CREANCES
   CC 10.04 CANTON DE LESSAY
   
  ORIGINES & REVOLUTION
         
 
Créances le bourg 1960, collection CPA LPM 1960
 
     
 

Place de la mairie 1912, CPA collection LPM 1900

 
     
 

Extrait de Créances et les Créançais au fil des siècles et des ans

de Joseph Fromage

 

Le nom de Créances s'est imposé au début du XVIe siècle. Depuis le XIe, il existait avec des variantes.

 

Les origines

 

Les origines de Créances sont très anciennes. Les salines, qui fonctionnaient encore après la Révolution, seraient apparues sur notre côte à l'époque gauloise. Au siècle dernier, des médailles romaines et des tuiles à rebord furent découvertes au Gué de l'Orme.

 

Une église existait à Créances au XIe siècle. En 1056, lors de la fondation de l'abbaye de Lessay, elle fut donnée aux moines par le seigneur de la Haye du-Puits. A partir de cette époque, de nombreux textes concernent la population créançaise et permettent d'établir la pérennité des vieux noms créançais dans la paroisse Au XIIIe siècle, Créances aurait eu 100 feux, soit environ 500 habitants.

 

Sous l'Ancien Régime, l'abbaye de Lessay était propriétaire de terres situées le long du havre et en touchait les revenus. Elle percevait aussi les dîmes de la paroisse de Créances et son abbé nommait le curé. Les moines devaient entretenir la première église paroissiale et soulager périodiquement les pauvres.

 

Pendant des siècles, les Créançais ont exploité des salines. Dans des cabanes, appelées salines, ils obtenaient le sel par ébullition d'une eau à la salinité concentrée. Ce mode de fabrication consommait une quantité prodigieuse de bois. En 1768, il y avait dans la paroisse 23 salines; en 1788, leur nombre était tombé à 14. En 1775, la production de sel des salines de Créances était de 8895 ruches de 25kg chacune.

 

Le fief de Créances était un comté, une terre noble, où les comtes, puissants seigneurs, se succédèrent sans discontinuer. Les terres du comte de Créances, à des titres divers, comprenaient presque tout le territoire de la paroisse. Jusqu'à la Révolution, le seigneur réunissait ses "ses vassaux" créançais  dans des gages-pleiges et percevait de multiples redevances. Le comté de Créances possédait une haute justice indépendante ayant à sa tête un bailly et des auxiliaires; il y avait un auditoire et une prison. Le comte de Créances possédait un tabellionnage pour rédiger les actes.

 

La révolution

 

Les Créançais étaient pauvres. Soumis à ce système féodal injuste, ils luttèrent  jusqu'en 1789 pour préserver leurs maigres droits. Il est probable qu'ils se firent maraîchers afin de survivre avec leurs familles sur de petites surfaces de terre.

 

On comprend que la Révolution fut bien accueillie à Créances. Cependant, en s'en prenant à la religion, elle y déclencha de vives passions. A cette époque, il y avait douze prêtres dans la paroisse. La plupart refusèrent de prêter serment et durent s'exiler ou se cacher. Un vicaire, natif de Créances, revenu de Jersey, fut arrêté, jugé par le Tribunal révolutionnaire et guillotiné à Coutances.

 

En 1794, une active Société Populaire fondée par des partisans de la Révolution existait à Créances.

 

Sous la Restauration, les Créançais furent contraints de nouveau d'ester en justice contre les héritiers ou acheteurs des terres seigneuriales afin de se voir  reconnaître leurs droits sur les mielles et les landes. En 1851, la commune fut enfin déclarée propriétaire d'une partie de ces terrains.

 

En 1840, le conseil municipal fit démolir presque toute l'ancienne église, trop petite et trop vieille, pour en reconstruire une nouvelle. Les travaux se terminèrent en 1844.

 

Cette année là, les gens du Buisson, village de Créances situé à l'est de la lande, engagèrent une procédure pour se faire octroyer le statut de commune. 

 

L'Administration refusa leur demande, mais le roi Louis-Philippe leur donna celui de paroisse. Après de nombreux démêlés, les Buissonnais obtinrent que la commune de Créances  leur construise une église neuve en 1864.

 

La fin du siècle fut mouvementée à Créances avec l'élection du maire Galuski en 1881 et la nomination du curé Adam en 1883. La lutte atteignit son paroxysme en 1888, lors de la construction des écoles libres.

 
     
 
Entée du bourg 1960