LES MOITIERS D'ALLONNE
  CC 12.08 de La Côte des Iles
   
  HISTOIRE
     
   
     
 

Annuaire du département de la Manche, année 1867,

Article de Mr Renault

 

Les Moitiers-d'Âllonne, Monasteria de Alumpna ou de Alonia.

 

Cette dénomination les Moitiers d’Allonne désigne deux églises paroissiales qui, avant 1789, étaient dans le môme cimetière, à quelques mètres de distance l'une de l'autre, et posées, d'après M. de Gervilie, comme limites de deux fiefs). L'une d'elles était sous le vocable de Notre-Dame, et l'autre sous celui de saint Pierre ; les deux paroisses ont été réunies en une seule commune sous le nom des Moitiers-d'Alonne, il y a quarante ans.

 

L'église de Notre-Dame-d'Allonne payait pour décimes 35 livres, et dépendait de i'archidiaconé du Bauptois et du doyenné de Barneville.

 

L'abbaye de Blanchelande, si l'on en croit un acte confirmatif que lui donna, en 1185, Guillaume de Tournebut, évêque de Coutances aurait eu le patronage de l'église de Notre-Dame-d'Allonne que loi avait donné Guillaume de Sortosville. Cependant le Livre noir, rédigé dans le cours du XIIIeme siècle, indique un patron laïque Jean d'Anneville : Sancte Marie de Alumpna patronus Johmnes de Âgnevilla. Alors le curé avait le tiers des dîmes, Tautelage et un presbytère. L'abbé de Cherbourg avait deux tiers des gerbes sur le fief du patron, et celui de Blanchelande deuitiers des grosses dîmes sur le fief de Sortosville. La cure valait 25 livres

 

Les prétentions de l'abbaye de Blanchelande au patronage alternatif de Notre-Dame-d'Allonne n'étaient sans doute pas très-légitimes; car, lors de la rédaction du Livre blanc, dans le XIV® siècle, le patronage était encore laïque et était exercé par Robert du Breuil : jus patronatus ecclesie B. Marie de Alona speetat ad Robertum de Brolio, dotnimm dieti loci. L'abbé de Blanchelande prenait deux gerbes sur le flef de Sortosville et sur celui du Breuil ; le curé avait la troisième, les menues dîmes, des produits en nature et un presbytère à raison duquel il devait pourvoir à l'ofFice de cousteur : proquo débet facere custoriam dicte ecclesie. Il payait trois sous pour droit de tournée, dix deniers pour le saint chrême, sept sous et 8 deniers pour la débite, et 4 sous pro capa episcopi.

 

Le droit de patronage alternatif, qui était contesté, finit par appartenir sans partage à l'abbaye de Blanchelande : les seigneurs abbé et religieux solicitaire le bailliage de Valognes, en l'année 1543, que noble homme Michel du Mesnil, sieur de Tocqueville, et la dame du Mesnil, sa femme, seraient obligés de rétablir l'écusson qui antérieurement était à l'une des vitres du chœur de Notre-Dame-d'Allonne (Alompna et qui portait les. armes de l'abbaye; qu'ils seraient en outre tenus d'enlever l'écusson et les armoiries qu'ils y avaient fait placer. Michel du Mesnil et sa femme, pour eux, leurs serviteurs et domestiques, soutinrent au contraire que les dits abbé et religieux n'étaient point patrons de l'église, qu'ils avaient seulement le droit de nommer alternativement à la cure ; qu'ainsi ils n’avaient aucun droit d'écusson et d'armoiries à la vitre du chœur de l'église ; mais la justice en pensa autrement, et Michel du Mesnil fut condamné à enlever ses armoiries et à rétablir celles de l'abbaye.

 

Gautier de Sainte-Marie plaida contré les religieux de Blanchelande pour le droit de patronage de la moitié de l'église de Notre-Dame d’Allonne, et les religieux furent forcés de lui abandonner la moitié des dîmes de cette portion. Gautier, plusieurs années après, reconnut qu'il avait, pour ainsi dire, extorqué non-seulement cette portion de dîme, mais encore l'autelage et des parties d'aumône que Robert de Sortosville, avait données à l’abbaye ; il rendit alors aux religieux ce qu’il pensait leur avoir extorqué. Luce, sa femme, et Robert, son fils ainé, furent présents à cet acte de restitution qu'ils approuvèrent et qui fut déposé sur l’autel Saint-Nicolas.

 

Il existait dans le manoir du Breuil une chapelle dont Robert du Breuil, lors de la rédaction du Livre blanc, avait le patronage. Cette chapelle valait 15- livres.

 

L'église de Saint-Pierre-d'Allonne payait 39 livres pour décimes, et dépendait de l’archidioné du Bauptois et du doyenné de Barneville. Le patronage était laïque ; d'après le Livre blanc, il appartenait au seigneur de Bricquebec : dominus de Bricquebec est paironus ecclesie Sancti Pétri de Alona.

 

L'abbé de Blanchelande avait deux gerbes de la dime, le curé avait la troisième, l'autelage, la dime entière d'un moulin, des produits en nature et un manoir. Le sable de mer détruisait la cinquième partie des fruits de la paroisse, ce qui diminuait d'autant les dîmes : quinta pars fructuum dicte paroehie consumitur per sabulum maris et diminuitur,

 

Il y avait dans cette paroisse une chapelle sous le vocable de la Vierge, nommée la chapelle de Vauvert : ubi est capella de valle viridi. Le patronage en appartenait à l'abbaye de Blanchelande ; elle avait 15 livres de revenu.

 

On voit que le 18 octobre 1418, pendant l'occupation anglaise, au nombre des présentations qui furent faites dans le diocèse de Goulances, figure celle de Jean Ferit, chapelain  à la chapelle de Sainte Marie de Vauvert, paroisse de st Pierre de Allone . 

 

En l'année 1665, le seigneur de Banville était le patron de l'église de Saint-Pierre. La cure valait alors 300 livres.

 

M. de Gerville a reconnu, sur le territoire de la commune des Moitiers-d'Âllonne, l'emplacement d'un château-fort du moyen-âge, lequel avait appartenu à la famille des Moustiers de Monasteris, qui, lors de la rédaction du Livre noir, avait le patronage de l'église de Saint-Pierre-d'Âllonne.

 

Montfaut, en 1464, trouva noble â Saint-Pierre-d'Allonne Robert des Moustiers.

 

En 1666, Chamillard reconnut noble à Notre-Dame-d'Altonne Guillaume d'Auxais , petit-fils de Jacques d'Auxais , sieur du Breuil et du Bosq, dont la famille avait, en 1599, justifié devant Boissy d'une noblesse de 250 ans.

 

Il y avait à Saint-Pierre-d'AIlonne une famille Le Verrier, à laquelle appartenait Charles Le Verrier que Chamillard trouva noble ; elle portait d'or au lion d'azur rampant, armé et lampassé de gueules, au chef de gueules chargé de trois besanis d'or. Ce Charles Le Verrier, sieur de Thosville, était lieutenant-général au siège présidial de Cotentin.

 

En 1566, Nicolas Le Verrier épousa Denise Duchemin, issue d'un des frères de Jeanne d'Arc. Ses descendants prirent les armes que les rois de France avaient concédées à cette famille ; elles étaient d'azur à une épée à lame d^ argent mise en pal, couronnée d'or, accostée de deux fleurs de lys

 

Chamillard trouva encore noble à Saint-Pierre-d'Allonne, et appartenant à l'ancienne noblesse, Jacques Rervieu.

 

Les deux anciennes paroisses de Notre-Dame et de Saint-Pierre-d'Allonne dépendaient de l'intendance de Caen, de l'élection de Carentan et de la sergenterie de Beaumont. Masseville, en 1722, donne à Notre-Dame 76 feux imposables et 77 à Saint-Pierre. La population des Moitiers-d'Allonne, en 1867, est de 981 habitants.

 
     
 

Eglises Les Moitiers-d'Allonne, XfigpowerTravail personnel 2012