CHERBOURG EN COTENTIN
  CU 15.01 COMMUNAUTE URBAINE DE CHERBOURG
   
  L'ABBAYE NOTRE-DAME DU VOEU
         
   
         
 

Fille d'Henri Ier d'Angleterre et petite-fille de Guillaume Ier le Conquérant, l'impératrice Mathilde (1102 - 1167) demande, en 1145, la construction d'une abbatiale vouée à la Vierge près de la fosse du Galet.


Epouse de Geoffroi V Plantagenêt, comte d'Anjou (1111 - 1151), Mathilde avait été désignée héritière du trône d'Angleterre par son père.

L'abbaye fut consacrée en 1181, soit quatorze ans après la mort de Mathilde.


Son fils Henri II Plantagenêt (1133 - 1189), devenu roi d'Angleterre et duc de Normandie, a pris soin de poursuivre l'oeuvre entreprise par sa mère.


Au moment de la consécration de l'abbaye, l'Etat anglo-normand est à l'apogée de sa puissance.

 

Une congrégation de l'ordre de Saint Victor s'y installe.

 

Le domaine connaît la prospérité jusqu'à la fin du XIIe siècle. L'abbaye, qui se trouve hors des fortifications édifiées par Philippe le Bel, est ravagée à plusieurs reprises au cours de la guerre de Cent Ans. Les religieux doivent se réfugier à Cherbourg à maintes reprises.

 

En 1450, Cherbourg est redevenue définitivement française. Les chanoines se réinstallent dans l'abbaye, restaurée grâce à des revenus considérables. Elle est à l'apogée de sa puissance. L'abbé possède le droit de Haute Justice sur les terres de l'abbaye qui s'étendent sur soixante dix sept paroisses, y compris dans les îles anglo-normandes.

 

En 1532, le régime de la "commende" (remplacement du responsable religieux par un gestionnaire) est institué au profit d'un prince de Matignon. C'est le début de la décadence. Les revenus diminuent.

 

Faute d'entretien, l'abbaye tombe peu à peu en ruine.

 

En 1758, le coup de grâce lui est donné : la dernière incursion anglaise décide les autorités à réaliser à Cherbourg un port militaire, qui nécessite l'annexion des terrains de l'abbaye.

 

La vie régulière y est supprimée en 1774. Le gouverneur de Normandie et Commandant en chef de Cherbourg, le duc d'Harcourt, s'installe alors dans l'hôtel portant son nom dont on peut encore admirer la belle façade classique.

 

De 1793 à 1866, les bâtiments seront transformés en hôpital, puis en caserne. Jusqu'au début du XXe siècle, l'abbaye servira de magasin pour la Marine.

 
         
   
 

Le réfectoire de l'abbaye

     
         
   
 

Le bâtiment du réfectoire

     
         
 

Au XIXe siècle, en souvenir de l'abbaye, une nouvelle église prit le nom de Notre-Dame du Voeu. Lors du Débarquement de 1944, l'abbaye du Voeu subira d'importants dégâts.

 

Classée monument historique depuis 1913, elle est en cours de restauration.

 

Elle a fait l'objet de découvertes archéologiques en 1994, en particulier une plate-tombe exceptionnelle.

 

Ruinée par les combats de 1944, l'abbaye fait depuis l'objet de travaux de restauration.

 

La Ville achète l'ensemble du site en 1961.

 

De 1972 à 1985, les travaux de sauvetage sont réalisés.

 

Au cours de la dernière décennie, les bâtiments conventuels ont été consolidés et le logis abbatial (15e siècle) aménagé en conciergerie et salle d'expositions, tandis que des sondages archéologiques dans le cloître et la nef de l'église ont permis d'importantes découvertes.

 

Les bâtiments conventuels : les anciennes cuisines et le cellier (12e siècle), la salle capitulaire (13e siècle).

Les fouilles archéologiques de 1994 ont permis de mettre à jour une plate-tombe des années 1280. 

 

 
 

La Cheminée de l'Abbaye du Voeu

 

La monumentale cheminée Renaissance qui orne aujourd'hui la salle du Conseil de l'Hôtel de Ville provient du logis abbatial de Notre-Dame-du-Vœu.

En 1841, ce logis menaçant de tomber en ruine, la direction de l'arsenal militaire décide de l'abattre.

Fort heureusement, la cheminée est déposée et acquise par la municipalité, consciente de sa valeur.

Après avoir perdu les dernières et précieuses traces de polychromie qui ornaient les sculptures de son manteau et subi quelques regrettables "restaurations", elle est installée à l'intérieur de l'Hôtel de Ville, en 1858.

Les interprétations hasardeuses de son iconographie à la fin du XIXe siècle ont aujourd'hui fait place à des explications mieux documentées et plus raisonnables.

 

La cheminée est classée Monument Historique depuis 1905.

 

 

 
         
 

La légende de Chantereyne

 

Une légende, forgée par Arthur du Moustier (ou Arthus Dumonstier) au XVIIe siècle, dans Neustria pia (1663), et complétée plus tard par Dom Beaumier dans son Recueil des évêchés, archevêchés et abbayes (1726), explique la fondation et le nom de l'Abbaye.

 

Ils racontent que, prise dans une terrible tempête en mer, entre la Normandie et l'Angleterre, Mathilde l'Emperesse, petite-fille de Guillaume le Conquérant, aurait demandé à la Vierge de la sauver, promettant d'ériger une église là où elle débarquerait. Voyant la terre, le pilote aurait dit à la Reine « Chante Reine, voici la terre », laissant ce mot à la croûte du Homet.

 

Selon Robert Lerouvillois, il est plus probable que le vœu évoqué soit celui que Guillaume le Conquérant, tombé gravement malade à Cherbourg, fit de guérir, et en accomplissement duquel, il avait fondé la collégiale du château de Cherbourg en 1063.

 

Sa petite-fille aurait voulu ainsi le renouveler. Quant au nom de Chantereyne, il se réfèrerait au ruisseau éponyme, qui avec celui de la Bucaille traversaient cette zone marécageuse, et dont l'étymologie renverrait à cantu ranarum, « lieu où chante les grenouilles ».