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Quettreville sur Sienne, église Notre-Dame. CPA collection LPM 1960 | ||||||||||||
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J'appris , lorsque je visitai l'église , qu'on avait le projet de remplacer ces deux petits monuments par deux autres de forme plus moderne. Cette substitution serait fort regrettable. J'ai prié qu'on les laissât subsister, et il faut espérer que leur destruction n'aura pas lieu et que les habitants de Quettreville respecteront, ne, fût-ce que pour la sainteté des souvenirs , le font baptismal où leurs pères furent présentés aux premières bénédictions de l'Eglise.
Près d'un petit autel, dans la nef, vers le mur septentrional , j'ai lu un bref d'indulgence, donné par le pape Clément XII. Léonor II Gouyon de Matignon, évêque de Coutances, en permit la publication en 1734. Cette permission est signée par Gourmont de Courcy, prêtre, licencié en droit, chanoine et grand chantre de la cathédrale, qui dans le Gallia Christiana est ainsi désigné : Vercingetorix Renatus de Gourmont de Courcy.
Il existe dans cette église plusieurs tableaux représentant des scènes de la passion de J.-C. Ils paraissent offrir aux connaisseurs et aux artistes un certain intérêt.
L'un des murs qui entourent le cimetière est couvert de pierres tombales des XVII° et XVIII° siècles. On les a retirées de l'église et du cimetière pour les placer ainsi en guise de tablettes : on en reconnaît plusieurs à la croix qui se dessine dessus, pour avoir sans doute abrité les restes de quelques-uns des curés ou des prêtres du lieu. Il est vraiment regrettable qu'on respecte aussi peu les pierres tumulaires. L'autorité religieuse et l'autorité civile devraient bien se prêter réciproquement leur concours pour empêcher de telles profanations. | ||||||||||||
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J'ai lu sur une tombe, dans le cimetière, l'inscription suivante :
CI GIT MADAME ROSALIE-CHARLOTTE LEBOUCHER DE VALLEFLEURY VEUVE DE M. LE BARON DUHAMEL DECÉDÉE A QUETTREVILLE LE 22 AOUT 1845 A L'AGE DE SOIXANTE-DOUZE ANS. BEATI MISERICORDES QUONIAM IPSI MISERICORDIAM CONSEQUENTUR
L'église est sous l'invocation de Notre-Dame. Elle dépendait de l'archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Cérences. Dès le XIII° siècle, elle se divisait en deux portions, la grande et la petite. Le patronage de la grande portion appartenait au seigneur du lieu. La dime se partageait ainsi : le curé avait la sixième gerbe avec l'autelage et la moitié des menues dimes, comme du lin, du chanvre et des animaux. | © Geneviève LOUICELLIER | |||||||||||
Les cinq autres gerbes et l'autre moitié des menues dimes appartenaient à l'abbaye de Savigny. Rector percipit sextam garbam per totam villam cum altalagio ubi se extendit comitatus exceptis minutis decimis lini et canabi et animalium decimabilium, quorum med. percipit abbas Savign. et quinque partes per totum comitatum.
L'abbé de Saint-Lô avait le patronage de la petite portion ainsi que toutes les dimes : le curé n'avait que le casuel, Abbas sancti Laudi patronus pro portione régis et percipit omnes garbas. Rector illius portionis.... percipit altalagium. Il n'avait pas une vicairerie suffisante : Nec habet suffic. vicar. ; elle ne valait que 57 livres, et valet Ivij libr. Dans le XIV° siècle, Richard Malherbe, chevalier, seigneur du Dezert, revendiqua le patronage de l'une des portions de l'église de Quettreville. Mais par un acte, passé « aux assises de Coutances du vendredi avant la Saint-Clément 1320, il renonce en faveur des religieux de Saint-Lô au patronage d'icelle portion qu'il prétendoit et qui étoit la menour ( la petite) portion de l'église N. D. de Ketreville. » | CPA collection LPM | |||||||||||
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D'après le Livre blanc, le curé de la grande portion avait la jouissance d'une assez grande étendue de terres. Deux acres lui avaient été aumônées sous le règne de saint Louis ; il en avait une charte revêtue du sceau du roi. Il avait encore trois vergées de terre au pont de Quettreville, apud pontem de Quettrevilla. Pour trois autres vergées dont le chevalier Guillaume de Montfort, seigneur du lieu, et Jeanne, sa femme, avaient aumône la grande portion, le curé devait, pendant la vie des bienfaiteurs, chanter, chaque année, une messe du Saint-Esprit, et après leur mort une messe pour les défunts : Très virgatas terre que est elemosinata a nobili viro Guillelmo de Monteforti milite et a Iohanna eius uxore et ab hoc debet dictus rector cantare unam missam de sancto Spiritu quolibet anno quandiu vixerint et post eorum decessum missa erit pro defunctis.
Le curé de la petite portion, outre son casuel, recevait de l'abbé de Saint-Lô , qui avait toutes les dimes, 18 quartiers de froment, à la mesure de Cérences : Rector percipit decem et octo quarteria frumenti ad mensuram de Cerenciis supra dictam décimant.
Cette division de la cure de Quettreville s'est continuée; car, à l'époque de 1789 , on trouve comme curé de la première portion César-Romain Couvert, et de la seconde portion Adrien-Gilles Bernard. Le chœur, qui est la partie la plus ornée de l'église appartenait aux moines, et la nef était à la paroisse. Le presbytère de la grande portion était le plus éloigné de l'église : celui de la petite portion est resté le presbytère actuel de la commune.
Il y a Quettreville une chapelle sous le vocable de saint Laurent. Le dernier chapelain titulaire, en l'année 1789, était l'abbé Hullot. Aujourd'hui cette chapelle tombe en ruines.
Si l'on en croit un acte de l'an 1174, il y avait, dans la partie de la paroisse nommée Say une autre chapelle. Par cet acte, Richard , évêque de Coutances, confirme aux religieux de Savigny tout ce qu'ils possédaient dans son diocèse : Et capellariam de Saeio ex integro cum omnibus pertinenciis suis. Dans un autre acte du XIII° siècle, on lit : Capella de bosco de Sae.
Il existait à Quettreville un prieuré de bénédictins, nommé le prieuré de saint Laurent. Il était placé sans doute dans la partie de la commune appelée le village de la Moinerie, village qui figure sur la carte de Cassini, sous le nom de Monnerie. Des vieillards disent qu'ils ont encore vu la grange des moines.
Quettreville a dû posséder aussi une léproserie. Ainsi, à peu de distance de l'église, vers le sud, il existe une croix qui porte le nom de croix de la Maladrerie ou Ladrerie. Tout près se trouve un champ qui, dans les anciens titres, est appelé le Champ de la fontaine aux lépreux. La sente qui conduit à la fontaine, placée dans ce champ, porte le nom de sente aux lépreux. Cette léproserie devait exister vers le village des Monceaux. | ||||||||||||