| ||||||||||
Saint Germain sur Ay, CPA collection LPM 1960 | ||||||||||
D’après SAINT-GERMAIN-SUR-AY, un village de la côte ouest du Cotentin et LESSAY et son canton à travers les siècles, œuvres de Michel PINEL
A l’époque gauloise, le Cotentin était partagé entre deux tribus : les Unelles au nord et les Abrincates au sud. Le territoire des Unelles dont faisait partie Saint Germain s’arrêtait au sud de Granville.
En 56 avant J.C., Sabinus, lieutenant de César, écrase l’armée de Viridovix, chef des Unelles. Bientôt le territoire unelle tout entier passa sous la domination romaine ; le Cotentin fut alors englobé dans la province lyonnaise. Pendant trois siècles, nos ancêtres allaient connaître une période de paix et de prospérité.
La position par rapport au réseau de voies romaines et les différentes découvertes mises à jour dans les environs très proches prouvent l’existence d’un peuplement sédentaire à l’embouchure de l’Ay.
A partir de la fin du 3ème siècle, des peuples germaniques abordent les côtes de la Manche, repoussent les romains au nord et au sud et s’installent au centre Manche.
A la fin du 5ème siècle, notre région fait partie du royaume franc de Clovis. Les noms en « ville » comme Saint Germain de Focherville (ancien nom de Saint Germain sur Ay) ont généralement pour origine un domaine mérovingien.
Le christianisme s'implanta chez nous assez tardivement. Certains apôtres chrétiens contribuèrent à l’évangélisation de la presqu’île : Saint Floxel, considéré comme le premier martyr du Cotentin et Saint Germain le Scot, patron de Saint Germain sur Ay.
Les côtes de la Manche allaient connaître, à partir du début du 9ème siècle, une nouvelle invasion : celle des normands.
En 930, Guillaume Longue Epée annexe le Cotentin au duché de Normandie.
Les noms en « ville » sont pour la plupart formés d’un préfixe désignant un Normand, associé au radical « villa » qui indique un grand domaine comme Froqueville.
Le nom de la paroisse, sous la forme Saint Germain de Focherville et ses variantes, se rencontre entre 1150 et 1186. Le nom actuel de Saint Germain sur Ay n’apparaît qu’en 1190.
Vers 1150, Richard de La Haye du Puits fonda à Saint Germain sur Ay un prieuré qu’il plaça sous l’obédience de l’Abbaye du Mont Saint Michel en lui attachant les revenus du fief de Fourqueville. Dès lors, l’histoire de la paroisse de Saint Germain sur Ay va se confondre avec celle de son prieuré pendant plusieurs siècles.
Dans la petite anse de la Gavérie, le port de Saint Germain sur Ay connaît une certaine activité depuis les temps les plus reculés jusque vers 1900 où il cessa d’exister administrativement.
Au début du 17ème siècle, le port était encore très fréquenté, mais pour avoir servi à l’approvisionnement des assiégés de La Rochelle protégés par les seigneurs du canton, presque tous protestants, il fut interdit vers 1630 et plus tard encore vers 1720, au profit de celui de Carteret sous prétexte que l’éloignement des bureaux de traites y facilitaient trop la contrebande.
Après la disparition des salines et le déclin de la tangue qui en avaient fait au moyen-âge un des centres les plus actifs du Cotentin, le havre avait un peu changé de visage, le fond s’en était exhaussé et couvert d’une herbe rase que l’on nomme ici « grapillon ». Les oies y étaient nombreuses, les moutons aussi, dits de prés-salés, qui paissaient là en toute liberté.
A la révolution, Michel Ernouf, laboureur de son état et fermier du prieuré, devient le premier maire de Saint Germain sur Ay. En 1843, la commune décide de vendre une portion de biens communaux pour construire une école de garçons. En 1871, une épidémie de variole fait environ 80 victimes à Saint Germain sur Ay.
La première guerre mondiale fait une trentaine de victimes parmi les jeunes saint germinais appelés sous les drapeaux.
1929 : électrification du bourg de Saint Germain sur Ay.
1933 : électrification du hameau la Mer (Plage).
1935 : installation de la 1ère boîte à lettres à la Plage.
A la veille de la deuxième guerre mondiale, Saint Germain sur Ay compte 492 habitants.
Deux soldats de Saint Germain meurent en 1940. Les premiers allemands entrent dans la commune le 18 juin 1940. Dès lors la vie va changer. Même si les soldats font preuve généralement de politesse et de courtoisie, la population supporte mal les réquisitions : paille, fourrage, chevaux, bicyclettes, voitures…
En 1944 Jean Goubert, chef militaire du mouvement de résistance « libération nord » qui vit sur sa modeste ferme de Saint Germain, est arrêté chez lui pour avoir caché des soldats américains. Il tente de s’échapper et est abattu par les soldats allemands.
Les américains entrent dans Saint Germain le 13 juillet 1944. S’en suivit alors une période de reconstruction pour arriver au Saint Germain d’aujourd’hui. | ||||||||||
Saint Germain sur Ay l'église, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||
| ||||||||||
| ||||||||||
WIKIPEDIA CC-BY-SA 3.0 Mémoires et observations sur la fabrique de sel blanc dans le salines du havre de Lessay, élection de Coutances en basse Normandie, pour faire connaître l’injustice la nouvelle régie qu’on s’efforce d’établir pour la perception du quart de bouillon ordonné par l’art 11 du titre X de l’ordonnance de 1680, A Coutances, 1754, Fauvel, publié dans Bulletin de la société des antiquaires de Normandie, T. 51, 1948-1951, p.361
Histoire du document
C’est grâce au travail d’un historien de la société des antiquaires de Normandie, qu’il est aujourd’hui possible de consulter le factum des sauniers protestants de saint-germain-sur-ay. Il en consigne par écrit une copie. L’originale brule durant les bombardements de juin 1944, tandis que la copie est sauvée in-extremis des décombres par son propriétaire. Cette copie comporte plusieurs lacunes. La partie mentionnant le détail des exigences des plaignants a disparu, tandis que le reste du document a conservé la majeure partie de sa matière, malgré quelques lignes effacées par la boue. Ainsi, le document nous livre en détail les différentes étapes du façonnage du sel blanc dans le havre de saint-germain-sur-ay.
L’économie du sel autour de saint-germain
Le sel blanc reste plus difficile à obtenir que le sel gris. Autour du seul havre de saint-germain, la production nécessite l’intervention de 2375 personnes. 300 personnes restaient durant toute la saison qui s’étendait de mai à septembre. 75 employés, appelés les « boidrots » interviennent à la fin de la production pour tirer du sablon le sel blanc. Ces ouvriers qualifiés étaient employés en fonction des besoins sur la côté des havres. 2000 personnes composées d’individus extérieurs à la paroisse étaient chargés d’apporter des voitures de tangues en début de production. Ils étaient employés en fin de production à la coupe, au fagotage puis au transport du bois pour alimenter les fournaises sous les marmites en plomb. | ||||||||||
Marée montante dans le Havre de Saint Germain sur Ay, Photo JB 8H00 | ||||||||||
Les différentes étapes du façonnage du sel blanc et son coût
L’amendement des salines
Les sauniers rapportent des charrettes de tangues sur les salines. Cette opération permet d’enrichir les terres, et de niveler son niveau en rebouchant les cavités creusées par la mer. Avant les grandes marées, les sauniers retournent leurs parcelles de terre à l’aide de charrues tractées par des bœufs ou des chevaux. Le coût pour le saunier s’élève à deux ruches de sel
Le hersage
Afin d’uniformiser la pénétration de l’eau de mer après chaque marnage, les salines doivent être hersées. Au milieu de la saison, durant la période de morte eau, les salines s’échauffent et sèchent. Les salines sont de nouveau hersées. Le coût pour chaque journée de hersage s’élève à 45 sols . Le « havelage »
Lorsque le sablon s’est bien chargé de sel. Le saunier fait intervenir sur ses terres le « havet » ou « haveau ». Il s’agit d’une planche longue de six pieds renforcée par une bande de fer. Deux manches permettent d’en diriger la direction, tandis qu’un cheval en tracte la masse. C’est le poids de l’homme qui permet de ratisser la saline. L’opération permet de rassembler le sablon en petit tas qui vont se dessécher au soleil. Le coût s’élève à 40 sols, et peut monter à deux livres en cas d’intempéries.
Le filtrage des sablons par les « boidrots »
Une fois sécher le sablon est levé à l’aide de deux tombereaux tirés par quatre bœufs. Le sablon est alors entreposé dans un lieu réservé. Le coût de cette opération s’élève à 45 sols par jour, plus 54 sols pour l’aide de trois chargeurs. Une fois fait, deux « boidrots » par salines interviennent. Ils mettent en place un assemblage temporaire visant recueillir l’eau salée des sablons. Pour cela, ils creusent des fosses rondes en masse d’argiles dont le fonds est composé de planches juxtaposées recouvertes de glud de froment pour affiner le filtrage. Le sablon est renversé dans ses fosses. L’eau se filtre aux gouttes à gouttes au travers du plancher. Elle est alors dirigée par de petits canaux dans des tonneaux. L’eau salée est obtenue ainsi. Le coût de cette opération s'élève à 72 sols.
L’évaporation de l’eau salée sur les fournaises
Une fois l’eau salée obtenue. Les « boidrots » entreposent quatre marmites en plomb dans lesquelles ils déversent l’eau salée. Sous ces marmites, les « boidrots » entretiennent quatre fournaises jour et nuit. L’eau bouillonne puis s’évapore pour ne laisser que le sel blanc. Les « boidrots » doivent être trois pour cette opération, et coûtent au saunier 36 sols par jour. De plus, pour entretenir la fournaise, le saunier dépense un cent de fagot par jour, soit neuf livres. Une fois formé le sel est retiré des marmites, puis il est entreposé contre les feux et au soleil où il a va prendre sa couleur et sa consistance.
| ||||||||||
Marée montante dans le Havre de Saint Germain sur Ay, Photo JB 8H30 | ||||||||||