MONTMARTIN SUR MER
  CC 08.08 du canton de MONTMARTIN SUR MER
   
  LA SAINT-MARTIN
         
 

Montmartin-Sur-Mer, Collection CPA LPM 1960

 
     
 

Revue monumentale et historique de l’arrondissement de Coutances

Renault, « Annuaire du département de la Manche » 1853 et additif de 1861


Pendant plusieurs siècles, il s'est tenu à Montmartin une des foires les plus importantes de la Basse-Normandie. On la trouve citée sous le règne de Guillaume-Le-Conquérant. Robert, comte de Mortain, par une charte de la fin du XI° siècle, donna aux moines de Marmoutier la dîme de la foire de Montmartin. Sciendum est, dit le cartulaire de Marmoutier, quod Robertus comes Moritonii donavit monachis S. Martini in Constantino decimam feriœ Montismartini.

 

Il donna aussi au chapitre de chanoines qu'il fonda au château de Mortain une rente de 40 sous rouennais à prendre, chaque année, sur les revenus de la foire de Montmartin. Et 40 solidos rothomogenses in feria Monsmartini annuatim.

 

Les grands rôles de l'échiquier de Normandie, tenu à Caen sous le règne de Henri II, en l'année 1180, nous donnent quelques renseignements sur les revenus de la foire de Montmartin. Le fermier, qui était de Saint-Lô et s'appelait Boso, rend compte des revenus de la foire qui était affermée pour 300 livres. Il verse pour le trésor, in thesauro. 256 livres 6 sous 2 deniers. Il s'acquitte des 40 sous aumônes au doyen de Mortain, des 30 livres pour la dîme donnée au prieur de Mortain : Decano Moritonii 40 sol. de elemosine statu. In décima priori de Moritonio 30 lib. Il tient compte de 14 sous au profit du vicomte de Cérences et de 7 sous au profit du prévôt de Cérences ; de 8 sous et 2 deniers, duabus gravengeriis (les graverans, c'est-à-dire les préposés à la perception du droit connu sous le nom de graverie) aux deux ; de 4 sous, 8 deniers à titre d'aumône aux lépreux , leprosis 4 sol. 8 den. de elemosine statu ; de 10 livres à Foulques Paynel, et le fermier est déclaré libéré, et quietus est.

 

Henri II exempta les religieux d'Evron, dans le Maine, et plusieurs autres maisons religieuses, de payer pour les objets à leur usage qu'ils achèteraient à la foire de Montmartin. Jean, comte de Mortain, accorda pareille exemption aux religieux de Saint-Sauveur-le-Vicomte. En l'année 1200, ce même prince, devenu duc de Normandie et roi d'Angleterre, écrivit aux vicomtes de Guingamp, de Lamballe et de Dinan, pour engager les hommes de leurs vicomtés à se rendre avec leurs marchandises à la foire de Montmartin.

 

On trouve qu'en 1253 et 1257 Isabelle de Fougères donna aux moines de Savigny dix livres de rente sur la foire de Montmartin; et qu'en 1324, l'abbaye du Mont-Saint-Michel dépensa 20 sous pour les frais de cette foire.

 

Les revenus de la foire qui, à la fin du XII° siècle, étaient de 300 livres, avaient diminué depuis ; car dans la recette du compte de la vicomté de Coutances du terme Saint-Michel 1326, la foire de Montmartin ne figure plus que pour 280 livres; et la moitié du marché y est portée pour 2 livres 10 sous.

 

Le comte de Mortain attachait tant d'intérêt à cette foire que quand il constitua le fief de Carantilly, il obligea le feudataire par son acte d'inféodation à fournir 50 hommes pour faire, pendant la nuit, la garde de la foire de Montmartin. Plusieurs fiefs des environs devaient le même service. Henri de Saint-Denis, seigneur de Saint-Denis-le-Gast, devait, en l'année 1394, y envoyer 30 aînés de son fief.

 

Dans l'état des fiefs de l'élection de Coutances, on voit encore que « les hommes de Guillaume Corbet, escuyer, doibvent ayder à garder les foires de Montmartin. »

 

Le fief du Mesnil-Aubert, assis à Cenilly, et celui de la Haye-Comtesse, devaient aussi, le premier neuf hommes et l'autre seize, pour faire guet et garde à la foire de Montmartin.

 

Cette foire se tenait à l'époque de la Saint-Martin d'été, dans le mois de juillet. Elle était prise pour terme de paiement, ad nundinas Montis Martini.

 

Les statuts synodaux de Robert d'Harcourt, qui mourut évêque de Coutances, dans les premières années du XIV° siècle, défendaient aux prêtres de négocier, d'acheter pour revendre, et particulièrement de conclure des marchés aux termes de la foire de Montmartin.

 

Les Anglais, lors des nombreuses descentes qu'ils firent dans le pays, pillèrent souvent cette foire. Aussi perdit-elle son importance et fut-elle presque abandonnée. Ce fut alors qu'elle se confondit avec celle bien plus importante de Guibray. Les marchands, trouvant plus de sécurité à Guibray, fréquentèrent sa foire et abandonnèrent celle de Montmartin.

 

On cite encore dans la commune une pièce de terre connue sous le nom de Pièce-de-la-Foire, et un chemin qui, partant du bourg de Montmartin, est appelé dans le pays le Chemin-de-Guibray.

 

Après l'expulsion des Anglais, Guillaume de Bohon, écuyer, obtint du roi Charles VII, le 24 mars 1450, des lettres-patentes pour le rétablissement de la foire de Montmartin, à charge de la faire annoncer aux pays d'Espagne, de la Hollande, de la Zélande et de la Flandre. Mais il ne paraît pas que cette tentative ait réussi.

 

Cependant une foire, mais de peu d'importance, continua de se tenir à Montmartin ; car on voit qu'en l’année 1766, messire Jean-François Ferrand, écuyer, seigneur de Montmartin, loue ses droits de la foire de Montmartin avec les halles autant qu'il lui en appartient pour vingt livres annuelles. Il s'oblige aussi à faire aux halles qui étaient près du cimetière les réparations nécessaires.

 
     
 

La foire aux moutons Collection LPM CPA 1900