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Le vieux château Collection CPA LPM 1900 | ||||||||||||
Revue monumentale et historique de l’arrondissement de Coutances Renault, « Annuaire du département de la Manche » 1853 et additif de 1861
— La famille Paynel, si riche et si puissante en Normandie, a possédé la seigneurie de Regnéville. Le nombre des domaines que cette famille avait en France n'était pas inférieur à celui des concessions qu'elle obtint en Angleterre, après la conquête.
Le château de Regnéville n'était ni aussi ancien, ni aussi fortifié dans l'origine que celui de Montchaton. En l'année 1141, il fut armé, afin de repousser Geoffroy, comte d'Anjou, qui soutenait les prétentions de Mathilde, sa femme, fille de Henri 1er, duc de Normandie; mais le seigneur de Regnéville, à l'exemple de presque tous les barons du Cotentin, fit sa soumission, et se rendit à Geoffroy.
Dans les premières années du XIII° siècle, le fief de Regnéville appartenait au roi. C'est ce que nous apprend le registre des fiefs de Philippe-Auguste. Il était un démembrement de celui de Belval. Castellanus de Gaure (Gavray) tenet de domino régis feodum de Belval… cujus feodi membrum est Renervilla quod dominus rex adhuc in manu sua.
Après la démolition du château de Montchaton, vers 1360, celui de Regnéville acquit de l'importance. « Les édifices du dict manoir (celui de Montchaton), comme pierres de Caen et de taille et autres choses furent portées à l'édifice du chastel de Regnéville, appartenant au roy, notre sire. » Ces matériaux furent employés à augmenter et à renforcer la forteresse de Regnéville.
Charles-le-Mauvais, roi de Navarre, sentant tout l'avantage qu'il pourrait tirer du château de Regnéville, s'en saisit, le fit fortifier, et ne négligea aucuns moyens pour en faire une bonne forteresse. Afin de subvenir aux dépenses que devaient occasionner les travaux de fortifications, Charles-le-Mauvais imposa des droits sur les marchandises qui entraient dans le port de Regnéville et sur celles qui en sortaient.
Charles V, roi de France, pour arriver à expulser le roi de Navarre de la Normandie, où, aux droits de sa mère et de son épouse, il possédait un grand nombre de villes et de châteaux, avait gagné le fils ainé, héritier présomptif de ce prince. Il lui avait persuadé que son père était le plus grand des criminels; et quand il se présentait devant une place forte appartenant au roi de Navarre, il avait soin de dire et d'affirmer aux assiégés que son intention était, non pas de garder la place, mais de la rendre au fils de son ennemi. Apres la mort de Charles V, son successeur eût volontiers gardé les places dont son père s'était emparé au nom du fils de Charles-le-Mauvais; mais il fallut exécuter la promesse de rendre qui avait été faite publiquement. Dans la charte de restitution, on lit cette clause restrictive, stipulée par le roi de France :
« Toutefois nous mettrons, ordonnerons et établirons tels châtelains et capitaines qu'il nous plaira es forteresses de Valognes, de Carentan, de Pont-Douve, de Regneville et d'Avranches, qui sont en frontière de nos ennemis, à gages modérés, comme auroit ou devroit avoir un simple capitaine, lesquels gages notre dit cousin Charles fera payer par ses gents sur les revenus des dites terres et rentes, et de mettre, muer, ou oster les dits capitaines ès dits lieux de Valognes, Carentan, Pont-Douve, Regneville et Avranches, notre dit cousin Charles ne s'entremettra en aucune manière.
Le jeune prince jouit pendant quatre ou cinq ans des domaines ainsi restitués. | ||||||||||||
PHOTO TIREE DU BLOG "A LA RENCONTRE DU MONDE " | ||||||||||||