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Fresville village de la Hesnaye CPA collection LPM 1900 |
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Annuaire du département de la Manche, année 1867, Article de Mr Renault |
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FRESVILLE.
Fresville. On écrit aussi Fréville, Fraevilla, Fredevilla, Preevilla, Fresvilla.
L'église paroissiale de Fresville présente une nef d'architecture romane du XIeme ou du XIIeme siècle. Sa tour élevée se termine par un toit à double égout. On voit sur un des murs extérieurs de l’Eglise un bas-relief représentant saint Martin donnant la moitié de son manteau à un pauvre.
L'église de Fresville est sous le vocable de saint Martin. L'abbaye de Saint-Sauveur-le- Vicomte en avait le patronage et présentait à la cure. Les dîmes se partageaient par tiers entre l'abbé de Saint-Sauveur, le chapitre de Lisieux et le curé, ce qui lui valait 60 livres ; il payait pour la débite 16 sous 8 deniers.
Dans le cours du XVIIeme siècle, des habitants de la paroisse de Fresville, croyant tirer plus de profits de leurs terres, en les laissant en herbage qu'en les labourant, le curé, Messire lapies André, qui se trouvait privé de la dîme de ces terres, ainsi laissées en herbages, obtint contre Guillaume Dossier et plusieurs autres habitants de la paroisse, du parlement de Normandie, le 28 février 1647, un arrêt de règlement qui ordonna a que le curé seroit payé de la dime des terres labourées depuis quarante ans, quoique réduites en nature d'herbages, si mieux les propriétaires n'aimoient laisser en labour le tiers de toutes leurs terres, et payer les choses » naturellement décimables des bestiaux qui pâtureroient sur leurs héritages.
Le patronage de l'église de Fresville fut contesté à l'abbaye de Saint-Sauveur; car Renaud de Radepont, bailli de Cotentin de 1258 à 1267, écrivit à l'évêque de Coutances que, le 11 juillet 1259, aux assises de Valognes, Guillaume de Tamerville avait reconnu le droit de l'abbaye au patronage de Fresville.
L'église était taxée pour les décimes à 75 livres, et dépendait de l'archidiaconé du Cotentin et du doyenné du Plain.
En 1665, l'abbé de Saint-Sauveur-le-Vicomte avait toujours le patronage de l'église, et la cure valait alors 1200 livres. Dumoulin dit qu'en 1765 son revenu était de 2000 livres.
Antiquités romaines.
— Fresville parait avoir été anciennement habité ; car un quartier de la paroisse porte le nom de chief de la ville. On a trouvé dans les environs de cette partie de Fresville beaucoup de traces d'habitations. On a aussi découvert à Fresville de grands et de petits fourneaux, et des médailles romaines.
Faits histiriques
— Si l'on en croit l'historien Masseville, un seigneur de Fresville aurait accompagné Guillaume à la conquête de l'Angleterre ; mais son nom ne se trouve pas parmi ceux inscrits dans l’église de Dives. Il parait certain cependant que cette famille a figuré en Angleterre et en Normandie. Plusieurs de ses membres sont comptés au nombre des bienfaiteurs des abbayes de Montebourg et de Saint-Sauveur-le- Vicomte. Un Roger, cité comme vicomte du Gotentin, renonça, en présence d'Algare, évêque de Coutances, aux droits qu'il avait voulu s'attribuer au détriment des religieux de Saint-Sauveur-le- Vicomte. Léticie, femme de Jourdain Tesson, donna aux mêmes religieux, avant i23i, des terres situées à Fresville.
Jean d'Harcourt, chevalier, dans le mois d'octobre de l’an 1257, cède et abandonne, du consentement du Roi, à son frère Raoul d'Harcourt, chevalier, des terres situées dans la baronnie de Saint-Sauveur-le-Vicomte. in baronia sancti Salvatoris Vicecomitis, et entre autres tout ce qu'il avait à Fresville, el quicquid in parrochia de Fraevilla et £scallevilla,..Le roi, se trouvant à Vincennes, approuva cet acte dans le mois d'octobre de la même année 1257.
Un Raoul d'Harcourt était, en 1280, seigneur de Fresville et du fief d' Auvers, à Fresville.
Ferrault de Fresville faisait partie de la Monstre de Messire Robert de la Heuze dit le Borgne, chevalier banneret, qui eut lieu à Carentan, le 28 jour de juin 1413.
Robert de Fresville et Jacquette de la Haye, sa femme, en 1419, rendent foi et hommage à Henri V, roi d'Angleterre. Ce Robert de Fresville commandait, en 1418, la place de Saint-Sauveur-le- Vicomte qu'il rendit aux Anglais.
Ce fut à Fresville et Montebourg que la noblesse de l'élection d'Avranches se rendit, en 1688, pour repousser les Anglo-Hollandais qui firent une démonstration de débarquement sur les côtes de Normandie. L'ordre lui en fut transmis de par le Roi , par Jacques , sire de Matignon , comte de Thorigny, conseiller du Roi en ses conseils, lieutenant pour le Roi en Normandie, et gouverneur des villes et châteaux de Cherbourg, Saint-Lô, Granville, île de Chausey, etc..
Dans la fin du XVIIeme siècle, la prévôté ou seigneurie de Fresville appartenait au Roi de France, à la représentation des anciens barons de Saint-Sauveur-le- Vicomte. On comptait à Fresville deux fiefs principaux : celui d'Auvers-en-Fresville et celui de Thère. Le premier appartenait à la famille de Mathan; il était possédé, en 1789, par Louis de Mathan, marquis de Mathan, lieutenant du Roi, des villes et château de Caen, capitaine des grenadiers au régiment des Gardes-Françoises et maréchal des camps et armées du Roi. Messire Louis-Guillaume de Mathan, abbé commendataire de l'abbaye de la Croix-Saint-Leufiroi, au diocèse d'Evreux, mourut, en 1769, seigneur et patron de Fresville .
L'autre grand fief appartenait à la famille de Bois-André. C'était Jacques-Henri de Bois-André, capitaine de dragons à la suite du régiment Colonel-Général, qui le possédait en 1789.
Mont£aut , en 1463, trouva noble à Fresville Denys de Reviers.
Roissy, en 1598, y maintint nobles Charles de Percy, Louis et Guillaume Le Louey , sieurs de Beauchamps , dont le bisaïeul, gymon Le Louey, avait été anobli en 1543; Guillaume Bellet, sieur de Calleville, anobli en 1594; il y maintint encore, en 1599, la famille Le Liepvre et Guillaume Le Fournier,
Lors des recherches de Chamillard, en 1666, César-Guillaume-François et Jacques Le Louey , et Guillaume Le Lièvre, habitaient Fresville et comptaient parmi les nobles.
La paroisse de Fresville dépendait de l'intendance de Caen, de l'élection de Carentan et de la sergenterie de Pont-l'Abbé. En 1722, elle comptait 160 feux imposables, et 168 en 1765. Sa population, en 1869, s'élève à 776 habitants.
Cette localité, dit M. de Caumont, est connue des géologues par l'exploitation d'une sorte de craie compacte qui a reçu le nom de calcaire à Baculites. |
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