LA HAYE D'ECTOT
  CC 12.06 DE LA COTE DES ILES
   
  FRANCOIS LE TELLIER DE LA LUTHUMIERE
         
 

Texte issu de Wikimanche

L'abbé de Luthumière.

 

François Le Tellier de la Luthumière,

né à La Haye-d'Ectot le 17 décembre 1617, mort à Valognes le 15 septembre 1699,

est une personnalité religieuse de la Manche, fondateur du séminaire de Valognes.

 

François Le Tellier de la Luthumière naît dans la propriété familiale du manoir de la Cour, à La Haye-d'Ectot, le berceau de la famille étant le manoir de la Luthumière, à Brix. Son père, François Le Tellier, baron de La Luthumière, est lieutenant du Roi des villes et châteaux de Cherbourg et Valognes.

 

Il se marie en 1610 avec Charlotte du Bec-Crespin, dont il aura sept enfants : deux de leurs filles, Marthe et Marie, seront ursulines à Caen, et une autre, Marie-Françoise, épouse Henri de Matignon, comte de Torigny, l'aïeul des princes de Monaco.

 

François Le Tellier de la Luthumière

 
         
 

L'Annuaire de la Manche dit que François de La Luthumière le fils est parent du cardinal Grimaldi, mais il est probable qu'il y ait confusion avec l'union de sa soeur, Marie-Françoise, à Henri de Matignon, père de Jacques de Matignon, prince de Monaco par son mariage en 1715 avec la princesse Louise-Hippolyte Grimaldi.

 

François suit des études de théologie à Paris et à Rome, et il est ordonné prêtre le 15 juin 1647. Après avoir servi à Rome, comme auditeur, le cardinal Grimaldi, qu'il a connu à Paris, il seconde le curé de Brix et fait l'école aux enfants. Il entre en relation avec un autre Normand, Jean Eudes, originaire du diocèse de Sées, et l'aide dans plusieurs de ses missions : à Gatteville en 1650, à Réville en 1654 et à Cherbourg en 1655. Tandis que Jean Eudes ouvre un séminaire en 1650 à Coutances, François de La Luthumière, souhaitant œuvrer à la Contre-Réforme, fonde un séminaire à Valognes en 1654, avec plusieurs amis, dont Louis Le Bourgeois, Robert Basan, Guillaume Le Fillastre. L’évêque de Coutances, Auvry, lui affecte le Manoir-l'Évêque, une propriété de l'évêché, en très mauvais état, qui servait de pied-à-terre aux évêques après avoir abrité les Bénédictines : l'inauguration officielle a lieu le 8 décembre 1655 par Abraham Bazire, vicaire général de Coutances. L'abbé de la Luthumière consacre sa fortune à cette œuvre, qui connaît rapidement un grand succès : en 1659, la communauté du séminaire, professeurs et étudiants, compte une cinquantaine de personnes.

 

Mais il va entrer en conflit avec le séminaire de Coutances, et de plus, il va lui être reproché d'être en relation avec certains théologiens de Port-Royal. Face à des accusations de jansénisme, une enquête est diligentée en 1665. L'évêque, Eustache de Lessevile, soutient l'abbé de La Luthumière, qui signe, avec sa communauté, le Formulaire de condamnation du théologien Cornélius Jansénius.

 

Deux ans plus tard, la polémique contre Valognes reprend de plus belle : même si aucune déviance dans l’enseignement n'est observée, le nouvel évêque, Loménie de Brienne décide de nommer lui-même les enseignants. La maison est florissante : pour la rentrée de l'année 1671-1672, le corps des "écoliers" ou étudiants atteint le chiffre de quatre-vingt-quatre, ce qui porte la communauté à une centaine de personnes.

 

Des querelles entre des professeurs liés à La Luthumière et ceux choisis par Loménie de Brienne fournissent prétexte à l'évêque et à Jean Eudes pour demander l'interdiction du séminaire qui intervient par décision de la Cour le 6 juillet 1675. La formation des prêtres du diocèse revient désormais exclusivement au séminaire de Coutances.

 

Après 1679, suite à d’autres mesures disciplinaires de la hiérarchie, l'abbé de la Luthumière reste seul, avec un aumônier et des domestiques, dans son établissement. Il tente, à plusieurs reprises, de faire revivre son séminaire, mais sans succès. Dernier du nom, il avait cédé auparavant, par testament du 3 février 1696, ses propriétés à sa sœur, épouse d'Henri de Matignon, et lègue à sa mort le séminaire et son mobilier aux prêtres de la congrégation de l'Oratoire. Il meurt d'apoplexie dans son séminaire le 15 septembre 1699 : il est inhumé dans le choeur de l'église du séminaire.

 

Pierre Mangon du Houguet, écrivit alors : « Il est mort regretté de tous pour ses vertus extraordinaires », ce qui laisse penser qu’il a toujours été loyal avec son Église.

 

Au XVIIIe siècle, le séminaire de Valognes passe sous la direction de la congrégation des eudistes. Il abrite aujourd'hui le lycée Henri Cornat.

 
     
 

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