URVILLE-NACQUEVILLE
  CC 14.17 DE LA HAGUE
   
  CHATEAU DE NACQUEVILLE
         
 

Château de Nacqueville, CPA collection LPM 1900

 
     
 

L'histoire du Château de Nacqueville est intimement liée à celle des trois familles qui y ont successivement vécu depuis que sa construction a débuté voilà 480 ans :
- les Grimouville aux 16ème et 17ème siècles ;
- la famille Mangon et ses descendants, les Barbout de Querqueville et les Tocqueville, aux 18ème et 19ème siècles ;
- et enfin les Hersent depuis 1880.

 

Les Grimouville

 

Les Grimouville, ancienne famille normande, construisirent le Château et le conservèrent à travers six générations, pendant 180 années.


En 1501, Jean V de Grimouville épousa Anne Bazan, dont la dot incluait le domaine, et entama la construction d'un solide bâtiment fortifié qui allait devenir le Château de Nacqueville.


Son fils, Jean VI, épousa sa voisine, Renée de Saint-Gilles, en 1525. Elle possédait le Manoir des Marests, mais le couple choisit de s'installer à Nacqueville.


Leur fils, Pierre, épousa Guillemette d'Argouges en 1560. Il agrandit le Château et fit sculpter ses armes, ainsi que celles de la famille d'Argouges, au-dessus du pont-levis de la porte d'entrée.
En 1603, Jacques de Grimouville, quatrième génération à posséder les lieux, épousa Charlotte de Moy, apparentée à la Maison Royale de France.

 

Les deux générations suivantes furent incarnées par Louis Ier de Grimouville et son fils, Louis II. Ils furent nommés Seigneurs de Nacqueville et Marquis de Mailleraye. Tous deux choisirent de poursuivre une carrière militaire et abandonnèrent leur Cotentin natal.


Le premier devint Maréchal de Camp dans l'Armée du Roi et mourut en 1668 ; le second fut Gouverneur du Château de Watteville, forteresse du Nord de la France. Plus tard, il devint Brigadier de l'Armée Royale et mourut sans descendance en 1685 des suites de ses blessures de guerre. Ses neveux et héritiers légitimes vendirent la propriété de Nacqueville pour payer les dettes de leur oncle.

 

 
 

Château de Nacqueville, CPA collection LPM 1900

 
     
 

Les Mangon et leurs descendants

 

En 1690, Bernard Mangon, nouvel acquéreur de la propriété, entreprit d'importants travaux pour remettre la demeure au goût du jour. Ainsi, il fit démolir les remparts en conservant uniquement la poterne et reconstruire la partie droite du Château. Il mourut en 1707.


Son fils, Jean-Hervé Mangon (1678-1763), lui succéda et conclut de nombreuses transactions immobilières sur le domaine : il acheta "Les Fontaines", "Urville-Hague" et "Dur-Ecu" qu'il revendit par la suite en même temps que "La Baronnie" et "Grosmont".


Quelques années avant sa mort, survint un évènement inattendu : le 7 août 1758, alors que la France était engagée dans la Guerre de Sept ans contre la Prusse, la flotte anglaise, sous le commandement de l'Amiral Howe, accosta au Nord de la propriété. Elle canonna les troupes françaises qui l'attendaient, avant qu'un important détachement d'infanterie ne débarquât. Les Anglais se regroupèrent à proximité du Château où ils passèrent la nuit et partirent à pied, le lendemain dès l'aube, dans le but de prendre Cherbourg. Une inscription gravée sur la façade Ouest du Château nous rappelle ces évènements : "Les Aglais on descendu ici le sept d'aoust ano 1758."

N'ayant pas d'enfant, Jean-Hervé Mangon légua le fief de Nacqueville à son petit-neveu, Jean-Baptiste Barbout de Querqueville, alors âgé de 10 ans (1763).


Jean-Baptiste trouvait le Château mal orienté et fit donc construire une nouvelle résidence, située 1,8 km plus loin et orientée à l'Ouest (cette construction abrite aujourd'hui l'Hôtel de Ville de Querqueville). C'est là qu'il élut domicile, mais il n'abandonna jamais complètement Nacqueville.


Peu de temps après, la Révolution éclata et des bandes de révolutionnaires vinrent à plusieurs reprises rançonner le Château. Ils le pillèrent et le saccagèrent, et enlevèrent finalement Jean-Baptiste qui mourut en 1794 devant le Tribunal Révolutionnaire.

Jean-Baptiste n'avait pas de descendance et la propriété échut à sa soeur, puis à la fille de celle-ci et enfin en 1822 à sa petite fille, Emilie Erard de Saint-Rémy de Belisle.


A cette époque, Emilie était âgée de seulement 17 ans et elle épousa peu de temps après Hyppolite Clérel, Comte de Tocqueville, né en 1797 et frère aîné du politicien et philosophe Alexis de Tocqueville (1805-1859).
Hyppolite de Tocqueville était Capitaine de "Dragons", mais il quitta l'armée pour se consacrer à Nacqueville et à la politique. A son tour, il entreprit d'importants travaux sur le domaine : il fit reconstruire la partie centrale du Château et fit redessiner le Parc par un paysagiste anglais.


Alexis de Tocqueville résuma ainsi la situation dans une lettre à son ami G. de Beaumont : "J'étais, avant-hier, chez mon frère Hyppolite. Ils ont investi assez d'argent et de bon goût à Nacqueville pour en faire l'un des plus beaux endroits au monde."


Hyppolite de Tocqueville mourut sans descendance en 1877, quelques années après son épouse. Le domaine fut alors mis en vente, pour la seconde fois de son existence, par les neveux de Madame de Tocqueville.

 
     
 
 
 

Château de Nacqueville, CPA collection LPM 1900

 
     
 

Les Hersent

 

La propriété fut rachetée en 1880 par Hildevert Hersent (1827-1903), brillant ingénieur et fondateur d'une entreprise de travaux publics spécialisée dans la construction de ports et de ponts. Il était également Président de la Société des Ingénieurs de France, mais Hildevert Hersent revenait à Nacqueville chaque fois que ses activités le lui permettaient.


Il modernisa et rénova l'intérieur du Château, améliora les circuits d'eau du Parc et fit construire, avec ses propres fonds, une Eglise à Nacqueville-le-Haut, ainsi qu'un orphelinat. Il mourut en 1903, mais son épouse lui survécut pendant encore seize ans.


L'un de ses fils, Jean Hersent (1869-1946), hérita du Domaine. Celui-ci succéda également à son père à la tête de l'entreprise familiale.

Durant la Guerre de 1939-1945, le Château et le Parc furent occupés par l'armée allemande, puis par un état-major américain.


Lorsque Marcel Hersent (1895-1971), second fils de Jean Hersent, récupéra la propriété en 1946, elle se trouvait dans un état désastreux. Certaines parties du toit manquaient, l'intérieur était en ruines, le Parc à l'abandon et les bois avaient été sérieusement endommagés.


Au cours des dix années qui suivirent, Marcel Hersent s'attacha à faire disparaître toute trace de la guerre. Il restaura complètement le Château, remis le Parc et les bois en état et rénova les fermes.


Fier de son travail, il ouvrit le Parc et le Château au public en 1962.

En 1971, sa fille Jacqueline, épouse de François Azan depuis 1946, hérita de la propriété. Le ménage Azan, avec ses cinq enfants, s'est alors appliqué à maintenir les lieux en parfait état et à en préserver l'harmonie et le charme, résultats des efforts cumulés de dix-sept générations qui, pendant cinq siècles, ont veillé sur le domaine de Nacqueville.


En septembre 2000, Florence, fille de Jacqueline et François Azan, a quitté l'Australie avec son époux, Thierry d'Harcourt, et leurs trois enfants pour reprendre la propriété dont ils s'occupent désormais en permanence.

 
     
 
 
 

Château de Nacqueville, CPA collection LPM 1900