ANNEVILLE-EN-SAIRE
  CC 18.01 DU VAL DE SAIRE
   
  FAITS HISTORIQUES
         
   
         
 

HISTOIRE ET ANTIQUITÉS.

NOTES HISTORIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES

LES COMMUNES DE L'ARRONDISSEMENT DE VALOGNES, par M. Renault,

Faits Historiques.

 

—Richard III, duc de Normandie, affecta à la dot de sa fiancée un grand nombre de lieux situés dans le Cotentin, au nombre desquels il y en a quatre qu'il désigne expressément par le nom de pagi : pagum qui dicitur Sarnes cum aquis et portu maris . La première localité est le fertile canton connu sous le nom de Val-de-Saire, emprunté à la rivière qui y coule.

 

En l'année 1050, des pirates, après avoir souvent ravagé l'ile de Guernesey qui, alors, faisait partie de la Normandie, finirent par s'établir dans l'ile. Les habitants ne pouvant les repousser, vinrent demander des secours au duc Guillaume, qui habitait en ce moment le château de Valognes. Guillaume leur envoya des troupes commandées par Sanson d'Anneville, qui chassa les pirates de l'ile dans laquelle depuis ils n'osèrent plus faire invasion.

 

Le duc Guillaume, en 1061, donna à Samson d'Anneville, son écuyer, et à l'abbé du Mont-Saint-Michel la moitié de l'île de Guernesey, par égales portions, à charge par Samson d'Anneville et ses hoirs de faire le service d'écuyer près de sa personne et de ses successeurs, lorsqu'ils viendraient dans l'ile; à charge en outre de dix livres de relief, du serment de foi et hommage, et de tous les autres services dus au duc et au duché de Normandie.

 

Guillaume et Honfroi d'Ansleville accompagnèrent le duc Guillaume à la conquête, et leurs noms, sont inscrits sur les murs de l'église de Dives (3); ils appartenaient à la noble et puissante famille normande qui dut son nom ou qui le donna à la paroisse d'Anneville-en-Saire dont elle avait la seigneurie.

 

Michel d'Anneville suivit Robert Courte-heuse à la croisade et fut fait prisonnier en Palestine.

 

Cette famille figure aussi bien en Angleterre qu'en Normandie .

 

Le registre des fiefs de Philippe-Auguste nous apprend que Jean d'Anneville tenait un fief qui dépendait de l'honneur de Lithaire : Johannes de Ansneviile Icnel feodum unius mililis apud Brolmm (le Breuil) et Ansneviile.

 

Lorsque la flotte anglaise aborda dans les premiers jours de juillet 1346, au port de Saint-Vaast-la-Hougue, les Anglais, sous la conduite de leur roi Edouard III, incendièrent, dans le port de la Hougue, onze navires dont huit avaient château devant et château derrière; ils pillèrent, brûlèrent et dévastèrent plusieurs riches paroisses au nombre desquelles figure Anneville. Côtoyant le val de Saire, sans trouver aucun obstacle, l'armée anglaise arriva devant Cherbourg qu'elle brûla ainsi que les navires qui étaient dans le port. .Mais, dit Froissart, dedans te chaslel ne purent-ils entrer, car ils le trouvèrent trop fort et trop bien garni de gens d'armes

 

Les terre et seigneurie d'Anneville-en-Saire durent passer par mariage ou autrement dans la famille Sauvage de Villers; car on trouve que le -i août 1399, Jean de Villers, chevalier, dit Sauvage, rend aveu au roi de son fief d'Anneville. Cette terre, lors de l'occupation anglaise, dans le xv° siècle, fut confisquée par Henri V, roi d'Angleterre, qui la donna a un anglais nommé Jean Cherwin. Le 2o mars 1423, Henri VI ordonna à ses officiers de faire payer par Jean Cherwin 100 écus d'or que la Sainte Chapelle prenait sur cette terre et autres. Le 21 février 1427, Pierre de la Roque, lieutenant général de Jean de Harpeley, chevalier, bailli du Cotentin, manda aux sergents de faire payer les 100 écus d'or, conformément aux ordres du roi .

 

Geffroy Herbert, évêque de Coutanccs, acheta, en 1198, de Jeanne de France, veuve de l'amiral de Bourbon, le fief d'Anneville. Ce fief donnait droit au patronage de la chapelle de tous les saints, à Anneville; droit de percevoir la veille de la fête saint Léger les deniers des passants sur les ponts de la paroisse assis sur la Saire, ainsi que les droits de coutume de la foire saint Léger. L'évêque, en l'année 1500, donna une grande partie de ce fief à la commune capitulaire de sa cathédrale, à charge de nourrir le maître de musique et six enfants de chœur; de célébrer par an six obits, et de payer aussi par an sept livres six deniers au roi et 48 livres aux religieux de Montebourg.

 

Le Chapitre, en 1510, rendit aveu au roi pour ce fief .

 

D'après un aveu de 1399, Jean de Villers avait, à Anncville en-Saire, la moitié d'une foire le jour saint Léger. Dans la même paroisse, au Tourp, près de la chapelle Saint-Gilles, se tenait, le jour de la fête de ce saint, une foire dont les produits appartenaient à l'abbaye de Lessay (3).

 

Le château d'Anneville fut pillé, brûlé et dévasté par les Anglais, lors des guerres avec la France, pendant le xiv' siècle ; il était situé près de la rivière de Saire; il fut pris, en 1591, par les troupes de Henri IV. Depuis il a complètement disparu.

 

Un arrêt du parlement de Rouen, du 21 juillet 1657, termina une contestation de préséance dans l'église d'Anneville, entre Nicolas de Saint-Germain, sieur du Breuil, qui possédait le fief dominant, situé dans la paroisse d'Anneville, Bon Christophle de la Cour, sieur du Tourps, qui possédait le fief du Tourps, dans la même paroisse, et les sieurs chantres, chanoines et chapitre de l'église cathédrale de Coutances. Le parlement maintint le sieur de Saint-Germain en sa qualité de patron honoraire dans ses droits honorifiques de l'église, au droit de son fief du Breuil, à Anneville, et dit qu'il aurait son banc et séance du coté de l'évangile, et que les sieurs du chapitre auraient le côlé parallèle et vis-à-vis dudit de SaintGermain. Quant au sieur du Tourps, il fut condamné à faire enlever son banc et ses armes .

 

Dans la répartition qui fut faite à la fin du XVIIeme siècle, par le parlement, des aumônes dues par l'abbaye de Lessay, les pauvres de la paroisse d'Anncville-en-Saire obtinrent une rente de 18 boisseaux d'orge, le boisseau devant peser soixante-deux livres; lesquels devaient être portés à jour fixe, par les soins de l'abbaye, au domicile du curé, qui devait cuire le pain de ceux de ses paroissiens se trouvant dans l'impossibilité de le faire eux-mêmes, soit pour cause de maladie, soit pour cause d'extrême pauvreté .

 

Montfaut, en 1463, trouva nobles à Anneville-en-Saire Jean de la Cour et Guillaume d'Anneville; il y imposa Charles Durand.

 

Roissy y inscrivit comme nobles, en 1598, les familles d'Anneville et Mangon. Michel Mangon avait été anobli en 1576.

 

Chamillard, en 1666, y trouva les Vaulticr anoblis en 1497 et les de la Cour, anoblis en 1470.

 

On découvrit, en 1821, à Anneville-en-Saire une petite fonderie d'objets celtiques, et entre autres une cuiller de fer contenant un culot de bronze du poids de deux livres; ce métal avait été mis en fusion et avait pris la forme de la cuiller ; le tout était entouré de cendre et de charbons .

 

La paroisse d'Anneville-en-Saire relevait de l'intendance de Caen, de l'élection de Valognes et de la sergenterie du Val de-Saire. Masseville et Dumoulin lui comptaient, l'un 77 feux imposables et l'autre 97. Expilly, en 1762, lui donne 480 habitants; elle en a 686 en 1871.