| ||||||||||||
Montchaton Le Pont de la Rocque, collection CPA LPM Revue monumentale et historique de l’arrondissement de Coutances Source : Renault, « Annuaire du département de la Manche » 1853 et additif de 1861
Charles II, dit le Mauvais, roi de Navarre, ayant hérité de Louis, comte d'Evreux, frère de Philippe-le-Bel, devint très puissant en Normandie. C'est ainsi qu'il se trouva en possession du château de Montchaton ; mais les partisans du roi de France le troublèrent dans sa possession. Alors un Thieuville prit cette seigneurie à fief du roi de Navarre ; il parait qu'il eut beaucoup à souffrir de la haine que le peuple avait pour Charles-le-Mauvais ; car, deux fois, en 1345 et 1346, le château de Montchaton fut brûlé. En 1360, il fut démoli à la demande des habitants du pays qui craignaient de voir le roi de Navarre s'en saisir encore, et les pierres qui en provinrent, furent portées à Regnéville, et servirent à la construction du château.
Un siècle plus tard, et alors que Henri, roi d'Angleterre, était maître de la Normandie, Jean de Guéhébert, qui était de la famille de Thieuville, présenta au roi une requête qui donna lieu à une information. Cet acte, qui est de 1446, offre des renseignements assez curieux pour qu'on les fasse connaître.
« Information faite à Coutances, par nous Robert Dyonis, lieutenant général de noble homme Hue Spenser bailli du Cotentin, ainsi qu'il suit :
« Henry par la grâce de Dieu, roi de France et d'Angleterre, à nos amés et feaulx, les gentz de nos comptes, salut et dilection : reçu avons l'humble supplication de notre amé et féal Jean de Guéhébert contenant comme d'ancienneté par aucuns de ses prédécesseurs, eut été mis en fieffe par le roy de Navarre, qui lors étoit des terres, fief et seigneurie de Montchaton… Le manoir dudit lieu a été ars et démoli par nos adversaires comme lors mouvoient guerre au roy de Navarre… Ladite seigneurie est assise près de Marais du plain, du Mont-Saint-Michel et Granville, occupée par nos adversaires, pour lesquelles causes et diminutions icelle terre, n'ait valu et ne vaut pour le présent que trente livres de rente… Item dit qu'en ladite terre avoit un beau manoir qui par l'ordonnance du roy, qui lors étoit, fut abastu à la requête des gentz du pays, et que les édifices dudict manoir, comme pierres de Caen et de tailles et aultres choses furent portées à l'édifice du chastel de Regniéville, appartenant au roy notre sire, et n'y demeure qu'une vieille salle qui par occasion de la guerre, a été arse deux fois. »
Jean de Thieuville possédait encore la seigneurie de Montchaton en 1458 ; mais une fille de cette famille, Marie deThieuville, ayant épousé Jean du Saussey, cette seigneurie devint la propriété de la famille du Saussey. Aussi, Delaroque, dans son traité de la noblesse , dit-il que le roi François Ier fit expédier des lettres, à Coutances, le 3 mai 1532, pour la foy et hommage que lui rendait Jean du Saussey, écuyer, à cause de sa fiefferme de Montchaton, dépendant de la vicomté de Coutances : a été rendu le dict hommage, disent les lettres, entre les mains de notre très cher féal et grand ami le cardinal de Sens, légat et chancelier de France.
Aucun renseignement historique ne fait connaître si la famille du Saussey possédé longtemps la seigneurie de Montchaton ; mais, plus tard, cette fiefferme de Montchaton tomba dans le domaine de l'Etat, qui ensuite l'aliéna à charge de rentes et autres droits envers le domaine de sa majesté ; car depuis la moitié du XVI° siècle et pendant les XVII° et XVIII° siècles, on trouve comme seigneurs de Montchaton :
En l'année 1559, Jean Michel.
En l'année 1616, noble homme Guillaume Michel, sieur de Montchaton, conseiller du Roy et général en la cour des aydes à Rouen.
En 1653, Alexandre-Michel, sieur de Montchaton. Il eut deux filles : Elisabeth Michel se maria à Georges Desmarets, et Catherine Michel laissa pour héritier Alexandre Le Carpentier, sieur de Montchaton.
Louise-Françoise-Jacqueline Le Carpentier. qui prenait le titre de dame de Montchaton, épousa Thomas-Honoré de Mons, chevalier, lieutenant général civil au bailliage et siège présidial de Cotentin. Leur fille, Catherine de Mons, épousa Antoine-Jean-Baptiste-Georges-Louis Desmaretz, chevalier, seigneur et patron de Montchaton.
Thomas-Louis-Antoine Desmaretz, leur fils, fut chevalier, seigneur de Montchaton, Bavent, Faulx, la Motte, le Châtel, la Giffardière et autres lieux. Il devint conseiller du roi, lieutenant général civil au bailliage et siège présidial du Cotentin ; il épousa Marie-Françoise d'Auxais, dame du Perron. Ce fut lui qui, au mois de mars 1789, présida l'assemblée générale des trois ordres du grand bailliage de Cotentin qui eut lieu à Coutances, dans la nef de l'église cathédrale, pour la nomination des députés aux Etats généraux. En l'année 1790, il fut nommé président du district de Coutances.
Montchaton vit naître dans les premières années du XVII° siècle Antoine Garaby, sieur de Pierrepont, de la Luzerne et d'Etienville. Garaby était laid, petit et contrefait, mais il était doué de beaucoup d'esprit et avait un excellent cœur. Il a laissé plusieurs recueils de poésies. Voici le dernier quatrain de l'un de ses ouvrages :
Rien n'est si peu sage que l'homme : Noé fit le fol en beuvant, Et Adam en mangeant la pomme, Et moi peut-être en escrivant.
En l'année 1688, un des fiefs nobles appartenait à Léonor de Garaby, seigneur de Trois-Monts, contrôleur en la cour des aydes et finances à Rouen. Ce devait être un des parents du poète Garaby. |
| |||||||||||