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Les salines Par Jean Barros historien
" nous sommes venus ... en passant au travers de la Baye de Portbail, le long des salines, dans les paroisses de Portbail et de Gouey, cette baye est toute entourée de salines, la côte et le terrain étant très favorablement disposé pour ces sortes de manufactures ... Les riverains voisins de la Baye s'occupent presque tous à faire des sels "
( rapport de l'inspecteur des pêches Le Masson du Parc, 1723-1724 ). |
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La plus ancienne mention écrite concernant cette activité figure dans le Livre des Fieux du prieuré de Portbail, rédigé au milieu du XVème siècle pour le prieur Jean Vincent: les sauniers de Portbail devaient payer la dîme du sel au prieur. Sur nos côtes, on a toujours utilisé la technique d'obtention du sel par chauffage de la saumure dans des récipients appropriés.
Elle est très ancienne et remonte, au moins, au néolithique final ( vers 2400 à 1600 avant J.C. ) et elle est attestée sur les côtes de la Manche, du Pas-de-Calais au Finisterre, en Bretagne sud, Loire-Atlantique et jusqu'en Charente-Maritime.
Pour la première fois dans notre département, un four de bouilleur de sel gaulois ( Tène finale, 120 à 58 avant J.C. ) a été découvert à Fermanville. |
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Les salines de Portbail en 1826 ( document Jean Barros ). |
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Comme on l'a vu, en raison du climat, on ne pouvait utiliser la technique des marais salants. A marée basse, lorsque l'évaporation avait asséché la grève, le saunier grattait la surface riche en sel et récupérait le sablon qu'il entassait sur des claies et formait les " mondains ". Les mondains étaient arrosés d'eau de mer et la saumure était recueillie dans des cuves. La saumure, versée dans des récipients appelés " plombs ", était chauffée sur des fourneaux à bois jusqu'à évaporation. Ce procédé consommait beaucoup de bois. Le lieu-dit " la Vente aux saulniers ", situé au sud de Bricquebec, dans les lambeaux de l'ancienne forêt en témoigne. Le mot " vente " désigne les coupes de bois dans une forêt. Les sauniers de Portbail y venaient s'approvisionner ainsi qu'en forêt de Néhou.
Le sel était soumis à l'impôt. La Normandie n'était pas un pays de gabelle: les sauniers de Normandie devaient bouillir une fois pour le roi quand ils avaient bouilli trois fois pour eux, d'où le nom de quart-bouillon donné à l'impôt sur le sel en Basse-Normandie.
Tout cela justifiait l'existence, à Portbail, d'un bureau des " traites et quart-bouillon ". |
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En 1789, il comprenait un receveur, un contrôleur aux enlèvements et un contrôleur aux passages. La brigade comprenait un brigadier, quatre gardes et un garde matelot. A Carteret, il y avait un receveur, un contrôleur à la recette et un capitaine-général contrôleur des salines. La brigade comprenait un brigadier, un sous-brigadier et cinq gardes. Deux gardes matelots armaient un canot; un pilote, un second, quatre matelots et deux gardes armaient une grande biscayenne. |
Racloir appelé " havet ". |
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La plupart des sauniers étaient peu aisés, ils étaient également cultivateurs. Jacques Bihel, saunier à Portbail, possédait une petite maison avec grenier dessus et grange. L'inventaire fait le 30 septembre 1724, après son décès, énumère: dans le grenier quatre gerbes de lin et une somme de fouin; dans la grange cent gerbes de froment, quatre cents gerbes d'orge et deux cents de fouin. Le cheptel se composait de " deux vaches de poil brun, un boeuf de poil brun, une nourriture d'un à deux ans de poil rouge, plus un cheval de poil rouge et cinq bestes à lard dans la mielle ". Dans la maison de la saline, un pressoir, une bine, une hache, quatre trubles, un truble ferré, deux coins de fer, une herse " et " dans la place de la saline ", un monceau de sable pour fabriquer du sel et environ dix cordes de bois. L'ensemble de la succession fut estimé valoir 250 livres. |
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