SAINT-VAAST-LA-HOUGUE
   CC 18.12 du Val de Saire
   
  TATIHOU
         
 

Saint-Vaast la hougue, Tatihou CPA collection LPM 1960

 
     
 

" La tour, point de repère de l'île, s'efface dans les brumes matinales.

La corne de brume du phare de Saint-Vaast signale aux marins la position du port. Les oiseaux sont encore silencieux..."

                                                                                                          F. Moireau, L'île de Tatihou.

 

Tatihou est une île basse qui tire son intérêt de sa position privilégiée entre deux grandes zones d'action climatique.

 

Ce cadre frontalier est propice au développement et à la distribution de richesses algales. Il conditionne alors indirectement la fréquentation du site par les oiseaux marins. Malgré sa superficie restreinte, Tatihou réunit plusieurs types d'écosystèmes qui lui confèrent un intérêt écologique certain.

 

La vingtaine d'hectares non bâtie offre des habitats variés. Le potentiel avifaunistique de l'île en fait un lieu d'observation et d'études ornithologiques recherché. Le site cultive son identité par une organisation maîtrisée du tourisme consacré à la civilisation maritime. Dans l'ensemble, de nombreux secteurs naturels de l'île sont altérés. Toutefois, des habitats bien distincts sont identifiables, ils se juxtaposent parfois dans de petits périmètres. La prairie est, en superficie, l'espace le plus important, car elle s'étend entre les deux ensembles bâtis. La côte ouest de Tatihou est occupée, sur environ 15000 m2, par un petit secteur dunaire. Enclavée dans la réserve, il existe une vasière du fait d'une ouverture dans la digue nord. Sur une superficie d'environ un demi hectare, ce milieu joue un rôle essentiel dans la diversité écologique de Tatihou, malgré tout, la vasière reste dépendante des marées. L'espace naturel qui comble l'éparpillement des bâtiments dans la ferme fortifiée est composé de pelouses remaniées et d'un sous-bois d'arbustes. Le pourtour sableux de l'île offre des terrains beaucoup moins remaniés que le tapis herbeux de l'intérieur de l'île. Ce sont des pelouses aérohalines qui constituent le dernier habitat de Tatihou, elles ont un caractère variable qui évoluent selon les influences extérieures et les dispositions topographiques.

 

La flore

 

En 1990, 110 espèces végétales ont pu être dénombrées dans l'île de Tatihou.

 

Des relevés complémentaires ont élevé le nombre de variétés de plantes à 120.

 

Une certaine stabilité du milieu a été remarquée, étant donné que la comparaison des deux dernières études indique une faible évolution de la diversité végétale alors qu'elles ont été effectuées avec 8 ans d'intervalle. La flore de l'île est dominée par les espèces typiques des pelouses. Les abris stables de vieux murs et de digues permettent l'abondance de lichens, de mousses et de fougères.

 

La strate arbustive est peu représentée, quelques arbustes continuent de se développer sur le site comme l'Aubépine à un style, l'Ajonc d'Europe, le Tamaris de France et le Sureau noir. Les zones d'embruns sont colonisées par le Pavot cornu, l'Euphorbe des sables, le Cuseute du thym et la Bugrane rampante. Tatihou renferme également quelques rares et protégées, on peut citer l'Elyme des sables (protection nationale), le Bec-de-grue glutineux (protection régionale), l'Arroche, le Chénopode à feuilles grasses, l'Euphraise à quatre angles, la Luzerne polymorphe, la Renouée maritime, la Sagine maritime et le Spergulaire des rochers.

 

La situation géographique de l'île favorise un patrimoine algal très important. Etant donné les deux types de côtes bordant l'île, la partie nord est largement battue alors que le sud est calme, on peut observer deux colonisations caractéristiques. Le substrat est rocheux sur tout le site mais la colonisation en épiphyte (en fixation sur d'autres organismes) est nettement développée.

 
     
 

Les jardins

 

Malgré les digues qui la protégent et les murs qui entourent le clos du lazaret, l'île Tatihou n'est pas à l'abri des vagues et des embruns. L'alternance de rochers, de dunes et de zones herbeuses favorise l'implantation des plantes endémiques du bord de mer mais les coups de vent du large sont autant de périls pour une flore plus fragile. Implanter un jardin était donc un pari difficile à tenir. C'est aujourd'hui chose faite. Tatihou offre ainsi au visiteur trois types de jardins :

 

Un jardin des découvertes ou "jardin des milieux"

 

De petite dimension (800 m2), il regroupe plusieurs centaines d'espèces du littoral réparties selon leur milieu (dune, vase salée, rocher, landes, prairie)

 
     
 

 
     
 

Un grand jardin maritime


Sur trois hectares, c'est un lieu de promenade à l'abri des murs mais il est aussi ouvert sur le large. Les plantes endémiques de Manche Atlantique y dominent mais alternent avec certaines espèces horticoles.

 

Un jardin d'acclimatation


Répartie dans les anciennes cours du lazaret, une série de massifs et de parterres présentent des espèces exotiques mais pourtant assez bien adaptées à la rigueur du climat marin.

 

 
 

La faune

 

Le site de Tatihou est reconnu pour son extraordinaire potentiel avifaunistique, il y a longtemps que le Groupe Ornithologique Normand (GON) s'intéresse au site.

 

Les oiseaux marins côtiers ont toujours fréquenté ce secteur.

 

La mise en réserve d'une partie de l'île dès 1990 fut l'une des priorités de gestion. Tatihou fait aussi office de zone d'hivernage ou de simple étape de migration pour les oiseaux non marins. Leur passage est régulièrement observé en automne et au printemps. Il s'agit donc d'un véritable carrefour pour les oiseaux migrateurs. Les oiseaux marins sont donc les plus nombreux, parmi eux, des palmipèdes plongeurs ou de surface, des grands échassiers, des limicoles et parfois des martins pêcheurs trouvent à se nourrir entre la plage et les profondeurs. Le site accueille également trois espèces de goélands en grandes colonies. Le goéland argenté est tellement représenté qu'il en est devenu le symbole de l'île. Le goéland brun fait figure d'oiseau rare car la colonie de Tatihou est la principale de Normandie. Environ 20 couples de tadornes de Belon, 2 couples d'Huîtriers pie, au moins 14 couples de pigeons colombins,14 couples de goélands marins, 170 couples de goélands bruns et 990 couples de goélands argentés ont été répertoriés. Parmi les espèces non nicheuses, on trouve l'aigrette garzette, l'eider, le canard siffleur, le goéland leucophé, le bruant des neiges ou la bécasse des bois. Le potentiel naturel et biologique du secteur semble être les meilleurs atouts dans l'attrait qu'exerce le site sur l'avifaune. La faune terrestre est très peu représentée, hormis les rats et les lapins (aujourd'hui en surnombre même si la myxomatose en a décimé ponctuellement) qui semblent être les seules espèces représentant la faune terrestre.

 
     
 

Goéland marin Goéland argenté Goéland brun
 
     
 

 
     
 

HISTOIRE ET PRATIQUES

 

L'île est entièrement ceinturée par une digue militaire de style Vauban qui laisse place à certains endroits à de simples levées de terre.

 

Le domaine bâti est strictement limité par des enceintes. D'architecture militaire et sanitaire, il se répartit en deux ensembles qui se font face aux extrémités de l'île. Le Fort au sud-est désigne l'ensemble qui s'élève près de la réserve ornithologique dont la pièce maîtresse est la tour Vauban, symbole de Tatihou. Il comprend aussi la redoute érigée sur l'Ilet. L'Intra-muros définit les bâtiments de l'ancien lazaret enfermés par une double enceinte et désormais occupés par l'administration et les structures du Musée Maritime de Tatihou. Trois sentiers principaux desservent l'île, on ne peut cependant pas en faire le tour. Le site de Tatihou a été intégré au domaine royal au milieu du XVIIe siècle. A cette époque, la vocation de l'île est avant tout militaire, mais devant les défaites françaises, le statut militaire de l'île est abandonné. En 1823, elle fait donc office d'hôpital pour le lazaret qui sert dorénavant pour les inspections sanitaires. C'est en 1865 que le site subit l'abandon de son usage sanitaire. En raison de la richesse de la faune et de la flore de Tatihou et à la demande de professeurs du Muséum National d’Histoire Naturelle, un laboratoire maritime est créé sur l'île en 1888, dans les locaux du lazaret. Sous la direction notamment d'Edmond Perrier, de nombreux chercheurs y travailleront jusqu'en 1922 (date du transfert du laboratoire à Saint-Servan puis Dinard). Leurs recherches porteront principalement sur les algues, le plancton et la pisciculture du turbot. L'île devient ensuite en 1925 un centre d'accueil pour des colonies scolaires ainsi qu'un aérium, puis dès 1948, un centre de rééducation qui ferme définitivement ses portes en 1984.Durant 4 ans, le site sombre dans le délabrement du fait de son abandon, les pouvoirs publics commencent donc à songer à une possible reconversion de l'île : en 1992, le Musée Maritime de Tatihou ouvre ses portes et redonne vie à l'île.

 
     
 

Chapelle

 

Fin du XVIIIème siècle


Les archives mentionnent une chapelle dès 1689. Elle servait pour les régiments en garnison sur l’île jusqu'à la Révolution.

 

 

La couverture a été refaite en 1766 (inscription visible au-dessus de la porte). En 1796, elle servait de magasin à vivres

 
 
         
 

Dès 1926, elle a été transformée en écurie à l’époque où la ferme retranchée était vraiment une ferme, abritant des animaux permettant de nourrir les enfants en colonies ou en classe sur l’île.

 

Elle a été restaurée en 1994-95.

 
Tour Vauban

 

Construite en 1694.Cette tour est, avec la tour de la Hougue, est un des sites candidats au patrimoine mondial de l'UNESCO

 

Au milieu du XVIe siècle, à l’époque où une ferme manoir était située au centre de l’île, il existait aussi une tour, située peut-être à l’emplacement de la tour actuelle. Elle possédait quelques canons (couleuvrines) et constituait une défense contre les éventuelles ”descentes” de troupes anglaises. En 1662, le Roi décide qu’elle doit disparaître. En 1666, sa démolition est achevée et il ne reste sur Tatihou que des redoutes de terre.La bataille des 2-3 juin 1692 montre cruellement la nécessité de défendre la baie.

 

On décide alors de construire les tours et forts de Tatihou et la Hougue. La tour de Tatihou est édifiée à partir de 1694 sur les plans de l’ingénieur De Combes. Dans son inspection de 1699, Vauban en constate l’achèvement. Elle a 21 mètres de haut, 20 m de diamètre à la base et comporte, répartis sur les trois niveaux, un magasin à poudre, un logement pour 80 hommes et une plate-forme pour 10 pièces de canons. Cette tour est entourée d’une ferme fortifiée, comportant casernements et chapelle.Laissée peu à peu à l’abandon au cours du XVIIIe siècle, cet ensemble est profondément remanié à partir de 1860 : des douves sont creusées, une poudrière est construite.

 

Pendant la guerre 1914-18, le fort accueille des prisonniers austro-hongrois. Pendant la seconde guerre mondiale, l’armée allemande aménage deux blockhaus et des ”tobrouks”. Vers 1950, les casernements tombent peu à peu en ruines. La tour sera restaurée en 1992.

 

Les édifices les plus anciens de Tatihou datent de la fin du XVIIe siècle. Les restaurations ont préservé ou rétabli les matériaux d’origine. Les toits des bâtiments sont en schiste, les murs en granit.

 

Les bâtiments de l'île sont inscrits à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques.

 

La tour Vauban, elle, est classée Monument historique depuis 1922.

 
     
 

Tour Vauban de Benjamin de Combes, XVIIe (MH & UNESCO)

GregofhuestTravail personnel