BEAUMONT-HAGUE
  CC 14.03 DE LA HAGUE
   
  FOUR A CHAUD DE LA FOSSE YVON
 
 
 
 
     
 
Texte issu de

Archéologie, Histoire et Anthropologie de la presqu’île de la Hague

 

Le four à chaux de la Fosse Yvon

à Beaumont-Hague

Gérard Vilgrain-Bazin

 

La fouille du tumulus de l’âge du bronze ancien la Fosse Yvon, a permis de mettre au jour les restes d’un four à chaux construit au centre du tertre. Le lieu-dit « Le Fourneau » sur les cartes actuelles, les enquêtes orales et les sondages effectués en 1986 et 1987, étaient autant d’indices mettant en évidence l’existence de cet ouvrage. La nécessité d’amender les sols est très ancienne. La calcination de la pierre à chaux dans le Nord-Cotentin est attestée au XVIe siècle. Gilles de Gouberville signale un fournel à chaux (mars 1552 et février 1554). Mais c’est seulement en 1556 qu’il demande à Simon Agnès de Négreville de lui en construire un. La première cuisson en coûtait 14 sols. La nique des fours à chaux a évolué au cours des siècles pour connaître vraisemblablement son plein essor au cours du XIXe siècle. L’abandon de l’utilisation de ces fours ne semble pas avoir dépassé le tout début du XXe siècle.

 

Quel que soit le type de four, la partie principale où avait lieu la calcination est le vide qui est revêtu d’une chemise, parement intérieur constitué de moellons liés à l’argile ou de briques réfractaires. Les principaux profils sont cylindriques, ellipsoïdes, ovoïdes ou bitronconiques. La hauteur peut varier de quelques mètres à 10 mètres et plus. L’orifice de la partie supérieure par lequel était effectué le chargement s’appelle le gueulard dans les cas des ouvertures de grand diamètre ou l’œil du four dans le cas des ouvertures de diamètre réduit. La gueule, ouverture rectangulaire située à la base du vide réduit permettait l’accès au foyer et le déchargement du contenu du four une fois la calcination effectuée.

 

Les quatre moyens de conduire la calcination sont les suivants :

- les fours à calcination périodique à grande flamme ;

- les fours à calcination périodique à petite flamme ou par superposition ;

- les fours à calcination continue à petite flamme ;

- les fours à calcination continue à grande flamme.

 

Les combustibles employés pouvaient être le bois (essences diverses) avec, toutefois, une prédilection pour la bruyère et pour l’ajonc, le charbon de bois, la tourbe et le charbon. Il fut construit au XIXe siècle dans un tumulus situé sur la commune de Beaumont-Hague. Voisin et Coutil donnent même la date du 24 avril 1851 pour sa construction. Lors de la fouille, on a pu estimer que la partie existante représentait environ 50 % de l’ouvrage initial. En effet, la chemise avait disparu en totalité, les montants et les linteaux des gueules du foyer également. Seules les pierres de seuils subsistaient à ce niveau. Les murets à profil arrondi protégeant les gueules avaient été écrêtés. La sole était effondrée et comblait en totalité la chambre sous-jacente d’arrivée d’air destiné à activer la combustion.


Les pierres utilisées pour la construction provenaient non loin de là et en particulier d’une carrière située au Mont des Trépieds. Il s’agit de conglomérat de base du cambrien. Des blocs de calcaire utilisés pour la fabrication de la chaux avaient été retrouvés dans les remblais. Certains étaient crus, d’autres étaient affectés par la cuisson sans, néanmoins, être pulvérulents. L’étude pétrographique des échantillons recueillis donne pour origine des gisements du dévonien. Ils étaient exploités plus au sud, à Beaubigny et à Surtainville, à environ 26 kilomètres à vol d’oiseau. En conclusion, ce four à chaux, ainsi que celui des Delles, érigé en 1926 d’après un courrier du curé de Vauville à M. de Gerville et, situé sur la commune proche de BranvilleHague, sont les seuls témoins, dans La Hague, d’une activité disparue depuis plus d’un siècle.

 

Plan du four à chaux. Dessin G. Vilgrain-Bazin