Les Mangon et leurs descendants En 1690, Bernard Mangon, nouvel acquéreur de la propriété, entreprit d'importants travaux pour remettre la demeure au goût du jour. Ainsi, il fit démolir les remparts en conservant uniquement la poterne et reconstruire la partie droite du Château. Il mourut en 1707. Son fils, Jean-Hervé Mangon (1678-1763), lui succéda et conclut de nombreuses transactions immobilières sur le domaine : il acheta "Les Fontaines", "Urville-Hague" et "Dur-Ecu" qu'il revendit par la suite en même temps que "La Baronnie" et "Grosmont". Quelques années avant sa mort, survint un évènement inattendu : le 7 août 1758, alors que la France était engagée dans la Guerre de Sept ans contre la Prusse, la flotte anglaise, sous le commandement de l'Amiral Howe, accosta au Nord de la propriété. Elle canonna les troupes françaises qui l'attendaient, avant qu'un important détachement d'infanterie ne débarquât. Les Anglais se regroupèrent à proximité du Château où ils passèrent la nuit et partirent à pied, le lendemain dès l'aube, dans le but de prendre Cherbourg. Une inscription gravée sur la façade Ouest du Château nous rappelle ces évènements : "Les Aglais on descendu ici le sept d'aoust ano 1758." N'ayant pas d'enfant, Jean-Hervé Mangon légua le fief de Nacqueville à son petit-neveu, Jean-Baptiste Barbout de Querqueville, alors âgé de 10 ans (1763). Jean-Baptiste trouvait le Château mal orienté et fit donc construire une nouvelle résidence, située 1,8 km plus loin et orientée à l'Ouest (cette construction abrite aujourd'hui l'Hôtel de Ville de Querqueville). C'est là qu'il élut domicile, mais il n'abandonna jamais complètement Nacqueville. Peu de temps après, la Révolution éclata et des bandes de révolutionnaires vinrent à plusieurs reprises rançonner le Château. Ils le pillèrent et le saccagèrent, et enlevèrent finalement Jean-Baptiste qui mourut en 1794 devant le Tribunal Révolutionnaire. Jean-Baptiste n'avait pas de descendance et la propriété échut à sa soeur, puis à la fille de celle-ci et enfin en 1822 à sa petite fille, Emilie Erard de Saint-Rémy de Belisle. A cette époque, Emilie était âgée de seulement 17 ans et elle épousa peu de temps après Hyppolite Clérel, Comte de Tocqueville, né en 1797 et frère aîné du politicien et philosophe Alexis de Tocqueville (1805-1859). Hyppolite de Tocqueville était Capitaine de "Dragons", mais il quitta l'armée pour se consacrer à Nacqueville et à la politique. A son tour, il entreprit d'importants travaux sur le domaine : il fit reconstruire la partie centrale du Château et fit redessiner le Parc par un paysagiste anglais. Alexis de Tocqueville résuma ainsi la situation dans une lettre à son ami G. de Beaumont : "J'étais, avant-hier, chez mon frère Hyppolite. Ils ont investi assez d'argent et de bon goût à Nacqueville pour en faire l'un des plus beaux endroits au monde." Hyppolite de Tocqueville mourut sans descendance en 1877, quelques années après son épouse. Le domaine fut alors mis en vente, pour la seconde fois de son existence, par les neveux de Madame de Tocqueville. |