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Texte issu du site de la mairie © 2012 Mairie de Omonville-la-Rogue Sur une colline nommée Led-heu ou Lait-heu (carte IGN) et située au sud du port d’Omonville-la-Rogue (50), se trouvent des parcelles en friches où l’on peut distinguer des excavations ne semblant pas avoir une origine naturelle. Une tradition locale y évoque la présence des vestiges d’une fortification ancienne, d’une installation de communication et d’un lieu d’isolement sanitaire. La végétation ayant rendu le secteur concerné quasiment impénétrable, il est aujourd’hui très difficile de parvenir à déceler ces vestiges sur le terrain.
Le fort
C’est dans le journal de Gilles de Gouberville (1521-1578) que l’on trouve la référence la plus ancienne à un fort pour la fosse d’Omonville. Cependant les dimensions et la localisation exactes n’y sont pas précisées. De la même manière un grand nombre de documents mentionnent le fort de la fosse d’Omonville sans apporter ces précisions.
Parmi ces documents, une correspondance de Colbert du Terron à Colbert (1664) nous apprend qu’un fort aurait été construit en 1520 à la fosse d’Omonville
Aux environs de 1700, deux plans de la fosse d’Omonville sont dessinés par un (ou plusieurs?) auteur(s) non connu(s). Ce sont les premiers documents à localiser précisément un fort sur la colline de Led-heu :
De plus, comme pour le plan de 1695, le tracé du rempart se prolonge vers le nord-est en une sorte de passage protégé par 2 talus vers le nouveau fort, mais, cette fois, sans l’atteindre.
En plaçant le tracé des deux plans précédents sur la photographie aérienne de 2002, on constate que le rempart orienté au sud s’accorde avec la limite actuelle de la friche.
Au XVIIIe siecle, Jean Magin (1670-1741) établit une carte intitulée « Plan d’Omonville ». Une construction est représentée sur la pointe dite « du fort » accompagnée de l’annotation « fort ». Sur la colline de Led-heu, il est fait mention d’un « fort desmoly » dont le tracé est assez précis et correspond à peu près à celui des plans de 1695 et 1702. Le tracé du rempart descend vers le nord-est, jusqu’à un affleurement rocheux dominant le fort de la pointe. La partie est du rempart est représentée comme encore existante.
Au début du XVIIIe siècle, dans un rapport rédigé pour la société académique de Cherbourg, l’abbé Demons (d’après de Chantereyne, 1772) note la présence des vestiges d’un fort sur « une hauteur nommée « Led-heux » ou « Led-hu » ». Il s’agit ici de la première mention écrite d’un toponyme proche de « Led-heu ». Selon l’auteur, les anglais abandonnèrent la construction pour fuir lorsque Cherbourg fut prise en 1450. Le fort aurait été, ensuite, utilisé par les français avant d’être abandonné.
Au document de l’abbé Demons, est joint un plan du fort qui ne correspond pas au tracé des plans précités, et ce, bien que certains éléments localisent le fort au même emplacement : mention du mât de signaux, de fontaines et d’un sentier.
En 1833, Charles de Gerville présente à la société académique de Cherbourg, un rapport sur les « redoutes circulaires d’Omonville » qu’il attribue aux « pirates du Nord ». A Led heu, la fortification leur aurait permis, selon lui, de se protéger et de permettre une communication par signaux.
L’année suivante, en 1834, dans un chapitre de l’annuaire du département de la Manche relatif à Omonville-la-Rogue, est noté qu’ « (…) Il y existe des restes assez curieux de fortifications anciennes (…) où à toujours été la place des signaux (…) ». Ces vestiges y sont attribués aux français et estimés à la fin du XVe siècle.
Bien que d’origine et d’usage incertains, il est donc avéré qu’une construction a bien été érigée sur la colline de Led-heu, et que celle-ci, abandonnée au début du XVIIIe siècle, s’est trouvée recouverte par la végétation.
Cet ouvrage semble avoir eu une vocation militaire, plus particulièrement défensive et vraisemblablement orientée contre un assaut venu du sud. Si la majorité des documents relatifs au fort estiment sa construction entre le XVe et le XVIe siècle, aucune date ne peut être avancée avec certitude. De plus, la position culminante du site a pu conférer au secteur une fonction militaire bien antérieure à 1400.
L’étude de certains plans de la fosse d’Omonville tendrait à démontrer que le fort de la pointe et celui de Led-heu ont été anciennement reliés par une sorte de passage fortifié. Dans ce cas, seul le fort de la pointe aurait été entretenu et remanié pour devenir celui que nous connaissons actuellement.
Le lieu d’isolement sanitaire (maladrerie)
Quelques auteurs, dont l’abbé Demons, abordent le sujet en faisant référence aux traces de petites structures se trouvant dans l’enceinte ou aux abords immédiats du fort et qui auraient servit de lieu d’isolement pour des pestiférés au début du XVIIe siècle. Ces mêmes auteurs confortent cette hypothèse en notant la présence d’une source située à proximité et portant le nom de « Fontaine de la maladrerie ».
L’établissement d’une maladrerie au début du XVIIe siècle pourrait être lié à une épidémie de peste qui affecta la région de Cherbourg en 1626 (Hugues Plaideux, 1989). A moins qu’il ne s’agisse d’un isolement de quarantaine lié au mouillage d’Omonville, comme il en fut installé à Tatihou ? (Edmond Thin, 1992).
L’installation de communication
La majorité des documents relatifs au fort fait allusion à un usage de communication pour le site de Led-heu. Le moyen de communication utilisé va du simple « pavillon » au « mât de signaux », en passant par le « phare ». D’après les différents comptes rendus de visites des côtes des XVIIIe et XIXe siècles, ce lieu devait communiquer avec le fort de Querqueville, à l’est, et Jobourg (église ?) à l’ouest.
Le « plan de plusieurs parties de landage sur la paroisse d’Omouville- la-Roque » (1764) mentionne une construction, dont il reste aujourd’hui les ruines, avec l’annotation « baraque pour le garde pavillon ».
L’usage des terrains entre le XVIe et le XXIe siècle
Au regard de tous les documents cartographiques et photographiques consultés dans le cadre de cette recherche, on constate que l’usage agricole appliqué sur les parcelles concernées par les vestiges du fort a certainement dû se résumer à un pâturage extensif (terrains de parcours). Les parcelles concernées par le fort ont donc, très certainement, été préservées du labour qui aurait pu porter atteinte aux vestiges archéologiques du site. | ||||||||||||