| Il s’agit du plus vaste havre de la Cote ouest du Cotentin (600 ha). Limité au nord et à l’ouest par le Pointe du Banc à St Germain sur Ay, et au sud par les dunes de Créances, il abrite de nombreux habitats naturels dunaires et de pré salé à forte valeur écologique. Depuis les laisses de mer, aux généreuses floraisons de Cakile maritime, et où niche le discret Gravelot à collier interrompu, aux dunes grises ponctuées de mares riches en amphibiens, dont le petit Pélodyte ponctué, la Pointe du Banc offre une diversité de milieux et de paysages vraiment exceptionnelle ; abritée par cette immense langue de sable aux contours mouvants, le havre déploie des centaines d’hectares de vastes plaines de sables, de tangues et de prés salé ou paissent les fameux moutons qui font la renommée de la Manche. Bien que largement utilisé par l’homme, le site présente encore des densités d’espèces rares et d’intérêt patrimonial impressionnantes, tant au niveau de la flore (Œillet de France, Violette naine, Samole de Valérand, Pyrole à feuilles rondes, Germandrée des Marais, …) que de la faune (amphibiens, oiseaux, insectes , ….) Petit historique Le Havre de Saint-Germain est exploité dès le XVIIème siècle pour son sel (on peut encore voir des « mondins », constitué du reste de sablon délesté de son sel, le long des anciennes digues du havre). Autre exploitation ancestrale du havre de Saint-Germain : la levée de la tangue. Ce matériaux permet d’alourdir le sable et empêche son volage dans l’exploitation des mielles (dunes en scandinave), ces champs ou l’on cultivait autrefois le melon et où l’on cultive aujourd’hui la carotte et les poireaux. Plus haut, dans les terres, la tangue sert d’engrais naturel et abaisse l’acidité du sol (un sable marin est toujours riche en coquilles, donc en calcium). En 1905, on sort du Havre de Saint-Germain 600 000 m3 de tangue par an que l’on exporte jusqu’en baie des Veys, où la tangue est de moins bonne qualité. Enfin, les riverains du havre ont pour habitude d’avoir quelques animaux, surtout des moutons, mais aussi des oies, qui paissent dans le havre. Entre le XVIème siècle et le XXème siècle, 230 hectares de prés salés sont transformés en polders. La dernière vague de poldérisation (1967) va permettre à une société qui se prépare à les exploiter en maraichage d’endiguer environ 90 hectares du havre. Elle interdit par la même occasion, aux populations locales, l’exploitation de la tangue, mettant ainsi en difficulté les nombreux maraichers qui exploitent cette ressource naturelle. La suite dégénère en conflit ouvert et débouche en 1980 sur le classement du site en « site classé », interdisant tous travaux susceptible de modifier ou détruire l’état des lieux. Plus personne n’exploite la tangue à partir de cette époque. | |
| Aujourd'hui Aujourd’hui le havre de Saint-Germain n’est exploité qu’occasionnellement pour la récolte de salicorne. La plus grande activité encore en vigueur est le pâturage de mouton pour la production d’agneaux de prés salés, viande de qualité particulièrement prisée. La conchyliculture et la mytiliculture sont des activités relativement récentes. Les parcs sont installés à la sortie du havre car celui-ci charrie un grand nombre de microparticules favorables au bon développement des coquillages. Cette charge organique est notamment issue des phénomènes de dégradation naturelle de la végétation des herbus riches en obione, donc faiblement pâturés. Ces herbus sont aussi des zones de frai très fréquentés par une multitude d’espèces de poissons (bars, mulets, etc …). Depuis le classement du site, la tangue n’est plus exploitée. Il en résulte une accélération dé la sédimentation du site et une augmentation de la surface de prés salés. On estime que tous les ans, 2,6 hectares du havre se transforment en prés salé et dans le fond du havre on constate l’accélération du phénomène de continentalisation. Doucement, les plantes halophiles disparaissent au profit des roselières ou de milieux plus banaux. Selon les estimations du GRESARC, 7 à 11000m3 de sédiments se déposent tous les ans dans le havre, tant et si bien que l’on estime sa fermeture à une centaine d’années si rien n’est fait.... Sur la Pointe du Banc, après la mise en œuvre ces dernières années de dispositifs de gestion de la fréquentation par le Conservatoire du littoral, le SyMEL a conduit plusieurs opérations de restauration et de gestion des milieux : réouverture de fourrés dunaires, pâturage ovin, création et restauration de mares dunaires, … | |