HERENGUERVILLE
   CC 08.04 du canton de MONTMARTIN SUR MER
   
  LE MANOIR  -1/2
         
 

Herenguerville le vieux manoir CPA collection LPM 1900

 
         
 

Article issu du site

http://www.herenguer-manoir.com

 

Avec son site fortifié et entouré d’eau, dès le XIIe siècle, par un étang artificiel et des douves, le manoir s’apparente, en plus petit, au modèle du château de Gratot La partie la plus ancienne du vieux manoir remonte au XIIe siècle. Elle présente toujours sa structure simple de la salle cuisine surmontée d’une chambre haute, que l’on retrouvera dans toute l’architecture seigneuriale anglo-normande

 
         
 

Un domaine gallo-romain

 

Un trésor découvert en 1804 au Manoir atteste une présence dès le IIIe siècle. Parmi les médailles : des "Constance Chlore", empereur romain, époux de sainte Hélène, qui domina cette partie des Gaules. Coutances (Cosedia) deviendra la capitale du “pagus Constantinus” (Cotentin) pays de leur fils, le grand Constantin Ier (saint).

 

Un nom venu de la Mer baltique

 

Un seigneur venu du Nord, viking ou germanique, Arangardis, laissera son nom - un nom d’origine balte qui pou-rrait être celui d'un guerrier Yotving, des rives du Niémen en Lituanie - au domaine dont il s'empare : Erangarvilla. Sous les premiers ducs de Normandie, le territoire est alors partagé en deux fiefs nobles dépendants de la vicomté de Coutances.

 

 

Monnaie de l'empereur Constance Chlore.

© Coll. Dumas de Mascare


 
     
 
 

A l'ombre du Mont Saint-Michel

 

Entre 1022 et 1026, Richard II, duc de Normandie, fait don aux abbés du Mont Saint-Michel de “la moitié d’Hérenguerville”. Cette abbaye dispute d’ailleurs le patronage de l’église paroissiale, alors sous le vocable de saint Martin, avec celle de La Lucerne. Tandis que les abbayes d’Hambye et de Savigny détiennent aussi des terres sur la paroisse. De cette époque, l’église a notamment gardé son beau porche roman (XIe siècle).

 

Hérenguerville restera une étape possible sur la route des pèlerins montois venus du nord, notamment les Anglais.

 
         
 

Les chevaliers d'Hérenguerville

 

Très tôt, les deux fiefs reviendront à des seigneurs laïcs.

 

La famille du Manoir prend le nom d’Hérenguerville. L’un de ses membres porte le prénom de Jourdain, souvent donné en souvenir d’un voyage en Terre Sainte. On trouve aussi Jean d’Hérenguerville, en 1220, écuyer, également seigneur d’Hyenville, ainsi que Thomas et Nicolas.

 

L’autre fief, qui sera tardivement nommé Montaigu, passe entre les mains des sires de Coulonces et de Poterel.

 

Les Grosparmy et le roi Saint Louis

 

En 1250, Nicole d’Hérenguerville, héritière du fief, épouse Raoul de Grosparmy, membre d’une puissante famille proche du roi Louis IX (Saint Louis) et qui serait une branche des seigneurs de Périers. Cette famille compte no-tamment deux frères prélats. Nicolas, Chan-celier de France et Garde des sceaux, mourra lors de la prise de Damiette en 1250. Son frère cadet Raoul (le seigneur d’Hérenguerville de-venu veuf ?) deviendra à son tour Garde des sceaux, puis successivement évêque d’Evreux en 1259, cardinal-évêque d’Albano en 1261 et, enfin, légat apostolique à deux doigts d’être élu Pape, si Saint Louis ne l’avait gardé auprès de lui. Ils partageront d’ailleurs le sort funeste d’une mort à Tunis, en 1270.

 

 

Figuration d'un balte par l'artiste lituanien Malinauskaité, d'après les vestiges trouvés dans la sépulture de Dauglaukis

 
         
 

En avril 1256, les Grosparmy reçoivent Saint Louis en Coutançais, lequel visite chaque abbaye et chaque paroisse avec le double objectif de mieux connaître les Normands, fraîchement français, et de réveiller le clergé local. Il demande aux seigneurs d’organiser des banquets pour les pauvres que le roi sert lui-même.

 

La cheminée monumentale de la cuisine du vieux manoir, dans la salle sous la chambre haute, date de cet événement.

 
 

 

 
 

Avec un âtre de 4,43 m, elle est de 50 cm plus large que celle, comparable, de l’abbaye d’Hambye !Quatre autres membres de cette famille seront chanoines ou évêques.

 

Les Anglais et la guerre de Cent-Ans

 

Resté fidèle au roi de France, Henri de Grosparmy, se fait saisir, en 1418, son fief d’Hérenguerville par Henry V de Lancastre, roi d’Angleterre ; au profit de Guillaume de Lézeaux, puis du capitaine Anglais Thomas Growe.

 

La Bibliothèque nationale garde l’acte de " main levée " par lequel Raoul de Grosparmy, fils d’Henri, récupère Hérenguerville, le 9 mars 1451.

 

L’essentiel des bâtiments XVe du Manoir, logis et communs, datent de cette période de reconstruction. Deux fleurs de lys sur une fenêtre affichent probablement la fidélité de cette famille à la Couronne, tandis que des fragments d’anciens meneaux gardent des roses.

 

 

Pavé estampé bicolore en terre cuite normande, comme il s'en trouvait au Mont ou aux abbayes de Caen et de Montebourg, dès le XIe siècle. Il fut trouvé dans la cour du vieux manoir.

© Coll. Dumas de Mascarel