MONTCHATON
  CC 08.07 CANTON DE MONTMARTIN-SUR-MER
   
  - 2000 ans avant J.C. + 2000
         
 

Eglise de Montchaton. Collection CPA LPM 1900

 
     
 

Vers 1200 av. J.C. : âge du bronze

 

Le climat étant toujours aussi doux et pluvieux, la population fut de plus en plus dense surtout près des côtes (on a découvert des haches et coins, des vases et des armes et surtout une ciste en bronze, trouvée à Montchaton en 1879). Ceci tend à prouver l'existence de voies commerciales importantes, en raison de la fabrication du bronze, nécessitant du cuivre et de l'étain provenant essentiellement des Îles Britanniques, voire d'un commerce vers le sud pour écouler la production vers les régions ne possédant pas de bronze. On peut déjà y voir le début d'un développement maritime de la baie de la Sienne. On peut admettre comme vraisemblable l'hypothèse, que la région, en faciles relations maritimes avec la Cornouailles anglaise si riche en étain, a été, à cette époque, un centre très important de l'industrie du bronze (en 1910, on estimait à 27.718 pièces, objets en bronze, trouvés dans le département de la Manche).

 

Vers 1000 av. J.C. : âge du fer

 

À cette époque, Montchaton était un ancien village néolithique fortifié, pour servir de refuges aux gens, aux biens et aux bétails. Il fut tout d'abord occupé par les Ligures qui durent accepter peu à peu la suprématie des Celtes, venus du Nord-Est de l'Europe occidentale, vers 650 avant J.C. D'après une vue aérienne prise en 1972, à l'extrémité Est du plateau, on peut apercevoir des traces géométriques : l'une rectangulaire, l'autre circulaire (enclos ou habitation !!!). Ayant découvert à Montchaton en 1879 des armes et des marmites, sur le site du Château de la Roque, on peut penser que la population devait être très certainement très dense.

 

Avec l'âge du fer et l'apparition de la roue, on pouvait désormais se déplacer plus facilement. Les premières routes ont dû être aménagées pour développer le commerce : l'estuaire de la Sienne devenant un havre de grandes voies maritimes. On a, en effet, retrouvé dans la région du pollen de noyer : à cette époque, ce bois venait exclusivement des bords de Méditerranée. Les pays du Sud allaient chercher de l'étain en Cornouailles. Bien des navires faisaient escale à Regnéville. On peut noter ici, la grande voie maritime et commerciale : Méditerranée - Gibraltar - Gironde - Manche - Angleterre. La baie de la Sienne était une étape importante surtout en raison du développement de "Cosédia" (Coutances), très accessible du Pont de la Roque par la Soulles. On sait que Coutances recevait en masse des fines céramiques d'Arezzo des amphores vinaires d'Italie. Certains étymologistes, dont François Lefranc, prétendent que "Cosédia" serait d'origine méditerranéenne. On retrouverait dans ce mot deux termes grecs "Kôs et Ed" (peau et siège), laissant deviner une primitive cité du cuir, faisant commerce dans tout le bassin méditerranéen. Bien des vêtements gaulois seront adoptés par l'armée romaine. La qualité de leur tissu était fort appréciée. Notons ici la fameuse gallia brccata : la braie gauloise, l'ancêtre du pantalon.

 

Les récentes découvertes archéologiques (fossés, nécropole et enclos) de 2006, sur Orval et Bricqueville-la-Blouette, confirment bien l'existence de fortes colonies gauloises dans la région, tout particulièrement entre le Pont de la Roque et Coutances (Cosédia) et leurs liens avérés avec le bassin méditerranéen, grâce à la découverte d'un bracelet en verre bleu, datant du IIIème siècle avant J.C. (les technques du verre, étant plutôt connues dans les régions méridionales).

 

La communauté humaine se tournait non seulement vers l'agriculture ou la pêche, mais désormais vers le commerce et l'artisanat. Tous les historiens s'entendent pour dire qu'à cette époque la population était surtout concentrée le long des côtes et en particulier aux abords des estuaires qui étaient autant de petits ports. Les sites de Regnéville, Montchaton et Agon devaient indéniablement être des lieux très peuplés, à l'inverse de l'arrière-pays, resté sauvage et boisé où dominaient les hêtres et les chênes, séjour des druides et lieu sacré, avant tout.