BEAUMONT-HAGUE
  CC 14.03 DE LA HAGUE
   
  HISTOIRE
 

 

 
 

Blasonnement 

 

Un édit de Louis XIV (novembre 1696) oblige les villes à présenter leur blason au juge d’armes d’Hozier et à payer un droit d’enregistrement.

 

Le Blason de Beaumont-Hague est d’azur, au chevron d’argent, chargé de trois merlettes de sable et accompagné de trois trèfles d’or. Ce sont les armoiries des Jallot, seigneurs de Beaumont.

 

Beaumont fut le fief d’une importante seigneurie. Roger de Beaumont fut un compagnon de Guillaume le Conquérant à la conquête de l’Angleterre.

 

 

 

 
 

Thomas de Beaumont accompagna Saint-Louis à la croisade de 1248.

 

Jean de Beaumont fut général des armées de Louis X le Hustin. A sa mort, sa sœur Thomasse hérita de tous ses biens et épousa en 1332 Raoul d’Argouges qui fit construire le manoir de la Madeleine où il existe une belle cheminée en pierres sculptées aux armes des Argouges et des Jallot.

 

Les sculptures furent détériorées au temps de la révolution.

 

La famille Jallot anoblie en 1478 aurait acquis le fief de Beaumont au XVIème siècle et fait restaurer le manoir de la Madeleine.

 

Le premier seigneur de Bellemonte, fils de Honfroi de Vaux, serait le descendant du Danois Turuffe ou « Torf », dont proviendrait le nom de la ferme du Tourp .

 

On trouve parmi les compagnons d'armes de Guillaume le Conquérant, Roger de Beaumont, récompensé par de larges domaines en Angleterre où il s'allie avec la famille de Warwick, mais ce seigneur, Roger "barbatus", était positionné dans l'actuel département de l'Eure, à Pont-Audemer et à Beaumont-le-Roger, il appartient à une autre famille. Deux siècles plus tard, un Thomas de Beaumont participe aux croisades aux côtés de Louis IX en 1248. Jean de Beaumont, chambellan du même roi, lui aurait présenté Thomas Hélye. Un autre Jean de Beaumont est général des armées de Louis X entre 1314 et 1316. À la mort de celui-ci, sa sœur Thomasse hérite de ses terres. Elle épouse en 1332 Raoul IV d'Argouges, fils de Raoul III d'Argouges et Jeanne de Semilly, qui fait construire le manoir de la Madeleine

 

Jeanne de France donne en 1505 cette terre à Pierre Jallot, issue d'une famille originaire du Val de Saire, anoblie en 1478. Son fils aîné, Jean, hérite des terres de la Hague et fait bâtir le château de Beaumont, en 1597, tandis que le fils cadet, François, reçoit le manoir de la Madeleine.

 

1790…Sous la Révolution, on crée les communes, les cantons les départements.

 

Beaumont devient chef lieu d’un petit canton situé dans la partie Nord ouest de la Hague.

 

1800… Bonaparte prend le pouvoir et réorganise la France. Il regroupe les cantons. Beaumont devient le chef lieu d’un grand canton, s’étendant d’urville à Vasteville de Tonneville à Auderville.

 
     
 

La mairie en 1900 Collection CPA LPM 1900

 
     
 

La mairie en 2010

 
     
   
  BEAUMONT-HAGUE
  CC 14.03 DE LA HAGUE
   
  CHATEAU DE BEAUMONT-HAGUE
 

 

 
 

Collection CPA LPM 1900

 
     
 

Demeure datée de 1597, en partie détruite en 1944 - restaurée depuis.

 

Elevé en 1597, modifié au XVIIIe siècle, partiellement détruit en 1944, puis reconstruit, le château de Beaumont s’élève, à la jonction d’une dénivellation.

 

Les communs ont la saveur des constructions traditionnelles de la Hague.On notera deux lucarnes, dont l’une Louis XIII et les arcades de la chartrerie. A l’intérieur, une double arcade, repose sur une colonne centrale.

 

En 1944 plusieurs bombes ont détruit les murs contigus à l’escalier central du corps principal. Mais une soigneuse restauration empêche de se rendre compte des dégâts.

 

Le corps central de la façade principale comprend un bâtiment assez long et assez élevé. La porte d’entrée est relativement petite, son fronton triangulaire contient un blason bûché.

 

L’escalier intérieur en marches de granit quartzite, comprend deux volées séparées par un mur d’échiffre (mur qui dans l’escalier supporte les abbouts des marches). De grandes fenêtres à petits bois, surmontées de linteaux droits, rythment cette façade de part et d’autre de la cage d’escalier. En plus de ces grandes baies, une série de refends à l’angle du bâtiment, témoigne des modifications intervenues au XVIIIe siècle.

 

A l’extrême gauche, un petit pavillon sur plan carré (XVIIe siècle), s’élève de guingois, éclairé par des fenêtres à linteau en arc surbaissé du XVIIIe siècle.

 

Le toit s’orne d’un petit clocheton. Il faut savoir qu’en 1702, le château avait un chapelain qui lisait la messe deux fois par semaine, en plus des dimanches et fêtes (Chartrier de Quinéville, liasse 16).

 

A l’extrême droite, le corps central est relié aux communs par un « rez-de-chaussée » surélevé, éclairé par deux grandes fenêtres et surmonté d’une lucarne en pierre.

 

La dénivellation qui existe entre les deux façades permet d’accéder directement au jardin de la façade arrière par une porte située sur le palier intermédiaire. Cette disposition est caractéristique des constructions Henri IV – Louis XIII du Cotentin.

 

Sur la façade arrière on peut remarquer à l’extrême gauche, une tour à toiture conique et un petit pavillon carré du XVIIIe siècle, à droite du corps central.

 

Le corps central est relié à l’orangerie par un élément de rhabillage d’un blockhaus de l’Occupation. Cette orangerie est composée de grandes arcades en plein cintre et couverte d’un toit de tuiles à formes arrondies, curieusement disposées par quatre autour d’un point central.

 

Il est resté la propriété de leurs descendants.

 
     
 

Collection CPA LPM 1900

 
     
   
  BEAUMONT-HAGUE
  CC 14.03 DE LA HAGUE
   
  EGLISE NOTRE-DAME
 

 

 
 

L'église Notre-Dame de Beaumont est donnée par Henri II d'Angleterre à l'abbaye du Vœu de Cherbourg, en 1176, puis rebâtie au XVe siècle.Collection CPA LPM 1900

 
     
 

L’église de Beaumont fut reconstruite au XVème siècle.

 

Elle possède une particularité pour la région : un clocher coiffé d’un dôme octogonal en pierre, datant de 1757, qui fut foudroyé en 1929. En 1944, un char explosa devant l’église et détruisit son chœur. Elle fut entièrement rénovée en 2000.

 

Église paroissiale : nef et chœur du XVe siècle,agrandis au XVIIIe siècle (allongement de la nef, clocher-porche). Gisant d'un seigneur de Beaumont

 

 
     
 
 

Collection CPA LPM 1900

 
 
 
 

© Gérard LEPOINT 2010

 
     
   
  BEAUMONT-HAGUE
  CC 14.03 DE LA HAGUE
   
  FOUR A CHAUD DE LA FOSSE YVON
 
 
 
 
     
 
Texte issu de

Archéologie, Histoire et Anthropologie de la presqu’île de la Hague

 

Le four à chaux de la Fosse Yvon

à Beaumont-Hague

Gérard Vilgrain-Bazin

 

La fouille du tumulus de l’âge du bronze ancien la Fosse Yvon, a permis de mettre au jour les restes d’un four à chaux construit au centre du tertre. Le lieu-dit « Le Fourneau » sur les cartes actuelles, les enquêtes orales et les sondages effectués en 1986 et 1987, étaient autant d’indices mettant en évidence l’existence de cet ouvrage. La nécessité d’amender les sols est très ancienne. La calcination de la pierre à chaux dans le Nord-Cotentin est attestée au XVIe siècle. Gilles de Gouberville signale un fournel à chaux (mars 1552 et février 1554). Mais c’est seulement en 1556 qu’il demande à Simon Agnès de Négreville de lui en construire un. La première cuisson en coûtait 14 sols. La nique des fours à chaux a évolué au cours des siècles pour connaître vraisemblablement son plein essor au cours du XIXe siècle. L’abandon de l’utilisation de ces fours ne semble pas avoir dépassé le tout début du XXe siècle.

 

Quel que soit le type de four, la partie principale où avait lieu la calcination est le vide qui est revêtu d’une chemise, parement intérieur constitué de moellons liés à l’argile ou de briques réfractaires. Les principaux profils sont cylindriques, ellipsoïdes, ovoïdes ou bitronconiques. La hauteur peut varier de quelques mètres à 10 mètres et plus. L’orifice de la partie supérieure par lequel était effectué le chargement s’appelle le gueulard dans les cas des ouvertures de grand diamètre ou l’œil du four dans le cas des ouvertures de diamètre réduit. La gueule, ouverture rectangulaire située à la base du vide réduit permettait l’accès au foyer et le déchargement du contenu du four une fois la calcination effectuée.

 

Les quatre moyens de conduire la calcination sont les suivants :

- les fours à calcination périodique à grande flamme ;

- les fours à calcination périodique à petite flamme ou par superposition ;

- les fours à calcination continue à petite flamme ;

- les fours à calcination continue à grande flamme.

 

Les combustibles employés pouvaient être le bois (essences diverses) avec, toutefois, une prédilection pour la bruyère et pour l’ajonc, le charbon de bois, la tourbe et le charbon. Il fut construit au XIXe siècle dans un tumulus situé sur la commune de Beaumont-Hague. Voisin et Coutil donnent même la date du 24 avril 1851 pour sa construction. Lors de la fouille, on a pu estimer que la partie existante représentait environ 50 % de l’ouvrage initial. En effet, la chemise avait disparu en totalité, les montants et les linteaux des gueules du foyer également. Seules les pierres de seuils subsistaient à ce niveau. Les murets à profil arrondi protégeant les gueules avaient été écrêtés. La sole était effondrée et comblait en totalité la chambre sous-jacente d’arrivée d’air destiné à activer la combustion.


Les pierres utilisées pour la construction provenaient non loin de là et en particulier d’une carrière située au Mont des Trépieds. Il s’agit de conglomérat de base du cambrien. Des blocs de calcaire utilisés pour la fabrication de la chaux avaient été retrouvés dans les remblais. Certains étaient crus, d’autres étaient affectés par la cuisson sans, néanmoins, être pulvérulents. L’étude pétrographique des échantillons recueillis donne pour origine des gisements du dévonien. Ils étaient exploités plus au sud, à Beaubigny et à Surtainville, à environ 26 kilomètres à vol d’oiseau. En conclusion, ce four à chaux, ainsi que celui des Delles, érigé en 1926 d’après un courrier du curé de Vauville à M. de Gerville et, situé sur la commune proche de BranvilleHague, sont les seuls témoins, dans La Hague, d’une activité disparue depuis plus d’un siècle.

 

Plan du four à chaux. Dessin G. Vilgrain-Bazin

 
     
   
  BEAUMONT-HAGUE
  CC 14.03 DE LA HAGUE
   
  UN INTERIEUR D'ARTISAN
 

 

 
 
 
 

Maisons Beaumontoises CPA collection LPM 1900

 

 
 

Beaumont-Hague

Genèse d’un chef-lieu de canton (1790-1840)

Hugues Plaideux

 

Un intérieur d’artisans.

 

La maison de base beaumontaise comporte une pièce au rez de chaussée, avec a la suite un petit cabinet. Un couloir permet de desservir la cour a l’arrière et le jardin a la suite.

 

A l’étage, une ou deux chambres selon ce qu’on veut en faire et la place dont on dispose. Au-dessus un grenier.

 

Dans la cour, on peut construire tous les bâtiments que l’on veut. La maison de Pierre Alexis Bezuel et de Bonne Catherine Damaye est caractéristique de ce Beaumont de la 1ere moitié du XIXe siècle. Ils se sont mariés en 1827. Les parents Damaye, qui avaient deux autres fils auxquels, a l’époque, ils avaient attribué la maison familiale, ne voulaient pas léser leur fille.

 

C’est pourquoi, ils lui constituent une dot assez importante de 1000fr. C’est avec tout ce trousseau qu’on va commencer a meubler la maison. Au rez-de-chaussée, un grand couloir et la pièce qui sert d’atelier a Pierre Alexis Bezuel, bourrelier de son métier.

 

A l’étage deux grandes pièces. L’une sert de pièce principale (= cuisine + chambre). Une cheminée pour chauffer et cuisiner.  Lampe de fer blanc et chandeliers pour s’éclairer. Tables, tabourets et chaises pour prendre les repas ou recevoir des clients. Tasses a café, cafetière, assiettes, cuillères en étain et fourchettes en fer sont rangés dans le vaisselier reposant sur un bas de buffet .Non loin de la cheminée, une alcôve ou se trouve le lit des parents. Aux murs, quelques cadres et un miroir. Une horloge égrene le temps qui passe.

 

Dans un cabinet attenant et servant « d’arrière cuisine » sont rangés casseroles, marmites, cruches, soupières, saladiers, théière, moulin a café et encore verres, couverts (étain et fer), assiettes et un service complet de tasses a café.

 

L’autre pièce est une chambre avec un lit et une grande armoire, une table et des chaises. C’est dans cette chambre que dort leur enfant (3 ans) dans un petit lit, mais un autre lit, avec son ciel de lit, ses rideaux et sa bonne grâce permet de loger des gens de la famille. Des cadres, un miroir, une figurine en plâtre finissent la décoration.

 

C’est aussi dans cette chambre que sont rangés les beaux vêtements de la famille. Les beaux habits de la femme (habits complets- il en reste 6, en 1845, sur les 14 apportés lors du mariage- pelisses, chemises, tabliers, coiffes, mouchoirs, bas, souliers) et de l’homme (habits complets, chapeaux, bottes), tout le linge de maison (draps, serviettes, nappes, torchons).

 

C’est enfin dans cette pièce que se trouvent les objets précieux (Une jeannette et une épingle en or et une croix reliquaire en argent). C’est la aussi qu’on a rangé les cadeaux qui ont été faits au petit Edouard Alexandre (5 pièces d’or de 20fr, une montre en argent-numérotée- et un petit couteau).

 

Dans le grenier, du bois, des glus (ce qui signifie que certains bâtiments de la propriété sont couverts en paille), des objets qui ne servent plus et des bottes de luzerne.

 

Dans la cour, des fagots et des « gerbes de lande » (comprenez du bois jan ou de la bruyere utilisés pour la cheminée), une brouette, une fourche. Dans les dépendances, des hottes pour transporter des choses sur le cheval ainsi que des paniers a fumier. Des mesures en osier pour acheter des céréales. Un tonneau contient 500 litres de cidre. La jument du couple se trouve dans une écurie.

 

Cet intérieur est typique de cette société beaumontaise qui réussit à vivre de manière très décente. L’ensemble du mobilier est estimé a environ 1500fr.

 
     
 
 
 

 Maisons Beaumontoises CPA collection LPM 1900


 
   
  BEAUMONT-HAGUE
  CC 14.03 DE LA HAGUE
   
  UN INTERIEUR DE NOTAIRE
 

 

 
 
 
 

Maisons Beaumontoises CPA collection LPM 1900

 

 
 

Beaumont-Hague

Genèse d’un chef-lieu de canton (1790-1840)

Hugues Plaideux

 

Un intérieur de notaire.

 

Bon Marin Duval décede sans doute en avril 1808, laissant une épouse et une petite fille mineure.En 1815, l’épouse décede a son tour et, la petite étant toujours mineure, un inventaire apres déces est rédigé par le notaire de Beaumont, Groult, ancien clerc de Bon Marin Duval.

 

Le couple Duval habite la maison d’Eculleville. Cette bâtisse comprend un étage noble et un étage mansardé. Le couple Duval habite l’étage noble.

 

Dans la cuisine : On retrouve des éléments déja rencontrés chez les Bezuel. Peutetre s’y trouve t-il en plus un buffet a 4 panneaux et un autre buffet, une fontaine en terre, plusieurs tables, des bancelles, des chaises, des fauteuils, un tournebroche.

 

Dans la piece attenante : Outre des poteries et des ustensiles pour cuire, toute une batterie de cuisine en cuivre.

 

Dans un appartement servant de chambre : Un mobilier sans aucun doute superbe, avec lit et ses rideaux   de siamoise (400fr), commode a dessus en marbre a trois tiroirs (100fr), armoire (120fr), une commodité avec postiche en faience, une petite table de jeu, et sur une autre table une cuvette avec son pot a eau (pour la toilette). Trois miroirs de table et deux glaces completent le tout. Aux croisées, ont été accrochés des rideaux. Dans l’armoire, le linge de maison est de tres grande qualité : les 82 draps en particulier sont estimés a 500fr. Ce qui frappe aussi, ce sont les quantités dénombrées pour chaque type : 160 serviettes, deux douzaines de nappes, etc. 

 

Les habits de femme sont en taffetas, en cotonnade, en indienne, en droguet, en « molton bleu ». Cinquante et une coiffes : picardes et catulles.

 

Dans un appartement servant de salle a manger : Un grand buffet a quatre panneaux. Un autre buffet a deux panneaux se situe dans la muraille. Deux tables, 12 chaises, un fauteuil. Aux murs, des gravures, des portraits et des cartes de géographie. Aux croisées, des rideaux blancs.

 

Dans les buffets, tout un service comprenant 120 assiettes, des plats, des saladiers, des carafes, un huilier, des compotiers, des « verres a patte », des verres a cidre. Les couverts, comme la cuillere a soupe, les cuilleres a ragout et les cuilleres a café sont en argent. Comme la tabatiere, comme les flambeaux.

 

Dans un cabinet donnant sur la salle et servant de chambre : Un lit (200fr). Sur la cheminée, une pendule sur un pied de marbre encadré dans du bronze doré. Une petite table, des chaises empaillées, deux paravents, une cuvette avec un pot a eau et quelques cadres.

 

Dans un appartement a côté de la cuisine (et qui devait servir de bureau a Bon Marin Duval) : Un bureau a un tiroir et deux petits panneaux. Au dessus de la   cheminée, une glace. Sur un tablette, 90 livres. Dans l’armoire, des vetements d’hommes assez luxueux : un habit de camelot de soie, des paires de bas en soie, coton et laine, des gants de soie, des gilets brodés de soie. Autrement des redingotes, des paires de culottes (comprenez la culotte d’Ancien Régime), des paires de boucles en argent (pour des chaussures).

 

L’ensemble est estimé a environ 8000 fr.

 
     
 
 
 

 Maisons Beaumontoises CPA collection LPM 1900


 
   
  BEAUMONT-HAGUE
  CC 14.03 DE LA HAGUE
   
  UN INTERIEUR DE "JOURNALIERE"
 

 

 
 

Maisons Beaumontoises CPA collection LPM 1900


 
 

Beaumont-Hague

Genèse d’un chef-lieu de canton (1790-1840)

Hugues Plaideux

 

Un intérieur de « journaliere ».

 

La notion de retraite n’existe pas, sauf pour quelquesprofessions (douanes, armée, par exemple) et des privilégiés qui ont réussi a se créer assez de rentes pour en vivre. Les autres travaillent jusqu’a leur dernier soupir. Françoise Suzanne Mesnil est une journaliere qui habite une piece au Hameau Sauvage.

 

Des héritiers sans grands moyens (l’un est apprenti meunier, un autre, sans travail, au Havre). Elle reste donc chez elle, travaillant pour vivre jusqu’au denier souffle. Maison simpliste. Une cheminée pour se chauffer avec du bois-jan ramassé dans les landes. Une petite marmite pour cuire, 4 pieces de poterie pour conserver de la nourriture. Deux pots a miel (c’est le sucre du pauvre). Dans un « ayer » fixé a la poutre, deux assiettes, 1 verre a cidre et deux cuilleres en étain. Un lit avec une paillasse, une couverture et un rideau. Pas de draps. Dans l’armoire, 1 chemise, 1 corset, 1 jupe, 1 tete de cape, 1 paire de gants. Une table avec trois chaises et deux tabourets. Françoise Suzanne a 72 ans quand elle décede, seule. Au total, l’ensemble est estimé a 44 francs.

 
   
   
  BEAUMONT-HAGUE
  CC 14.03 DE LA HAGUE
   
  UN INTERIEUR NOVATEUR
 

 

 
 

Ecole des garçons à Beaumont-Hague CPA collection LPM 1900


 
 

Beaumont-Hague

Genèse d’un chef-lieu de canton (1790-1840)

Hugues Plaideux

 

Une maison novatrice a Beaumont : celle de Aimable Sophie Oury

 

L’idée d’occuper plusieurs pieces dans une maison n’est pas encore inscrite dans la mentalité de la majorité des gens.

 

Les Bezuel (le bourrelier) rassemblent, on l’a vu, le maximum d’activités (manger, dormir, recevoir) dans la piece au-dessus de l’atelier. Les Duval (le notaire) sont déja dans un monde ou, pour chaque activité, existe une piece spécialisée.

 

Sophie Oury arrive comme institutrice a Beaumont, peut-etre vers 1814. Etant d’une famille aisée, et malgré ses antécédents de religieuse de la Providence, elle entend etre logée de maniere confortable. Elle achete en usufruit a Jean Jacques Paysant, cultivateur a Beaumont, la maison basse qu’il possede dans le quartier de l’église, maison frappée d’alignement (cf. supra). En femme d’affaires avisée, elle lui impose des travaux pour en faire «une maison moderne».

 

Au rez-de-chaussée, la maison comprendra un salle avec cheminée et fourneaux en pierre a un trou dans chaque coin, avec deux placards, dont l’un fermant a clef ; un salon dont la cloison sera en bois et masse et dans lequel se trouvera également , dans un mur porteur, un placard. Un escalier, au-dessous duquel on aménagera un caveau fermant a clef, conduira a l’étage et se terminera par un pallier éclairé par une petite fenetre.

 

La chambre, au-dessus, aura un grand placard et donnera sur le pallier par une porte fermant a clef. On y montera une cheminée avec un chambranle et des pilastres en carreau (=calcaire).

 

A côté, on installera un petit cabinet avec un placard et une petite croisée a petit bois.

 

Du pallier, partira un escalier pour accéder au grenier. Toutes les croisées seront protégées par des contrevents. Tous les murs intérieurs seront enduits et blanchis. Un aménagement rationnel qui, aujourd’hui, semble évident ! A l’arriere, elle disposera d’un jardin pour avoir des légumes. Quant a son tonneau de cidre, et a son bois, ils pourront etre mis dans un des celliers de Jean Jacques Paysant. A Beaumont, d’autres personnes commencent a «habiter», a vraiment habiter, ainsi des maisons a plusieurs pieces (dont une, dans un descriptif, est également qualifiée de salon).

 
     
 
 
 

Beaumont-Hague CPA collection LPM 1900


 
  BEAUMONT-HAGUE
  CC 14.03 DE LA HAGUE
   
  LE MARCHE DE BEAUMONT-HAGUE
 

 

 
 

La rue principale, aujourd'hui dénommée rue Jallot Collection CPA LPM 1900


Afin de favoriser le développement économique du pays, le gouvernement a instauré dans les campagnes les marchés. Celui de Beaumont-Hague a été notifié en mai 1803 à la commune par Jean-Pierre BACHASSON, Comte de Montalivet, préfet de la Manche du 14 avril 1801 au 30 mars 1804.

 

En voici le contenu :

 

Saint-Lo, le 13 Floréal an 11 de la République française, une & indivisible.

Le Préfet du Département de la Manche,

Au Maire de la Commune de Beaumont Hague, Chef Lieu du Canton.

 

Par sa décision du 3 ventôse dernier, citoyen, Le Ministre de l’Intérieur ayant autorisé l’établissement d’un marché à grains et autres productions du sol ou de l’industrie dans votre commune. J’ai pris le 28 du mois dernier, un arrêté portant que ce marché aura lieu le samedy de chaque semaine. Vous en trouverez cy joint une expédition. Vous pourrez si vous le jugez convenable le faire imprimer et y donner toute publicité nécessaire. Je me repose sur votre zèle votre exactitude dans la recherche des mesures à prendre pour qu’il soit soigneusement exécuté.

 

Je vous salue

 

Signé « Montalivet »

 
     
 
 
 Autorisation d'ouverture du marché    La rue principale, ollection CPA LPM 1900