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ANNUAIRE DU DÉPARTEMENT ANNEE. — 1858 VARENGUEBEC Article de Mr RENAULT
— Le domaine de Varenguebec faisait partie du comté de Mortain ; car, lorsque Robert, fonda dans sa ville, au château de Mortain, un chapitre de chanoines, il lui donna la dîme de ses vacheries de Varenguebec, de ses veaux, de ses fromages de ses porcs et de ses abeilles
Raoul de Gacé, surnommé Tête d'âne, seigneur de Gacé et de Varenguebec, fut fait connétable de Normandie par le duc Robert Ier, vers l'an 1030. Il fût un des tuteurs ou gouverneurs du jeune Guillaume , et chargé surtout de veiller à la sûreté de ce prince. Il remplissait ces difficiles fonctions trente ans environ avant la bataille d'Hasting, qui rendit Guillaume le plus puissant prince de son siècle.
Apres la conquête, la seigneurie de Varengnebec appartenait à la noble famille de Reviers alliée de trèsprès à celle de Guillaume le Conquérant. Elle relevait immédiatement de la couronne, à cause du duché de Normandie. La famille de Reviers avait obtenu le domaine et la seigneurie de Varenguebec, après Robert de Gacé, fis de Raoul, mort sans héritiers.
De Raoul de Vernon , comte de Vernon et baron de Varenguebec , sorlirent Guillaume et Richard. Guillaume eut en partage le comté de Vernon et la baronnie de Varenguebec.
Dans le cours du XIIeme siècle , Malhilde de Vernon-Reviers épousa son parent Richard de la Haye-du-Puils, fils de Robert et de Muriel ou Mimel , et reçut en mariage la baronnie de Varenguebec. Richard et Mathiide laissèrent trois filles, héritières de leurs. grands domaines. Gillette, une d'elles, épousa Richard , baron du Hommet, et lui apporta en dot la baronnie de Varenguebec et le titre héréditaire de connétable de Normandie.
Cette baronnie et la dignité de connétable restèrent pendant plusieurs générations dans la famille de Richard du Hommet qui portait d'argent à trois fleurs de lys de gueules , et était Tune des plus anciennes et des plus importantes de la Normandie.
Richard du Hommet, sur les ordres du roi, et en sa qualité de connétable , appela sous les bannières royales , dans Tété de 1161, tous les barons normands et bretons qui devaient le service militaire, et marcha avec eux en Bretagne dont le roi, depuis long-temps , guettait l'occasion de s'emparer.
Une charte concédée à Caen vers 1170, nous apprend que Henri II, duc de Normandie et roi d'Angleterre, donna à Richard du Hommet plusieurs domaines en Angleterre, et ep Normandie Maisy et la forêt de la Luthumière, à Brix : Et in Normannia Meisy et haiam de Lutemare.
Richard, baron de Varenguebec, signe comme témoin, testibus..... Ricardo de Humeto canstabulario, plusieurs chartesde Henri II , adressées aux archevêques , éveques , comtes , barons, baillis et vicomtes, en faveur des abbayes de Fécamp, de Troarn et d'Aunay.
On le voit encore figurer, en 1173 , lors de la guerre qui éclata en Normandie, entre Louis VII et Henri II, roi d'Angleterre , au nombre de ceux qui commandaient les troupes de Henri . Le baron de Varenguebec , connétable, de Normandie, et Guillaume du Hommet, son Dis, signèrent le traité de paix ou pacte de famille conclu à Falaise, en l’année 1174, entre Henri, roi d'Angleterre, et ses trois fils, Henri, Richard et Geoffroy .
Richard mourut en 1180, après avoir pris l'habit religieux dans l’abbaye d'Aunay, dont il fut un des bienfaiteurs. Il avait épousé Agnès de Beaumont qui lui donna trois fils, Guillaume, Enguerrand et Jourdain : ce dernier devint évéque de Lisieux en 1201, et fonda près de Bayeux l’abbaye de Saint-Martin de Mondaie, de l'ordre de Prémonlré .
Guillaume, son fils aîné, dut prendre le titre de baron de Varenguebec et de connétable de Normandie , quand son père se retira dans l’abbaye d'Aunay : on voit du moins Henri II, vers 1180, lui concéder sa connélablie, ainsi que les domaines qu'il avait donnés à Richard du Hommet, son père, en Angleterre, et en Normandie Maisy, la forêt de la Luthumière, et la terre d'Auppegard» dans le pays de Caux, qui avait fait retour à la couronne à la mort de Gautier Giffard, décédé sans postérité, en 1164 : Et in Normania Meysi, haiam de la Luiemere et terrant de Apegarth.
Richard Cœur-de-Lion qui avait succédé à Henri II, confirma, en 1190, à Guillaume du Hommet la connélablie tenue par son père, ainsi que les divers domaines que lui avait donnés Henri II en Angleterre et en Normandie.
Le baron de Varenguebec, Guillaume du Hommet, joua un rôle important dans la politique et l’administration sous les règnes de Henri II, de Richard Cœur-de-Lion et de Jean Sans-Terre. Il signe, comme témoin, en l'année 1177, un traité de paix , conclu entre Henri , roi d'Angleterre, et Louis le Jeune; en 1200, un autre traité entre Philippe-Auguste, roi de France, et Jean Sans-Terre, ayant pour but de régler la succession de Richard Cœur-de-Lion et de fixer les limites de la France et de la Normandie.
On attribue à Guillaume du Hommet les succès que le roi obtint en Normandie :. Les services rendus par le baron de Varenguebec à Philippe-Auguste entraînèrent pour lui la perte de ses domaines en Angleterrre , où le roi Jean Sans-Terre les fit confisquer.
Guillaume figure au nombre des 23 barons qui se réunirent à Rouen , le dimoinche après l'octave de la Toussaint de Tan 1205 , afin de constater et de déclarer les droits dont les rois anglais jouissaient en Normandie. Les barons, dans cette importante circonstance, s'appuyèrent, dans leur enquête, de ravis de sages hommes, prudentium mrorum, appartenant à la noblesse.
Peu de seigneurs, dans le XIIeme siècle, montrèrent pour les maisons religieuses autant de générosité que le baron de Varenguebec : il est en effet souvent cité comme donateur dans les chartes en faveur des abbayes.
Guillaume du Hommet nous fait coivnaitre que sa femme se nommait Luce, et qu'il en eut six enfants. Il dut mourir vers l'année 1209. Luce de Bruis était héritière des biens d'Adam de Bruis, son aieul
Il eut pour successeur dans la baronnie de Varenguebec et la eonnétablie de Normandie son petit-fils Guillaume, dont le père, Richard II du Hommet, était mort en 1200 . et que son fils , dans un acte de l'an 1239 , désigne sous le nom de Richard du Hommet le jeune. : Ego autem Willelmus de Humeto , coHslabularm Narmaniœ , filius Ricardi de Bumeto jmioris.
On trouve Guillaume du Hommet, baron de Varenguebec, abandonnant en 1220 à l'abbaye de Blatichelandc la diroe de tous les fiefs de ses manoirs de Poupevilic et de Varreville, fiefs que Richard Cœur-de-Lion avait, en 4190, donnés avec toutes leurs dépendances à Richard du Hommet et à Giile, sa femme, les père et mère de Guillaume .
Ce fut un des barons auxquels Louis VIII mourant, en 1226, fil mander d'assister au sacre de son fils encore mineur. En rannéo.1230, il promit de faire entretenir les conventions faites entre Guillaume de Malvoisin et Raoul de Fougères qu'il cautionna. Il épousa Eustache de Montenay dont la mort est indiquée au mois de mai 1254. Il était mort avant sa femme, car on trouve Jean du Hommet , prenant le titre de connétable de Normandie dans une charte donnée, en 1252, en faveur de l’abbaye de Moudaie.
Jean du Hommet mourut lui-même, peu de temps après, sans postérité.
Jourdain du Hommet , oncle de Jean , hérita de ses biens et du titre de connétable de Normandie . Il figure avec ce titre dans une charte du mois d'avril 1253 par laquelle « il donne aux religieux de Blanchelande 100 sous tournois à prendre sur les rentes de son aide de la Nativité de Saint Jean- Baptiste , destinés à une pitance le jour de son décès, et » même à une pitance générale; et pour ce les moines pourront faire faire justice à la Haye-du-Puils .
Jourdain du Hommet, à sa mort, ne laissa que des filles, et la baronnie de Varenguebec tomba une seconde fois en quenouille. Julienne du Hommet, qui obtint cette baronnie en partage, épousa Robert de Mortemer , et la lui apporta en dot. Chacune de ses deux sœurs mariées , Nicolle à Amaury de Villiers, et Jeanne à Philippe de Hotot , éleva des prétendions au titre de connétable en faveur de son mari ; mais il fut jugé, par arrêt de l'an 1272, que cette dignité appartenait à la baronnie de Varenguebec .
A la mort de Robert de Morlemer, arrivée dans le cours du xni*» siècle (1277), la baronnie de Varenguebec tomba encore en quenouille. Jeanne , fille unique et héritière de Robert de Mortemer la fit entrer dans la famille du Bec-Crespin par son mariage avec un des membres de cette famille , Guillaume V.
Uu auteur donne â Guillaume les titres de seigneur du Bec-Crespin, de Varenguebec, de Neaufte, de Dangu et d’Estrepaguy , de connétable héréditaire de Normandie et de maréchal de France. Il fut l'un des seigneurs qui suivirent le roi saint Louis à la croisade , en 1270. Il portait losange forgent et de gueules .
Guillaume V eut un fis, Guillaume VI , seigneur du Bec Crespin, d'Estrepagny et de Varenguebec. Il est nommé entre les chevaliers bannerets du temps de Philippe le Bel. « Il fut mandé, le 12 novembre 1318, de se trouver à Paris aux » octaves de la Chandeleur , pour aller contre les Flamands, et aussi à Lisieux vers les députés du roi au mois des brandons de la même année. Ce baron de Varenguebec épousa Mahaud de Beaumez et mourut en 1330, laissant deux filles, Jeanne et Marie.
Jeanne , l'ainée , dame de Varenguebec , d*Estrepagny et Neaufle, épousa, en Tannée 1334, Jean II, vicomte de Helun, comte de Tancarville, grand maître et grand chambellan de France . Elle fit entrer dans sa nouvelle famille, entre autres seigneuries, la baronnie de Varenguebec , c'est-à-dire une terre où il y avait toute justice, marché &t chatellerie, péage et lige ostage, meurtre, rapt et ends .— Le baron de Varenguebec fut fait prisonnier à la bataille de Poitiers. Quelque temps auparavant , il avait fait la montre des chevaliers de sa compagnie. Guillaume de Melun , son père, archevêque de Sens , fut fait prisonnier avec lui , et ils furent emmenés tons deux en Angleterre avec le roi , prèsdu quel ils avaient combattu .
Le roi Jean, an 1351, érigeant les terres et baronnies de Tancarville en comté , en faveur des seigneurs de la maison d'Harcourt , réunit à ce comté les autres seigneuries qu'ils possédaient dans la province de Normandie. Il parait, d'après Vacte d'érection de la baronnie en comté, que c'était une nouvelle grâce que le roi accordait à messire Jean, vicomte de Uelun, et à Jeanne Crespin, sa femme .
Quoique dans cet acte le nom de-Varenguebec ne soit pas prononcé, cependant cette seigneurie s'y trouve bien comprise par l'expression de l'office de connétable de Normandie, dignité attachée à cette seigneurie, et qui devint héréditaire dans la personne du comte de Tancarville.
Le baron de Varenguebec et celui de Tancarville étaient les plus qualifiés entre les autres barons. L'un avait la dignité de connétable, et l'autre celle de chambellan. Le premier était le plus éminent ; il avait le commandement général des armées du roi ; et l'autre la garde de ses trésors , de ses ornements royaux , et le droit de recevoir le serment de fidélité des vassaux qui rendaient foi et hommage au roi.
Des aveux rendus au roi en 1381 et 1397 nous apprennent que le comté de Tancarville , la baronnie de Varenguebec et plusieurs autres terres , quoique comprises dans l'union sous le même hommage lige, y sont cependant désignées par leurs noms et avec leurs dignités et dépendances. L'union n'avait donc pas éteint le titre de baronnie, ni l'office de connétable hérédital de Normandie, attaché à la terre de Varenguebec. C'est d'ailleurs ce qu'établissent des aveux rendus, en 1381, par Jean , vicomte de Melun , et par Guillaume d'Harcourt, les 15 janvier 1452 et 11 octobre 1474, en leur qualité de comtes de Tancarville. Dans ces actes, où Guillaume prend le titre de connétable hérédital de Normandie, la terre et la baronnie de Varenguebec sont distinguées de la terre de Tancarville (3). Dans un autre aveu , on voit l'abbé de Saint-Nicolas de Blanchelande, à cause de la baronnie de Varenguebec , reconnaître ce même Guillaume d'Harcourt comme le représentant du fondateur de l'abbaye
Dans les comparutions que les nobles qui possédaient des fiefs étaient tenus de faire aux échiquiers, on en trouve deux aux échiquiers de Pâques des années 1454, 1455 et 1463, l'une pour Tancarville, et l'autre pour Varenguebec . Ainsi la baronnie de Varenguebec resta indépendante, et ne fut pas inféodée à celle de Tancarville sous le titre de comté. C'était d'ailleurs une ancienne maxime qu’une baronnie ne peut jamais être tenue d'une autre baronnie .
La baronnie de Varenguebec et la connétablie de Normandie passèrent des mains de Jean II , comte de Tancarville , et de Jeanne Crespin, à leurs descendants : Marguerite, fille de Guillaume IV , vicomte de Helun et comte de Tancarville, qui avait épousé Jeanne de Parthenay, les apporta en dot à Jacques II d'Harcourt , seigneur de Montgommery. Dans an aveu qu'il rend au roi, Jacques d'Harcourt prend le titre de connétable hérédital de Normandie.
Thomas V, abbé de Blanchelande , rendit aveu en 1452, à Guillaume d*Harcourt, pour son abbaye ; et, quelques années après, Jeanne de Carbonnel , supérieure de Saint-Michel du Bosc, lui rendit aussi aveu pour son prieuré dont il représentait le fondateur, comme possesseur de la baronnie de Varenguebec dans l'étendue de laquelle il était situé
Jeanne d'Harcourt , dame et baronne de Varenguebec, mourut sans postérité, en 1488 , et légua tous ses biens à son cousin François d'Orléans, comte de Dunois et de Longueville.
François d'Orléans, marquis de Rotbelin, cadet de la maison de Longueville, épousa noble demoiselle Françoise de Blosset, dame de Coiombières et de Novion, dont il eut un fis, nommé aussi François d'Orléans , marquis de Rotbelin , qui devint successivement baron de Varenguebec, chevalier de l'ordre du roi , gentilhomme ordinaire de sa chambre , lieutenant des gendarmes du duc de Longueville et gouverneur de Verneuil. An mépris de son premier mariage , François d'Orléans en contracta un autre plus éclatant en épousant Marie dQ Bohau, dont il eut un fils nommé Léonor.
Les deux frères , à la mort de leur père , furent en procès pour sa succession, et sur la question de savoir lequel des deux était l'alné. François d'Orléans soutenait que ce titre lui appartenait, que le premier mariage, celui dont il était issu, était seul légitime. Le parlement, par ordre supérieur, fut dessaisi de la connaissance de cette affaire, et Charles IX la retint en son Conseil, et donna les domaines et les honneurs à LéoDor. François d'Orléans se trouva donc sans biens, sans crédit, celui dô sa mère n*ayant pu balancer à la cour celui de son frère que soutenait la maison de Roliut. Cependant, Léonor d'Orléans, duc de Longuevilie et d'Estouleville, marquis de Rothelin, comte souverain de Neurchàtel et autres lieux, connétable bérédital de Normandie , chevalier de Tordre du roi , et capitaine de cent hommes d'armes de ses ordoonances, voulant assurer à François d'Orléans , son frère , tige de la maison de Rothelin, et à sa postérité, un établissement digne de son nom, lui donna, le 30 décembre 1563 , pour lui et ses descendants, du consentement de Madame la princesse Marie d'Eslouteville, sa femme, les baronnic, terre et seigneurie de Varenguebec, dans le duché de Normandie ; se réservant pour lui et ses successeurs le titre et la dignité de connétable hérédital de Normandie, ainsi que les honneurs et prérogatives qui y étaient attachés .
L'acte fut fait sous la condition que François d'Orléans, ses enfants « et chacun d'eux tiendrons cette baronnie à cause du n comté de Tancarville, à foy et hommage et au devoir et reconnaissance de souveraineté , supériorité et directe ligne *> d'une maille d'or valant vingt deux sous six deniers et d'une epée dorée et autres droits et profits » Cet acte est daté du château de Dunois, en présence de nobles hommes Jean de Beau&ls, chevalier, seigneur de Villepion ; François de Chamgirault, seigneur de Luz, capitaine et gouverneur de la comté de Dunois ; Bertault Deslandes, conseiller du roi et maître d'hôtel ordinaire ; Jacques des MoustierSf seigneur du Pont y grand veneur ; Gilles Duperrier, argentier de mondit seigneur, etc., etc.
François d'Orléans se présenta aux assises de Varenguebec, le 11 mars 1564, et y fit enregistrer son acte de concession. Dans le m'ois de juillet suivant , il fit sa foy et hommage au duc de Longuevilie.
Le comte de Saint-Pol, François d'Orléans, fils de Léonor, duc de Longuevilie, confirma, en 1601, l'acte de concession de la baronnie de Varenguebec. Catherine de Gonzague et de Glèves , fille ainée de Louis de Gonzague et de Henriette de Clèves, et veuve douairière de Henri d'Orléans, premier du nom , duo de Longuevilie et d'Estouteville , prince souverain de Neufchâtel et de Waleugin, comte de Dunois et de Tancarville , prince de Chatel-Aillon , baron de Parlhenay, Vouvanl et Mervant, pair et grand chambellan de France , connétable héréditaire de Normandie, chevalier des ordres du roi, conseiller en ses conseils d'état et privé, gouverneur et lieutenant générai pour le roi en Picardie, Boulonnais et pays reconquis , ratifia aussi, en 1601, cette concession de la baronnie de Varengaebec. Elle donna cette ratiflcalion comme ayant la garde nobVe de son fils mineur, Henri 11, duc de LougueviUe, petit-fils de Léonor.
François d'Orléans, marquis de Rothelin, baron et seigneur de Varengaebec^ épousa Catherine Duval de Fontenay-Mareuil. Il mourut en 1601, et laissa trois enfanta : une fille, Henriette d'Orléans de Rothelin , qui épousa le marquis de Coetquen, gouverneur de Saint-Malo, et deux fils, Henri et Léonor.
Henri d'Orléans, chevalier de Rothelin , baron de Varenguebec, Méautis et autres lieux , épousa , le 12 février 1620, Calherine-Hcnriette de Loménie, fille d'Antoine de Loménie, conseiller et secrétaire d'état.
Léonor d'Orléans, chevalier de Rothelin, devint lieutenant- général de Tartillerie, et mourut sans postérité au siège de la Rochelle en 1628
Henri d'Orléans et Henriette de Loménie eurent plusieurs enfants. Ce fut Henri-Auguste d'Orléans, marquis de Rothelin, qui eut la baronnie de Yarenguebec. 11 épousa, en 1653, Marie Le Bouteiller de Sentis, veuve de Charles de Bricheteau, marquis de Nangis ; il prenait les titres de baron haut-justicier de Varenguebec , premier baron de Normandie , seigneur de Beuzeville et de Cretteville. Il eut deux enfants, Catherine-Henriette et Henri.
Catherine -Henriette d'Orléans de Rothelin épousa François-Maximilien , marquis de Bélhune , dont le fils Louis- Pierre-Maximilien , marquis de.Béthune, fut colonel du régiment de la Reine-d’infanterie.
Henri d'Orléans, mar.quis de Rothelin , premier capitaine enseigne des gendarmes de la garde du roi, fut tué au combat de Leuse en 1691. IL avait épousé Gabrielle-Léonore de Honlault de Benac de Navailles , fille de Philippe , duc de Navailles , maréchal de France. Ce fut un de ses enfants, Philippe d'Orléans, qui, en 1706, rendit foi et hommage de la baronnie de Varenguebec, pour lui et ses successeurs, à la duchesse de Nemours, dame de Tancarville.
Dans le cours du xvii® siècle , François-Marc-Antoine- Alexis d'Orléans, comte de Rothelin, fils de François d'Orléans, comte de Rothelin, et de Charlotte de Biancourt, fit saisir sur son oncle Henri-Auguste d'Orléans, marquis de Rothelin. la terre de Varenguebec. Il s'ensuivit un long procès pour savoir si cette terre baronniale pouvait être vendue .
La baronnie de Varenguebec, d'après Tétat de la Généralité de Caen, dressé en 1695, appartenait à la duchesse de Nemours et au marquis de Rothelin qui la possédait encore en 1726 ; mais vers 1740, elle fut vendue au comte deCoignqui la réunit à son duché de Coigny, dont l'érection se Qt en l’année 1748 par lettres-patentes du roi en faveur de François de Franquetot, comte de Coigny, maréchal de France . Les Coigny se qualifiaient du titre de barons de Varenguebec, quoique ayant celui de duc.
Le titre de connétable d€ Normandie, attaché à la baronnie de Varenguebec, a été l'objet de plusieurs procès ; mais il a toujours été reconnu comme inhérent à cette baronnie. Les terres qui en dépendaient ont été constamment par ce motif exemptes du droit de tiers et danger. Les terres de l'abbaye de Blanchelande et celles qui formaient son entourage en étaient exemptes aussi, comme ayant fait partie de la connétablie de Normandie, leur séparation du domaine du suzerain ne les ayant pas dépouillées de ce privilège.
La baronnie de Varenguebec, sous le règne de Philippe le Bel, donnait la septième place à l'Echiquier de Normandie parmi les barons du Cotentin .
De cette baronnie relevaient les fiefs suivants dont plusieurs, dans le principe, donnaient le droit de patronage : le fief noble de Pirou, situé à Varenguebec et s'étendant sur Doville et Bolleville ; — les fief, terre et seigneurie de Neufmesnil, y compris le patronage ; — le fief noble de Tracy, dans la paroisse de Canville, y compris le patronage qui d'abord fut contesté et perdu dans la suite ; — les fief, terre et seigneurie de Flollemanville, près Yalognes, avec le droit de patronage ; — le fief noble de Bellanvllle, dans la paroisse de Cosqueviile, avec le droit de patronage ; — les fiefs, terre et seigneurie de la paroisse de Morsalines avec le droit de patronage ; — le fief noble de Graintainville, dans la paroisse de Clitourps et autres voisines, avec le patronage de Clitourps ; — le fief noble de Germanville, dans la paroisse d'Appevilie ; — les fief, terre et seigneurie de Maisy avec le droit de patronage ; — le fief noble de Camprond, dans la paroisse de Gorges, avecie patronage de la portion de Camprond ; — le fief noble de Franquetot, dans les paroisses de Cretteville, Coigny et autres, avecle patronage de CreUeville ; — le fief noble et le château de Plein-Harais, dans la paroisse de Beazeville-la-Bastille^ avec le Càtel de Beuzeville et le droit de patronage; — les fiefs de Brocbeville.
Presque tous ces fiefs nobles avaient des arrière- fiefs qui étaient aussi mouvant de cette baronnie.
La baronie de Varenguebec avait une haute justice en même temps qu'une moyenne et basse justice , avec droit de tabellionnage , de fouage , de monéage . Cette haute justice avait ce privilège que les appels de ses décisians se portaient directement au parlement de Normandie.
Lorsque le duc de Cojgny eut réuni la baronnie de Varenguebec à son duché de Coigny, il y joignit itussi la haute justice de cette baronnie qui existait dès le XIVeme siècle. Elle fut de nouveau, en 1784, transférée à Prétot dont le duc de Coigny venait d'acquérir la baronnie.
Deux autres hautes justices, celles de CUtourps et de Malsy n'étaient qu'une extension de celle de Varenguebec.
— Les archives de la haute justice de Varenguebec contiennent encore une grande quantité de plumitifs de ces deux hautes justices^ sur lesquels on Ut : Registres de la haute justice de Varenguebec pourAe siège de Maisy ou de CUtourps. C'était le baron de Varenguebec qui nommait les officiers de la haute justice de Clitourps. Le seigneur de Maisy avait le droit de choisir un lieutenant de la haute justice et un lieutenant du procureur fiscal pour siéger à Maisy, et jouir des droits et émoluments que pouvaient produire les greffes et autres offices qni y étaient attachés ; mais il était obligé de préseuter les fonctionnaires au baron de Varenguebec qui ratifiait leur nomination.
La sergenterie de Vareoguebec s'étendait sur six paroisses, et dépendait de la vicomte de Carentan et du bailliage de Cotentin. Le dernier bailli haut-justicier de Varenguebec fut Joseph Le Danois, sieur de la Meslinerie.
Les foires anciennes sont toujours une preuve de l'importance d'une localité au moyen-àge. IL y en avait, à Varenguebec, deux qui, avant 1789, se tenaient le 29 septembre et le 17 octobre au prieuré de Saint-Michel-du-Bosc, et qui, depuis la suppression de cette maison religieuse, sont devenues la propriété de la commune. On ne connaît pas la date de leur création; mais elles figurent dans un acte de 1392, produit par les religieux.
Varenguebec, outre ces deux foires, en a eu d'autres qui se tenaient jadis dans retendue de sa baronnie. Ainsi, le 15 octobre 1467, Charles VII. sur la demande de Guillaume d'Harcourt, rétablit à Beuzeville une foire et un marché qui avaient été aI>andonnés lors de la descente des Anglais en 1117.
Louis XI, par lettres-patentes données à Amboisc en février 1468, créa deux foires, une à Varenguebec, et l'autre à Beuzeville. Ces foires ne réussirent s^ns doute pas ; car, plus tard François d'Orléans de Rothelin exposa à Charles IX que Louis XI avait créé deux foires qui se tenaient Tune à Varenguebec, le l^'^mars, et l'autre à Beuzeville, le samedi, six semaines après Pâques, et il en demandait le rétablissement ; ce que le roi lui accorda par lettres- patentes du 12 juillet 1566.
Louïs XIII, sur la demande du marquis de Rothelin, et par lettres-patentes du mois de décembre 1620, établit encore trois foires qui devaient se tenir deux à Varenguebec, le 4 juillet, une autre le 4 octobre, la troisième, à Beuzeville, la veille de la Trinité, et un marché au bourg de Varenguebec le samedi de chaque semaine. Varenguebec ne possède plus aujourd'hui que ses deux foires du 29 septembre et du 17octobre. RENAULT. |
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