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Le vieux château Collection CPA LPM 1900 | ||||||||||||
Les fortifications élevées par le roi de Navarre furent plus tard détruites. Alors les habitants de Regnéville demandèrent à ne plus payer les taxes additionnelles qui pesaient sur leur commerce. Ils ne réussirent pas, et ils eurent même de nouvelles charges à supporter pendant l'occupation anglaise, qui arriva quelques années après. Dans ces temps, comme aujourd’hui, il était fort difficile d'obtenir la cessation d'un impôt une fois qu'il était établi.
Le château de Regnéville fut livré aux Anglais, qui rétablirent les fortifications. Il ne rentra sous la domination française qu'en l'année 1449. Sa faible garnison ne pouvait opposer une résistance sérieuse au duc de Bretagne, qui, avec des armées nombreuses et déjà victorieuses, investissait les forteresses l'une après l'autre. Les troupes anglaises qui occupaient le château de Regnéville capitulèrent. Elles obtinrent la vie sauve, la faculté pour chacun d'enlever sur son dos un paquet d'effets, et l'obligation de se rendre immédiatement et sans détour aucun à Cherbourg, ville qui était alors le dernier refuge des troupes anglaises.
La seigneurie de Regnéville, dans les premières années du XIV° siècle, appartenait encore à un membre de la famille Paynel ; mais elle passa plus tard dans la famille de Piennes par suite d'une alliance avec l'héritière de l'une des branches des Paynel.
Au commencement du XVII° siècle, le château de Regnéville était encore regardé comme une forteresse. Bricqueville de Piennes, qui en était possesseur, fut-accusé d'intelligence avec les Anglais, qui voulaient faire une diversion sur nos côtes et faire lever le siège de la Rochelle ; mais son fils, Louis de Piennes, qui servait dans les armées du roi, fut tué d'un coup de canon. Cette mort glorieuse du fils sauva le père ; les poursuites cessèrent, et le seigneur de Regnéville se rassura pour sa personne et ses biens . Cependant le château dut être détruit vers cette époque. Ce fut en l'année 1598, sur la demande des Etats de Normandie, qu'on fit démolir les châteaux de Tombelaine, de Regnéville, de l'Isle-Marie, de Saint-Sauveur-le-Vicomte et de Domfront.
Le donjon du château do Regnéville avec ses créneaux existe encore en partie. Il est d'une hauteur d'environ 60 pieds. Ses murs sont fort épais, sa forme est à peu près carrée. Il se composait de quatre étages, et dominait le pays, ce qui permettait d'observer les mouvements de l'ennemi.
Les enceintes extérieures paraissent avoir occupé une plus grande étendue de terrain que celles des autres châteaux forts du pays. On ne voit plus de traces de fossés que dans l'intérieur. On remarque quelques souterrains voûtés, mais si peu élevés qu'on peut à peine les parcourir.
Les remparts étaient d'une assez grande hauteur : ceux qui existent encore s'accèdent par de petits escaliers, larges d'environ trois pieds."
Le pont-levis est détruit. On n'en distingue plus que l’emplacement, ainsi que celui de deux forts qui en défendaient l'entrée.
On rencontre encore dans les environs du château des pierres rondes de grosseur différente, qu'on lançait sans doute avec des balistes et qui étaient destinées à écraser les assiégeants du haut des remparts.
On est surpris, au milieu de ces ruines, encore imposantes, quand on voit l'épaisseur de ces pans de murailles épars ça et là, et leur maçonnerie si dure et si épaisse qu'on ne peut la détacher. Au-delà du château, vers la campagne, on rencontre des pièces de terre assez étendues, entourées de murs dont quelques-uns ont 40 centimètres d'épaisseur. Dans l'une d'elles, il y a une citerne. On remarque deux portes cintrées dans les murs, ainsi que des mouvements de terrain et des restes de fondation de bâtiments. Ces emplacements faisaient évidemment partie du château.
Regnéville, dans le XIV° siècle, a du avoir un port étendu, entouré de maisons, et dans lequel se faisait un commerce considérable. On trouve dans un compte de l'année 1327 qu'alors le garde du port de Renieville se nommait Jean Potel, et qu'il recevait pour salaire cinq livres par chacun an. Le fief noble de Regnéville, dans le cours du XVII° siècle, fut saisi en décret par Jean Goislard. Ce fut Jean de Saint-Germain, écuyer, sieur de Montjavon, qui s'en rendit adjudicataire. Depuis cinq ans, on n'y avait pas tenu de plaids.
Il serait d'un grand intérêt pour le pays qu'on établit un port à Regnéville. Il favoriserait le développement de la richesse industrielle et agricole dans la contrée, et les relations de commerce avec les iles anglaises de Jersey et de Guernesey. Dans des jours de tempête, il serait un abri sûr et utile pour les petits bâtiments qui parcourent la Manche. Déjà il s'y fait un commerce de petit cabotage assez étendu.
Quoique Regnëville soit sur le bord de la mer, on y trouve cependant, à sept ou huit pieds, des sources d'eau douce qui ne tarissent pas et qui conservent toujours la même hauteur.
M. Busnel, propriétaire des ruines du château, y a établi une scierie mécanique pour l'exploitation des marbres qu'on trouve à Regnéville et dans quelques communes voisines. | ||||||||||||
PHOTO TIREE DU BLOG "PHILIPPE SCOLAN " | ||||||||||||