, Fhilippo de sancto Marculfo.Un' savant auteur fait observer que les habitants de la paroisse de Saint-Marcouf semblent avoir été , dans le moyen age, plus intimement associés que la plupart des paysans ; et que, dans cette paroisse, plus que partout ailleurs, le commun se révèle par des actes nombreux et importants. Ainsi, pour alléger leurs charges, ils affermaient les droits que le Koi ou le seigneur avait à exercer sur eux. Au commencement du XIIIeme siècle , il existait dans le manoir de Saint-Marcouf une institution assez remarquable. Elle avait pour but de procurer des capitaux aux laboureurs. Chaque année, à la Saint-Michel, on prélevait une certaine somme sur le produit du manoir. Cette somme était partagée entre plusieurs tenanciers; ils devaient la rendre grossie d'un tiers au bout de l'année. Ainsi le seigneur plaçait cet argent à 33 pour cent d'intérêt. Quand on sait la rigueur avec laquelle l'église proscrivait tout ce qui ressemblait à l'usure , on ne doit pas s'étonner de voir l'évoque de Coutances abolir, en 1221, cette coutume qui passait , dès lors, pour très-ancienne. Voici l'acte qui la fit disparaître :
« Motum sit omnibus, tam presentibus quam fîituris, quod ego Willelmus de Barris , miles, filius WiUelmi de Barris, militis junior, inveni in manerio meo de sancto Maculfo qnamdam consuetudinem que ab antecessoribus meis diu» tins fùerat observata, videlicet quod in festo sancti Michaelis de proventibus qusdem manerii quamdam summam pecunie divisim hominibus tradebatur , anno revoluto reddenda cum incremento tertie partis. Quam consuetudinem pessimam et canonicis institutis contrariam, de consilio venerabilis Hugonis, Dei gratia, Consianciensis episcopi, pro salute mea et successorum meorum, de predicto manerio decrevi penitus extirpendam, ita quod nec a me nec ab hèredibus meis deinceps alîquatenus observetur, quod ut firmam et stabile perseveret , presentis scripti et sigilli mei munimine confirmavi, et ad preces meas predîctus episcopus presenti carte mee suum sigillum apposuit. Actum est hoc anno incarnatione Domini m® gg^ vicesimo primo mense decembris apud Constancias.» On trouve comme seigneur de Saint-Marcouf, en 1527, Guillaume des Barres.En 1695, Julien Le Sauvage, dont la fille Jeanne Le Sauvage épousa, dans le mois de novembre 1663, François-César de Costentin de Tourville.Dans les dernières années du XVIII siècle, Maximilîen-Marie Pierre Le Vicomte, marquis de Blangy , chevalier de Saint-Louis, lieutenant-général des armées du Roi et grand bailli de Cotentin.L'une des branches de l'ancienne famille de Pierrepont a possédé la seigneurie de Saint-Marcouf. Guillaume de Pierrepont fit, en 1563, à la tête des protestants du Cotentin , une tentative pour s'emparer de Cherbourg. Un des membres de cette famille avait établi un prêche dans son château.Roissy mentionne noble à Saint-Marcouf un de Gourmont.Chamillard, en 1666, trouva nobles d'ancienne noblesse, à Saint-Marcouf, Louis, Paul et Antoine de Pierrepont et Nicolas Le Bas dont la noblesse datait de 1576.La paroisse de Saint-Marcouf, dont est maire M. le comte de Pontgibaud, conseiller général et membre de l'Association normande, relevait de la baillie du Cotentin, ballia de Cosietitino, et plus tard de l'intendance de Caen, de l'élection de Carentan et de la sergenterie de Pont-l'Abbé. En 1722, elle avait 130 feux imposables et 115 en 1765. Elle compte, en 1869, 701 habitants. | ||||||||||||
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