SAINT-VAAST-LA-HOUGUE
   CC 18.12 du Val de Saire
   
  HISTOIRE
         
 

Saint-Vaast la hougue, CPA collection LPM 1900

 
     
 

HISTOIRE ET ANTIQUITÉS.1857

NOTES HISTORIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES

LES COMMUNES DE L'ARRONDISSEMENT DE VALOGNES, par M. Renault,

 

Saint-Vaast. On dit aussi Saint-Vât-la-Hougue, Sanctus Vedastus de Hoga.

Faits Historiques

 

.— Saint-Vaast est situé à l'embouchure de la Saire; son port est défendu par les forts des îles Tatihou, à l'est, Saint-Marcouf, au sud-est, et de la Hougue, au sud. Ce dernier fort défend une jetée de 600 mètres, au sud du port. Louis XIV fit construire la tour que l'on voit encore, et à laquelle ont été ajoutés d'autres ouvrages de fortification. Les Anglais, pendant leurs fréquentes invasions en Normandie, choisirent souvent la rade de la Hougue pour point de débarquement.

 

Etienne de Blois, flls d'Adèle, l'une des filles de Guillaume le Conquérant, étant passé en Angleterre pour s'emparer du trône, après la mort de Henri Ier, revint en France quand il se crut affermi en Angleterre, et ce fut à la Hougue, en 1137, qu'il opéra son débarquement, avec une suite nombreuse, Ogas cum magno comilaiu applicuil.

 

Edouard I" leva une armée en 1292, sous prétexte de l'envoyer contre les infidèles; mais une partie de cette armée descendit à la Hougue et ravagea le Cotentin.

 

En l'année 1340, Edouard III, conseillé par Geoffroy de Harcourt, débarqua avec toute son armée dans un lieu où était un port de mer, nommé la Hogue de Saint- Vast en liste de Cotentin. Il arma chevalier, sur le rivage, le prince de Galles, son fils. Sa flotte se composait de 1,200 navires, portant trente à quarante mille hommes (2). Ce fut à la suite de ce débarquement qu'Edouard III traversa la Normandie et la Picardie avec son armée, et.défit celle du Roi de France à la fatale journée de Crécy . Les Anglais y ont fait successivement plusieurs descentes. Lors de celle de 1408, ils pillèrent Saint-Vaast qui tomba, comme le reste de la Normandie, sou9 la domination anglaise, pendant la moitié du xv° siècle.

 

Louis XI, en 1465, mariant Jeanne, sa fille naturelle légitimée à Louis de Bourbon, comte de Roussillon, fils de Charles Ier, duc de Bourbon, lui donna, avec la seigneurie de Valognes, la baronnie de la Hougue-Saint-Vaast, qu'elle vendit, en 1498, à Geoffroy Herbert, évèque de Coutances (4). On attribue à Louis de Bourbon la création du port de SaintVaast; mais il existait dès le xn" siècle, et avait, dès le xrv" siècle, une grande importance. Peut-être conçut-il le projet de l'améliorer, et de faire de Saint-Vaast un point de défense important ; mais ses projets ne se réalisèrent pas.

 

Louis d'Estouteville, grand sénéchal de Normandie, convoqua, en 1510, à Saint-Vaast, par ordre du Roi, le ban et l'arrière-ban de la noblesse du bailliage du Cotentin.

 

François I", lors de son voyage dans le Cotentin, visita, entre autres lieux, Saint-Vaast-la-Hougue.

 

Le comte de Montgommery y descendit, dans les derniers jours du mois de février 1573 , à la tète d'une flotte de cinquante-trois vaisseaux et d'une armée de 5,000 protestants français et anglais qu'Elisabeth, reine d'Angleterre, envoyait en Normandie pour y rétablir les affaires du parti prolestant; mais cette armée, peu de temps après, fut anéantie par le maréchal de Matignon.

 

Un arrêt du parlement de Normandie, de l'an 1589, défendit aux marins de Saint-Vaast de porter des vivres dans les ports de mer appartenant aux ligueurs.

 

Eu l'année 1612, le Roi acheta du sieur de Loucey la terre de la Hougue, et, en 1016, il lui fit remise de tout ce qui pouvait lui être dû pour les fruits que le sieur de Loucey y avait recueillis jusqu'au 31 décembre 1015.

 

En 1620, Etienne Lesage, minisire protestant, exerçait à Saint-Vaast, où il y avait encore un prêche en 1667; mais c'était le seul qui existât dans le pays; ce qui prouve que le nombre des protestants avait considérablement diminué.

 

On trouve comme ayant possédé la seigneurie ou haronnie de la Hougue les dames religieuses de Sainte-Trinité de Caen, qui jouissaient d'un droit de varech dans le port de Saint-Vaast, droit qui leur fut confirmé par lettres patentes de Philippe de Valois, roi de France, datées de l'an 1328 : le Roi enjoint, par ces lettres, de casser et d'annuler tous actes que le bailli du Cotentin aurait faits et qui seraient contraires à l'ordonnance de l'Echiquier (3). Les religieuses avaient encore des droits sur un petit marché qui se tenait à Saint-Vaast tous les dimanches. Saint-Vaast relevait de la baronnie de Quettehou appartenant a l'abbussc de Caen.

 

Les Anquetil furent aussi seigneurs de Saint-Vaast. Cette famille, sans doute fort ancienne , ne parait avoir été ni fort puissante, ni fort illustre. Montfaut la trouva noble dans Pierre Anquetil, à Colomby, sergenterie de Pont-l'Abbé, éle tion de Valognes. Elle portait d'or à trois feuilles de simple, deux et un .

 

Il y avait à Saint-Vaast un siège d'amirauté composé d'un lieutenant, d'un procureur du roi. Les audiences se tenaient le vendredi, dans un cabaret, à défaut d'auditoire.

 

L'abbé de Fécamp y avait aussi une haute justice, composée d'un bailli et d'un procureur fiscal, dont les audiences avaient lieu, le vendredi, dans la première maison venue.

 

La paroisse de Saint-Vaast, comptant beaucoup de pêcheurs, ils avaient à leur tète un capitaine de paroisse.

 

Saint-Vaast figure au nombre des bonnes villes de la vicomte de Valognes, qui envoyèrent des députés à Paris, aux Etats-généraux, en 1351. En 1611, Henri Anquetil, seigneur de Saint-Vaast, fut député aux Etats-généraux par la noblesse du bailliage du Cotentin.

 

Ce fut dans la baie de la Houguo qu'eut lieu, en l'année 1692, cette désastreuse bataille où la marine anglaise battit la marine française commandée par le comte de Tourville, que, malgré sa défaite, Louis XIV nomma maréchal, en lui disant: « J'ai eu plus de joie d'apprendre qu'avec quarante-quatre de » mes vaisseaux vous en avez battu quatre-vingt-dix de ceux » de mes ennemis pendant un jour entier, que je ne me sens » de chagrin de la perte que j'ai faite. » La victoire de la flotte anglaise fut de courte durée; car, l'année suivante, elle se changea en une défaite complète. Tourville vengea l'honneur français, et rendit à son pays la place qui lui appartient sur les mers.

 

Rideauville, Ridauvilla. L'ancienne paroisse de Rideauville dont l'église était sous le vocable de saint Martin, a été réunie à celle de Saint-Vaast-la-Hougue pour le spirituel et le temporel. Le patronage en était laïque et le seigneur du lieu présentait il la cure; elle dépendait de l'archidiaconé du Cotentin et du doyenné de Valognes. Le Livre noir indique comme seigneur Richard de Courcy, chevalier. Le curé était seul déeiinateur; il avait tous les produits de l'église, et des revenus assez considérables en nature. Dans le courant du xine siècle, la cure valait 32 livres. En 1663, le patronage appartenait à la famille du Mesnildot, et la cure valait alors 400 livres.

 

Montfaut, en 1463, trouva noble à Rideauville Guillaume du Quesney.

 

Les paroisses de Saint-Vaast et de Rideauville dépendaient de l'intendance de Caen, de l'élection et de la sergenterie de Valognes. Masseville, en 1722, comptait à la première 187 feux; Dumoulin, 271, en 1765; et Expilly 1226 habitants. Rideauville n'avait que 30 feux. La population des deux paroisses réunies s'élève, en 1871, à 4,098 habitants.

 
         
 

Le Fort de la Hougue

 
     
 

 
         
   
   SAINT-VAAST-LA-HOUGUE
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  CHAPELLE DES MARINS
         
   
         
 

@Le site des clochers de la France

Chapelle des Marins (XIe-XIIe-XIXe)

La chapelle des Marins est le choeur et l'abside de l'ancienne église paroissiale du XIe, désaffectée en 1861 et démolie en 1864. Lorsque, cette même année, le cimetière fut supprimé, les restes du premier curé concordataire, M. Bidault, furent transportés sous une dalle voisine d'une fosse commune où l'on mit tous les restes non identifiés; sur cette dalle est écrit "EN MEMOIRE DE NOS ANCETRES - REQUIESCANT IN PACE" (qu'ils reposent en paix). Jusqu'en 1982, les restes mutilés de l'édifice furent placés en sursis, et délaissés par la paroisse car voués à terme à la démolition.
En 1982 donc, la municipalité refit la toiture en ardoises, écroulée. On entreprit alors de recréer une partie du site du cimetière sur le terrain attenant, en y transportant diverses dalles tumulaires anciennes du XVIIe et XVIIIe, en deshérence à St Vaast et Rideauville. Les deux bancs à méditation, face à la mer, sont en pierre de Valognes. La pierre tombale à tête triangulaire est celle de G. Lanache, 1752-1821. Côte à côte, les deux petites tombes monolithes sont celles de Léon Ouvray et de sa soeur, décédés de la même épidémie à six jours d'intervalles, en décembre 1843 et janvier 1844.

En 1986, les murs et les baies de la chapelle menaçant ruine, une association fut créée dans le but de restaurer l'ensemble de la chapelle. Au fil des ans le monument historique était devenu un lieu de souvenir aux marins péris en mer. Lors de ces travaux, un maître-autel du XVIIIe, en granit, fut posé, la nef et l'abside en cul de four refaites, y compris l'emmarchement de ladite abside, en pierre de Valogne, don de M. et Mme G. Michel. L'ensemble fut éléctrifié et jointoyé, les baies refaites, et un lutrin en bois, du XVIIIe, donné par M. Goschin. Diverses quêtes et subventions aidèrent à la restauration. Une des deux statues, polychrome et en pierre de St Vaast, datant du XVIe, a été donnée par la cure de la commune. Les vitraux ont été conçus par M. Jupille qui a fait don des cartons. Au-dessus de la baie située à gauche de l'autel, un fragment d'arcade témoigne de l'existence antérieure d'une ancienne baie plus grande. A droite de l'autel, à coté du vitrail, une curieuse petite niche triangulaire est creusée dans le granit.

Face à la mer, au-delà de l'abside, se trouve aussi un blockaus allemand astucieusement réaménagé en belvédère et surmonté d'un escalier. Il permet d'embrasser du regard toute la baie, du fort de Tatihou aux îles Saint-Marcouf, au large, et le fort de la Hougue.

 
     
   
     
   
 

par  Philippe Landru

 
         
   
   SAINT-VAAST-LA-HOUGUE
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  EGLISE SAINT-WAAST
         
 

photos : Laurent COLASSE http://clochers.org

 
         
 

L'église de Saint-Vaast-la-Hougue fut construite en 1851 et ouverte au culte en 1861. Bâtie en pierre de Caen, elle a un style néo-gothique imitation XIIIéme siècle.

A l'intérieur, nous pouvons y trouver une nef, un transept, des bas-côtés contournant le choeur et une chapelle absidale.

La chair, le crucifix placé en face d'elle, les confessionnaux et fons baptismaux proviennent de l'ancienne église de Rideauville.

Les vitraux donnant une grande luminosité à l'église, ont été posés entre 1897 et 1937.

Mais la principale caractèristique de cette église est qu'elle ne possède pas de clocher.

 

HISTOIRE ET ANTIQUITÉS.1857

NOTES HISTORIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES

LES COMMUNES DE L'ARRONDISSEMENT DE VALOGNES, par M. Renault,

 

Saint-Vaast. On dit aussi Saint-Vât-la-Hougue, Sanctus Vedastus de Hoga.

 

La paroisse de Saint-Vaast a porté les noms de la Hougue; Orderic Vital la nomme Ogas, et Robert Cœnalis Ogigce. La Hougue est une pointe avancée qui se trouve au sud de SaintVaast, et sur laquelle on a construit un fort.

 

L'église paroissiale, de construction récente, est sous le vocable de saint Vaast; elle dépendait de l'archidiaconé du Cotentin et du doyenné de Valognes. Lors de la rédaction du Livre noir, le curé dimait presque tout; il avait l'autelage, 4 acres de terre à Rideauville, des revenus en nature; sa cure lui valait 90 livres. Le patronage était en débat entre l'abbé de Fécamp et Jean Picot; mais Jean de Chevreuse, bailli du Cotentin, tenant les assises à Valognes, au mois d'octobre 1269, l'adjugea aux moines de Fécamp contre leur adversaire. L'abbé de Fécamp, dans le xiv* siècle, partageait par tiers les grosses dîmes avec le prieur de l'Hôtel-Dieu de Barfleur et le curé. Celui-ci avait en outre la dîme des novales, l'autelage, les offrandes et les menues dîmes, ainsi que la dîme de tous les poissons pris dans les limites de la paroisse, et celle de tous les autres poissons péchés par ses paroissiens, n'importe où.

 
   

Un curé de Saint-Vaast, Me Hamelin, soutint un procès contre la paroisse à l'occasion de la dîme du poisson que les habitants prétendaient ne pas devoir, par cette raison que la pèche se faisant dans la mer, qui est une chose commune, et ne peut être soumise à aucune servitude; la dime exigée était insolite et inusitée : mais par arrêt du parlement de Rouen, au rapport de M. de Toufreville Le Roux, le curé fut maintenu en possession de la dime du poisson péché en la mer « à » sçavoir la douzième raye en essence, et s'il s'en pesche » moins que douze, le douzième denier du prix auquel le » poisson sera vendu . »

 

En 1665, la dîme du poisson appartenait toujours à la cure, qui valait alors 700 livres et payait 60 livres de décimes. L'abbé de Fécamp continuait d'avoir le patronage de l'église.

 

Deux curés de Saint-Vaast furent en procès dans le courant du XVIIe siècle; l'un nommé Poix-Blancs fut privé de son bénéfice par l'official de Rouen, pour cause de concubinage. L'abbé Lugan fut présenté à la cure et mis en possession.

   
         
 

Poix-Blancs prétendit qu'ayant porté appel de la sentence de l'official, il devait continuer de jouir et conservait le droit de résigner. La cause portée devant le Parlement de Normandie, il intervint, le 19 janvier 1617, un arrêt qui ordonne a Lugan de restituer les fruits, d'en rendre compte aux commissaires chargés de les régir, accorde au curé 150 livres par an, et lui enjoint de faire statuer sur son appel dans le délai de trois mois. L'ordinaire devait préposer au bénéfice une personne capable.