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Lessay, CPA collection LPM 1900 |
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SAINTE-OPPORTUNE ou LESSAY. Sainte-Opportune, sancta Opportuna.
L'église n'existe plus : une simple croix n'indique même pas au visiteur l'emplacement où elle s'élevait. Ce n'est que depuis 1789 que la paroisse de Sainte-Opportune a perdu son nom pour prendre celui de Lessay. Le cimetière seul a été conservé, et continue à servir à la sépulture des habitants des quartiers éloignés du cimetière communal, qui d'ailleurs, par un pieux sentiment toujours respectable, ont désiré reposer là. où reposent ceux qui les précédèrent dans la vie, et leur appartiennent par les liens de la parenté.
L'église était sous le vocable de sainte Opportune , payait une décime de 110 livres, et dépendait de 1 archidiaconé du Bauptois et du doyenné de la Haye-du-Puits. L'abbaye de Lessay en avait le patronage : lors de la fondation, Turstin Haldup lui donna tout ce qu'il avait à Sainte-Opportune, ainsi que dans les mesnils qui en dépendaient : In villa que appellalur sancte Opportune in qua sita est eadem ecclesia et in maisnillis que ad illam villam pertinebant.
Lors de la rédaction du Livre noir, l'abbé de Lessay percevait deux parts de la dime du blé, du lin, du chanvre et du sel. Dans le bourg, il n'avait que la moitié des autres dimes. Le curé avait droit à ce qui restait, ainsi qu'à toutes les menues dimes, ce qui lui valait cent livres.
Le curé, dans le XIVeme siècle, avait la tierce partie des gerbes de blé, du lin, du chanvre, de l'oignon , de l'ail et des poireaux : Hector percipit lerciam partem garbarum Uni et canabi, ceparum, alliorum et porrorum : les deux autres parts appartenaient à l'abbé de Lessay. Il avait, près du cimetière, un presbytère avec environ une vergée et demie de terre d'aumône. Les bâtiments qui, avant la destruction de l'église, composaient ce presbytère, se voient encore près du cimetière, comme dans le XIVeme siècle. Le curé payait pour la chape de l'évoque huit sous, et quatre sous pour droit de visite.
Il existait dans la paroisse de Sainte-Opportune une chapelle nommée Noire Dame de la Lande : Hugues de Morville en fit la dédicace au mois de juin de l'an 1228; et, à cette occasion, il accorda des indulgences : Dedicavit sacellum beatœ dfariw apud Landam Exaquii et indulgenlias eoncessit. L'abbé de Lessay avait toutes les offrandes qui se faisaient dans cette chapelle.
La chapelle de Notre-Dame était la plus belle et la plus remarquable du pays; son clocher, qui se terminait par une flèche pyramidale, se voyait à une très-grande distance. Elle fut entièrement détruite en 1793, et on y substitua un autel de la liaison. C'est ainsi que là où l'on avait chanté les cantiques de Sion, on fit entendre les chants sauvages d'un patriotisme impie et sacrilège!
Cette chapelle fut l'objet d'un procès en 1238. Nicolas de Feugères, curé de Sainte-Opportune, réclama, au nom de son église, contre l'abbé de Lessay, la chapelle de Sainte-Marie-de-la-Lande: il demandait aussi à être déchargé d'une pension de 40 sous qu'il payait à l'abbaye. Cette affaire devint fort imr portante. Le pape désigna comme juges l'archidiacre, lescholastique et l'official de Coutances, qui déléguèrent leurs pouvoirs à Guillaume de Sainte-Mcrc-Eglise, évéque d Avranches, et à Geoffroy, chanoine de la môme église. L'évèque et le chanoine d'Avranches, après avoir entendu les raisons alléguées et consulté les anciens titres déposés entre leurs mains, adjugèrent la chapelle à l'abbaye de Lessay. L'affaire fut jugée en dernier ressort: Prœfalo Nicholao, dit la sentence, et successoribus ejus super ea perpeluum silenlium imponentes. Quant aux trails de dimes, il fut décidé que les deux tiers appartiendraient à l'abbé de Lessay . et l'autre à Nicolas, curé de Sainte-Opportune, et à ses successeurs.
Le curé de Sainte-Opportune avait dans l'église des moines de Lessay un autel, établi d'ancienneté, unum altare conslilutum ab antiquo, qu'un chapelain desservait au nom du curé. Un font baptismal et un cimetière y étaient attachés pour le service des paroissiens du bourg qui, en effet, se trouvaient un peu éloignés de l'église de Sainte-Opportune. Guillaume, évèque de Coutances , permit l'établissement d'une chapelle qui aurait une cloche et un autel, et dans laquelle le prêtre, à la desservir, pourrait administrer aux paroissiens les sacrements de l'église. Voici la traduction de la charte qu'il donna en l'année 1337:
« Guillaume , par la miséricorde divine , évôque de Cou» tances, aux religieux hommes l'abbé et couvent de Lessay, » salut. Nous avons permis de bâtir et d'élever une chapelle, » avec une cloche et un autel, en l'honneur de la sainte Croix, • pour l'usage des paroissiens de Sainte-Opportune, qui » avaient coutume d'entendre les offices divins dans votre » monastère., et nous donnons aussi au curé la permission et » l'autorisation de célébrer par lui ou par un autre dans cette » chapelle l'office divin , et d'administrer aux paroissiens les » sacrements de l'église. En foi de quoi, nous soyons apposé » notre sceau sur les présentes. Donné à Saint-Lo, l'an de » Notre-Seigneur M. (1337), le jeudi d'aprùs l'Annonciation . »
La baronnie de la Haye-du-Puils percevait « à Sainle» Opportune : 4 quartiers, ung boissel de fourment, au prix » de 4 sols le boissel, le quartier 16 sols . »
Pendant l'occupation anglaise, Henri V, par lettres-patentes, données au château de Rouen, le 8 mars 1420, accorda à Thomas Jehan et à Germaine, sa femme , jurés, la sergenterie de Sainte-Opportune de Lessay, que déjà ils détenaient , dans la même forme, aux mômes charges et par hommage.
Il y avait dans la paroisse de Sainte-Opportune, sergenterie de Lessay, élection de Carentan , un fief noble nommé le fief de Lepesse, qui, en 1789, appartenait à Pierre-Casimir Sorin, dont la famille, anoblie en 1484, portait d'argent à trois perroquets de sinople. On trouvait aussi à celle époque, à Sainte-Opportune, François Sorin, sieur de Longpray.
Tanneguy Sorin, né au commencement du XVIeme siècle, à Sainte-Opportune de Lessay, d'une famille noble, se fixa à Caen , où il fut professeur en droit à l'Université, et conseiller au Présidial de cette ville. Il a donné des commentaires sur plusieurs titres de la coutume de Normandie; il était le contemporain du célèbre Charles de Bourgueville, sieur de Bras, auteur des Recherches et antiquités de la ville de Caen.
Nicolas Sorin et François Sorin, son frère, le premier d'Angoville-sur-Ay, et l'autre de Sainte-Opportune, furent reconnus nobles, en 1634, et, comme tels, furent exemptés de la taille. |
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Lessay, CPA collection LPM 1900 |
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