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| Le sémaphore de Jobourg CPA collection LPM 1900 | |||||||||
Article issu du Site de la mairie de JOBOURG Les guetteurs.
Un chef guetteur et un guetteur sont affectés à la station. Ces hommes auront leur famille auprès d'eux afin qu'aucun motif ne puisse les éloigner de leur poste. Comme on peut le voir sur la carte postale précédente, il semble que la femme d'un des guetteurs pose en compagnie de deux de ses enfants.
Les guetteurs portent un uniforme : veste, pantalon et gilet en drap bleu, casquette en drap, ancre brodée de chaque côté du col de la veste et sur la casquette. Les boutons en cuivre portent une ancre couronnée des mots service électrosémaphorique. D'autre part, j'ai retrouvé les noms de deux guetteurs sémaphoriques originaires de Jobourg. Jean François Amédée Sicard, né le 21 octobre 1859, est nommé guetteur en 1892. Charles Pierre Mauger, né le 27 février 1865, le devient en 1889.
La gravure ci-dessous montre deux guetteurs au travail. L'un des guetteurs observe à la longue-vue les signaux envoyés d'un navire. Le second, debout sur la plate-forme tournante du sémaphore, agit sur les volets de commande des ailes et du disque supérieur.
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Voici le récit du sauvetage
“Samedi 13 janvier, dans la matinée, j'aperçus le pavillon noir, signal de détresse, suspendu en berne au sémaphore du nez de Jobourg. Ayant regardé vers la mer, je vis le canot de sauvetage du port de Goury, qui avançait assez péniblement malgré toutes ses voiles dehors et ses avirons bordés, ayant à lutter contre un vent contraire soufflant en tempête. Aucun doute n'était plus possible ; un navire se trouvait en perdition dans les parages. Ayant mis mon cheval au galop, je me rendis en quelques minutes au sémaphore où les guetteurs me dirent qu'ayant fouillé l'horizon avec leur longue vue à la première éclaircie qui s'était produite, ils avaient découvert un cotre battant pavillon français, complètement désemparé, dont l'équipage faisait des signaux de détresse. Ils s'empressent alors de lancer un télégramme au poste de la Hague pour prévenir le patron du canot de sauvetage qui réunit son équipage et prit la mer aussitôt. Avec une jumelle marine, je voyais ce petit bâtiment, situé à environ quatre milles au sud-ouest du Nez de Jobourg qui allait bientôt être la proie des éléments en fureur ; sa mâture était brisée et sa voile toute déchiquetée plongeait dans la mer par bâbord ; d'énormes lames balayaient sans cesse son arrière et quatre hommes se tenaient blottis à l'avant. La situation de ces malheureux était des plus critiques, et c'est avec une vive satisfaction que nous voyions le bâteau sauveteur se rapprocher de plus en plus de ces naufragés. Je voyais aussi, comme si j'étais auprès d'eux, les douze hommes de “La Germonière”, à leur poste d'honneur et de dévouement ; le patron Lavenu, tenant la corde du gouvernail, deux autres aux écoutes et le reste aux avirons. J'admirais ces douze braves, silencieux et superbes de sang-froid, de liège tout habillés et amarrés dans leur embarcation plutôt frêle, qui tantôt se hissait sur la crête des vagues gigantesques, tantôt semblait disparaître pour toujours dans un tourbillon d'écume. Spectacle inoubliable, grandiose et tragique ! Honneur à vous, héroïques marins d'Auderville ! En accomplissant ce nouveau sauvetage vous avez encore une fois de plus bien mérité de l'humanité.
A.LECARPENTIER.” | ||||||||||