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Annuaire des cinq départements de la Normandie 1939 Publié par l'Association normande Monsieur Paul LE CACHEUX
M. Paul Le Cacheux, né à Montebourg, le 25 décembre 1873, est décédé, à Saint-Cyr, près Montebourg, le 14 juin 1938.
Elève des Frères de sa petite ville natale, puis des Eudistes de Valognes, il sortit second, en 1895, de l'Ecole des Chartes, avec, comme thèse, un Essai historique sur l'Hôtel-Dieu de Coutances (publié en 1895 et 1900), et fut nommé membre de l'Ecole française de Rome. Archiviste aux Archives nationales en 1898, archiviste départemental de la Manche en 1911, puis de la Seine-Inférieure en 1935, il prit sa retraite le Ier octobre 1937. |
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Membre, élu par ses collègues, de la Commission Supérieure des Archives et président, durant plusieurs années, de l'Association des archivistes français, son passage dans les trois dépôts où s'employa successivement son activité professionnelle, restera marqué par des classements, des répertoires, des inventaires, conçus ou poursuivis avec conscience et intelligence.
L'accomplissement de ces diverses besognes est un premier devoir d'état (et il ne va pas sans abnégation).
Constamment, M. Le Cacheux, avec simplicité, courtoisie et désintéressement, en doubla la pratique par celle d'un autre devoir essentiel de l'archiviste, qui est d'informer les chercheurs, de les conseiller et, s'ils le permettent, de les diriger. La clientèle, pour ainsi parler, de M. Le Cacheux était nombreuse. Elle ne le consulta jamais sans profit. Aussi bien, l'autorité de l'historien rehaussait-elle en lui celle de l'archiviste. Son oeuvre d'érudition (qui sera prochainement, on l'espère, cataloguée), commença dès l'École des Chartes. Les Mélanges de l'École de Rome, la Bibliothèque de l'École des Chartes, la Revue Critique, le Bulletin Archéologique, le Bulletin Monumental, etc., ont publié de lui des articles ou des notes recommandables également par la justesse de la démonstration et la clarté de l'exposé. Mais la meilleure part de ses travaux, il la réserva aux Sociétés et aux revues normandes, aux Bulletins de la Commission des Antiquités de la Seine-Inférieure et des Antiquaires de Normandie, à Normannia (dont il fut l'un des fondateurs), aux Annuaires de la Manche et de l'Association normande, aux Notices de la Société archéologique de Saint-Lô, à la Revue Catholique de Normandie, à la Société d'Histoire de Normandie principalement. A celle-ci il donna, en effet, Le Livre de Comptes de Thomas du Marest, curé de Saint-Nicolas de Coutances, 1397-1433 (1905), Les Actes de la Chancellerie d'Henri VI concernant la Normandie sous la domination anglaise, 1422-1435 (1908), Rouen au temps de Jeanne d'Arc (1931 ), Les Chartes du prieuré de Longueville antérieures à 1204 (1934), La Correspondance de la famille d'Estoteville, 1460-1535 (1935), etc.
L'élection, en 1935, de M. Le Cacheux comme correspondant de l'Académie des inscriptions et belles-lettres consacra la valeur de ses longs travaux. Elle ne pouvait rien ajouter à l'estime où les tenaient ceux qui les avaient lus, mais elle força le public à entrevoir ce qu'était, sous la modestie de l'homme de devoir et de foi, l'autorité du savant.
La mort prématurée de M. Le Cacheux, qui fut le meilleur des successeurs et disciples normands de Léopold Delisle, prive la Normandie du premier de ses historiens contemporains.
R.-N. S. |
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