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Barfleur, CPA collection LPM 1960 |
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HISTOIRE ET ANTIQUITÉS. NOTES HISTORIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES LES COMMUNES DE L'ARRONDISSEMENT DE VALOGNES, par M. Renault, BARFLEUR.
Barfleur, Barbefloth, Barbefllet, Barbeflie, Barbefleuve. Barbe/leur, Barbefluvius, Barbe fluctv.s, tels sont les noms par lesquels on trouve celte localité désignée dans les anciennes chartes et les actes du moyen-age.
L'église paroissiale de Barfleur parait offrir quelques parties pouvant dater de l'époque de transition; elle est sous le vocable de saint Nicolas; elle payait une décime de 5 livres et dépendait de l'archidiaconé du Gotentin et du doyenné de Saire. Geoffroy de Montbray, évèque de Coutances, dut, vers 1060, obtenir de Guillaume, duc de Normandie, l'église de Barfleur. Une charte de 1110 d'Algare, évèque de Coutances, attribue cette église à la cathédrale, et le pape Eugène III la lui confirma en 1115, ecclesiam S'1 Nicolai de Barfleur.
Henri II, duc de Normandie et roi d'Angleterre, donna à l'abbaye du Vœu près Cherbourg le patronage de l'église Saint-Nicolas de Barfleur, et Jean Sans-Terre, en 1199, lui confirma cette donation . Il fut jugé, en 1208, aux assises de l'Echiquier, à Falaise, que le patronage de l'église de Barfleur appartenait à l'abbaye de Cherbourg .
Lors de la rédaction du Livre noir, l'abbé de Cherbourg avait la moitié des dîmes et faisait desservir l'église par ses chanoines. L'Hôtel-Dicu de Barfleur avait l'autre moitié et rendait 23 livres tournois au chapitre de Coutances.
L'Hôtel-Dieu de Barfleur existait avant 1223; car, cette même année, Guillaume Follijt, fils de Samson, lui donne, du consentement de Richard Folliot, son frère aîné, tout ce qu'il avait à Sainte-Marie-du-Vicel, et, en 1217, Guillaume Fossard de Fermanville avait déjà donné à cet établissement une rente de trois deniers à prendre sur trois perches de terre .
D'après le Livre blanc, l'église de Barfleur, dans le XIVeme siècle, dépendait du fief du Roi; elle avait pour patrons le chapitre de Coutances et l'abbé de Cherbourg. Le prieur de l'Hôtel-Dieu desservait la paroisse pour le chapitre, et les chanoines de Cherbourg pour l'abbé. Les Augustins y possédaient une chapelle.
Il a existé à Barfleur une maison religieuse appelée l'Ermitage de saint Romphaire par les uns, le couvent des Sachets par d'autres, et même dite abbaye de Barfleur. Ce serait cette maison, quel que soit son nom, que Philippe le Bel aurait relevée de ses ruines, en 1286, et qu'il fit desservir par des religieux de l'ordre de saint Augustin, sur les conseils de Gilles Colonne, archevêque de Bourges, général des Augustins .
Les Augustins de Barfleur, en 1533, obtinrent du comte de Feude, seigneur de Valognes, le bois nécessaire à leur chauffage, à prendre dans le bois de Boutron. En 1613, ce droit fut confirmé, mais pour être exercé dorénavant dans les forêts de Brix et de Barnevast. Les religieux, en 1643, obtinrent une nouvelle confirmation de leur droit
L'abbaye de Cherbourg avait sous sa dépendance un prieuré à Barfleur. Lorsqu'Odon Rigault, archevêque de Rouen, le visita le 6 des calendes de septembre (27 août) de l'an 1260, il n'y trouva qu'un religieux; il ordonna qu'on le rappelât ou qu'on lui en adjoignit un autre : apud Barbefleu moralur solus canonicus; ordinavimus quod revocetur, vel detur ei socius.
FAITS HISTORIQUES
—On a signalé, près du port de Barfleur, les vestiges d'un camp romain ou retranchement destiné à surveiller et à empêcher les descentes des pirates.
Barfleur dépendait du domaine ducal. Richard III, duc de Normandie, épousant la princesse Adèle, fille de Robert, roi de France, affecta, entre autres domaines, à la dot de sa fiancée, et pagum qui dicitur Sarnes (le val de Saire) cum porlu maris (4). Il n'y en a pas d'autre que Barfleur.
Le port de Barfleur était le premier port du pays sous les ducs de Normandie et long-temps avant eux; mais depuis la conquête de l'Angleterre jusqu'à la réunion du duché de Normandie à la couronne de France, il fut le port de prédilection que les princes, rois d'Angleterre et ducs de Normandie, adoptèrent. C'était à Barfleur qu'ils s'embarquaient pour se rendre en Angleterre, et c'était aussi dans ce port qu'à leur retour en France ils venaient débarquer (1).
Au commencement du XIeme siècle, Efhelred, roi d'Angleterre, qui avait épousé la sœur de Richard II, duc de Normandie, voulant se venger de quelques observations ou réprimandes que lui avait adressées le duc Richard, envoya, sous la conduite de son grand sénéchal, une armée considérable pour ravager la Normandie. La flotte vint descendre à Barfleur.
Mais Néel de Saint-Sauveur, vicomte du Cotentin, réunit des troupes pour défendre le pays. Les Anglais exercèrent des ravages; mais les Cotentinois leur livrèrent bataille et les taillèrent en pièces. Les Anglais qui purent échapper montèrent promptement sur leurs vaisseaux et s'enfuirent en Angleterre, où ils rendirent compte au roi de la défaite de son armée.
Henri Ier, à la fin du carême de l'an 1106, vint lui aussi d'Angleterre débarquer à Barfleur avec une armée dans l'intention d'attaquer son frère Robert Courte-lieuse. Il arriva le samedi saint à Carentan, qui lui ouvrit ses portes. Serlon, évèque de Séez, qui était venu à sa rencontre, célébra la fête de Pâques avec lui.
Au mois de novembre de l'an 1120, ce même prince, après avoir détruit ou chassé tous ses ennemis, venait de marier son fils Guillaume à la fille du comte d'Anjou et de conclure avec le roi de France une paix glorieuse. Songeant à retourner en Angleterre, il fit préparer à Barfleur une Hotte considérable fingenti classe in portu qui Barbe fie t dicilur oggregala); le 23 novembre, il partit avec sa famille et sa cour, montant le même bâtiment que la jeune princesse. Ce fut dans cette circonstance qu'eut lieu le naufrage de la BlancheNef, où se trouvaient Guillaume, le fils du Koi, avec Richard et Adèle, son frère et sa sœur, la comtesse de Chester, nièce du Roi, et plusieurs dames de la cour fort distinguées. La Blanche-Nef, à peine sortie du port, vint se briser sur un rocher et coula. De tous les passagers, un seul put se sauver; c'était un boucher de Rouen nommé Berold (1).
Vers la fête de l'Ascension de l'an 1172, Henri II, roi d'Angleterre , qui négociait pour faire lever l'excommunication lancée contre lui après la mort de Thomas Beket, débarqua à Barfleur avec toute sa cour, et envoya aussitôt des clercs près des légats du pape pour entrer avec eux en accommodement.
Richard Conir-de-Lion s'embarqua à Barfleur dans le mois d'août 1190; il se rendait en Angleterre pour s'y faire sacrer. Il y revint descendre, en 1194, avec cent gros vaisseaux et une armée nombreuse pour aller secourir Verneuil, assiégé par Philippe-Auguste .
Ce fut encore dans le port de Barfleur que le roi Jean SansTerre, se voyant dépouillé de la Normandie, prit son dernier passage, de Normandie en Angleterre, au mois de décembre 1203 .
Barfleur était fortifié dès le xn" siècle, et son chaslel est cité dans une charte de Henri II . On le trouve encore cité au nombre des villes et châteaux que le roi Philippe-Auguste avait dans son domaine ou sa puissance; il figure sous le nom de Barbefluvius .
Edouard III, roi d’Angleterre, descendit à la Hougue, en 1345, son armée incendia dans le port de la Hougue onze navires dont huit avaient château devant et château derrière.
Après avoir pillé, brûlé et dévasté les riches paroisses de la Pernelle, Ànneville, Réville, Valcanville et Montfarville, les Anglais arrivèrent à une forte ville qu'on appelle Bar fleur. La flotte anglaise y captura neuf grands navires qui, eux aussi, avaient château (levant et château derrière. L'armée pilla et brûla la ville, quoique, suivant Froissard, ce fût une forte place. Les habitants, se trouvant sans troupes ni moyens de défense, se rendirent pour doute de mort, et malgré lés traités furent embarqués sur la flotte. L'ennemi trouva dans la ville or, argent et joyaux et des draps de prix, ce qui prouve qu'il y régnait un certain luxe. Plus tard, et le 6 octobre 1359, le monarque anglais, par lettres patentes données à Sandwich, confia la garde de Barfleur à Thomas de Holand, pour gouverner cette ville tant que cela serait son bon plaisir.
Barfleur, qui parait avoir été une place forte d'une certaine importance, d'après Froissard, perdit ses fortifications qui, sur un ordre du roi Henri IV au maréchal de Matignon, gouverneur de la Normandie, furent démolies à la fin du xvi° siècle (3). Barfleur n'est plus maintenant qu'un petit port de pèche et de cabotage, qui serait à peine connu, si le phare qui porte son nom ne lui avait donné une certaine célébrité. Encore ce phare, quoique construit sur la pointe de Barfleur, est-il en dehors de son territoire et se trouve-t-il sur la commune de Gatteville. Ce phare, d'un beau et gigantesque travail, atteint 70 mètres d'élévation au-dessus du rocher granitique sur lequel reposent ses fondations. Dans l'intérieur de ce monument, il existe un escalier en spirale, composé de 307 marches; 48 fenêtres étroites l'éclairent. On aperçoit les feux de ce phare à plus de dix lieues en mer. Cet étonnant travail est dû à l'ingénieur M. de la Rue.
Roissy, en 1599, y trouva noble François Sorel, dont la noblesse remontait à 1570. |
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La paroisse de Barfleur relevait de l'intendance de Caen, de l'élection de Valognes et de la sergenterie du Val-de-Saire; elle comptait 130 feux et 010 habitants dans le courant du Xviii* siècle; en 1871, sa population est de 1,253 habitants. Elle était le siège d'une vicomte et d'une amirauté. Les frères Augustins, dans une requête présentée à François 1", en 1533, déclarent que la ville de Barfleur, qui avait autrefois jusqu'à 1,800 habitants, se trouvait réduite à 300, ce qui prouve combien les guerres avaient ruiné cette ville.
Les armes de Barfleur sont de gueules à un bar contourné d'argent la tête surmontée d'une fleur de lys d'or. L'écusson, sur le sceau municipal, est timbré d'une couronne de comte et supporté d'un côté par un coq et de l'autre par un lion ayant tous deux la tête couronnée. Comme on peut le remarquer, ce sont des armes parlantes ; car le bar et la fleur de lys donnent Barfleur. |
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Barfleur, jour de marché en 1907 CPA collection LPM 1900 |
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