MONTCHATON
  CC 08.07 CANTON DE MONTMARTIN-SUR-MER
   
  FAITS HISTORIQUES 2
         
 

Montchaton Le Pont de la Rocque, collection CPA LPM


Revue monumentale et historique de l’arrondissement de Coutances

Source : Renault, « Annuaire du département de la Manche » 1853 et additif de 1861

 

A l'époque de la conquête de l'Angleterre par Guillaume de Falaise, la seigneurie de Montchaton appartenait aux puissants barons de la Haye-du-Puits ; une charte confirmative de Henri Ier , donnée en l'année 1126. en faveur de l'abbaye de Lessay, prouve qu'alors cette famille possédait encore Montchaton .

 

Plus tard, et en 1142, Raoul de la Haye, qui défendait la cause d'Etienne de Blois contre Geoffroy, comte d'Anjou, se retrancha dans le château de Montchaton ; mais réduit à la dernière extrémité, il fut obligé de se rendre et de sortir de la forteresse avec une selle sur le dos, dans la posture la plus humiliante : « car estoit l'ordonnance, dit la chronique de Normandie, qu'ung homme desconfist se rendoit une selle sur son dos, afin que son vainqueur le chevauchast s'il lui plaisoit. »

 

Olive, fille du comte Etienne de Blois, qui épousa Guillaume de Saint-Jean, l'un des puissants barons du Cotentin, devint propriétaire du domaine de Montchaton ; car, on trouve qu'en 1194 elle data de son château de Montchaton une donation qu'elle faisait à l'abbaye de Savigny : Facta est donatie apud Montem Chaton anno ab incarnatione domini MCXCIIII.

 

On voit aussi Guillaume de Saint-Jean, l'an de l'incarnation 1221, concéder et confirmer à l'abbaye de Lessay, tout ce que lui avait donné précédemment Eudes-au-Cappel, notamment la dîme de la pêcherie du manoir de Montchaton et la pêcherie elle-même, du samedi, après le coucher du soleil, jusqu'au dimanche matin.

 

Avant la conquête de la Normandie, par Philippe Auguste, la terre de Montchaton formait un fief de haubert qui relevait du comté de Mortain et était possédé alors par Eudes, seigneur de Montchaton.

Au commencement du XIII° siècle, Philippe Auguste confisqua les biens du seigneur et baron de Saint-Jean-le-Thomas ; alors le fief de Montchaton, au lieu de relever du duché de Normandie, par le comté de Mortain, releva du royaume et de la couronne de France.

 

Cette confiscation, qui atteignait tous les partisans du roi Jean, comprit le château et la seigneurie de Montchaton. Car on lit dans des aveux de 1385 et de 1404 « que plusieurs forfaitures échurent, en Normandie ; le seigneur de Saint-Jean-le-Thomas forfit, entre autres choses, un fief ou membre de fief qu'il tenoit noblement et franchement, à cour et usage, appelé le fief de Montchaton, dont le chef-lieu étoit assis à Montchaton ; et le roi de France fut saisi, à cause de ladite forfaiture, du fief ou membre de fief de Montchaton. »

 

Gautier Dubois obtint ce fief; mais sous le règne de Philipppe-le-Hardi, et en l'année 1284, Raoul de Breully obtint une charte du roi, qui lui concéda la seigneurie de Montchaton. Cette charte, contenant quelques détails sur la valeur de la fiefferme de Montchaton, je vais la transcrire  :

 

« Philippe par la grâce de Dieu, roi des Français, faisons savoir à tous tant présents qu'à venir, que comme nous tenions en notre main le manoir de Montchaton avec toutes ses terres et ses appartenances, ainsi que les revenus et possessions que Gautier Dubois au temps qu'il décéda tenait dans la vicomté de Coutances, pour défaut de paiement des cautionnements dudit Gautier, nous avons vendu et concédé à perpétuité ledit manoir avec ses appartenances, et lesdits revenus et possessions, à Raoul de Breuilly, chevalier, notre bailli au pays de Caux, à ses héritiers ou successeurs et ayant cause pour le prix de 700 livres tournois qu'il nous a déjà apportées et payées à Paris en solution de la dette dont le dit Gautier était tenu. Et afin que cela soit chose stable nous avons sur les présentes fait apposer notre sceau. » Fait à Paris, l'an de notre Seigneur MCCLXXXIV, dans le mois de décembre. »

 

Le roi se montra très favorable à la famille de Breuilly et lui fit de nouvelles concessions ; ainsi, par une charte donnée l’an de grâce 1289, le samedi après la fête Saint-Lucas, évangéliste, le Bailli du Cotentin pour le profit du roy bailla à ferme perpétuelle à Raoul de Breuilly la pesquerie de Montchaton pour onze livres tournois d'anuel rente à payer et à rendre à icelluy nostre seigneur le roy, moictié à l’eschiquier de Pasques, et la moictié à l’eschiquier de la Sainct-Michel.

 

Un aveu rendu par un Raoul de Breuilly, dans le XIV° siècle, nous offre des détails non moins intéressants; il est ainsi conçu :

 

« Je Raoul de Breuilly tiens et confesse a tenir du roy de Navarre Monseigneur cinq fleufermes a héritages cest assavoir le manoir de Montchaton et les terres a luy appartenantes et les rentes que Gautier Duboys tenoit au temps qu'il vivoit par douze livres de rente par an cest assavoir six livres a leschiquier de la Sainct Michiel et sis livres a leschiquier de pasques. Jtem j. prey a Montchaton par quatre livres paier as ij termes dessus diz par moitié. Jtem j. costil de bois en ladicte paroisse par quarante soulz a paier a chescun desdiz ij. termes par moitié. Jtem la garenne de Montchaton par sexante soulz a paier as diz ij. termes a chescun par moitié. Lequel manoyr et terres contiennent vyron quarante acres et les fourmens souloient monter en somme cinquante quartiers de fourment a la mesure de Coustances et a présent ne valent pas bon an mal an audit mons. les rentes qui deues en sunt et valent plus un an que autre. La garenne vaut dix soulz mauvesement, ledit prey et le bosc valent bon an mal an six livres et souloient valoir la moitié plus par an. Item les pesquenes de Montchaton par unze livres a paier es diz ij. termes a chacun par moitié lesquelles valent par an dix livres communs ans par dessus les reffections et ce qui en est deu audit mons. et la forme du simple gage plege en basse justice du fieu et terre de Montchaton o toutes ses appartenances tant en fourment avaines capons guelines oeux et deniers et espèces que en une foire séante à Heenville le jours Saint Pierre aux liens aveucques toutes ses appartenances par le nombre de six vins six livres a paier es diz ij. termes a chescun par moitié et valent pour le temps de présent vyron « sexante livres. En témoing de ce jai a cette cedule mis mon sel le XIII° iour de juin lan de grâce mil CCCLXXXIJ. »

 

Cet aveu fut renouvelé le 4 juillet 1390 dans les termes suivants :

 

« Aveu pour le fief terre et sieurie de Montchaton aveques ses appartenances tant en manoirs domaines terres prays boys landes four de baon pescheries garenne en eau et en terre sèche que en rentes fourments avoynes deniers chapons guelines œufs oyseaux et aultres rentes tant en la paroisse de Montchaton et paroisse de Contrières Orval Heuqueville Montmartin et Hyenville que ailleurs avecques les regards et les hommages des hommes et une foire séante à Hyenville le jour Saint Pierre en aoust. »