MONTEBOURG
  CC 19.12 DE LA REGION DE MONTEBOURG
   
  Histoire de Montebourg
   
     
 

Montebourg, CPA collection LPM 1900

 
         
 

De "burg", d'origine germanique, qui désigne un lieu fortifié, et d'un élément qui le détermine: le terme Montebourg pourrait être un raccourci pour "le bourg où l'on monte". Le site de Montebourg, commente René Lepelley, professeur de dialectologie normande de l'Université de Caen, s'élève à environ 70 m au-dessus du niveau de la mer, alors que Valognes, à cinq kilomètres de là, n'est qu'à 35 m.

 

On connaît peu de choses des origines de la paroisse de Montebourg. Montebourg apparaît dans les sources au XIe siècle, dans des actes des ducs Guillaume et Robert Courteheuse. Dans la deuxième moitié du XIe siècle, c'est probablement Guillaume le Conquérant qui fonde l'abbaye dédiée à Notre-Dame, à Montebourg, qui est du domaine ducal.


Par la suite, la nouvelle abbaye se développe tout au long du XIIe siècle, recevant des dons nombreux de toutes les catégories de la population (seigneurs, paysans...). Ses biens (temporels et spirituels) sont situés dans tout le duché de Normandie, surtout dans l'est du Cotentin, et même en Angleterre, surtout dans le Devon et le Dorset. Les moines de Montebourg encadrent alors la population du Cotentin, présentant les prêtres des paroisses à l'évêque de Coutances pour qu'il le nomme.

 
         
 

Les moines recevaient aussi de très nombreuses redevances de la part de leurs tenanciers : des céréales, du vin, des oeufs, de l'argent parfois... C'est donc une abbaye riche qui entre dans le domaine royal en 1204, quand Philippe Auguste prend la Normandie.

 

Au début du XIVe siècle, l'abbé Pierre Ozenne fait construire l'église paroissiale Saint-Jacques.


Lors de la Révolution française, les quelques moines restants encore à Montebourg sont forcés de quitter leur monastère. Les bâtiments sont vendus comme biens nationaux de première origine et, en 1818, l'ensemble est démoli. Il subsiste aujourd'hui du XIIe siècle les fonts baptismaux (conservés dans l'église paroissiale) et la pierre tombale de Richard de Reviers, seigneur de Néhou et de Vernon, qui a obtenu du duc-roi Henri Ier Beauclerc, la garde de l'abbaye. Il en était devenu le patron, récompense du duc pour sa loyauté lors de la guerre civile qui a éclaté à la mort du Conquérant entre ses trois fils (1087-1106).

 

 

Blason de Montebourg

De gueules à la croix ancrée d'or.

 
 
 
   
  MONTEBOURG
  CC 19.12 DE LA REGION DE MONTEBOURG
   
  De la Normandie à la Révolution
   
     
 

Montebourg, CPA collection LPM 1900

 
   
 

Publié le 8 Novembre 2010 by hulysse

Texte de Jean Margueritte

 

1545-1562 : foires et marchés de Montebourg vus par Gilles de Gouberville, un petit seigneur du Val-de-Saire. Son journal témoigne de la forte activité économique de Montebourg à cette époque. Des chandelles aux harnais en passant par le suif, le vin et les remèdes, on y trouve tout ce dont un bon manoir a besoin bon an mal an pour bien se conduire.

 

1562 : Les Huguenots (qu’on appelle alors les Christandins) investissent le bourg et pillent l’abbaye. Gilles de Gouberville fait écho de la rumeur qui les dénombre à plusieurs milliers dans Montebourg.

 

1585 : L’abbé Bon de Broë fonde la première école à Montebourg dans un immeuble qui borde la rue des Ecoles (ou rue Verglais, du nom d’un curé de Montebourg au temps de François 1er). Malgré les bouleversements de 1944, les écoles y sont toujours.

 

1632 : Saint Jean Eudes prêche une mission et lance la reconquête catholique à Montebourg: il faut catéchiser pour que les enfants et les adultes formulent clairement leur foi, donc, il faut leur apprendre à lire et à écrire, les former moralement et chrétiennement, en même temps qu’il faut former les prêtres à leur tâche pastorale. Cet état d’esprit se maintiendra jusqu’à la Révolution laquelle, dans ce domaine ssera vraiment une cassure à Montebourg.

 

1680 : Emigration au Canada: une famille de Montebourg, les Rolland, s’embarque pour la Nouvelle-France, le père et les quatre filles, et y fait souche. La lignée continue encore aujourd’hui.

 

Fin XVIIe s. L’embocagement commence à se généraliser autour de Montebourg: c’est-à-dire l’établissement de haies pour enclore les champs, même cultivés de céréales. les “clos” se transforment insensiblement en herbages, sur lesquels on développe l’élevage traditionnel de chevaux, mais aussi de bovins, pour la viande et pour le beurre. L’intérêt économique du “couchage en herbe” des champs labourés se double d’un avantage fiscal: on ne perçoit pas de dîme sur l’herbe! L’Abbaye “veille au grain” pour protéger ses dîmes, mais le couchage en herbe se fera, inexorablement.

 

1718 : Pour lutter contre la misère des plus pauvres et pour donner un asile aux infirmes, aux vieillards et aux enfants abandonnés de Montebourg, l’abbé, Mgr de Carbonnel de Canisy, ancien évêque de Limoges, fonde l’hôpital-hospice à l’endroit où s’élève toujours la maison de retraite.

 
     
 
 
   

1765-1785 : Montebourg se modifie: on construit la route royale qui va de Paris à Cherbourg. Les habitants de Montebourg ont envoyé une pétition au Roi pour que la route passe en plein bourg, au milieu de la place principale, le Haut-Marché, afin de favoriser les foires et le commerce. C’est accordé. Il y a bien quelques protestations, notamment celles d’un ancien officier des armées du Roi qui menace de “fusiller” les ouvriers s’ils s’attaquent aux murs qui enclosent son logis. On démolit quelques vieilles tanneries et, à leur emplacement, on construit le pont qui enjambe la Durance près du lavoir de la Foulerie. La route passe et, avec elle, le Roi Louis XVI allant inaugurer les cônes de la future rade de Cherbourg. Très acclamé.

 

1780 : L’abbé, Mgr de Talaru (qui est évêque de Coutances) affectionne particulièrement son abbaye qu’il transforme en maison de retraite pour vieux prêtres. Il n’y avait plus qu’un seul moine, Dom Claude Jacquetin. Pour donner du travail aux Montebourgeois et aussi aux Montebourgeoises, il crée un atelier de coutil (dont la réputation se maintiendra jusqu’au bord du XXème siècle) et un atelier de dentelle. Mais la Révolution toute proche ruinera en partie ces nouveautés et l’abbaye elle-même disparaîtra, pierre après pierre, du paysage montebourgeois.

 

1789 : “Le huit mars au son de la cloche”, les habitants se sont assemblés dans le cimetière pour rédiger le cahier de doléances de la paroisse. Ils sont une trentaine – des hommes seulement – , dont Jacques Lemor, René Geoffroy, Jacques-François Leprévost, Louis-Etienne Tardif, notaire, et Jean Le Saché, désignés pour porter le cahier à Valognes. Parmi les signataires, il y a des noms qui ont “poussé” jusqu’au XXème siècle: Hamelin, Féron, Le Berger, Le Cacheux, Agnès, Osmond, Fontaine, Anfray… Quand les choses se sont gâtées, à partir de la fin 1791, après l’obligation pour les prêtres de prêter le serment constitutionnel, et la mise en place à Montebourg des prêtres “jureurs”, les vieilles familles ont abandonné leurs fonctions municipales et ont subi parfois des visites domiciliaires. Mais les Montebourgeois ont été plutôt tièdes révolutionnaires: le district de Valognes insiste, par exemple, pour qu’on retire la mention “Vive le Roi” qui orne toujours le draperau de la Garde nationale de Montebourg: nous sommes à l’automne 1793, le Roi avait été déchu depuis plus d’un an et guillotiné six mois auparavant, le 21 janvier.

 

1792-1817 : la destruction de l’abbaye s’étend sur plus d’un quart de siècle. Les propriétaires successifs ont fait disparaître les bâtiments monastiques : le cloître, la salle capitulaire (identifiée comme la chapelle Notre-Dame de l’Etoile, et qui conservait le tombeau de Richard de Reviers et de plusieurs abbés), le dortoir, le réfectoire, les appartements du prieur, et surtout l’église abbatiale, dont la tour a été minée en février 1818, après que Charles de Gerville ait eu le temps de dessiner ce qui restait de l’abbaye (dessins conservés à la Bibliothèque municipale Jacques-Prévert de Cherbourg). Ces bâtiments ont servi de “carrière de pierre”. N’ont été conservés que des bâtiments utilitaires: le logis abbatial édifié dans la première cour en 1701 par l’abbé commendataire de l’époque, Mgr de Carbonnel de Canisy, un autre logis abbatial, plus ancien, construit sous l’abbatiat du cardinal Guillaume d’Estouteville (fin XVe siècle), la double porte (XIVe siècle), le colombier, les bâtiments agricoles et le moulin. Ont été également conservés les murs qui enclosent la vingtaine d’hectares du domaine de l’abbaye. Et l’étang qui servait à la fois de réserve de poisson pour les moines et de reserve d’eau pour actionner la roue du Moulin de l’Enclos.

 
     
   
  MONTEBOURG
  CC 19.12 DE LA REGION DE MONTEBOURG
   
  LA GUERRE DE CENT ANS
   
     
 

Montebourg, rue des Halles. CPA collection LPM 1900

 
   
 

Publié le 8 Novembre 2010 by hulysse

Texte de Jean Margueritte

 

1346 : Edouard III d’Angleterre débarque à Saint-Vaast-la-Hougue, brûle Montebourg et emmène les bourgeois de la ville comme otages (des chroniques anglaises disent que Montebourg a été épargné) : c’est le début du conflit franco-anglo-navarrais qu’on appelle la Guerre de Cent Ans, dans lequel les Montebourgeois comme tous les Normands se trouvent aux premières loges et connaissent les ruines, les famines, et l’exil. L’abbaye sert de garnison aux Anglais à partir de 1356. Le bourg est fortifié et démantelé à chaque fois qu’il change de mains (il reste aujourd’hui un pan de rempart et une tour de ces fortifications médiévales en face de la maison de retraite, route de Quinéville). C’est à cette période qu’est né l’adage “Qui tient Montebourg tient Cherbourg” qui s’illustrera si explicitement six siècles plus tard, lors de la bataille des Alliés pour Cherbourg en juin 1944. Montebourg, point élevé dominant le Cotentin, est le verrou ultime sur la route de Cherbourg.

 

1356 : la chevauchée du duc de Lancastre. Le duc de Lancastre et ses troupes font de l’abbaye leur repère pour une longue chevauchée “razzia” à travers toute la Normandie en juillet. Il y a au moins un millier d’hommes dans l’enceinte du monastère. Les Anglais stockent leur butin à l’Abbaye avant de rembarquer.

 

1357 : l’abbaye est aux mains du roi de Navarre, Charles le Mauvais, l’allié des Anglais et le suzerain de tout le Cotentin.

 

1378 : Du Guesclin chasse les Anglais et s’établit à Montebourg. Le roi Charles V prend la décision de fortifier le bourg. L’Amiral de France, Jean de Vienne, lui succède. Mais c’est si peu tenable pour le parti français que, disent les chroniques, on abandonne Montebourg pour se replier sur Carentan. Le Cotentin est devenu une sorte de no man’s land dont on a évacué les habitants.

 

1389 : le prieur de La Bloutière écrit à propos de Montebourg: “les habitants abandonnèrent Montebourg et tout le païs de Costentin, qui pourtant estoit le païs le plus gras du monde“. Tout est désolé. “Le païs a esté vuidé des gens qui y demouroient, et a esté sans riens y demourer l’espasse de 20 ans ou environ”. Les habitants ne reviennent que peu à peu à partir de 1392. Des villages du Cotentin resteront encore sans possibilités fiscales pour le Roi pendant des décennies.

 

1405 : nouvelle période noire. En juin, le duc de Lancastre et ses troupes débarquent. Montebourg est mis à sac, brûlé. Peut-on encore ajouter de la misère à la misère?

 

1417 : la Normandie est anglaise pour une génération. Le duc de Bedford qui la gouverne veut en faire le fleuron français de la couronne. Pour en former les élites, il fonde l’Université de Caen en 1436, L’Eglise est plutôt favorable à l’”occupation anglaise”. Mais il y a parmi les clercs, de solides fidélités au Roi de France. Ainsi, l’abbé de Montebourg, Guillaume Guérin, se retrouve dans les prisons anglaises pendant des mois pour “crime de lèse-majesté” à l’encontre du Roi d’Angleterre.

 

1440-1450 : la Normandie redevient française. A jamais. Montebourg avec. L’abbaye, qui a été un foyer actif de la résistance dans les dix dernières années de l’occupation anglaise, panse ses plaies. La tour de l’église abbatiale et le chœur sont renconstruits dans le style “flamboyant” dont un dessin de Gerville en 1817 témoigne.

 
     
 

Montebourg, mairie et place du petit marché. CPA collection LPM 1900

 
     
  MONTEBOURG
  CC 19.12 DE LA REGION DE MONTEBOURG
   
  LA GARE MONTEBOURG-VILLE 
   
     
 

Montebourg, la gare. CPA collection LPM 1900

 
   
 

LA GARE

ASSOCIATION CHANDELEUR. textes Jean Margueritte.

 

Montebourg avait manqué son rendez-vous avec le train en 1858: la ligne Paris-Cherbourg passait au large. Le maire d’alors n’en avait pas voulu. Pourtant, même à 4 kilomètres du bourg, la gare portant son nom avait considérablement étendu l’aire géographique de ses plus grandes foires, la Chandeleur notamment.

 

En 1886, Montebourg allait être directement desservie depuis et vers Paris grâce au train secondaire (que d’aucuns surnommeront le “Tue-Vaques”) venant de Barfleur et Saint-Vaast et aboutissant à la grande ligne à la gare située au Ham via Montebourg-Ville. Cette concrétisation fut la bataille d’un châtelain des environs de Montebourg, le Comte César de Pontgibaud, conseiller général, qui demeurait au domaine de Fontenay à Saint-Marcouf: il a déployé toute son énergie et toute son influence d’aristocrate pour faire aboutir le projet de relier le Val-de-Saire agricole à Montebourg, lieu de marchés et de foires importantes. La ligne devenait ainsi un atout majeur pour faire notamment de la Chandeleur, concours-foire de jeunes taureaux normands, un rendez-vous de renommée nationale. Ce fut fait. On comptait près de 5 000 bovins les deux jours Chandeleur en 1896, 3 500 dont 1 200 taureaux pour le seul 2 février 1922... Il fallait jouer des coudes entre les animaux. On expédia jusqu'à 250 wagons de bestiaux au départ des deux gares de Montebourg!

 

La ligne connut de sérieuses difficultés après la crise de 1929, et dès 1931, la gare de Montebourg-Ville fut fermée au trafic voyageurs, alors que le trafic marchandises, pommes, produits maraîchers et surtout bovins ne ralentissait pas. La pénurie d’énergie qui marqua l’Occupation, les restrictions rouvrirent la ligne aux déplacement de voyageurs, mais surtout, la gare de Montebourg-Ville devint l’un des “magasins” les plus importants du Cotentin pour stocker puis acheminer les matériaux de la construction des défenses du Mur de l’Atlantique entreprise par l’organisation Todt pour le compte des Allemands.

 
 
 
 
 
 
 
 

Montebourg, la gare. CPA collection LPM 1900

 
     
   
  MONTEBOURG
  CC 19.12 DE LA REGION DE MONTEBOURG
   
  LA CHANDELEUR
   
     
 

Montebourg, la Chandeleur. CPA collection LPM 1900

 
     
 

Comme sa grande sœur de LESSAY, la CHANDELEUR de MONTEBOURG est une foire millénaire.

 

C'est Henri l, roi d'Angleterre, descendant de Guillaume Le Conquérant qui vers 1080 dota l'Abbaye Bénédictine de Monteboug de droits et privilèges dont 2 marchés hebdomadaires, et 3 foires

   - Chandeleur

   - Les Rouaysons et l'Assomption de Notre-Dame

   - La mi-août.

 

Ces dotations furent reconduites et amplifiées par Richard de Reviers, compagnon de Guillaume, considéré comme le fondateur de l'Abbaye - sa pierre tombale repose dans l'Abbatiale.

 

Les moines organisent l'agriculture et l'élevage et contribuent au développement économique de la Région.

 

Toutefois, il faut attendre la construction de la Voie Royale avec Louis XVI et des chemins de fer avec Alexis de Tocqueville, Conseiller Général de Montebourg et Président du Conseil Général de la Manche, pour percevoir un grand essort de la foire. C'est en effet vers 1850 que la race Bovine Cotentine, puis Normande connaît un développement remarquable.

 

On vient à la CHANDELEUR de la France entière et de l'étranger, surtout d'Amérique Latine (Colombie)

 

Les Places de Montebourg sont archicombles de bestiaux, principalement déjeunes taureaux et amouillantes originaires du Val de Saire et de La Hague. Des trains entiers partent des gares de Montebourg et du Ham. Des troupeaux entiers sillonnent les routes du Cotentin menés par des  « cachous de bêtes ». La CHANDELEUR est également une grande foire aux pommiers et à l'épine qui quadrillent notre Bocage. Encore aujourd'hui, les pépiniéristes sont nombreux et chacun tient à remporter son arbre. C’est la tradition..

 
     
 
 
     
 

Montebourg, la Chandeleur. CPA collection LPM 1900

 
     
   
  MONTEBOURG
  CC 19.12 DE LA REGION DE MONTEBOURG
   
  Paul LECACHEUX 1873-1938
         
 

Annuaire des cinq départements de la Normandie

1939

Publié par l'Association normande

Monsieur Paul LE CACHEUX

 

M. Paul Le Cacheux, né à Montebourg, le 25 décembre 1873, est décédé, à Saint-Cyr, près Montebourg, le 14 juin 1938.

 

Elève des Frères de sa petite ville natale, puis des Eudistes de Valognes, il sortit second, en 1895, de l'Ecole des Chartes, avec, comme thèse, un Essai historique sur l'Hôtel-Dieu de Coutances (publié en 1895 et 1900), et fut nommé membre de l'Ecole française de Rome. Archiviste aux Archives nationales en 1898, archiviste départemental de la Manche en 1911, puis de la Seine-Inférieure en 1935, il prit sa retraite le Ier octobre 1937.

   
         
 

Membre, élu par ses collègues, de la Commission Supérieure des Archives et président, durant plusieurs années, de l'Association des archivistes français, son passage dans les trois dépôts où s'employa successivement son activité professionnelle, restera marqué par des classements, des répertoires, des inventaires, conçus ou poursuivis avec conscience et intelligence.

 

L'accomplissement de ces diverses besognes est un premier devoir d'état (et il ne va pas sans abnégation).

 

Constamment, M. Le Cacheux, avec simplicité, courtoisie et désintéressement, en doubla la pratique par celle d'un autre devoir essentiel de l'archiviste, qui est d'informer les chercheurs, de les conseiller et, s'ils le permettent, de les diriger. La clientèle, pour ainsi parler, de M. Le Cacheux était nombreuse. Elle ne le consulta jamais sans profit. Aussi bien, l'autorité de l'historien rehaussait-elle en lui celle de l'archiviste. Son oeuvre d'érudition (qui sera prochainement, on l'espère, cataloguée), commença dès l'École des Chartes. Les Mélanges de l'École de Rome, la Bibliothèque de l'École des Chartes, la Revue Critique, le Bulletin Archéologique, le Bulletin Monumental, etc., ont publié de lui des articles ou des notes recommandables également par la justesse de la démonstration et la clarté de l'exposé. Mais la meilleure part de ses travaux, il la réserva aux Sociétés et aux revues normandes, aux Bulletins de la Commission des Antiquités de la Seine-Inférieure et des Antiquaires de Normandie, à Normannia (dont il fut l'un des fondateurs), aux Annuaires de la Manche et de l'Association normande, aux Notices de la Société archéologique de Saint-Lô, à la Revue Catholique de Normandie, à la Société d'Histoire de Normandie principalement. A celle-ci il donna, en effet, Le Livre de Comptes de Thomas du Marest, curé de Saint-Nicolas de Coutances, 1397-1433 (1905), Les Actes de la Chancellerie d'Henri VI concernant la Normandie sous la domination anglaise, 1422-1435 (1908), Rouen au temps de Jeanne d'Arc (1931 ), Les Chartes du prieuré de Longueville antérieures à 1204 (1934), La Correspondance de la famille d'Estoteville, 1460-1535 (1935), etc.

 

L'élection, en 1935, de M. Le Cacheux comme correspondant de l'Académie des inscriptions et belles-lettres consacra la valeur de ses longs travaux. Elle ne pouvait rien ajouter à l'estime où les tenaient ceux qui les avaient lus, mais elle força le public à entrevoir ce qu'était, sous la modestie de l'homme de devoir et de foi, l'autorité du savant.

 

La mort prématurée de M. Le Cacheux, qui fut le meilleur des successeurs et disciples normands de Léopold Delisle, prive la Normandie du premier de ses historiens contemporains.

 

R.-N. S.